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Qui est-ce?
Olivier Ciais est professeur des écoles et cofondateur de l’association Shilakong, qui œuvre pour l’éducation à l’environnement, notamment grâce à la permaculture.
Pourtant, c’est une vieille passion, le football, qui guide ses premiers pas. Ne sachant trop quoi faire après le bac, il intègre une école de commerce, puis exerce dans le marketing du football, avant de se reconvertir dans l’éducation.
Ce retour aux sources, Olivier l’explique par les influences de son enfance. "Je passais mes étés chez mon grand-père, qui était à la fois ancien directeur d’école et qui jardinait beaucoup avec des méthodes traditionnelles."
Le déclic
Des déclics, Olivier en a eu plusieurs. Le premier a lieu en 2004, lorsqu’il part en Inde, dans le massif de l’Himalaya. Il était jusque-là peu sorti de l’Europe. Il y découvre une nature encore extrêmement sauvage "qui fait recomprendre ce qu’est la terre".
Mais surtout, il rencontre un peuple et un mode de vie en symbiose avec la nature, où chaque ressource est utilisée, réutilisée, et où l’entraide est reine. Il comprend que "la vie sur Terre est possible autrement".
Il passe des jours dans une école lamaïste, et réalise que la méthode d’éducation française est limitée, car "un enfant est fait pour faire des liens". Ce sont aussi ses premiers contacts avec la permaculture. Mais il n’a "pas compris tout de suite son importance".
Il lui faudra d’autres prises de conscience, notamment sur le changement climatique, avec la publication du rapport du GIEC en 2008 pour commencer à lier les choses entre elles.
"C’est là que je me dis, on a vraiment un problème et c’est urgent de revenir vers ces modes de vie là".
Pour Olivier, il s’agit dès lors de transformer cette angoisse en action. De rebondir. Pour ça, la permaculture est "idéale", car elle montre que le problème - la dégradation de la nature - peut aussi être la solution - la substitution grâce à l’interdépendance entre tous les éléments, où l’on peut "voir en chaque déchet potentiel la ressource pour quelque chose d’autre".
Après la naissance de son fils en 2012, son "dernier déclic“, il comprend qu’il devient central de lier l’interdépendance à la nature et l’éducation.
Il découvre le jardin du Petit Pessicart en 2015. "Tout de suite, j’ai un coup de coeur et je dis "j’y vois un jardin pédagogique"".
L'action
Dans cette école, l’apprentissage se fait sur des cycles de 3 ans. Le but est de"faire comprendre les grands mécanismes qui régissent les systèmes", explique Olivier.
Loin de remettre en question les programmes actuels de l’éducation, ce qu’il veut changer, c’est la manière d’apprendre. La pédagogie, donc. Grâce à la permaculture, l’enfant comprend la notion interconnectée des choses, qui régit aussi bien la nature que la numération, la grammaire…"Une fois qu’on comprend ça, on comprend tout", assure-t-il.
Des études ont montré les effets positifs de la nature sur le développement neuronal, physiologique et immunitaire de l’enfant. Selon Olivier Ciais, si troubles de l'attention et de l’apprentissage se révèlent de plus en plus aujourd’hui, c’est parce que nos modes de vie sont très déconnectés de la nature.
"Être dans la nature, ça fait partie de notre hygiène émotionnelle", explique-t-il. Alors, même quand il pleut, les enfants mettent leur petite combinaison et restent dehors. Une pratique inspirée des écoles scandinaves.
Pour le professeur, cette école est aussi un moyen de "réintroduire l’humain dans la forêt". Une "forêt-jardin", qui apporte fraîcheur et aliments comestibles, que les enfants apprennent à goûter.
Une manière d’apprendre, mais aussi d’habiter différemment.
Résultat ? A la fin de la journée, lors des stages proposés, les enfants ne veulent pas partir du jardin. "Je ne reconnaissais presque pas les visages de certains enfants", qui avaient "perdu leur rituel de stress", témoigne Olivier.
Et maintenant ?
L’école devrait ouvrir prochainement, une fois l’agrément école privée hors contrat obtenu. Les enfants apprendront grâce à des projets concrets, sur de petits volumes horaires, par petits groupes. Tout pour éviter que les élèves ne se sentent dans la contrainte d’apprendre.
En attendant, l’association Shilakong a lancé un appel aux dons pour financer tous les travaux, en particulier le bâtiment principal de l’école, qui reste à construire.
Pourquoi pas aussi, proposer sur Airbnb des nuits dans la petite maison en chanvre bâtie en contrebas du jardin, face aux collines niçoises. Un habitat insolite pour faire découvrir ce cadre idéal et naturel, en plein coeur de Nice.
En attendant, Olivier Ciais pense à d’autres manières d’accompagner pédagogiquement vers la transition écologique, toujours dans la bienveillance.
Il aimerait écrire un livre avec Rob Hopkins, enseignant britannique en permaculture, qui a pensé la transition des villes. Avec toujours la même idée : inspirer, et montrer qu’il est possible à chacun d’insuffler le changement, même à son échelle.
A Olivier de conclure. "Un seul exemple réussi a beaucoup de chances de changer les choses", résume-t-il.