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Un matin ensoleillé à Grasse. Derrière un vaste portail, des jeunes s’activent, traversent la cour.
La bâtisse, un ancien couvent, abrite le tiers lieu Sainte-Marthe, géré par la SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) Tetris (Transformations Écologiques Territoriales par la Recherche et l’Innovation Sociale).
Au premier étage, une trentaine de participants s’activent au cours d’une formation aux métiers du numérique.
Au rez-de-jardin, Nadine, médiatrice numérique, dispense des cours d’informatique. Au milieu, des habitants de Grasse passent prendre un café.
Cet ancien couvent et orphelinat, d’abord reconverti en école, voit désormais défiler habitués et curieux. Le lieu détonne, au milieu des habitations grassoises.
Centre de recherche autour de la transition
Ce tiers-lieu puise sa source dans une démarche initiée en 2009 par Geneviève Fontaine, docteur en sciences économiques.
"A l'époque, les lycéens qu’elle accompagnait avaient élaboré un outil pour encourager la démarche de développement durable au sein des établissements scolaires", explique Carole, présente elle aussi, presque depuis le début de l’aventure. Une sorte de grille pour évaluer et guider une action dans sa globalité, du début à la fin du processus. Et ne pas faire les choses à moitié, en quelque sorte.
"Les lycéens étudiaient, par exemple, les effets de la production de l’huile de palme que cela soit au niveau santé, économie, inégalités, environnement", poursuit Carole.
Une démarche autour de laquelle s’est construite la Scic Tetris, qui, depuis 2018, abrite un repair café, des cours de formation low tech et un vaste espace extérieur dont un potager.
"Nous sommes le seul tiers-lieu en France à être piloté par un centre de recherches", explique Christophe Giroguy, l’un des animateurs qui résume ainsi l’esprit du lieu : "un espace dédié à l’éducation populaire et au développement durable, à l’heure de la transition des territoires."
Nice-Matin
RÉGION FRANCE NICE
A Grasse, face aux enjeux écologiques, ils expérimentent la démocratie participative
A Grasse, le tiers-lieu Sainte-Marthe abrite un atelier de réparation de matériel électronique, des salles de cours, des activités d’agriculture urbaine, d’alimentation durable, de gestion des biodéchets et un centre de recherches. L’idée : réfléchir au territoire de demain dans sa globalité. Une démarche qui s’inscrit dans une réflexion, plus globale, sur la transition des territoires. Animateurs, chercheurs et observateurs racontent et analysent.
Article réservé aux abonnés
Flora Zanichelli
Publié le 23/01/2023 à 19:00, mis à jour le 23/01/2023 à 19:01
(Photo Franck Fernandes)
Pourquoi c’est important?
Partout en France, de plus en plus de citoyens, touchés de plein fouet par le réchauffement climatique, s’interrogent sur l’avenir de leurs territoires.
Dans une étude du Credoc (Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie) publiée en 2022 pour le compte de l’ANCT (Agence nationale de cohésion des territoires), 60% des personnes interrogées estiment que la transition écologique constitue l’enjeu principal de la politique territoriale.
Réflexions sur le thème de la transition écologique, achats groupés de produits du terroir, monnaie locale, les tiers lieux se veulent des relais de la société civile et des interrogations qui les animent. Ils s’attachent à proposer d’autres modèles de vivre-ensemble dans un monde parfois à la peine.
Ancrés dans un territoire donné, ils peuvent permettre aux habitants d’accéder facilement à des réflexions et initiatives adaptées aux besoins de leur environnement.
Mais avec une limite, jugent certains observateurs, inquiets d’une possible récupération politique de ces lieux et de leur parfois relative indépendance face aux pouvoirs publics locaux et logiques de marché.
Un matin ensoleillé à Grasse. Derrière un vaste portail, des jeunes s’activent, traversent la cour.
La bâtisse, un ancien couvent, abrite le tiers lieu Sainte-Marthe, géré par la SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) Tetris (Transformations Écologiques Territoriales par la Recherche et l’Innovation Sociale).
Au premier étage, une trentaine de participants s’activent au cours d’une formation aux métiers du numérique.
Au rez-de-jardin, Nadine, médiatrice numérique, dispense des cours d’informatique. Au milieu, des habitants de Grasse passent prendre un café.
Cet ancien couvent et orphelinat, d’abord reconverti en école, voit désormais défiler habitués et curieux. Le lieu détonne, au milieu des habitations grassoises.
Le tiers-lieu dispense des cours d'informatique. (Photo Franck Fernandes).
Centre de recherche autour de la transition
Ce tiers-lieu puise sa source dans une démarche initiée en 2009 par Geneviève Fontaine, docteur en sciences économiques.
"A l'époque, les lycéens qu’elle accompagnait avaient élaboré un outil pour encourager la démarche de développement durable au sein des établissements scolaires", explique Carole, présente elle aussi, presque depuis le début de l’aventure. Une sorte de grille pour évaluer et guider une action dans sa globalité, du début à la fin du processus. Et ne pas faire les choses à moitié, en quelque sorte.
"Les lycéens étudiaient, par exemple, les effets de la production de l’huile de palme que cela soit au niveau santé, économie, inégalités, environnement", poursuit Carole.
Une démarche autour de laquelle s’est construite la Scic Tetris, qui, depuis 2018, abrite un repair café, des cours de formation low tech et un vaste espace extérieur dont un potager.
"Nous sommes le seul tiers-lieu en France à être piloté par un centre de recherches", explique Christophe Giroguy, l’un des animateurs qui résume ainsi l’esprit du lieu : "un espace dédié à l’éducation populaire et au développement durable, à l’heure de la transition des territoires."
Formation, potager, réparation
"Ici, on s’intéresse à la capacité réelle à mettre en place quelque chose", explique Manon.
Par exemple, comment se déplacer autrement à Grasse et encourager le vélo? "Cela sous-entend, qu’il faut savoir faire du vélo, qu’il faut pouvoir s’en procurer un, pouvoir l’entretenir, qu’il y ait les infrastructures pour." A chaque fois, le problème est tourné dans tous les sens.
Parmi les projets soutenus et développés par la SCIC: une monnaie locale, la réutilisation des huiles des fritures sur le modèle de l’association "Roule ma frite" à Marseille.
En déambulant dans le tiers-lieu, la variété des formations proposées saute aux yeux.
"Une fois par mois, on fait un repas des simples et sauvages (*)", souligne Christophe Giroguy.
Prochainement, le tiers-lieu devrait recevoir des retraités. "Ce seront des ateliers organisés sur une dizaine de jours, explique Christophe. Pour étudier leurs droits, les aider dans cette nouvelle vie."
Une requête toujours plus forte
Le tiers-lieu de Sainte-Marthe n’est pas un cas isolé. La France en compte plus de 1400, "inégalement répartis sur le territoire", estime l’Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT).
Si l'île-de-France en compte 316, la région PACA arrive en dernière position avec 127 tiers-lieux recensés.
Nice-Matin
RÉGION FRANCE NICE
A Grasse, face aux enjeux écologiques, ils expérimentent la démocratie participative
A Grasse, le tiers-lieu Sainte-Marthe abrite un atelier de réparation de matériel électronique, des salles de cours, des activités d’agriculture urbaine, d’alimentation durable, de gestion des biodéchets et un centre de recherches. L’idée : réfléchir au territoire de demain dans sa globalité. Une démarche qui s’inscrit dans une réflexion, plus globale, sur la transition des territoires. Animateurs, chercheurs et observateurs racontent et analysent.
Article réservé aux abonnés
Flora Zanichelli
Publié le 23/01/2023 à 19:00, mis à jour le 23/01/2023 à 19:01
(Photo Franck Fernandes)
Pourquoi c’est important?
Partout en France, de plus en plus de citoyens, touchés de plein fouet par le réchauffement climatique, s’interrogent sur l’avenir de leurs territoires.
Dans une étude du Credoc (Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie) publiée en 2022 pour le compte de l’ANCT (Agence nationale de cohésion des territoires), 60% des personnes interrogées estiment que la transition écologique constitue l’enjeu principal de la politique territoriale.
Réflexions sur le thème de la transition écologique, achats groupés de produits du terroir, monnaie locale, les tiers lieux se veulent des relais de la société civile et des interrogations qui les animent. Ils s’attachent à proposer d’autres modèles de vivre-ensemble dans un monde parfois à la peine.
Ancrés dans un territoire donné, ils peuvent permettre aux habitants d’accéder facilement à des réflexions et initiatives adaptées aux besoins de leur environnement.
Mais avec une limite, jugent certains observateurs, inquiets d’une possible récupération politique de ces lieux et de leur parfois relative indépendance face aux pouvoirs publics locaux et logiques de marché.
Un matin ensoleillé à Grasse. Derrière un vaste portail, des jeunes s’activent, traversent la cour.
La bâtisse, un ancien couvent, abrite le tiers lieu Sainte-Marthe, géré par la SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) Tetris (Transformations Écologiques Territoriales par la Recherche et l’Innovation Sociale).
Au premier étage, une trentaine de participants s’activent au cours d’une formation aux métiers du numérique.
Au rez-de-jardin, Nadine, médiatrice numérique, dispense des cours d’informatique. Au milieu, des habitants de Grasse passent prendre un café.
Cet ancien couvent et orphelinat, d’abord reconverti en école, voit désormais défiler habitués et curieux. Le lieu détonne, au milieu des habitations grassoises.
Le tiers-lieu dispense des cours d'informatique. (Photo Franck Fernandes).
Centre de recherche autour de la transition
Ce tiers-lieu puise sa source dans une démarche initiée en 2009 par Geneviève Fontaine, docteur en sciences économiques.
"A l'époque, les lycéens qu’elle accompagnait avaient élaboré un outil pour encourager la démarche de développement durable au sein des établissements scolaires", explique Carole, présente elle aussi, presque depuis le début de l’aventure. Une sorte de grille pour évaluer et guider une action dans sa globalité, du début à la fin du processus. Et ne pas faire les choses à moitié, en quelque sorte.
"Les lycéens étudiaient, par exemple, les effets de la production de l’huile de palme que cela soit au niveau santé, économie, inégalités, environnement", poursuit Carole.
Une démarche autour de laquelle s’est construite la Scic Tetris, qui, depuis 2018, abrite un repair café, des cours de formation low tech et un vaste espace extérieur dont un potager.
"Nous sommes le seul tiers-lieu en France à être piloté par un centre de recherches", explique Christophe Giroguy, l’un des animateurs qui résume ainsi l’esprit du lieu : "un espace dédié à l’éducation populaire et au développement durable, à l’heure de la transition des territoires."
(Photo Franck Fernandes).
Formation, potager, réparation
"Ici, on s’intéresse à la capacité réelle à mettre en place quelque chose", explique Manon.
Par exemple, comment se déplacer autrement à Grasse et encourager le vélo? "Cela sous-entend, qu’il faut savoir faire du vélo, qu’il faut pouvoir s’en procurer un, pouvoir l’entretenir, qu’il y ait les infrastructures pour." A chaque fois, le problème est tourné dans tous les sens.
Parmi les projets soutenus et développés par la SCIC: une monnaie locale, la réutilisation des huiles des fritures sur le modèle de l’association "Roule ma frite" à Marseille.
En déambulant dans le tiers-lieu, la variété des formations proposées saute aux yeux.
"Une fois par mois, on fait un repas des simples et sauvages (*)", souligne Christophe Giroguy.
Prochainement, le tiers-lieu devrait recevoir des retraités. "Ce seront des ateliers organisés sur une dizaine de jours, explique Christophe. Pour étudier leurs droits, les aider dans cette nouvelle vie."
Le tiers-lieu Sainte-Marthe accueille des services civiques (Photo Franck Fernandes).
Une requête toujours plus forte
Le tiers-lieu de Sainte-Marthe n’est pas un cas isolé. La France en compte plus de 1400, "inégalement répartis sur le territoire", estime l’Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT).
Si l'île-de-France en compte 316, la région PACA arrive en dernière position avec 127 tiers-lieux recensés.
Débat des lecteurs
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Mcdonald Monique
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Je suis CONTRE le port de l'uniforme car, ayant vécu dans un pays où il était obligatoire, j'ai constaté : il est cher, d'abord à acheter, ensuite à e ...Lire plus
On est pris entre des injonctions contradictoires entre transition écologique et société de consommation, les gens ne savent pas forcément comment s’y prendre." Nathalie Lazaric, chercheuse au Gredeg (Groupe de recherche en droit, économie et gestion)
Nathalie Lazaric, chercheuse au Gredeg (Groupe de recherche en droit, économie et gestion), à Sophia-Antipolis, voit dans ces lieux alternatifs une opportunité de réfléchir aux lendemains: "On est pris entre des injonctions contradictoires entre transition écologique et société de consommation, les gens ne savent pas forcément comment s’y prendre. Il faut qu’on nous donne les outils pour apprendre, qu’on nous donne des objectifs à atteindre, sinon on ne sait pas où l’on va."
C’est ce qu’observe également attentivement l’association Les localos. Basée à Limoges, elle accompagne les différents acteurs locaux, des citoyens aux associations et fondations, engagées dans un processus de transition écologique.
"Les territoires changent, certains ont envie d’expérimenter de nouveaux modèles et parfois, n’ont pas vraiment le choix, pour des raisons de ressources", explique Jean-Yves Pineau, directeur des Localos. Lui qui intervient régulièrement dans différentes universités officie aussi dans de nombreux cabinets d’experts et connaît bien le sujet. Au départ ouverts aux seuls citoyens et associations, les Localos agissent désormais aux côtés de certains pouvoirs locaux.
“Aujourd’hui, explique-t-il, les communes peuvent adhérer à notre projet et trouver avec nous, une manière différente d’agir et de réfléchir.”
Créer des lieux d’échanges de bonnes pratiques, engager des réflexions sur les moyens des territoires qui s’amenuisent, tel est l’objectif des Localos.
"Comment mieux vivre quand on a peu de moyens? Comment cette commune a-t-elle fait pour remettre sur pied une boulangerie ou un commerce essentiel? Ce sont des choses qu’on observe et qu’on essaie d’appliquer."
Essaimer dans les Alpes-Maritimes
Le tiers-lieu de Sainte-Marthe possède, depuis peu, une antenne à Gréolières, le tiers-lieu des Grandes Roches.
Au programme, potager, plantation d’arbres, ateliers et formation d’écoconstruction, tourisme d’hospitalité.
Retrouver du sens, réfléchir, élaborer d’autres manières de vivre-ensemble, les objectifs des tiers-lieux sont nombreux.
Gare, cependant, à ne pas le vider de sa substance, rappelle le sociologue Michel Simonot, auteur d’une tribune au titre éloquent: "Tiers lieux ou l'art de la faire à l'envers".
Le tiers-lieu, alertait-il, doit rester un lieu d’expérimentation sans récupération des pouvoirs publics, ni une marchandisation des actions qu’ils proposent. Lieu d’innovation et de vivre-ensemble, ils ne sauraient être soumis aux lois du marché, concluait l’auteur.
(*) cueillette de plantes sauvages
Qui est-ce?
Nice-Matin
NICE CAGNES VALLÉES
Jeannine Blondel: "Défendre la Côte d’Azur contre la Côte d’usure, sans être passéiste pour autant"
[Héros ordinaires]. Qui sont les hommes et les femmes qui façonnent nos territoires? Parce qu'ils s'engagent par conviction ou dans leur travail, ils changent notre quotidien, le repensent et l'améliorent. Nous avons décidé de les rencontrer. Dans cet épisode, Jeannine Blondel, 84 ans, opiniâtre militante chez France nature environnement, engagée depuis des décennies pour la préservation des paysages azuréens et contre les dégradations qui les menacent, sur le littoral et en campagne.
Aurélie Selvi - aselvi@nicematin.fr
Publié le 22/01/2023 à 19:00, mis à jour le 22/01/2023 à 21:30
À 84 ans, Jeannine Blondel se bat contre les atteintes à l'environnement. Photo Frantz Bouton
Qui est-ce?
Dans les Alpes-Maritimes, elle est connue comme le loup blanc. Pour ses engagements et son franc parler. À 84 ans, Jeannine Blondel, vice-présidente de France nature environnement 06, est une figure atypique de la lutte pour la préservation des paysages azuréens. Son combat le plus emblématique: celui contre les dépôts sauvages du BTP dans l’arrière-pays qui l’a conduite jusqu'à l’émission d’enquête Envoyé spécial. Ses armes: "Ma grande gueule et mes gros sabots", se plaît-t-elle à lancer, gouailleuse.
Sa détermination, cette authentique Cagnoise la puise dans son enfance, au sein d’une famille de paysans de la commune, les pieds plantés dans la terre, "une vie où il ne nous a jamais rien manqué". Et dont elle n’a rien oublié: les poules, les lapins, jouer à la coiffeuse en tressant les fins filaments au bout des épis de maïs, sa mère qui part vendre les légumes sur le Paillon à Nice en charrette, tirée par Papillon, un Percheron blanc et gris…
J’ai appris à marcher le long de la Cagne, sur les terrains familiaux. J’étais tout le temps à la campagne, avec mes parents. Ramasser des haricots, me faire un gros bouquet de tournesols dans la rivière, tailler les pêchers, la vigne, c’était normal
"Mon père, qui était du village de La Penne, m’a appris à tout faire. En grandissant, mes parents nous emmenaient aux champignons", se souvient celle qui ne sent bien que dans les bois. "C’est ma force, c’est ma vie!"
Quand elle n’y est pas, cette ancienne employée de supermarché "bricole" ses fleurs dans le petit jardin de son chez-elle, en plein centre-ville de Cagnes-sur-Mer. "C'est ma détente, mon monde, même si, avec le changement climatique, les plantes ne tiennent plus comme elles tenaient avant."
Les bouleversements environnementaux et l’avenir qu’ils nous réservent, voilà du carburant pour l’action de cette retraitée aux 6 arrières-petits enfants, toujours prête à dresser la table pour accueillir l’un d’entre eux à déjeuner. "En préservant la planète, c’est eux que je préserve, c’est un acte d’amour."
Le déclic
"Il faut que je m’engage!" Un jour de 1989, cette évidence s’impose à Jeannine Blondel. "Mon père venait de mourir, je m’en étais beaucoup occupé. J’ai essayé deux ans d’affilée de travailler ses vignes seule mais ça n’a pas marché. Il me fallait de la vie, une occupation. Rester dans un fauteuil à tricoter devant la télé, ce n’est pas moi", confie-t-elle.
En 1993, elle s’implique à Cagnes dans le Comité de quartier centre-ville Logis-Lautin… qu’elle préside toujours 30 ans après.
"J’ai commencé à gérer les problèmes des habitants du centre, on n’était pas d’accord pour tout ce béton dans la ville", raconte-t-elle. Un engagement micro-local qui pique l’intérêt de France nature environnement (FNE) Paca. Le 28 février 2013, avec une poignée de citoyens impliqués dans la défense de leur cadre de vie à Cagnes, mais aussi Saint-Laurent ou Carros, elle dépose les statuts de FNE 06.
Il commençait à y avoir énormément de problèmes de biodiversité, d’environnement, d’eau, de qualité de l’air…
Sans ciller, Jeannine la courageuse se mue en lanceuse d’alerte: "Avec FNE, mon but a tout de suite été de dénoncer les choses, en faisant des courriers, en prévenant la presse. Pas pour faire parler de moi mais pour le rapport de force."
La sonnerie de son téléphone vient interrompre l’échange. Au bout du fil, un étudiant en journalisme. Jeannine dégaine son agenda bien rempli et lui trouve un créneau pour caler une interview.
L’action
Chez Jeannine, près de la table à manger, où cohabitent beau livre sur l’histoire de Saint-Paul, petits chocolats et noix, il y a ce petit bureau, impeccablement rangé où elle passe beaucoup de temps à avancer pas à pas sur ses dossiers. "Je suis un peu ficanas", aime-t-elle à plaisanter. Mais son action, elle, est on ne peut plus sérieuse.
"Dès qu’on a monté FNE, des gens se sont mis à nous appeler pour nous signaler des atteintes à l’environnement: des arbres abattus, des zones humides détruites", relate-t-elle.
C’est l’un de ces appels qui la met sur la piste d’une décharge sauvage du BTP à Spéracèdes. "Ça m’a provoqué une colère noire!
Comment on peut se permettre de détruire à ce point la nature?
Mais les abus se multiplient: Séranon, Andon, Peyroules ou encore Puget-Théniers où elle embarque Elise Lucet et l’équipe d’Envoyé spécial filmer les remblais pollués du BTP ayant permis à un viticulteur bio d’agrandir son exploitation.
"Sous ses airs de petite mamie tranquille, Jeannine coopère régulièrement avec les gendarmes pour traquer de gros trafiquants de déchets", posent les journalistes de France 2 dans leur reportage. Sur ces images, on la voit arpenter un sentier et y dénicher des poteaux de béton fracassés ensevelis dans la terre. Il y a deux ans, même combat quand un habitant de Bar-sur-Loup l’alerte d’un déversement de polluants émanant d’une grosse usine du coin. "On est monté à pied par Caussols au plus près, on a pris des photos, constaté... Et je repars avec un beau bouquet de bruyère blanche!"
Quand elle découvre le pot-aux-roses, Jeannine Blondel sait se tourner vers les autorités compétentes, monter des dossiers, appuyer des procédures judiciaires. "Avec les élus, en préfecture, je suis nature. C’est comme ça qu’on me connaît. Eric Ciotti, Louis Nègre, Christian Estroi, Charles-Ange Ginésy… Je m’adresse à eux un peu comme je m'adresse à mes enfants. Je les emmerde mais c’est ma force. Je ne suis pas exigeante, je ne demande rien pour moi personnellement, c’est toujours l’intérêt général qui prime", lance-t-elle.
La puissance de l’action de Jeannine tient aussi à son réseau. "Sigale, Conségudes, Aiglun… Il n’y a pas un village où je n’ai pas des amis ou de la famille." Une vie de liens entretenus, comme ses combats, avec constance.
Et maintenant?
"La suite? Je suis plus près du départ que de l’arrivée!", plaisante celle qui ne compte strictement rien lâcher de ses engagements, la force du paternel en bandoulière. "C’est l’homme que j’ai le plus aimé au monde, il m’a transmis sa droiture", glisse-t-elle, un brin émue.
Et même si son action n’a pas mis un point final aux atteintes à l’environnement, pas question pour Jeannine de baisser les bras.
"C’est vrai que c’est souvent le pot-de-terre contre le pot-de-fer mais j’ai la niaque, comme on dit chez moi! Et si j’arrive à sauver 3 arbres, c’est toujours ça de pris."
Mais les résultats de son action vont bien au-delà. À Saint-Jean-Cap-Ferrat, la militante écologiste est fière de mettre un coup d’arrêt à une plage privée qui grignotait allègrement le domaine public. "Quand on s'en prend à la nature, on prend à tout le monde. Je défends la Côte d’Azur contre la Côte d’usure, sans être passéiste pour autant", lâche-t-elle dans un sourire.
Assises départementales de l’eau, pollution lumineuse, réunions en visio ou en préfecture les après-midi… Jeannine Blondel a de quoi faire pour les mois à venir. Sans délaisser pour autant ses habitudes quotidiennes: aérer en grand, partir chercher son pain, ses légumes, en ville, faire une bonne sauce, un gratin de courge rouge, une daube… "Une vie simple mais pleine de sens", résume qui aimerait que jeunes s’engagent davantage. "On me dit souvent: oh, c’est magnifique ce que vous faites. J’ai envie de dire: bougez-vous Au nom de la nature, de l’environnement, de la vie."
Pour contacter France nature environnement 06, c'est par ici https://www.fne06.fr/
Qui est-ce ? Style décontracté, tennis veja, une marque écoresponsable, aux pieds, Gilles Pérole nous reçoit chaleureusement dans un bureau de la mairie de Mouans-Sartoux, où la température est fraîche, économies d’énergie oblige. Très impliqué, cet ancien directeur de l’école dans la forêt de
Mouans-Sartoux officie depuis près de trente ans dans la commune de 10.000 habitants devenue un bastion azuréen en matière d’expérimentation de gestion écologique et engagée de la ville.
Père de trois enfants, Gilles Pérole a grandi à Cannes où, très jeune, il cultive une fibre militante. "Vers seize ans, je me suis engagé dans plusieurs associations : les Francas (Fédération nationale laïque de structures et d'activités éducatives, sociales et culturelles), Les petites sœurs des pauvres, Les paralysés de France, détaille-t-il. Je me suis reconnu dans les valeurs très fortes qu’elles véhiculent, comme le respect de l’autre, la solidarité, l’importance du vivre-ensemble."
Les Francas, surtout, fer de lance d’une éducation populaire, le marquent. "Ça m’a convaincu de devenir instituteur."
Passionné par l’enseignement, les sciences, Gilles Pérole est persuadé que l’enfant peut être porteur de la révolution écologique en s’appropriant les projets et en impliquant sa famille.
La parole des tout petits n’est pas moins précieuse que celle des grands. "Au contraire, l’esprit de solidarité chez les enfants est toujours quelque chose qui m’a toujours frappé, commente Gilles Pérole. Leur sens de l’injustice est très développé et ils proposent volontiers des actions pour y remédier."
Pour l’ancien instituteur, l’éducation est centrale dans la préparation de la société de demain. "Il faut arriver à former et à éduquer les jeunes à construire une société différente."
Un précepte qui le conduit en 89 à mettre le cap sur Mouans-Sartoux, où l’Education Nationale vient d’ouvrir un poste à profil dans une école de la forêt, où la nature fait partie intégrante de l’apprentissage.
"Ce qui m’intéressait, c’était le projet pédagogique d’une école centrée sur l’enfant, explique-t-il. On décloisonnait les classes du CP au CE2, ce qui leur laissait le temps d’apprendre, à leur rythme."
En 1992, il quitte Cannes et s’installe définitivement à Mouans-Sartoux. Trois ans plus tard, le téléphone sonne. Au bout du fil, André Aschieri, le maire, qui lui demande de rejoindre l’équipe municipale. "On échangeait déjà beaucoup, ça s’est fait naturellement." Gilles Pérole devient alors conseiller municipal à la commission enfance dans une ville dont il partage les valeurs, aime-t-il à répéter.
En 1998, la crise de la vache folle déferle en France. C'est le déclic.
"J’étais alors fortement impliqué dans ma fonction de conseiller à l’enfance, poursuit Gilles Pérole. Or, travailler sur le thème de l’enfance c’est aussi travailler sur la cantine, ce que l’on sert à manger aux enfants."
Face à la crise sanitaire, la municipalité décide de ne proposer que de la viande bio. Puis, petit à petit, l'idée germe de faire passer la cantine au 100% bio. Un objectif atteint en 2012.
Dans un premier temps, pour pourvoir aux besoins locaux, la ville lance sa propre régie agricole bio à la ferme de Haute-Combe, non loin du centre-ville. Des serres sont dressées, afin de permettre une production toute l’année. Les menus suivent le rythme des saisons et de la production.
"S’il y a beaucoup de blettes, on les propose deux fois par semaine, cuisinées différemment. Et les enfants les mangent!", plaisantait alors l’élu dans une interview accordée à Nice-Matin en 2018.
Cantines bios, mobilités douces, engagement des enfants et des familles dans la politique de la ville, Mouans-Sartoux s’engagent toujours plus résolument sur la voie de la transition.
Les idées florissent. "Notre travail municipal était constamment nourri par des rapports, des études que nous partageait le maire", se souvient Gilles Pérole. Sur leurs tables de travail, les membres de l’équipe municipale voient fleurir articles scientifiques, comptes-rendus d’expérimentations tenues un peu partout.
"Je m’intéresse beaucoup à l’actualité et à l’analyse qu’en font les intellectuels, raconte Gilles Pérole. Voir des gens qui proposent des trajectoires alternatives, c’est une source d’inspiration pour moi."
Il cite ainsi Paul Magnette, le maire de Charleroi, qui a fait du développement de la mobilité douce ou de la culture comme levier de l’économie ses chevaux de bataille.
"Il est très pragmatique, très social, tourné vers la transition."
Les actions et les réflexions, en se croisant, font sens, décloisonnent les politiques. Dans son cas, qui dit nourriture, dit santé mais aussi agriculture, consommation responsable.
Les projets se multiplient, dans de nombreux domaines.
"Que cela soit sur l’alimentation, l’éducation, la mobilité dans la ville", poursuit l’adjoint qui évoque, par exemple, l’opération "Marchons vers l’école", en 2005, qui a remis au goût du jour le pédibus, l’autobus pédestre utilisé en lieu de ramassage scolaire.
L’ancien directeur d’école n’a pas oublié les enseignants, qu’il soutient sans relâche, organisant des activités entre midi et deux afin que les enfants apprennent à chaque instant. Et s’engagent eux aussi, comme dans le Conseil de ville des enfants. Ces derniers sont ainsi appelés à s’exprimer sur de larges panneaux postés à l’entrée de la mairie.
Pour porter ses projets, Gilles Pérole s’appuie aussi sur les agents municipaux, s’intéresse à leurs retours d’expérience, s’attache à donner du sens aux mesures qu’il met en œuvre. "Sans quoi, les gens ne s’impliquent pas."
Nice-Matin
RÉGION FRANCE NICE
“La transition, c’est une multitude de petits changements de pratiques quotidiennes”
Héros ordinaires. Qui sont les hommes et les femmes qui façonnent nos territoires? Parce qu'ils s'engagent par conviction ou dans leur travail, ils changent notre quotidien, le repensent et l'améliorent. Nous avons décidé de les rencontrer. Dans cet épisode, Gilles Pérole, ancien directeur d’école et adjoint au maire de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) chargé de l’enfance et de l’éducation.
Flora Zanichelli
Publié le 08/01/2023 à 19:00, mis à jour le 13/01/2023 à 17:56
Pour Gilles Pérole, “la transition, c’est une multitude de petits changements de pratiques quotidiennes”. (Photo Patrice Lapoirie)
Qui est-ce ?
Style décontracté, tennis veja, une marque écoresponsable, aux pieds, Gilles Pérole nous reçoit chaleureusement dans un bureau de la mairie de Mouans-Sartoux, où la température est fraîche, économies d’énergie oblige.
Très impliqué, cet ancien directeur de l’école dans la forêt de Mouans-Sartoux officie depuis près de trente ans dans la commune de 10.000 habitants devenue un bastion azuréen en matière d’expérimentation de gestion écologique et engagée de la ville.
Père de trois enfants, Gilles Pérole a grandi à Cannes où, très jeune, il cultive une fibre militante. "Vers seize ans, je me suis engagé dans plusieurs associations : les Francas (Fédération nationale laïque de structures et d'activités éducatives, sociales et culturelles), Les petites sœurs des pauvres, Les paralysés de France, détaille-t-il. Je me suis reconnu dans les valeurs très fortes qu’elles véhiculent, comme le respect de l’autre, la solidarité, l’importance du vivre-ensemble."
Les Francas, surtout, fer de lance d’une éducation populaire, le marquent. "Ça m’a convaincu de devenir instituteur."
Passionné par l’enseignement, les sciences, Gilles Pérole est persuadé que l’enfant peut être porteur de la révolution écologique en s’appropriant les projets et en impliquant sa famille.
La parole des tout petits n’est pas moins précieuse que celle des grands. "Au contraire, l’esprit de solidarité chez les enfants est toujours quelque chose qui m’a toujours frappé, commente Gilles Pérole. Leur sens de l’injustice est très développé et ils proposent volontiers des actions pour y remédier."
Pour l’ancien instituteur, l’éducation est centrale dans la préparation de la société de demain. "Il faut arriver à former et à éduquer les jeunes à construire une société différente."
Un précepte qui le conduit en 89 à mettre le cap sur Mouans-Sartoux, où l’Education Nationale vient d’ouvrir un poste à profil dans une école de la forêt, où la nature fait partie intégrante de l’apprentissage.
"Ce qui m’intéressait, c’était le projet pédagogique d’une école centrée sur l’enfant, explique-t-il. On décloisonnait les classes du CP au CE2, ce qui leur laissait le temps d’apprendre, à leur rythme."
En 1992, il quitte Cannes et s’installe définitivement à Mouans-Sartoux. Trois ans plus tard, le téléphone sonne. Au bout du fil, André Aschieri, le maire, qui lui demande de rejoindre l’équipe municipale. "On échangeait déjà beaucoup, ça s’est fait naturellement." Gilles Pérole devient alors conseiller municipal à la commission enfance dans une ville dont il partage les valeurs, aime-t-il à répéter.
Les serres de la ferme de Haute-Combe qui produit de quoi nourrir les enfants des écoles. (Photo G.T.).
Le déclic
En 1998, la crise de la vache folle déferle en France. C'est le déclic.
"J’étais alors fortement impliqué dans ma fonction de conseiller à l’enfance, poursuit Gilles Pérole. Or, travailler sur le thème de l’enfance c’est aussi travailler sur la cantine, ce que l’on sert à manger aux enfants."
Face à la crise sanitaire, la municipalité décide de ne proposer que de la viande bio. Puis, petit à petit, l'idée germe de faire passer la cantine au 100% bio. Un objectif atteint en 2012.
Dans un premier temps, pour pourvoir aux besoins locaux, la ville lance sa propre régie agricole bio à la ferme de Haute-Combe, non loin du centre-ville. Des serres sont dressées, afin de permettre une production toute l’année. Les menus suivent le rythme des saisons et de la production.
"S’il y a beaucoup de blettes, on les propose deux fois par semaine, cuisinées différemment. Et les enfants les mangent!", plaisantait alors l’élu dans une interview accordée à Nice-Matin en 2018.
Les enfants choisissent les portions qu'ils souhaitent consommer, afin d'éviter le gaspillage alimentaire. (Photo Clément Tiberghien).
L’action
Cantines bios, mobilités douces, engagement des enfants et des familles dans la politique de la ville, Mouans-Sartoux s’engagent toujours plus résolument sur la voie de la transition.
Les idées florissent. "Notre travail municipal était constamment nourri par des rapports, des études que nous partageait le maire", se souvient Gilles Pérole. Sur leurs tables de travail, les membres de l’équipe municipale voient fleurir articles scientifiques, comptes-rendus d’expérimentations tenues un peu partout.
"Je m’intéresse beaucoup à l’actualité et à l’analyse qu’en font les intellectuels, raconte Gilles Pérole. Voir des gens qui proposent des trajectoires alternatives, c’est une source d’inspiration pour moi."
Il cite ainsi Paul Magnette, le maire de Charleroi, qui a fait du développement de la mobilité douce ou de la culture comme levier de l’économie ses chevaux de bataille.
"Il est très pragmatique, très social, tourné vers la transition."
Les actions et les réflexions, en se croisant, font sens, décloisonnent les politiques. Dans son cas, qui dit nourriture, dit santé mais aussi agriculture, consommation responsable.
Les projets se multiplient, dans de nombreux domaines.
"Que cela soit sur l’alimentation, l’éducation, la mobilité dans la ville", poursuit l’adjoint qui évoque, par exemple, l’opération "Marchons vers l’école", en 2005, qui a remis au goût du jour le pédibus, l’autobus pédestre utilisé en lieu de ramassage scolaire.
L’ancien directeur d’école n’a pas oublié les enseignants, qu’il soutient sans relâche, organisant des activités entre midi et deux afin que les enfants apprennent à chaque instant. Et s’engagent eux aussi, comme dans le Conseil de ville des enfants. Ces derniers sont ainsi appelés à s’exprimer sur de larges panneaux postés à l’entrée de la mairie.
Pour porter ses projets, Gilles Pérole s’appuie aussi sur les agents municipaux, s’intéresse à leurs retours d’expérience, s’attache à donner du sens aux mesures qu’il met en œuvre. "Sans quoi, les gens ne s’impliquent pas."
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VIDEO. Comment cette cantine scolaire bio et locale a diminué ses déchets alimentaires de 80%
De leurs discussions émerge, par exemple, l’idée de nettoyer les cantines avec des machines à vapeur, plus économiques, moins nocives pour la santé que les produits de nettoyage. Ou encore, celle de présenter aux enfants, chargés de choisir la quantité de nourriture qu’ils veulent le midi, deux portions, dans une petite ou une grande assiette, afin qu’ils puissent se faire une idée avant de passer à table. Avec la possibilité de se resservir, bien sûr, si la faim les tiraille encore.
"On a évité ainsi le gaspillage", sourit Gilles Pérole. Les économies réalisées permettent de financer le surcoût du bio. Car en 2010, le constat est effarant. Après la mise en place d’une pesée en fin de service, le personnel s’aperçoit que ce sont 147 grammes par repas qui partent à la poubelle. Grâce à la personnalisation des portions, le poids du gaspillage alimentaire est réduit à hauteur de 80%.
Surveiller, établir des feuilles de route et des lignes directrices, prévoir… à Mouans-Sartoux, l’action est particulièrement structurée pour répondre aux défis environnementaux mais aussi financiers.
Avec l’inflation, le service a ainsi créé un fichier relevant le prix des aliments, conduisant l’équipe à réduire les frites au menu, par exemple. Hausse du coût de l’huile de cuisson oblige.
Et maintenant
Mouans-Sartoux essaime, toujours plus.
"On a échangé avec 600 collectivités européennes", précise Gilles Pérole, non sans fierté. Lors du pacte de politique alimentaire urbaine de Milan, en 2015, la ville a reçu une récompense pour ses bonnes pratiques.
"Voir la petite ville de Mouans-Sartoux saluée aux côtés de New York, ça fait quelque chose", commente l’élu.
En décembre, il est intervenu à l’université de Lisbonne. Il dirige également le DU chef de projet en alimentation durable à l’université Côte d’Azur.
"Ma satisfaction est surtout dans l’espoir et la dynamique que l’on crée sur les territoires", poursuit l’adjoint.
Parmi les grands enjeux du moment, il cite la libération du foncier afin de réinstaller une agriculture pour nourrir la population et permettre une souveraineté alimentaire. Ou encore, continuer à sensibiliser la population à se tourner vers une alimentation durable avec une attention toute particulière portée aux couches populaires. Pour ce faire, l’équipe municipale travaille à la mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation permettant à tout à chacun d’accéder à une alimentation de qualité.
Persuadé, là encore, qu’une bonne pratique en amène une autre.
"Tous ceux qui changent leur alimentation finissent aussi par changer leur mode de transport, leur quotidien."
Il poursuit : "Je crois beaucoup à la transformation par la base. La transition, c’est une multitude de petits changements de pratiques quotidiennes."
Coconstruire la société de demain, en somme, en impliquant les enfants, pour qu’il y ait, au final, “une cohérence entre ce qui est fait à la maison et au dehors".
Même si les temps sont durs pour les municipalités dont les budgets explosent avec l’inflation et les coûts de l’énergie, Gilles Pérole ne désespère pas d’agir avec bon sens et ne s’interdit aucun projet.
Manger bio, local, sain et durable, c'est l'engagement pris par la ville de Mouans-Sartoux pour ses établissements scolaires et pour les crèches. Un engagement qui lui offre le label Ecocert, première ville de France à l'obtenir.
Qui est-ce?
Bruno Bazire habite à Mons en pays de Fayence où il exerce la profession d’architecte. Mais pas seulement.
L’homme, petite barbichette et le sourire toujours aux lèvres, est à l’origine d’un collectif baptisé "Demain en pays de Fayence" qui regroupe, comme lui, des citoyens engagés dans la transformation de leur territoire.
Cantines bios, démocratie participative, mobilités douces, le collectif ne connaît pas de petit chantier, même si, de l’aveu de Bruno Bazire, "le covid est passé par là, fragilisant le lien et l’engagement des Fayençois."
Ce Savoyard d’origine, parachuté dans le Var d’abord à Peymeinade puis à Mons, a roulé sa bosse au Canada où il a été illustrateur et en Bretagne où, tout jeune, il participe déjà à des projets de construction alternatifs.
Diplômé en architecture intérieure à l’école Boule à Paris, il se passionne depuis toujours pour un habitat naturel, des matériaux comme le bois avec, en filigrane, une approche philosophique de la nature.
"Être à l’écoute du terrain", comme lui avait suggéré Antti Lovag, architecte à l’origine des maisons bulles à Théoule qu’il a fortuitement rencontré et qui l’a encouragé à développer une architecture organique qui se fond dans la nature.
Cette même nature qui a bercé son enfance, lui qui aimait se promener avec sa sœur au cœur de la montagne savoyarde.
Créer des alternatives, dans son métier mais aussi dans la vie de tous les jours, en collectant, autour de lui, idées et savoir-faire, c’est le moteur de cet insatiable curieux. "Aujourd’hui, je suis en train d’acheter un bout de forêt", confie cet architecte qui aime passer du temps dans son jardin à ses heures perdues quand il n’organise pas de manifestations sur le territoire.
Le déclic
"En 2016, la diffusion du film Demain(*) est un électrochoc pour moi", souligne Bruno Bazire. Lui qui vit depuis toujours au plus près du terrain veut redonner du sens, soutenir ce territoire et ses petits villages perchés. Dans la foulée et accompagné d’autres citoyens, il décide de lancer le collectif “Demain en pays de Fayence”.
L’idée? Donner aux acteurs du territoire l’opportunité de se rencontrer pour porter des projets locaux, "dans des domaines aussi variés que l’éducation, l’environnement ou l’économie", souligne Bruno Bazire.
(*) réalisé par Mélanie Laurent et Cyril Dion, ce film met en avant des initiatives qui répondent aux défis environnementaux et sociaux actuels.
L'action
Faire du lien. Entre les citoyens de Fayence eux-mêmes déjà, avec les élus locaux ensuite. Car les propositions doivent pouvoir être traduits en politique pour avoir un véritable impact. Comment aider des maires à mettre en place des cantines bios? Comment discuter d’économie locale, d’alimentation?
Des ateliers de rencontre sont créés, des projets émergent, comme celui d’une monnaie locale, le Belug (“étincelle” en provençal), lancée en 2016.
L’objectif : développer l’économie locale, faire connaître les commerçants, les circuits courts, soutenir l’offre.
Un objectif consolidé avec la création en 2019 d’une coopérative d’achat appelée Court Circuit destinée, entre autres, à faire connaître les agriculteurs locaux avec dans l’idée, celle de "cultiver l’entraide, la coopération et le partage des savoirs".
Des initiatives qui partent d’observations personnelles, de rencontres avec d’autres citoyens engagés du territoire. Comme avec Pierre Pralus, avec lequel il a créé l’association "Ecobatissons", qui regroupe des professionnels de l’éco-construction.
Embarquer les citoyens aussi, renouer avec une politique locale parfois coupée des réalités du terrain, s’engager dans la transition écologique, voilà quelques-unes des nombreuses motivations de Bruno Bazire.
"On a mis en place une association composterie, destinée à pousser les politiques à mettre en place des composteurs collectifs, dans des villages où les gens n’avaient pas l’espace pour le faire chez eux."
En 2019, des ateliers participatifs destinés à embarquer les habitants dans la gestion locale sont organisés. A la veille des élections municipales, la rencontre organisée entre les candidats en lice et les habitants fait un carton.
Et maintenant ?
Cet été, avec la sécheresse et les canicules, l’urgence a pris une nouvelle dimension en pays de Fayence.
"D’ailleurs, l’écoute est différente depuis cet été", constate Bruno Bazire car avec les restrictions d’eau, les habitants ont touché du doigt l’urgence climatique.
Pour répondre aux difficultés et s’adapter, "on essaie, par exemple, de mettre en place de l’achat groupé de citernes de récupération d’eau et de panneaux photovoltaïques", raconte Bruno Bazire qui projette également une rencontre avec Arthur Keller, spécialiste des risques systémiques et des stratégies de résilience.
Embarquer les décideurs, aussi, toujours. "J’essaie de convaincre les élus d’accepter une journée pour élaborer une feuille de stratégie d’adaptation du pays de Fayence."
"J’aimerais qu’ils comprennent que la démocratie participative est l’outil de l’adaptation des territoires, poursuit Bruno Bazire qui rêve la création d’un conseil de la transition, permettant aux citoyens d’agir directement auprès des élus. Ici, il y a beaucoup de retraités qui sont prêts à mettre la main à la pâte."
Comme cet ancien prévisionniste de Météo France, qui vient d’arriver et s’est déjà engagé auprès du collectif ou encore, cet autre, astrophysicien, qui partage volontiers ses connaissances au cours de conférences.
En attendant, les manifestations sont toujours à l’ordre du jour au pays de Fayence. "Le 22 janvier prochain, nous organisons une manifestation à vélo afin de promouvoir la mobilité douce", explique Bruno Bazire.
L’homme en est convaincu : "L’engagement permet d’être moins anxieux face au changement climatique. Qu’est ce que je peux faire pour sensibiliser le territoire, le changer? Ce sont vraiment des questions qui m’animent. Pour moi, la société alternative est porteuse de joie, de partage, d’enthousiasme."
Pour en savoir plus
Le site du collectif "Demain en pays de Fayence" https://demainpaysdefayence.com/
Le site du collectif "Ecobatissons" https://www.facebook.com/ecobatissons/
Anthea Comellini, ingénieure italienne de Thales Alenia Space à Cannes, a été sélectionnée par l'Agence Spatiale Européenne la semaine passée. Elle fait partie des 17 astronautes choisis parmi 23.000 candidats.
"Ne pas y aller en touriste"
Il y a deux mois, elle a expliqué dans sa lettre de motivation ne pas craindre les déménagements et les changements d’environnement… Et surtout, s’est posée une question essentielle: "Si je suis retenue, est-ce que je suis capable d’aller jusqu’au bout?". La réponse a été oui. Et ça tombe bien.
Retenue dans un premier groupe de 1.350 sélectionnés sur dossier, elle a réussi l’étape des tests psychométriques en Allemagne, puis celle des tests psychologiques, où il ne restait que 400 candidats, "par exemple pour vérifier que l’on est capable de vivre loin des siens, avec des mises en situation".
Les cent derniers encore en lice ont ensuite subi une batterie de tests médicaux car la vie en orbite peut être contre-indiquée, sans oublier les facteurs psychologiques. Mais, là encore, Anthéa s’était préparée, notamment "à rester calme, et j’ai plutôt un bon souvenir de cette étape".
Réduite à cinquante membres, la cohorte d’astronautes potentiels a alors rencontré le jury de l’Esa, pour une ultime mise à l’épreuve de sa motivation… "Je leur ai expliqué que cela ne m’intéresserait pas d’aller dans l’espace en touriste, comme cela s’entend déjà parfois… Ce qu’on fait dans l’espace, pour moi, est positif, dans la mesure où cela aura des retombées pour l’humanité tout entière!" C’était en septembre dernier.
Un mois plus tard, la jeune femme faisait partie de la trentaine d’appelés à rencontrer le directeur général de l’Esa. "Et après un mois d’attente, dix-sept d’entre nous ont été contactés", se souvient, encore émue de la nouvelle, la désormais membre de la réserve des astronautes.
Si elle ne fait pas partie des astronautes de carrière, destinés à rejoindre dès à présent les rangs de l’Esa, elle se voit déjà dans le cosmos, à moyen terme.
"J’espère être contactée très vite pour aller m’entraîner sur le site de Cologne. Dans les années qui viennent, on va vivre un changement de paradigme, il y aura davantage de vols, des stations spatiales commerciales, donc il faudra avoir en permanence quelqu’un de prêt à partir!" Anthéa l’est déjà.
Marine Calmet a renoncé à devenir avocate, après avoir constaté que "le droit de l’environnement est structurellement défaillant". Une désillusion, au moment de rentrer dans sa vie professionnelle. À ses yeux, le droit occidental "permet une destruction de la nature, qui est seulement considérée comme une ressource inerte, à disposition des activités humaines".
Alors, la juriste a ouvert d’autres voies, bien plus personnelles, et s’est investie en Guyane française contre l’industrie minière.
En 2019, Marine Calmet a cofondé l’association Wild Legal, qui œuvre à la reconnaissance de "droits propres à la nature, les droits du vivant, des milieux de vie et des éléments naturels qui les composent, animaux, forêts, rivières…"
Une démarche inédite en France, mais qui vient de trouver une application concrète en Espagne, ce qui est une première à l’échelle de l’Union européenne. Pour Marine Calmet, il s’agit de poser des limites, en s’appuyant sur un nouveau cadre démocratique. Et de réellement protéger des écosystèmes menacés.
Are you an upholder, a questioner, an obliger or a rebel? Figuring out your cognitive house might be the key to changing your bad tech habits for good.
See more friends. Take more walks. Read more books. Get more sleep. Why don’t those intentions stick? You want to change. But it doesn’t seem to take. Maybe you just haven’t identified what house you’re in.
Gretchen Rubin, mega-bestselling author of The Happiness Project, says the key to long-term habit change is understanding how we respond to expectations. She names four broad categories of responders: the Ravenclaw, Gryffindor, Hufflepuff and Slytherin of habit-changing. Figuring out your cognitive house might be the key to changing your bad habits for good. Including one habit we hear about a lot: clinging to the phone right up until our eyes drop closed.
If you want to know which house you’re in, there’s a handy quiz. An online sorting hat, if you will. Manoush is a Questioner. Obviously.
Apprendre à distinguer zone d'apprentissage et zone de performance
Apprentissage
But s'améliorer
On se concentre sur des choses qu'on ne maîtrise pas encore
On s'attend à faire des erreurs
Performance
Le but est de faire de notre mieux
On exécute des actions qu'on maîtrise avec le plus d'efficacité possible
On minimise au maximum les erreurs
L'idée c'est de régulièrement se mettre dans un contexte d'apprentissage dans lequel les erreurs ne sont pas dommageables qui va nous faire progresser et qu'on pourra ensuite ajouter à nos compétences d'exécution dans la zone de performance.
Problème à l'école on nous place déjà dans un contexte de performance où on cherche à éviter les erreurs au lieu de les accepter et de les utiliser comme base de travail pour progresser.
Exemple de Beyoncé qui après chaque spectacle analyse sa performance et identifie des améliorations sur lesquels travailler pour les prochains
C'est faux de dire qu'on n'a pas le temps, ce n'est qu'une question de priorité, de choix.
Professionnel
Plutôt que faire le year end review en passant en revue nos actions de l'année
Imaginer le rdv de l'an suivant en imaginant les actions qu'on jugera comme une réussite , durant cette année d'exception
A appliquer sur la vie perso également
Et là pour atteindre nos objectifs, on va commencer à s'organiser/planifier notre temps.
3 catégories
Carrière
Relations
Soi-même
168 heures par semaines
Il reste 72h en décomptant 40h de travail /sem et 8h de sommeil /nuit
Ça laisse pas mal de temps pour faire de belles choses
Évitez de surprotéger les filles par rapport aux garçons, ça leur enlève l'occasion de se forger leurs expériences de prises de risques , ne pas abandonner, prendre confiance en elle, et développer leur courage qui leur servira toute leur vie.
En tant que femme il faut apprendre à être nous aussi courageuses pour montrer l'exemple
Sustainability Podcasts
- SustainabilityDefined
- The Global Goals Cast https://globalgoalscast.org/
- HBR IdeaCast https://hbr.org/2018/01/podcast-ideacast
- The Impact Report https://bardmba.podbean.com/
- The Climate Changers Podcast https://soundcloud.com/climate-changer
- edie https://www.edie.net/podcasts/
- Infinite Earth Radio https://infiniteearthradio.com/
- The Energy Transition Show https://xenetwork.org/ets/
- The Adaptors https://soundcloud.com/the-adaptors ~15min
-
The Sustainability Agenda http://thesustainabilityagenda.com/
• Jean-Marc Jancovici et Pablo Servigne (reco gpe FB licorne)
Source SAP JAM
How We Can Make the World a Better Place by 2030 | Michael Green | TED Talks (https://www.youtube.com/watch?v=o08ykAqLOxk)
50% (3 votes)
Close the Gender Pay Gap | Jo Cribb | TEDxWellington (https://www.youtube.com/watch?v=fy1pvgChJn4)
17% (1 vote)
Why Gender Equality Is Good for Everyone — Men Included | Michael Kimmel | TED Talks (https://www.youtube.com/watch?v=7n9IOH0NvyY)
17% (1 vote)
Creating Sustainable Cities (https://www.youtube.com/watch?v=fcDDUSUbq9A)
17% (1 vote)
Sustainability of supply chains in the age of information | Tom Pathuis | TEDxYouth@Maastricht (https://www.youtube.com/watch?v=zKOkEEmtlIo)
0% (0 votes)
Re-thinking Progress: The Circular Economy (https://www.youtube.com/watch?v=zCRKvDyyHmI)
0% (0 votes)
Creating a circular economy: the challenges and opportunities for business (https://www.youtube.com/watch?v=TtR1ibE8Zt0)
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The Importance of Diversity In The Workplace (https://www.youtube.com/watch?v=Pn6WzHw7gHY)
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Chris McKnett: The investment logic for sustainability (https://www.youtube.com/watch?v=rpOwTspdwkI)
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Why sustainable tourism? (https://www.youtube.com/watch?v=JFbbKbdqoJg)
Source SAP JAM
Face à un avenir assombri par la crise climatique, le réalisateur et militant écologiste Cyril Dion parcourt le monde à la rencontre d’acteurs qui ont révolutionné une région, un pays ou une activité, et esquisse un nouveau récit : celui d’un monde plus juste et plus écologique.
Dans l'épisode 2 du documentaire, autour de 16min, il y a Pablo Sevigne qui est interviewé. Il explique que pour lui la collapsologie est une façon de se mettre en action. Si la catastrophe à venir est incertaine, il vaut mieux la considérer comme certaine pour se donner une chance de l'éviter. Le paradoxe étant que plus on agit bien, moins il se passera les choses anticipées.
https://pabloservigne.com/
La Ville de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) a été récompensée du plus haut niveau du label régional "Territoire durable, une Cop d'avance", notamment grâce à la gestion de ses cantines.
100% bio, mais pas plus cher, comment ?
"La cantine est 100% bio depuis 10 ans, à la fois pour la santé des enfants et le bien-être de l'environnement, rappelle Gilles Pérole. L'approvisionnement est à 80% régional. Les légumes eux sont entièrement cultivés à Mouans-Sartoux. C'est ça qui nous permet de ne pas augmenter les prix actuellement."
Pourtant, les aliments certifiés bio sont plus chers, mais comment ne pas répercuter le prix sur les parents ? "Nous avons réussi à ne pas augmenter notre budget d'achat alimentation, en diminuant par exemple de 80% le gaspillage alimentaire, et en servant 50% de repas à base de protéines végétales et d'œufs, et le reste à base de viande et de poissons, répond l'élu. En cherchant des économies vertueuses pour la santé et l'environnement, nous avons réussi à manger 100% bio sans dépenser plus."
La chasse au gaspillage passe notamment par un savant travail sur les quantités cuisinées, adaptées à l'appétit de chaque enfant. Les déchets des cantines sont pesés tous les jours, pour être sûrs de ne pas gaspiller.
Toute habitation émet des gaz à effet de serre. Non seulement pendant son usage, mais aussi à sa construction. "Pendant un chantier, c’est la totalité de l’énergie primaire nécessaire à la production et l’acheminement des matériaux de construction qui est en jeu, écrivent les experts du Grec, le groupe sur le climat en Paca, déclinaison régionale du Giec. La solution est de privilégier les matériaux bio-sourcés ou à faible énergie grise (1)."
Ce constat est aussi le point de départ d’un Varois passionné, qui a poussé la démarche au point de rénover, à partir de matières premières "les plus locales possible", une vieille bâtisse en pierre, dans le golfe de Saint-Tropez. Son "idée de base est d’avoir une climatisation naturelle en été et des murs très isolés en hiver".
André a aimé le principe "de se débrouiller avec ce qu’on peut trouver à proximité", ce qui a commencé par des troncs achetés à l’Office national des forêts. Pas forcément un mauvais calcul, car "le bois a pris un tel coût" dans les filières traditionnelles. La charpente est en sapin varois, le sous-sol comblé de pierres extraites d’une carrière toute proche. Et il se sert aussi des qualités isolantes et hydrofuges d’un béton "chaux-liège".
Projet de coopérative
Ce qu’a fait André n’est pas à la portée de tout le monde: ramasser du liège sur son terrain, faire venir une broyeuse, pour monter un gros tas très léger. "Nous avons fait 5 m3 en une journée, c’était facile." C’est même lui qui a fait tourner la bétonnière pour obtenir cette pâte grumeleuse qui a durci comme n’importe quel béton. Surprise, quand on se saisit d’un bloc, on croit avoir la force d’Obélix.
Cette démarche de puriste est rare, mais il existe une volonté de recréer une filière dans la forêt varoise. Le principe est de créer une coopérative pour stocker des matériaux, bois, liège, et les rendre disponibles auprès des chantiers. "Ce sont les projets qui font les filières, observe Loïc Frayssinet, consultant en thermique du bâtiment dans l’association Permabitat. Les gens ne sont pas forcément conscients qu’il y a d’autres possibilités. Surtout dans la rénovation thermique."
Si des artisans se montrent intéressés, il reste complexe de passer le pas. "Notre démarche est de former les professionnels, pour essayer de les aider à s’emparer de ces techniques."
Et puis il y a aussi la terre crue: "Quasiment toute la terre du Var est utilisable". Chez André, ce sera son enduit extérieur, avec une terre argileuse qu’il prévoit de chercher dans le Haut-Var.
Avoir pris de plein fouet la crise énergétique incite naturellement les communes à se tourner vers des entreprises de conseil et de veille technologique. Objectif? Développer des Process d’économie d’énergie. Les illuminations de Noël ne font pas exception à la règle. Spécialiste de la question, s
Fleurs d'hiver
asters petites marguerites de 2-3 cm de toutes les couleurs, fleuri jusqu'au cœur de l'hiver
dahlias
chrysanthèmes
Anémone du Japon, résistant rustique vivace
rosiers remontants
rose de Noël
Nice-Matin
RÉGION FRANCE VAR
Laurence Thiébaut: “Il faut mettre à la disposition des gens les outils du changement”
Héros ordinaires. Qui sont les hommes et les femmes qui façonnent nos territoires? Parce qu'ils s'engagent par conviction ou dans leur travail, ils changent notre quotidien, le repensent et l'améliorent. Nous avons décidé de les rencontrer. Dans cet épisode, Laurence Thiébaut, militante écologique à Vence.
Flora Zanichelli
Publié le 23/10/2022 à 19:00, mis à jour le 24/10/2022 à 16:06
Laurence Thiébaut habite à Vence et met à disposition des citoyens, des outils pour s'engager écologiquement. Dylan Meiffret
Qui est-elle?
Figure locale de Vence, Laurence Thiébaut a une fibre militante qu’elle met volontiers au service de l’écologie. Cette chargée de mission à l’environnement à la mairie de Vence, qui essaime ses bonnes pratiques depuis plusieurs années maintenant, notamment au travers de son association Vie initiatives environnement, habite au pied du Baou.
Une maison tout en longueur entourée d’un potager en restanque, restaurée de ses propres mains. Et d’un poulailler. Cinq poules y caquètent joyeusement. Chez Laurence Thiébaut, l'écologie se vit au quotidien. On mange local, végétarien et on consomme zéro déchet. Une philosophie de vie pour cette Parisienne qui a grandi dans le 15ème arrondissement et qui vendait l’Huma, âgée de 10 ans, en Seine-et-Marne.
Son engagement militant? C’est à son père, communiste, ancien résistant, qu’elle le doit. Mais aussi à son métier d’ouvrière dans l’imprimerie du livre de poche. "J’ai occupé tous les postes de la chaîne", se remémore-t-elle. A cette époque, en entreprise, il y avait une véritable conscience de classe, remarque-t-elle. Tout ça, avant que l’entreprise ne se délocalise à Laval, en Mayenne, dans les Pays de la Loire.
Sa démission en poche, Laurence Thiébaut prend la direction du Sud-Est et s’installe dans l’arrière-pays niçois. "Avec mon mari, on voulait faire toute une série de petits boulots", explique-t-elle. Férue de lectures et de réflexions, cette fine observatrice du quotidien vit toujours à cent à l’heure. Avec deux questions en filigrane: "Qu’est-ce qui peut être moteur du changement? Et comment embarquer les gens?"
Le déclic
Dans les Alpes-Maritimes, et à Vence, où elle a élu domicile, les combats ne manquent pas. Le territoire et ses défis l’animent, qu’ils touchent l’environnement, le scolaire, le quotidien tout simplement. Les années 70 marquent un tournant.
"J’ai grandi avec la guerre au Vietnam, le combat des Lip, tout ça m’a profondément marquée", raconte-t-elle. A Vence, elle s’engage pour la création d’un lycée, auprès des parents d’élèves. "Les gens avaient peur que le quartier soit dévalué, mais il fallait une proximité, un lien avec l’éducation qui permette aux gens de rester dans la ville", note-t-elle.
Dans la foulée, le projet de l’A8 bis qui devait passer au pied de Vence fait l’effet d’une décharge électrique. "Que veut-on? Un territoire tourné vers la voiture? Je suivais les réunions d’opposition au projet, c’était très informel mais dynamique, ça réunissait les petites communes."
Et d’ajouter: "Quand on a la conscience aiguë d’un problème, la seule manière de survivre, c’est de s’engager." Elle qui se nourrit des émissions de Denis Cheissoux, spécialiste des questions d’environnement sur France Inter, affirme que cela lui a ouvert l’esprit. "On peut avoir une prise de conscience affective, sensible ou encore politique. Il faut arriver à ce que tout se conjugue pour passer à l’action."
L'action
Comme un fil rouge, une question s’impose: comment créer du lien autour des questions environnementales? On a peine à imaginer cette passionaria de l'écologie, boire du coca et aller au supermarché. Elle sourit. "Tout ça, c’était avant".
Désormais, on la croise avec ses contenants faire le tour des commerces de proximité pour des courses "zéro emballage".
Des petites annonces peuvent être épinglées pour échanger du matériel ou des services. "Une manière de créer du lien, ce qui me tient à coeur", commente-t-elle.
Mais pas seulement. Bacs à compost en ville, repair café, conférences sur l’environnement et les grandes questions de notre temps rythment le quotidien des Vençois. Faire venir des gens, pour discuter, échanger, se confronter et peut-être faire émerger une conscience écologique et citoyenne, c’est ce à quoi elle s’attache.
Actuellement chargée de mission environnement à la mairie de Vence, elle a fait mettre en place des navettes gratuites pour se rendre dans le centre-ville. Une action trois en un. "Avec ses navettes, on fait marcher les petits commerces, les gens se rencontrent et ils évitent d’utiliser leur voiture pour faire cinq kilomètres."
Agir sur les citoyens mais aussi sur les agents des services publics. "Les élus locaux sont un levier, explique-t-elle. Dans une mairie, il y a la force des habitudes. Pour la mise en place des composteurs, les agents ont eu huit jours de formation." Aider les gens à faire du lien entre toutes les problématiques, voilà ce qui l’anime. "Les gens sont conscients des problèmes mais ce qui bloque est idéologique, c’est l’image. Ils pensent qu’avoir de la valeur, c’est consommer."
"Je suis désemparé par le développement du photovoltaïque dans notre territoire, ça part dans tous les sens", c’est le cri d’alarme que lance Philippe Blanc, directeur de recherche au sein de l’école d’ingénieurs MINES-Paris PSL, basé à Sophia-Antipolis. Cet expert en énergie solaire s’inquiète: "
"Dans le moyen et haut pays, on assiste à un développement de nombreux projets de grandes tailles sur des espaces naturels agricoles ou forestiers sans concertation et sans consistance pour le territoire. Tandis que la dynamique de développement sur le littoral reste bien faible”, Philippe Blanc, expert en énergie solaire
Au Nord ouest du département, aux frontières du Var et des Alpes-de-Haute-Provence, un petit cercle concentrique autour de Valderoure est devenu l’épicentre de ce développement tout azimut. Et ça se voit. En longeant la route départementale en direction de cette commune, face au village d’Andon, la forêt a ainsi largement été grignotée par des panneaux photovoltaïques, transformant radicalement cette colline, située au cœur du Parc naturel régional des Préalpes d’Azur.
Installé sur des terrains privés à Andon, ce parc photovoltaïque affiche des mensurations XXL : 61 hectares de panneaux au sol (plus de 87 terrains de foot), auxquels s’ajoutent 30 hectares de débroussaillement. Une installation qui produit "environ 50 000 MWh par an et [peut] alimenter près de 30 000 foyers", peut-on lire sur l’arrêté préfectoral donnant feu vert au projet. Signé par le préfet le 29 octobre 2019, il donne aussi "dérogation à l’interdiction de destruction et de perturbation d’espèces animales protégées", actant le défrichement de la forêt.
Pour accueillir notamment l’électricité produite par ce parc, RTE et Enedis ont inauguré le 13 juillet 2022, un "poste source au service des énergies renouvelables" à Valderoure, un transformateur qui a pour but d’acheminer l’énergie sur tout le territoire. "Il permettra de raccorder, in fine, plus de 50 projets photovoltaïques", dixit le communiqué de presse de RTE et d’Enedis.
Une concentration qui inquiète
Et les panneaux fleurissent autour de cet équipement: il y a quelques jours, un parc d’une dizaine d’hectares a ainsi été inauguré par le Conseil départemental à Saint-Auban. Tandis que plusieurs projets sont en cours sur des espaces naturels des villages alentours : 20 hectares à Valderoure, 16 hectares à Séranon, une vingtaine à Peyroules…
"Autour du poste source, les porteurs de projets ne sont pas là par hasard. C’est une stratégie initiée par l’État. Les Alpes-Maritimes sont une péninsule énergétique qui ne produit qu’environ 11 % de l’énergie consommée. Les objectifs de production d’énergies renouvelables à l’échelle régionale pour atteindre le 0 carbone d’ici 2050 y sont donc importants", explique un entrepreneur du solaire, qui a travaillé sur plusieurs projets de centrales dans cette zone rurale.
C’est justement cette concentration qui interroge: "Monter des projets d’énergies renouvelables, pourquoi pas. Mais attention à ne pas transformer le haut pays en tout ce que le littoral ne veut pas", met en garde Sylvie Raffin Callot. Avec une quinzaine de citoyens, élus et spécialistes du solaire, elle vient de déposer les statuts de l’Association pour la préservation du cadre de vie des communes des parcs naturels régionaux des Pré-Alpes d’Azur et du Verdon.
Objectif: mieux comprendre les enjeux complexes du photovoltaïque, "sans être systématiquement contre", et se faire "l’interface entre les élus, les porteurs de projets et la population qui voit pousser ces panneaux sur son territoire et écarquille les yeux en se demandant ce qu’on est en train de faire aux paysages, sans oser nécessairement en parler", détaille-t-elle.
"Lors de l’enquête publique sur le projet de Seranon, seules 5 personnes ont laissé des contributions. Le dossier en consultation était très dense, technique. Il faut plus de vulgarisation, pourquoi pas des conférences", abondent Florence Dalmasso et Sarah Ghiglione, élues d’opposition de ce village.
Éleveur et brasseur bio à Valderoure, Stéphane Maillard est engagé depuis longtemps dans une démarche de sobriété énergétique. Chauffe eau solaire pour produire sa bière, panneaux en toiture financer sa consommation… Le paysan, locataire de son terrain détenu par le mouvement de préservation du foncier agricole Terre de liens, s’est équipé pour tendre vers l’autonomie. Mais il s’interroge sur la solidarité entre zones urbaine et rurale.
"On a assez de toitures en zones industrielles, urbaines et agricoles pour installer des panneaux là où il y a de la consommation. En ville, on éclaire des passages cloutés, des églises la nuit, il suffit de passer près de Cap 3000 le soir… On nous parle de led, d’énergies renouvelables, alors ça va? On se rue vers l’électricité comme on l’a fait avec le pétrole, en consommant trop", pointe Stéphane Maillard, pas opposé cependant à ce que la montagne prenne sa part. À condition que cela serve la collectivité et de vrais engagements écologiques.
En tant qu’adjoint au maire de Valderoure, il défend ainsi un projet de parc photovoltaïque de 20 hectares sur des terrains communaux. Une installation qui s’ajoute à celle de 5 hectares inaugurée dès 2012 par la municipalité dans l’une de ses clairières, au rendement équivalent à la consommation d’une commune de 1000 habitants.
"La société consomme de l’énergie donc il faut en produire mais pas n’importe comment. Le projet municipal, c’est que l’argent perçu grâce aux loyers [payés par les maîtres d’ouvrage] finance la rénovation du bâti vieillissant, de logements insalubres, le passage d’un système de chauffage au gaz vers le bois, avec une vraie stratégie de sobriété. Et à l’heure où l’État baisse ses dotations, comment faire?", questionne, pragmatique, Stéphane Maillard.
Une manne financière
À Valderoure, par exemple, la municipalité indique percevoir 50 000€ de loyer annuel pour son parc de 5 hectares, tandis que celui en projet devrait lui rapporter 175 000€ par an.
"Je fais énormément le distinguo lorsque le projet est sous la maîtrise d’une commune car il y a des instances de contrôle: un conseil municipal, des citoyens, du dialogue possible", rebondit Pierre Fabre, ex-agriculteur au Hameau de la Sagne qui fut l’un des pionniers, il y a 12 ans, à équiper sa ferme en panneaux et en tire aujourd’hui environ 700 € par mois, l’équivalent de sa retraite agricole.
"Au sein du conseil de développement du Parc naturel régional des Préalpes d’Azur [une association d’usagers indépendante], on veut créer un espace de concertation. Car il aurait été préférable qu’il y ait une réflexion globale plutôt que des projets lancés commune par commune. Le photovoltaïque doit être un bien commun", met-il en garde, très inquiet que des centrales d’ampleur puissent voir le jour sur des terrains privés au cœur du PNR, à l’instar de celui d’Andon.
"Carence énergétique"
"Le projet d'Andon est un coup parti qui a été lancé il y a plus de 15 ans lorsque le parc naturel n’existait pas encore", tient à préciser Eric Mèle, président du PNR des Préalpes d’Azur. Mais comment expliquer que les parcs au sol se multiplient ici quand la charte du parc précise que "les installations doivent être envisagées en priorité sur les bâtiments agricoles ou industriels existants, ou sur un ensemble de toitures", notamment "pour la préservation des terres agricoles [et] le respect des milieux naturels"?
"Il faut savoir évoluer. Les équipements en toiture sont plutôt destinés à de l’autoconsommation. Or, aujourd’hui, le département, vue sa carence énergétique, se doit d’ouvrir ses espaces au photovoltaïque et nous essayons d’intégrer tout cela au paysage", assume le dirigeant. Quitte à faire grincer quelques dents...
Menace sur la forêt et la biodiversité
Élu maire d’Aiglun il y a 2 ans, Anthony Salomone est aussi référent patrimoine au sein du PNR. En novembre 2021, inquiet de la prolifération des projets sur ce parc naturel et du démarchage dont il faisait l’objet de la part de fournisseurs d’énergie lui proposant des projets clés en main sur sa commune en échange de loyers juteux, lui a choisi de proposer en conseil municipal un arrêté d’interdiction des parcs photovoltaïques au sol de grande ampleur, voté à l’unanimité.
L'élu déplore que "les projets dérogent aux études environnementales en s’engageant à apporter des compensations. Mais à l’échelle de l’urgence environnementale qui est la nôtre, je ne pense pas que ce soit la bonne solution", s’alarme-t-il, confiant se sentir "esseulé en tant que maire" dans cette position.
Pour voir le jour, chaque projet de parc au sol doit faire l’objet d’une étude d’impact très détaillée de la part des sociétés qui en sont les maîtres d’ouvrage. Quand celles-ci révèlent des atteintes de grande ampleur à des espèces animales protégées ou à leur habitat naturel, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) saisit alors le Conseil national de protection de la nature, un collège de scientifiques indépendant nommé par le ministère de l’Environnement.
Biologiste, Michel Métais en fut le président de 2017 à 2022. On retrouve sa signature en bas des avis défavorables produits par ce conseil national pour les projets d’Andon ou encore de Saint-Auban, qui ont tous deux vu le jour sur dérogation du préfet des Alpes-Maritimes.
L'élu déplore que "les projets dérogent aux études environnementales en s’engageant à apporter des compensations. Mais à l’échelle de l’urgence environnementale qui est la nôtre, je ne pense pas que ce soit la bonne solution", s’alarme-t-il, confiant se sentir "esseulé en tant que maire" dans cette position.
Pour voir le jour, chaque projet de parc au sol doit faire l’objet d’une étude d’impact très détaillée de la part des sociétés qui en sont les maîtres d’ouvrage. Quand celles-ci révèlent des atteintes de grande ampleur à des espèces animales protégées ou à leur habitat naturel, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) saisit alors le Conseil national de protection de la nature, un collège de scientifiques indépendant nommé par le ministère de l’Environnement.
Biologiste, Michel Métais en fut le président de 2017 à 2022. On retrouve sa signature en bas des avis défavorables produits par ce conseil national pour les projets d’Andon ou encore de Saint-Auban, qui ont tous deux vu le jour sur dérogation du préfet des Alpes-Maritimes.
Dans ce contexte, plusieurs associatifs, scientifiques ou citoyens appellent à une vraie concertation à l’échelle des Alpes-Maritimes, à l’instar de Stéphane Amour, du GADESCA, un groupement de plusieurs associations engagées dans la défense de l’environnement à Menton, Contes ou encore Biot. "Les énergies renouvelables, c’est de l’écologie. Mais attention: si cela n’est pas fait de manière réfléchie, cela leur fera une mauvaise pub. Il ne faut pas tout le temps sacrifier la nature au profit des aménagements. Nous pensons qu’il faut rapprocher la production de la consommation, sur le littoral, et engager un vrai dialogue à l’échelle du département."
Multiplier les installations modestes
Membre de la Coopérative PEP2A, qui mène des projets photovoltaïques en toitures sur le territoire des Préalpes d’Azur en y associant les citoyens, René Perrier estime aussi qu’on pourrait accélérer en ville. "Les installations modestes sur toitures, si vous les multipliez par 1000, ne le seront plus du tout. Si on voulait être à la hauteur des enjeux vitaux pour notre société, il faudrait que dans la Plaine du Var une sorte de décret impose à tous les industriels de ne pas laisser un parking sans ombrière ni un toit sans panneaux. Pourquoi ne le fait-on pas?"
Une interrogation partagée par ces 3 Niçois croisés près de Saint-Auban en pleine pause pique-nique dans une journée cueillette de champignons: "On n’utilise pas assez nos toits en ville, on préfère plutôt détruire des hectares de forêts ici, c’est dommage!", lance l’un d’entre eux.
Le littoral à la traîne
Installer des panneaux photovoltaïques "sur toitures et ombrières de parking", c’est d’ailleurs la priorité affichée dans le "cadre régional" édité par la Direction régionale de l’environnement (Dreal).
"Le développement de l’énergie photovoltaïque en Paca [...] est amené à être accéléré dans les prochaines années. Les centrales photovoltaïques au sol, moins chères, pourraient sembler être la principale réponse à ces ambitions. Mais la consommation d’espace qui en résulterait (entre 1 et 2 ha par MW installé) ne saurait se faire au détriment de la préservation des espaces agricoles, naturels et forestiers, qui contribuent par ailleurs au stockage du carbone, à l’adaptation au changement climatique et au maintien de la biodiversité. [...] Pour ces raisons, le développement de l’énergie photovoltaïque doit être prioritairement axé sur les surfaces bâties ou anthropisées", peut-on lire noir sur blanc dans ce document.
Mais dans les faits, les sociétés du solaire se heurteraient à plus de difficultés en zone urbaine. "Friches, anciennes décharges, délaissés autoroutiers... En théorie, la liste des lieux propices pour faire du photovoltaïque est longue mais il y a la réalité du terrain: propriétaires qui gardent leur foncier pour un autre type d’urbanisation, terrains trop pollués, loi littoral, architectes des bâtiments de France restreignent énormément les projets. Et même si on les faisait tous, ce ne serait pas suffisant au regard des volumes de productions d’énergies renouvelables nécessaires pour assurer une transition", constate un entrepreneur du solaire.
"Aucune friche" apte au développement du solaire?
Contactée, la préfecture des Alpes-Maritimes indique que "le développement des projets [photovoltaïques] est particulièrement complexe dans les Alpes-Maritimes du fait notamment d’enjeux environnementaux prégnants, du relief du département mais aussi du coût d’accès au foncier", arguant qu'une étude de l'Agence pour la transition écologique et la Direction régionale de l'environnement souligne "qu’aucune friche n’était apte pour le développement d’un parc photovoltaïque".
"Il est important d’arriver à développer en parallèle des projets au sol et des projets sur toitures/ombrières qui pour ces derniers sont de plus en plus facilités, encouragés ou rendus obligatoires par la réglementation. Tout l’enjeu est d’arriver à identifier des secteurs de projets présentant un moindre impact environnemental, pour ce faire les collectivités territoriales ont toute leur place pour engager des études visant à planifier un développement des énergies renouvelables", abonde la préfecture.
Inextricable l’implantation du photovoltaïque sur le littoral? Des mairies, des entreprises font pourtant déjà preuve d’inventivité sur le sujet. À Mougins, depuis 2009, des panneaux s’invitent sur les toits d’un gymnase ou encore d’une école. À Valbonne, un projet de parc est en cours sur une ancienne décharge de 3 hectares pour produire une quantité d'électricité équivalente "à la consommation de 2 000 foyers", selon la municipalité.
Dans la Plaine du Var, l’immense toiture du stade Allianz riviera est doté d’une centrale de 7000 panneaux. Tandis que plusieurs supermarchés planchent sur des projets d’ombrières solaires pour leurs parkings. "Les zones urbanisées doivent être des terres d’expérimentation pour des projets futurs", lance Philippe Blanc, scientifique de l’école des MINES. Et si on passait (enfin) la seconde?