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Son métier: oncologue médical. Une spécialité qui a pour objet l’étude, le diagnostic et le traitement des cancers. Son leitmotiv: améliorer la qualité de vie de ces personnes qu’elle prend médicalement en charge. Comment? Grâce à la méditation pleine conscience, une méthode à laquelle elle a choisi de se former au sein même de l’Université du Massachusetts (USA) où la MBSR (Mindfulness based stress reduction ou réduction du stress basée sur la pleine conscience) a été créée en 1979. Instructeur MBSR, le Dr Kenza Bouredji propose depuis septembre 2020 et sous l’égide du Pr Jean-Marc Ferrero, un programme MBSR aux patients du Centre Antoine Lacassagne (CAL) à Nice. Une première en région Paca. Rencontre.
À qui s’adressent ces séances?
Peuvent en bénéficier toutes les personnes qui traversent - ou ont traversé - l’épreuve d’un cancer, quel qu’il soit: cancer du sein, du côlon, de la thyroïde, lymphomes, leucémie… Mais, dans les faits, ce sont aujourd’hui surtout des femmes atteintes de cancer du sein qui participent au programme. Cela s’explique en partie: les effets de la méditation pleine conscience sur cette maladie ont fait l’objet de centaines d’études scientifiques. Les oncologues américains se sont en particulier intéressés à l’impact de la pleine conscience sur le risque de dépression, connu pour être majeur chez les jeunes mamans atteintes par un cancer du sein.
Outre la dépression, quels sont les autres symptômes visés?
Les troubles du sommeil, la fatigue, les bouffées de chaleur (en cas d’hormonothérapie)… Sur l’ensemble de ces signes, la pleine conscience apparaît dans les études comme l’approche non médicamenteuse la plus efficace.
À quel moment de la maladie cette pratique est-elle recommandée?
À tous les stades de la maladie: pendant la phase aiguë, quand les patients sont encore sous traitement, à l’issue de la prise en charge, voire des mois ou des années plus tard si le besoin est ressenti.
Qui, concrètement, se tourne vers cette pratique depuis que vous l’avez mise en place?
Ce sont essentiellement des femmes, âgées de 50 à 60 ans et touchées par un cancer du sein localisé ou métastatique, à tous les stades de la maladie. Certaines ont été soignées des années plus tôt, mais sont toujours sous hormonothérapie, d’autres sont en cours de chimiothérapie. On aurait pu craindre que ces dernières soient trop épuisées par les traitements pour participer; dans les faits elles décrivent d’importants bénéfices, notamment grâce au soutien du groupe pendant ces séances.
Avez-vous évalué scientifiquement les effets de votre programme?
C’est un travail en cours; les premiers résultats sont néanmoins très prometteurs. Les témoignages (lire ci-dessous) sont extrêmement positifs: les patients décrivent une vraie amélioration de leur qualité de vie après avoir suivi le programme: sommeil plus réparateur, meilleure gestion de la douleur, moins d’appréhension face à des étapes clés et anxiogènes comme les rendez-vous avec l’oncologue ou l’attente des résultats d’un scanner…
C’est magique!
Non, on ne peut pas dire ça. Il ne s’agit pas de supprimer les symptômes, mais de les alléger, en agissant sur ce qui tend à les aggraver. Le meilleur exemple est celui de la douleur. La composante psychique rajoute de la douleur en la dramatisant. Grâce à la MBSR, on cherche à ce que le ressenti désagréable soit atténué et donc que le symptôme soit mieux "vécu".
Une aide à combattre la maladie en quelque sorte?
Je n’aime pas ce terme "combattre". Il s’agit plutôt de "faire avec", "d’accepter". Ce que l’on peut changer, c’est la résilience et la connexion avec les ressources dont on dispose. Notre mental peut parfois nous raconter des scénarios d’horreur (rires).
Alors que l’offre "bien-être" fleurit, notamment à destination des personnes confrontées à une maladie grave, comment expliquez-vous le succès de votre programme?
Lorsqu’une personne fait face à un diagnostic de cancer, elle a souvent envie de tout essayer: magnétiseur, rebouteux… Au risque de tomber parfois entre les mains de charlatans. Je pense que le fait d’être accompagné par un oncologue, qui connaît leur maladie, les traitements rassure et favorise l’adhésion.