2058 liens privés
En France, 26 000 villages n’ont plus aucun commerce, soit 83% des communes rurales. Conséquence: leurs habitants parcourent 25 km en moyenne pour faire leurs courses.
C’est le constat dressé par Génération villages, un collectif né en novembre qui réunit l’Association des maires ruraux de France, la coopérative UpCoop et l’association Bouge ton coq!. Mais pas question d’en rester là.
Jusqu’au 23 décembre, il lance un appel à volontaires pour faire fleurir des épiceries participatives dans 100 villages de moins de 3.500 habitants.
Lutter contre les clichés qui collent à la ruralité
C’est Bouge ton coq!, créée en 2020 par deux frangins originaires d'une petite commune d’Auvergne, qui a eu cette idée. A l’origine du collectif Génération villages, l’association a développé il y a 3 ans déjà, après un tour de France, une méthode pour lancer des échoppes citoyennes…
"La ruralité, ce n’est pas la zone!"
"La ruralité, ce n'est pas la zone. Les campagnes françaises, ce sont 22 millions d'habitants. Elles fourmillent de gens qui n’ont renoncé à rien, qui parlent avec leur maire, essayent de faire bouger les choses", lance Corentin Emery, responsable de Bouge ton coq!.
Des épiceries pensées comme des alliances
"Un village, c’est la bonne échelle pour prendre des décisions collectives, contrairement aux grandes villes où tout vient un peu d’en haut, des institutions", pose-t-il.
Le modèle des épiceries participatives prend le contre-pied en réunissant des citoyens bénévoles, leur mairie et des producteurs du coin qui tous s’engagent autour d’une association à but non lucratif.
Comment ça marche?
"On voulait une solution simple, rapide. En 4 mois, l’épicerie peut ouvrir." Mode d’emploi: la mairie s’engage à mettre à disposition un local gratuitement. Aucun employé à payer: ce sont des citoyens bénévoles qui, par tranche de 2 h/semaine environ, font tourner la boutique.
"Elle peut ouvrir à partir d’une vingtaine d’adhérents, mais le noyau dur d’un projet est souvent composé de 3 à 5 personnes", détaille Corentin Emery, fort de l’expérience des 150 épiceries déjà créées depuis 2020.
Des produits locaux, sans marge
Côté approvisionnement, "75% des producteurs sont dans un périmètre de 20 km autour de l’épicerie", poursuit Corentin Emery. Pour le reste de l’achalandage (produits d'hygiène, boissons, etc.), Bouge ton coq! forme les bénévoles pour les aider à trouver des fournisseurs, à s’organiser…
Des courses moins chères
Autre avantage du montage associatif: aucune marge n’est pratiquée sur les produits. "Du coup, les courses sont 20 à 30% moins chères", étaye-t-il. De quoi rendre le magasin plus résilient.
"Si les commerces disparaissent des bourgs, c’est parce que c’est souvent dur de se sortir un salaire, de payer ses charges, de tenir… Non marchande, l’épicerie participative contrecarre ces difficultés."
Un accompagnement aux petits oignons
Peur de se jeter dans l’inconnu? Bouge ton coq! ne laisse pas les porteurs de projet sans filet. L’équipe s’entretient d’abord en visio avec chacun d’entre eux, histoire d’évaluer l’envie collective.
"Puis, on les aide à mobiliser leur commune : on se rend sur place pour les accompagner dans l’organisation d’une réunion publique, l’évaluation des éventuels travaux, la communication… On organise le travail en commission jusqu’à l’inauguration. Au démarrage, on apporte 1100€. Sans loyer, les charges restantes (eau, électricité, Internet) sont couvertes par les adhésions à l'association qui porte l’épicerie", détaille Corentin Emery.
Comment candidater?
"Pas besoin d’être 100% prêts pour se lancer, juste d’être motivés", rassure-t-on chez Bouge ton coq!. Pour participer à l’appel à candidature "100 épiceries pour 100 villages", en cours jusqu’au 23 décembre, il suffit de vous inscrire à la première visio en cliquant ici et d’y présenter les grandes lignes de votre projet.
Un manifeste pour soutenir l’initiative
Vous ne vivez pas dans une commune de moins de 3500 habitants ou n’avez pas l’âme d’un citoyen-épicier? Vous pouvez uniquement soutenir l'opération en signant le manifeste rédigé par Génération villages. https://www.google.com/url?q=https://generation-villages.fr/%23manifeste&sa=D&source=docs&ust=1702031856674693&usg=AOvVaw1bEYtcRIL1mlUEeqm5F4-F
"Plus de 11 000 personnes l'ont déjà fait. Cela ne veut évidemment pas dire qu’on va ouvrir 11 000 épiceries, mais que nous sommes nombreux et nombreuses à partager l’envie de changer l’image du monde rural!", conclut Corentin Emery.