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Publié le 13 octobre 2021 à 11h33 Par Agnès Farrugia
Le torréfacteur Malongo basé à Carros relocalise la production de ses machines à dosettes en France. "Avec une organisation bien rodée, c’est possible", clame son directeur général.
De la Chine à la Vendée. Malongo, torréfacteur depuis 1934, installé à Carros, a réussi son pari de créer une image de marque écoresponsable sur toute la chaîne de valeur de sa PME. On connaît son engagement en matière de commerce équitable [qui garantit un prix minimum pour les producteurs de café partenaires, ndlr] et de développement durable avec ses suremballages biodégradables et ses doses individuelles en papier, recyclables.
S’adapter
On connaît à présent le Malongo qui peaufine son projet de produire mieux, militant pour une "autre économie". La société vient de relocaliser la production de ses machines à café grand public à La Roche-sur-Yon en Vendée. En 1997 quand le directeur général des cafés Malongo, Jean-Pierre Blanc, se lance dans la fabrication d’une machine à dosettes, il suit la mouvance en la faisant produire en Chine, moins cher.
Mais il y a quatre ans, il décide de relocaliser cette production en France. À la question est ce que cela a été facile, il répond un "non" très franc. "Mais pas impossible. Il suffit de s’organiser, de réfléchir. Nous avons adapté notre produit. De 140 pièces, nous sommes passés à 70 et il n’y a quasiment plus aucune vis. On réduit les coûts de production, la main-d’œuvre et à la sortie, on a la même machine de qualité."
30 emplois créés
Au total pour Malongo, un investissement de 8 millions d'euros en R&D, prototypage, moule et crash test avant de se lancer, et une trentaine d’emplois créés dont 22 en usine. "Plus qu’un investissement fort, c’est un sacerdoce, une volonté de montrer que l’on peut tendre vers une autre économie." Le torréfacteur azuréen produira dans cette usine vendéenne 100.000 machines par an, labellisées "Origine France Garantie". Le tout pour "un coût légèrement au-dessus de ce que nous faisions en Chine, mais tellement plus en adéquation avec notre éthique."
Plus qu’un investissement, c’est un sacerdoce.
Montrer qu’il existe une autre économie.
Il n’a bénéficié d’aucune aide de l’État, hormis un crédit d’impôt recherche. Un reproche? "Les TPE, PME et PMI françaises sont peu aidées sur de tels projets. On voit passer des milliards... et on les regarde. On ne peut pas mobiliser dix personnes pour aller chasser des aides. Sinon, la sauce coûte plus cher que le poisson... Notre objectif est de faire de la qualité, vendre nos produits et satisfaire le consommateur."
Conçue pour durer
Jean-Pierre Blanc observe que de plus en plus, le client en a marre de jeter et remplacer son électroménager. Il propose donc une machine conçue pour durer. Elle est garantie cinq ans – contre trois habituellement – et assure 15.000 cycles, soit 15 ans. Elle est livrée avec un QR code qui donne accès au mode d’emploi, au service clients basé dans le quartier niçois de l’Arénas et au service après-vente de La Gaude, toujours dans les Alpes-Maritimes. 119 euros la machine et des dosettes bio et équitables qui sortent entre 0,21 et 0,24 euro l’unité (contre 0,40 pour les concurrents en moyenne). Impossible n’est donc pas Malongo. À proximité de l’usine vendéenne des sous-traitants produisent (presque) tous les composants nécessaires pour cette machine grand public – les semi-professionnelles sont encore produites au Portugal et en Italie.
Bien entendu, Jean-Pierre Blanc a déjà mis ses ingénieurs et techniciens sur de nouvelles pistes, mais nous n’en saurons pas plus. "Cette relocalisation en France, c’est l’histoire d’un projet. Nous sommes avant tout torréfacteurs mais à fabriquer des machines mettant en valeur la qualité et les arômes de notre café, autant bien le faire et penser à demain." Les machines arrivées en fin de vie seront reconditionnées et réintroduites dans le circuit (vente en ligne) en produit de seconde main. Encore une façon pour Malongo de limiter, à son échelle, l’impact de ses activités sur l’environnement. Fort de café, non?