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April, 2024

Son patou attaque une randonneuse, un éleveur relaxé - Nice-Matin
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Deux mondes se confrontent dans la petite salle du tribunal correctionnel de Nice. Sy serre un maigre public. Dehors, il pleut. Jean-Claude Fabre, 64 ans, physique sec, visage buriné, éleveur "depuis toujours", se tient droit à la barre des prévenus. En face de lui, Marie (1) une randonneuse de 74 ans, élégante et discrète. Le 25 juillet, elle prend quelques dizaines de mètres d’avance sur son groupe de trek de cinq personnes, à Saint-Etienne-de-Tinée. Soudain, un patou surgit face à elle. L’éleveur, présent, avait bien vu le groupe de très loin. Il avait commencé à faire remonter son troupeau à l’aide de ses chiens, en prévention. Mais il n’avait pas vu Marie, isolée et masquée du fait du relief. C’est en entendant ses chiens, Sarko et Rambo, aboyer furieusement, et entendant les cris, qu’il les a rappelés immédiatement et s’est précipité. La randonneuse, digne, raconte la scène. Sans animosité.

"Un patou est descendu vers moi. Je sais exactement ce qu’il ne faut pas faire. Je n’ai pas bougé. Il était magnifique d’ailleurs", explique-t-elle. "J’ai voulu amorcer le geste de repartir vers mon groupe. Deux autres chiens ont alors dévalé la pente et m’ont sauté dessus. J’ai lâché mon bâton pour qu’ils ne se sentent pas agressés. J’ai commencé à crier quand j’ai vu mon bras dans la gueule d’un patou. J’ai hurlé 'Au secours, au secours!' J’ai eu peur de mourir déchiquetée. Je suis restée debout tout le temps." La randonneuse est sérieusement blessée au bras et à la jambe. L’éleveur se porte à son secours, il appelle le Peloton de gendarmerie de haute montagne qui réclame l’intervention de l’hélicoptère

Désolé de cet accident, Jean-Claude Fabre ne comprend pas pourquoi il est là, dans ce tribunal. Il avait positionné les panneaux réglementaires alertant sur la présence de patous. Ils indiquaient le danger potentiel et préconisaient de rester en groupe. "Qu’est-ce que j’ai fait, que je n’aurais pas dû faire? Qu’est-ce que je n’ai pas fait, que j’aurais dû faire", interroge l’éleveur, désemparé. Il interroge le président. Droit dans les yeux. Jean-Claude Fabre est poursuivi pour blessures involontaires.

On le sent touché. "Je ne fais pas ce métier pour ça." Sa vie de labeur il la résume en quelques mots pudiques: 1.000 euros par mois, une présence 24h24 pour surveiller ses 800 brebis, régulièrement attaquées par le loup. "C’est pas dans notre intérêt de faire mordre les gens. C’est un beau métier", rajoute-t-il, la voix couverte par les sanglots. Son avocat, Me Christophe Petit, exhibe un courrier du préfet, nominatif, qui demande à l’éleveur de se doter de patous pour protéger son cheptel contre le loup.

Deux mondes se font face dans ce tribunal, plus qu’ils ne s’affrontent. Celui de la randonnée. Et celui de l’élevage. Les regards, les attitudes, sont sans équivoque: le respect entre l’éleveur et la randonneuse est mutuel. Pour autant la septuagénaire a attaqué l’éleveur au pénal. Elle réclame de très fortes indemnités, sans que son avocat n’ait jugé bon de réclamer une expertise judiciaire. Une légèreté taclée par le président du tribunal.

Dans ses réquisitions, le procureur, Caroline Blasco, prendra en compte les mesures de sécurité prises par l’éleveur. Selon elle, la preuve n’est pas rapportée d’une "violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence et de sécurité". Elle requiert la relaxe.

Me Christophe Petit, pour la défense, rappelle que son client est un habitué de l’arrière-pays, mais pas des prétoires. "Il bosse dur avec des chiens de protection, qu’il aime. Il ne s’agit pas de nier les blessures mais simplement de dire qu’il n’est pas responsable pénalement."

Le tribunal en a jugé ainsi et a relaxé l’éleveur. Il a renvoyé l’affaire sur intérêts civils. Les assurances s’arrangeront. "Dans notre société, les gens n’acceptent plus aucun aléa, soupire Me Christophe Petit. Il faut un responsable à tout."

(1) Son prénom a été modifié

Tri des déchets: 40 bornes d’apport volontaires vont être déployées dans le centre-ville de Cannes - Nice-Matin
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L’initiative a attiré autant de curieux que de bonnes volontés ce dimanche matin sur le marché Forville, où l’agglomération Cannes Pays de Lérins a installé un stand d’informations concernant la collecte de biodéchets. Chaque dimanche jusqu’au 14 avril, des équipes expliqueront au public la marche à suivre

Les explications sont claires: "les bornes seront mises en service à partir du 1er avril. Les habitants doivent s’inscrire via un QR code. Ils peuvent récupérer leurs bioseau gratuitement. Quand ce dernier sera plein, il faudra le vider dans les bornes dédiées, en s’identifiant grâce à leur téléphone, ou avec un badge qui sera fourni à ceux qui n’ont pas de smartphone."

Les déchets récoltés seront valorisés dans des installations spécialisées, et le compost produit retournera à la terre.

Une nécessité lorsqu’on sait que 28.000 tonnes de déchets alimentaires ont été produits à travers l’agglomération Cannes Pays de Lérins entre 2022 et 2023.

"À terme, notre objectif est de valoriser 40 kg par an et par habitant grâce à notre filière autonome et complète de traitement des déchets que nous structurons avec le Pôle métropolitain Cap Azur", indiquait le maire de Cannes et président de la CACPL, David Lisnard, en début d’année.

D’ici 2027, 4.000 composteurs individuels, 300 composteurs collectifs et 330 points d’apports volontaires devraient être installés à travers l’agglomération.

Tout ce qu'il faut savoir
Où récupérer son bioseau?

Au stand d’information du marché Forville les dimanches 31 mars, 7 et 14 avril. Lors des deux réunions d’information qui auront lieu mercredi 27 mars à 18h salle du conseil municipal à la mairie annexe de la Ferrage, et samedi 30 mars à 10 h 30 en mairie principale, salle Marianne. En téléphonant au 04.89.82.20.22.

Quels déchets dans mon bioseau?

Restes de repas, fruits, légumes abîmés et épluchures, coques et coquilles, poissons et viandes, riz, pâtes, céréales, salades avec ou sans sauce, fromage, pains et pâtisseries, sachets de thé, filtres et marc de café et mouchoirs, serviettes et essuie-tout.

À ne pas mettre dans le bioseau

Huiles, emballages, films plastiques, capsules de café, cendres, litière, déchets verts de jardin et déjections animales. Les astuces

Les astuces

Mettez un bout de carton ou essuie tout au fond de votre bioseau pour absorber les jus et faciliter les vidanges.

Stockez votre bioseau fermé et à l’ombre. Videz-le 2 fois par semaine, plus en été. Vous pouvez utiliser les sacs en kraft de vos fruits et légumes à l’intérieur de votre bioseau.

5 bonnes pratiques pour limiter la pollution de l’environnement par les médicaments - Nice-Matin
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Plus de 700€ par an, c’est la dépense moyenne d’un Français en pharmacie*. Des médicaments qu’on retrouve… dans la nature. "Notre corps en métabolise une partie. Le reste part dans les urines, les selles…", détaille Françoise Loquès, fondatrice du cabinet de conseil en environnement marin Mission bleue.. Docteur en biologie marine, cette Niçoise a consacré 5 ans à une étude fine de l’impact de ces molécules les eaux de notre littoral.

Car leurs traitements en station d’épuration réclament des techniques souvent trop pointues et coûteuses pour être mises en œuvre. De 2018 à 2022, la scientifique a mené près de 200 prélèvements et analyses dans l’espace de dilution des rejets des stations d’épuration de Vallauris Golfe-Juan et de Cannes: dans l’eau, les sédiments, les foies et muscles des poissons et sur des moules.
Dans son viseur: le diclofénac (anti-inflammatoire), l’ibuprofène, le sulfaméthoxazol (anti-infectieux), la carbamazépine (anti-épileptique) et le paracétamol. Résultat: "toutes ont été détectées, sans qu’on ne puisse les quantifier finement. A l’exception du diclofénac et de l’ibuprofène, dont la présence est plus significative."

Considérés comme des micropolluants, ces résidus peuvent provoquer une féminisation et des altérations de comportements chez les poissons ou encore engendrer des effets cocktail nocifs pour la santé humaine en s’associant à d’autres molécules.

Pour aller au-delà du "constat alarmiste", Françoise Loquès a produit le guide Les médicaments, des déchets pas comme les autres, validé par des médecins-hospitaliers azuréens. Voici 5 conseils pour limiter cette pollution.

*chiffres 2021, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

#1 Discuter de la prescription avec son médecin
Le chiffre. "1 Français sur 5 prend plusieurs médicaments en même temps", selon l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Le bon réflexe. "Certains médicaments sont incompatibles. Ils peuvent interagir et avoir de lourdes conséquences sur notre santé (augmentation, diminution voire suppression des effets d’1 ou des 2 médicaments)", rappelle Françoise Loquès dans son guide. Pour éviter d’en ingérer de manière contre-productive, mieux vaut rappeler à son médecin les traitements que l’on prend lors de la consultation.

Et pour limiter l’impact de nos traitements sur la nature, il est aussi possible de demander à son praticien de privilégier des prescriptions à faible indice PBT. Celui-ci donne une note (de 1 à 9) sur la dangerosité environnementale des substances actives du médicament, basée sur 3 critères: la persistance dans l’environnement, la bioaccumulation (l’absorption par certains organismes) et la toxicité sur la faune et la flore aquatiques.

#2 En pharmacie, ne prendre que ce dont on a besoin
Le chiffre. Environ 25% des médicaments prescrits ne sont jamais consommés, selon Jalma, cabinet de conseil du secteur de la santé.

Le bon reflexe. Même s’il est prescrit sur l’ordonnance, il est possible de ne pas prendre un médicament que vous avez déjà en réserve chez vous lors de votre passage en pharmacie.

#3 Trier correctement ses médicaments inutilisés ou périmés
Le chiffre. Selon l’OCDE, environ 17.000 tonnes de médicaments non utilisés ou périmés sont jetés chaque année en France.

Le bon geste. En France, la filière de récupération Cyclamed collecte ces déchets pas comme les autres afin qu’ils soient traités à part. Contrairement aux idées reçues, ceux-ci ne sont pas envoyés dans d’autres pays ou revalorisés sous forme de médicaments mais incinérés selon une méthode spécifique, destinée à limiter leur impact sur l’environnement.

Vous avez des boîtes périmées ou inutilisées? Les jeter à la poubelle ou dans les toilettes représente un risque majeur de pollution de l’eau et des sols. Les comprimés, pommades, crèmes, gels, sirops, aérosols, sprays et inhalateurs doivent être ramenés en pharmacie. Les emballages cartons et les notices peuvent, quant à eux, être jetés au tri sélectif. Des doutes sur le tri d’un médicament? Cyclamed dispose d’un moteur de recherche en ligne.

#4 Eviter l’automédication
Le chiffre. "Près d’un Français sur 2 donne un médicament à un proche car il a les mêmes symptômes, 1 sur 10 le fait systématiquement ou souvent", selon l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Le bon reflexe. "Les médicaments sont essentiels, ils sauvent des vies mais il ne faut pas les prendre à la légère", pointe Françoise Loquès. Pour limiter les rejets dans l’environnement et lutter notamment contre l'antibiorésistance de nos organismes, le recours à l’automédication est à éviter.

#5 Pour les maux bénins, privilégier les remèdes naturels
Le chiffre. En France, selon le laboratoire Sanofi, ce sont plus de 420 millions de boîtes de Doliprane qui ont été mises sur le marché en 2022.

Le bon reflexe. Maux de tête, rhume, insomnie passagère… Avec l’aval de médecins hospitaliers, le guide sur le bon usage des médicaments met aussi en avant des alternatives naturelles pour lutter contre des maux bénins du quotidien sans se jeter, par exemple, sur une boîte de paracétamol. Parmi ces conseils: infusion aux fleurs de lavande séchées ou inhalation de vinaigre de cidre dilué dans l’eau pour les maux de tête soudain, infusion au thym (aux vertus expectorantes) contre le rhume, fleur d’oranger avant le coucher pour favoriser l’endormissement…

A savoir: le guide mentionne scrupuleusement les contre-indications que peuvent présenter certains de ces remèdes naturels en cas de pathologies particulières, d’allergie ou encore de grossesse. Tous les détails en accès libre ici.