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C’est une phase de test qui pourrait avoir un sérieux retentissement à l’échelle nationale. Hier matin, la Ville de Cannes a présenté une solution technique innovante en termes d’écologie pour ses serres municipales, situées dans la basse vallée de la Siagne: l’installation de panneaux photovoltaïques afin de renforcer leur autonomie énergétique. Le principe? Il repose sur deux piliers.
D’abord, la pose de panneaux photovoltaïques souples et légers sur un bâtiment qui, d’ordinaire, n’aurait certainement pas supporté des panneaux traditionnels. "Cette solution pourrait être développée sur n’importe quel bâtiment, indique le conducteur des opérations des énergies renouvelables de la Ville. Le gros intérêt repose sur le poids: des bâtiments qui n’ont pas la capacité portante d’accueillir une surcharge en module photovoltaïque traditionnel pourraient quand même être équipés de panneaux photovoltaïques puisque ces derniers peuvent être facilement collés sur des toitures existantes."
Une économie de 8.000€/an
Ensuite, le fait de développer une solution en autoconsommation qui va permettre de réaliser de sacrées économies. "Nous allons compenser une partie des consommations électriques du site, à la fois du bâtiment, des espaces verts et des serres, donc nous allons couvrir 35% des besoins en consommation d’électricité du site, reprend Valentin Vogel. La totalité de la production photovoltaïque produite localement est injectée sur le réseau local, ce qui va nous permettre de compenser la consommation électrique du site et de générer une économie d’un tiers de facture." Concrètement, pour la serre en question, la "numéro 6", l’économie annuelle estimée est de 8.000 euros par an.
L’autre avantage de cette installation? Un partage d’énergie entre différents sites producteurs et sites consommateurs, via le réseau public de distribution d’électricité. Tout cela rendu possible grâce à l’ensoleillement exceptionnel de Cannes.
"Un double objectif"
"Les serres municipales sont situées dans un lieu exposé au soleil, confirme le maire David Lisnard. Les panneaux photovoltaïques ne créent pas de trouble esthétique et ne nécessitent pas de travaux d’infrastructure qui auraient été plus longs, plus chers et plus disgracieux. En outre, la production a un double objectif: écologique d’une part, grâce à la production d’énergie renouvelable et décarbonée, et économique d’autre part puisque lorsqu’on est en surplus de production par rapport à la serre, on peut répartir l’excédent de production sur d’autres sites municipaux. C’est une approche globale pour progresser en autonomie énergétique et produire du décarboné."
Pour ce projet, 204m² de panneaux photovoltaïques ont été installés sur cette serre numéro 6, pour une puissance électrique maximale de 22 kWc. Le montant total de l’opération s’élève à 179.569 euros, subventionné à hauteur de 66% du montant (118.878 euros) par le Département.
D’autres projets, comme celui-ci, pourraient voir le jour dans les mois qui viennent, au parking du cimetière Abadie 2, ou encore entre l’espace Ranguin et Saint-Exupéry, et la salle des Arlucs et le gymnase des Mûriers.
EdEdmund Platt, dit "L’Escargot anglais", et Frédéric Munsch, dit "Le Sanglier marseillais". Deux potes quadragénaires qui se sont rencontrés à Marseille et qui aiment se lancer des défis qu’ils veulent "inspirants". Après avoir marché Marseille-Paris lors du premier confinement, ils ont enchaîné avec Douvre-Dundee (en Écosse) et le tour de la Corse. Le 3 octobre ils se sont lancés dans le Cassis-Cannes, qu’ils ont intitulé "CaCa, la route des mégots". "Une balade engagée", délivrent-ils.
Les deux compères ont ainsi cheminé 200 kilomètres, traversant le Var, en ramassant des cadavres de cigarettes en chemin. Leur triste moisson à leur arrivée, mardi 15 octobre: "12.000mégots." Leur aventure est filmée et postée sur les réseaux sociaux (1) "pour transmettre ce qu’on raconte et partager, parce qu’il y a encore trop de monde qui jette ses mégots". Ils la décrivent comme "un mix entre J’irai dormir chez vous, Pékin express, Nus et culottés et Very bad trip". "C’est une initiative personnelle. Ça parle à beaucoup de monde cette aventure sans cadre. Un matin tu te lèves et tu pars. On espère que ça fasse boule de neige. Les gens donnent des leçons, nous, on donne des idées", déclarent-ils.
"On encourage tout le monde à faire ça"
"L’arrivée à Théoule, c’était génial, se rappellent les deux amis. L’un des endroits les plus beaux du monde. Dans un café, on tombe sur un monsieur qui loue des Airbnb et qui nous prête un appartement. Deux restaurants nous ont soutenus en nous nourrissant. Une copine nous a hébergés à Cannes. Au marché Forville, les commerçants nous ont donné du vin, de la nourriture. Ils avaient envie de faire partie de notre équipe."
Eddie, le professeur d’anglais et écrivain, avec Fred le photoreporter, collectionnent ces rencontres: "On a rencontré des gens dans le réel, pas sur les réseaux. Le fait d’être médiatisé ça valide, ça authentifie. On n’a pas dépensé un centime. Certains se sont battus pour nous héberger. On encourage tout le monde à faire ça. Que ça inspire des influenceurs qui ont plus de poids. Derrière on nous donne au centuple."
"Quand la petite Pamela, sur son banc devant l’hôtel de ville, se lève et commence à ramasser devant les yeux écarquillés de son mec, c’est une victoire, racontent Eddie et Fred. Au Suquet, on a vu des gens se mettre à ramasser avec nous."
Reçu dans un collège de Bormes-les-Mimosas (Var), en mairie de Cannes… Leur démarche se veut dicter par "le plaisir".
"Marre des gens qui se trouvent des excuses"
"On n’en a pas ras le bol même si on n’a pas enlevé 0,00001% de ce qu’il y a par terre, savent-ils. On invite juste les gens qui jettent à jeter un peu moins. On fait ça pour se marrer mais il y en a marre des gens qui se trouvent des excuses pour ne pas jeter leurs mégots dans un cendrier, une poubelle. La mairie de Cannes a distribué 20.000 cendriers et il n’y a jamais eu autant de mégots par terre. Qu’est-ce qu’il faut faire pour faire réagir les gens?" Sur leurs tee-shirts noirs, un slogan plutôt clair qu’ils adressent aux "jeteurs, poseurs et planqueurs": "Arrête de niquer ta mer".
- Instagram et TikTok: @cassiscannes et TikTok
Tee-shirt trempé du labeur, visière à casquette sur visage bruni, Loïc Plaud marque une petite pause à l’ombre, tandis que son père Philippe se charge des nouveaux clients. Complices comme des mulots de campagne, ces deux-là. Mais le papa de La ferme de papa, l’exploitation agricole qui vient d’ouvrir le long du chemin de la Levade à La Roquette, c’est bien lui. Un ancien chef de 32 ans, qui a soudain troqué le couteau pour la bêche. Et qui a décidé de prendre la clé des champs, afin d’être plus présent pour ses enfants.
Je suis resté en cuisine durant onze ans, à bourlinguer aux Caraïbes, à Courchevel, à Lyon, à Cannes, au Cannet, confirme ce natif de Grasse. Et puis il y a eu la Covid, et j’ai ressenti le besoin de changer de cycle, pour aller voir un peu ce qui se passe côté culture."
Côté nature aussi, puisque cet amoureux de la terre pouvait parfois se sentir un peu à l’étroit entre les quatre murs d’une cuisine plutôt qu’au grand air. "Quand tu vis ici, comment ne pas l’aimer?"
100% bio et amour
C’est sur un terrain de la famille Mul, en location, que Loïc a planté les premières graines de sa reconversion. Sur plus d’un hectare déboisé, poussent diverses variétés de tomates, de courgettes, d’aubergines, de salades, des haricots verts, des herbes aromatiques, des melons. Et même des fleurs, sur le fumier de cheval et le crottin de mouton!
"Les fleurs permettent de conserver ces insectes auxiliaires, tels les coccinelles, qui m’aident à éliminer les nuisibles", justifie celui qui ne s’est pas lancé dans ce projet… la fleur au râteau, mais a perfectionné son savoir en permaculture avec un CAP au lycée horticole d’Antibes, puis un Brevet pro d’exploitant agricole, avec deux ans d’apprentissage à la ferme Brès de Vallauris.
Je suis passionné de biodiversité et je pratique le maraîchage sur un sol vivant, qui préserve la faune terrestre, revendique ce militant convaincu du zéro pesticide, mais du « 100% amour".
Lui qui, jadis aux fourneaux, aimait transformer le produit par sa technique gastronomique, la met désormais au service d’une agriculture la plus naturelle possible. "L’idée est de créer des barrières végétales entre chaque famille de plantation, et d’éviter la monoculture".
Paniers à composer
Bien sûr, de temps en temps, quelques chenilles viennent "noircir le cul des tomates" ou des pies voleuses grappillent la variété cerise, "mais, dans l’ensemble, je parviens à maîtriser la production, avec des fruits et légumes qui retrouvent le goût d’antan".
Les clients, déjà nombreux à s’arrêter, ne s’y trompent pas, qui repartent les bras chargés de paniers, à 15 ou 20 euros.
L’entreprise, qui a d’abord éclos comme de l’herbe un peu folle, se structure au fur et à mesure.
"Je viens de recevoir ma balance, pour faire les choses plus cadrées", sourit Loïc.
Sur le site Internet, on peut désormais composer et commander son panier, avant de venir le chercher ou de se le faire livrer les mardis et vendredis. Et le mercredi matin, ce sera bientôt jour de marché, avec un étal de la Ferme, mais aussi des produits locaux (miel, viandes, confitures), "parce que je suis un épicurien", souligne celui qui envisage aussi de faire table d’hôtes et régaler ses convives avec ses propres produits un jour.
En attendant, ce sont les beaux dessins de ses deux filles chéries qui ornent la tente de vente, avant l’arrivée d’un petit frère, attendu en novembre prochain.
Histoire de souligner qu’au-delà du bio, la ferme de papa cultive aussi l’esprit de famille…
Savoir +
La Ferme de Papa, 610 chemin de la Levade à La Roquette-sur-Siagne. Vente-Livraison: Philippe PLaud, 07.82.24.79.36; Loïc Plaud: 07.49.91.16.63.; Instagram: la_ferme_de_papa
Axel Carion est explorateur à vélo, recordmand et créateur du BikingMan. Il explore les routes et pistes les plus vertigineuses du globe.
Découvert par article Nice Matin https://www.nicematin.com/insolite/axel-cariondeux-lignes-935165
En matière d’incivilité, Cannes a déjà un plan bien rodé depuis des années! De la prévention, des campagnes de communication aussi originales que percutantes ("180 euros ça fait cher l’envie pressante", "Ici commence la mer", "Petit geste, grosses conséquences"…), mais aussi de la répression avec une brigade dédiée.
Bref, la Ville a fait du sujet son cheval de bataille depuis bien longtemps.
Et ne compte pas lâcher un centimètre de terrain! Lundi, la municipalité a signé une convention inédite avec Citeo (lire ci-contre), expert en matière de gestion des déchets.
Objectif? Optimiser leurs compétences et maintenir des espaces publics à un haut niveau de propreté.
218.191 PV dressés en 10 ans
Concrètement, Cannes va bénéficier d’une subvention d’un million d’euros – 310.000 euros par an pendant trois ans – qui permettront d’agir sur trois volets: cartographier les endroits où il y a le plus d’abandon de déchets sur la voie publique, mise en place de nouvelles campagnes de communication, et traitement des déchets avec l’acquisition d’une nouvelle aspiratrice et le déploiement de nouvelles corbeilles.
"Nous avons dressé avec la police municipale 218.191 PV depuis 2014, dont le produit des amendes revient, pour rappel, à l’État et non hélas à la Ville, précise le maire David Lisnard. Les abandons de déchets sur l’espace public nuisent à l’image de notre commune, à la propreté de nos quartiers et donc au cadre de vie des habitants, et ont un coût de nettoyage au détriment des contribuables… C’est pourquoi nous allons renforcer avec Citeo nos actions de détection, de prévention et de captation des déchets abandonnés."
Ce partenariat de trois ans, renouvelables, sera l’occasion de "faire émerger des solutions durables et adaptées au territoire cannois", soulignait Jean Hornain, directeur général de Citeo.
C'est quoi, Citeo?
Citeo est une entreprise à mission créée par les entreprises du secteur de la grande distribution qui a pour but de réduire l’impact environnemental des emballages papiers.
Elle propose notamment des solutions de recyclage et de tri.
C’est une expérimentation qui pourrait faire des émules si elle fonctionne.
La Ville a voté, lors du dernier conseil municipal, la création d’un conseil de quartier responsable d’un budget participatif.
C’est le secteur Tassigny, Beauvallon, Petit Juas, Saint-Louis, Saint-Jean et avenue de Grasse qui a été choisi pour mener cette grande première.
Concrètement, la Ville va allouer 50.000 euros à cette nouvelle structure, composée d’habitants représentant la population.
Ce seront eux qui proposeront des projets visant à améliorer le cadre de vie des quelque 5.300 foyers et commerces concernés.
Culture, environnement, sport et famille
Les conditions de ces futures réalisations? Être gratuit pour les usagers, présenter un intérêt général pour le quartier et s’inscrire dans les thématiques suivantes: culture, environnement, sport, famille et cadre de vie.
Un courrier d’information devrait être adressé prochainement aux habitants pour présenter le dispositif et les modalités.
Les riverains pourront ensuite candidater.
Quelles conditions?
À condition d’être majeur, de résider, d’être scolarisé ou d’exercer une activité dans le secteur, d’être inscrits due les listes électorales.
Au total, le conseil sera composé de vingt personnes maximum reparties en deux collèges, pour une durée d’un an.
Les projets proposés seront étudiés par la Ville afin de valider la faisabilité juridique, technique et financière.
Retenir l’eau à l’heure des sécheresses à répétition, capturer du CO2, stocker des nutriments essentiels à la croissance des plantes, résister aux épisodes extrêmes provoqués par le changement climatique… Autant de missions cruciales que peuvent assurer les sols. S’ils sont en bonne santé.
Dans le Var, à La Londe-les-Maures, les viticulteurs chevronnés du domaine de Figuière, bio depuis 1979 (un an avant qu’une loi d’orientation agricole ne reconnaisse ce modèle sans produits chimiques), l’ont compris depuis longtemps. Au sein de ce domaine familial, il n’y a pas que l’une des prestigieuses cuvées de rosé AOC Côte de Provence, baptisée "Pionnière" qui peut se prévaloir du qualificatif.
"Mon père disait toujours que, agronomiquement, ces sols ne valent pas un coup de cidre", François Combard, directeur d’exploitation du domaine de Figuière
Directeur d’exploitation, François Combard a fait de ces terres, reprises avec ses sœurs à la mort de leur père en 2015, le terrain de multiples expérimentations, partageant toutes le même but: rendre les sols plus résilients et fertiles.
"Mon père disait toujours que, agronomiquement, ces sols ne valent pas un coup de cidre. Le massif des Maures, ce sont des terres de schiste, on y trouve la plus grande forêt de chênes lièges de France [métropolitaine], des arbres qui ne poussent que sur des sols acides, sans calcium ni argile de qualité, détaille le vigneron. Les terres de la région sont pauvres. Avec le chef de culture, on essaye de mettre en place des techniques pour les enrichir."
Une ferme pour reproduire… des lombrics
"Le graal pour des sols en bonne santé, c’est d’y voir des vers de terre." C’est sur ce constat qu’il y a 7 ans, François Combard s’est lancé dans un drôle d’élevage… de lombrics. Dans des caisses de 6 m par 6 m, remplies de terre et de matière organique, lui et ses équipes ont ainsi rapidement vu apparaître des vers en surface. "On les a nourris pendant 1 an, puis mis sur une parcelle et on s'est dit: on va voir ce qu’on va voir", retrace François Combard.
Pour consolider ces recherches empiriques, le vigneron s’adjoint les services d’Yvan Capowiez, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) d’Avignon, au sein d’une équipe en pointe sur l’étude des précieux asticots.
"Les vers de terre sont des architectes des sols. Sans eux, et d’autres petits organismes microscopiques, ils ne seraient pas fertiles", nous expliquait récemment Céline Pelosi, chercheuse au sein de cette équipe. Ces derniers jouent, en effet, un rôle crucial de mini-laboureurs, digèrent la matière organique puis en restituent les nutriments dans la terre, aident aussi à retenir l’eau via le réseau de galeries qu’ils creusent.
"Quand la température dépasse les 28°C, les vers de terre descendent dans les profondeurs et ne bougent plus", François Combard, domaine de Figuière
Quels résultats? Sur les conseils des chercheurs, le domaine varois a mesuré l’efficacité de l’apport de lombrics sur la vigne en réalisant de nombreux "tests bêche" sur une parcelle d’1m². Il s’agit de prélever de petits cubes de terre et de compter un à un les vers à l’intérieur. "Cela n’a pas vraiment été probant. En fait, on s’est rendu compte que, dans des sols pauvres, qui plus est exposés à la chaleur, les vers de terre ne pouvaient pas survivre. Quand la température au sol dépasse les 28°C, les lombrics descendent dans les profondeurs et ne bougent plus", détaille François Combard, qui avait déversé 100 kilos d'asticots dans une parcelle test il y a 7 ans. Mais pas question pour lui d’en rester là…
Du seigle pour aérer les sols et en limiter l’érosion
"On s’est intéressé à ce qui correspondait le mieux aux vers de terre et on s’est aperçu que l’enherbement jouait un grand rôle", poursuit le viticulteur. A Figuière, les vaillants explorateurs du vivant misent ainsi depuis 5 ans sur un "enherbement maîtrisé": semer des espèces végétales précises entre les pieds de vignes, plutôt que de laisser les herbes pousser au petit bonheur la chance.
"On a opté pour du seigle, une céréale qui va se lignifier, c’est-à-dire se transformer en paille en se décomposant et apporter ainsi une texture au sol, ajoute François Combard. Son système racinaire a aussi de la puissance, il se développe sur 50 cm de profondeur et permet à l’eau de s'infiltrer."
Une fois de plus, les équipes de Figuière plantent et prennent le temps d’observer la nature faire son œuvre.
"Chez nous, les parcelles non irriguées ont une résistance plus importante à la sécheresse", François Combard, domaine de Figuière
Quels résultats? Les vers de terre, ambassadeurs des sols vivants, ont, là encore, donné le tempo. "On s’est aperçu qu’on en trouvait beaucoup là où on avait planté le seigle, on s’en sert désormais sur les plants les plus faiblards, pour les booster", explique François Combard. Sa recette: "Laisser pousser jusqu’à ce que l’épi fleurisse. Puis, comme c’est une plante annuelle, elle meurt et, en mai, on forme un couvert de paille pour le sol en pliant ses brins. Il crée de l’ombre et une zone humide où l’évaporation se condense, permettant à de nombreux insectes et microorganismes de se développer", détaille le vigneron avec une précision d’ingénieur agronome.
Autre atout collatéral: les racines profondes de la céréale ont considérablement aéré les terres du domaine. "En cas de grosses pluies, elles résistent nettement mieux à l’érosion, car l'eau ne ruisselle pas mais s’infiltre. De plus, la matière organique retient 6 fois son volume d’eau, donc les parcelles non irriguées chez nous ont une résistance plus importante à la sécheresse", ajoute-t-il.
"Se contenter de déverser des vers n’est en effet pas suffisant. Ce qu’il faut, c’est en effet améliorer le gîte et le couvert pour qu’ils puissent vivre durablement dans les sols et y jouer leur rôle", confirme Lucas Petit dit Grézériat, doctorant au sein de l’équipe avignonnaise de l’Inrae, sur le point de boucler une thèse de 5 ans sur l’apport des lombrics sur les sols viticoles.
Des légumineuses comme engrais azoté 100% naturel
Sur ce domaine précurseur en agriculture biologique, l’enjeu, c’est aussi d’enrichir des sols naturellement pauvres… sans utiliser de produits phytosanitaires. Pour cela, les Combard ne sont pas à court d’idées. Entre les rangées de vignes, un nouveau test a ainsi été mené: "semer de la vesce, une légumineuse qui va fixer l’azote de l’atmosphère puis la libérer dans les sols et faire office d’engrais naturel", explique le vigneron. Depuis, 28% de la surface du domaine en est recouverte.
"L’Homme doit encore découvrir les grands fonds marins, mais dans les sols aussi, on en n'est qu'aux balbutiements!", François Combard, domaine de Figuière
Quels résultats? Pour le savoir, pas de place au hasard. Les Varois ont opté pour un test MERCI, une méthode méticuleuse développée en 2010 par la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine pour mesurer dans les champs l’apport en éléments minéraux de ces "cultures intermédiaires".
A Figuière, "on a coupé la vesce sur un m² et puis pesé et analysé la récolte. Résultat: la vesce permet d’avoir 14 unités d’azote par hectare, plus de la moitié des besoins de la vigne. C’est top!", se réjouit François Combard. Après 5 ans d’enherbement maîtrisé, le PH des sols, naturellement acides, du domaine est aussi en train de remonter. Et les Combard, dont de nombreux crus sont primés, ne comptent pas se reposer sur leurs lauriers.
"On testera de nouvelles techniques, c’est certain", glisse François, à la curiosité piquée par la mycorhization, l’utilisation de champignons microscopiques pour permettre aux racines de la vigne de s’ancrer plus profondément encore dans la terre. "L’Homme doit encore découvrir les grands fonds marins, mais dans les sols aussi, on en n'est qu'aux balbutiements!"
Pourquoi c’est important
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Pesticides, perturbateurs endocriniens, polluants éternels (PFAS) dans les emballages alimentaires…En France, une personne sur deux dit ne plus savoir de quoi se composent les produits qu’elle mange, selon une étude Ipsos.
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Reconnue comme un plus pour la santé et l’environnement, l’alimentation bio et locale n’est pourtant pas à la portée de tous. Ainsi, 50% des Français estiment que les aliments locaux sont plus chers, 62% que le principal levier pour consommer mieux serait des prix plus bas.
A Hyères, dans le Var, au sein de l’éco-lieu du Plan-du-Pont, c’est pour lutter contre ce constat qu’une poignée de motivés met la main à la terre.
Sur une dizaine d’hectares agricoles, un projet collectif et associatif a vu le jour en 2021: apprendre à des citoyens du coin à cultiver des légumes et des fruits, pour repartir gratuitement avec. Fraises à foison, tomates, poivrons, plantes aromatiques, fruitiers… En ce début d’été, l’endroit, luxuriant, a des allures de corne d’abondance.
Renouer avec le manger sain et local, pour tous
Une idée signée d’un ex-journaliste parisien (Les Echos, Ouest-France), au parcours assez peu banal… Son nom: Jean-Ronan Le Pen. Cousin éloigné des caciques du RN, avec qui il n’a bien en commun que le patronyme, ce passionné d’océan et de nature a quitté la capitale en 2014 pour vivre 5 ans sur un bateau. Avant de bâtir cette utopie (très) concrète sur un terrain "en jachère depuis 30 ans", appartenant aux grands-parents de sa compagne.
"Toute cette plaine, à une époque pas si ancienne, c’était des vergers : pommes, pêches, cerises, abricots… Et puis la concurrence de ‘la mondialisation heureuse’ a fait le reste, ironise-t-il. Aujourd’hui, le territoire de la métropole Toulon Provence Méditerranée, c’est 1% d’autonomie alimentaire."
Pour y faire refleurir une agriculture bio, le Parisien n’a pas présumé de ses compétences. Même s’il s’est lui-même formé à la permaculture, c’est à Terry Charles, un voisin, diplômé en agroécologie, qu’il a confié l’aménagement du terrain. "Au début, il nous regardait un peu comme des néo-ruraux beatnik", se souvient Jean-Ronan en se marrant.
Apprendre à faire soi-même
Quoi planter et où, quelles variétés de végétaux associer pour tirer les meilleurs bénéfices de ce terroir méditerranéen, exposé aux fortes chaleurs et au manque d’eau, mais aussi comment construire un espace convivial, où jardiner ensemble, se rencontrer. C’est la mission qu’a relevée Terry, 24 ans, avec entrain. "Cette plaine, c’est mon terrain de jeu depuis que je suis né", glisse le jeune Varois, qui assure aujourd’hui le rôle de coordinateur agricole, salarié de l’association.
"Le but n’est pas de se mettre en difficulté mais de prendre plaisir à cultiver ce qu’on va manger", Terry Charles, coordinateur agricole
C’est lui qui fixe le calendrier des plantations, des récoltes ou liste les actions à faire sur le jardin collectif pour que tout pousse correctement. Lors des sessions hebdomadaires de jardinage avec les adhérents (180 actuellement), il est aussi là pour accompagner et donner les bons tuyaux.
"Je pars de leurs envies, toujours: ils sont là bénévolement, le but n’est pas de se mettre en difficulté mais de prendre plaisir à cultiver ce qu’on va manger. Certains, par exemple, ne peuvent pas trop se baisser, etc. C’est à la carte", explique Terry Charles.
Cultiver le lien social, lutter contre les préjugés
En ce moment, la joyeuse bande, emmenée par leur coordinateur, est en plein semis de choux (romanesco, kale, de Bruxelles…). "C’est aussi le grand avantage d’être en dehors de tout système de commercialisation : découvrir des variétés qu’on n’a pas l’habitude de manger", sourit-il. Des ateliers cuisine apprennent aussi aux adhérents à cuisiner leurs récoltes.
Béatrice Vidonne-Malaise, Hyéroise de 70 ans et adhérente depuis 2022 de l’écolieu, compte parmi ses membres les plus assidus. Presque aucune des sessions de jardinage collectif (les lundis et jeudi après-midi + un samedi sur deux) ne lui échappe. C’est au beau milieu des plants de tomates qu’on la retrouve. Avec dextérité, cette coquette retraitée les accroche au tuteur pour les maintenir bien droits.
J’habite dans une cité HLM. Pendant longtemps, j’ai cherché un coin pour jardiner mais je ne voulais pas de ces parcelles individuelles qui mettent, encore une fois, les gens en concurrence: c’est à celui qui cultive le mieux, qui a la meilleure récolte, qui peut s’acheter les bons outils…", confie cette "gilet jaune constituante".
Cette ex-coiffeuse, puis employée du secteur du tourisme, a été l’une des coordinatrices du Référendum d’initiative citoyenne [RIC], "présenté au gouvernement pour que les gens retrouvent leur capacité à agir", elle a aussi co-organisé des réunions "gilets jaunes et militants écolo". Et elle en est fière.
Ce qu’elle trouve ici? "Du concret! Il ne faut pas attendre que d’autres fassent le changement, il faut en être acteur", dit-elle.
Ce jour-là, elle s’affère avec Agnès, habitante du village de Pierrefeu ou encore Lucas, 30 ans, sa compagne Charline, et Marius, le fiston, de 7 ans et demi qui se délecte des fraises, avalées à peine cueillies, "tellement bonnes qu’elles sont même un peu trop sucrées", lance le petit garçon, rieur.
Son père, éducateur à la base, est tombé amoureux du lieu. A tel point qu’il a, depuis qu’il l'a découvert, passé une formation en permaculture au lycée agricole de Hyères et travaille actuellement en apprentissage à mi-temps sur le lopin du Plan-du-pont. "Des gens viennent même de Marseille, plus ponctuellement", se réjouit Jean-Ronan Le Pen.
Car ici, on ne cultive pas que des légumes mais aussi du lien social. Et ça transpire, ce midi, autour de la table du repas partagé d’après cueillette. Une tradition, très souvent renouvelée, y compris après les nombreux chantiers participatifs: de construction de la cuisine, de la bergerie-guinguette "qui accueille 50 chèvres hors saison et d’autres types de chèvres qui s’y dandinent le reste du temps", dixit Jean-Ronan. En créant cet endroit, lui avait à cœur de briser "l’entre-soi" que peut parfois générer ce type de lieux engagés.
Un espace multiculturel
Ces repas, c’est ce qui plaît le plus à Terry Charles, le coordinateur agricole. "Ici, il y a vraiment une mixité sociale et c’est ce qui me fait vibrer." Et le jeune homme de raconter un gueuleton mémorable avec "des mamans précaires, originaires d’Afrique du Nord, qui avaient partagé ici leur savoir-faire culinaire traditionnel". Et régalé toute l’assemblée.
Ces rencontres, c’est l’ADN du lieu. Vu du ciel, le jardin collectif forme un mandala, comme les pétales d’une marguerite : chacune des rangées de culture se rejoignent en son centre. "C’est esthétique mais cela permet aussi de jardiner vraiment ensemble, en cercle. C’est aussi pratique, car tout converge vers le milieu où sont posés les outils", détaille Jean-Ronan Le Pen, salarié "au Smic" de l’association (à but non lucratif) aux 150.000 € de budget annuel.
"Avec ce projet, on ne veut pas gagner plein de sous, on est riche d’autre chose", Jean-Ronan Le Pen, créateur de l'éco-lieu du Plan-du-pont
"40% proviennent de subventions (région, métropole, Ademe, direction contre la précarité alimentaire du ministère des Solidarités), 40% du mécénat, le reste des fêtes et des évenements qu’on organise, détaille-t-il. Avec ce projet, on ne veut pas gagner plein de sous, on est riche d’autre chose."
Béatrice, son Opinel calligraphié à son nom en main, s’extrait de ses plants de tomates pour nous emmener vers un petit pont, qui relie le jardin collectif à la cuisine ouverte sur une grande tablée.
"Au début, il n’y avait pas de passage. Les garçons d’une association de réinsertion ont creusé les marches que vous voyez là pour qu’on puisse passer les énormes tuyaux en fonte qui soutiennent le pont. Ce jour-là, ils étaient plusieurs d’un côté et de l’autre, dans l’effort. J’ai pleuré dit-elle, les yeux humides, confiant avoir fait voler ici "beaucoup de [ses] préjugés". Elle marque un silence, puis conclut. "Vous savez, c’est très beau ce qu’on vit ici!"
Vous souhaitez en savoir plus sur l'Écolieu de Plan-du-pont ou aller mettre, vous aussi, la main à la terre? https://www.google.com/url?q=https://ecolieu-plandupont.org/&sa=D&source=docs&ust=1720107758202629&usg=AOvVaw2mR4enQOSj9VJZncdDcC6
Murs bleus Klein, suspension en liège, bibliothèque partagée, grandes fresques colorées… En périphérie de Solliès-Pont, à l’étage d’un bâtiment d’une zone commerciale sans charme, ça phosphore dans un joli cadre.
En cette matinée de fin de printemps aux vrais airs d’été, nous poussons la porte (ouverte aux quatre vents, en vérité) du tiers-lieu varois Kanopée. Un atelier d’écriture est sur le point de commencer, les tasses de café se vident tandis que des binômes prennent place dans l’espace coworking, devant des écrans d’ordinateur.
L’endroit a été créé il y a deux ans par des citoyens engagés, à l’origine, en 2016 de l’association La vallée du Gapeau en transition.
"C’était l’époque du documentaire Demain [de Cyril Dion et Mélanie Laurent]. Une réunion s’était improvisée, réunissant des gens de Solliès et de toute la vallée. On partageait tous l’envie d’une transition écologique, sociale, solidaire, qui ne vienne pas d’en haut mais des citoyens", retrace Jean-Pierre Luquand, co-président de l’association.
Se connecter au numérique… aux autres
Pour la mettre en œuvre à l’échelle de leur territoire, ces motivés ont monté une myriade de groupes et autant de projets: épicerie collaborative, coopérative d'énergie renouvelable citoyenne, jardins partagés, monnaie locale, éco-construction… Mais aussi des actions en faveur de l’inclusion numérique.
"L’idée, c’était de mixer les publics. Mais aussi de prôner le juste équilibre entre connexion au numérique et avec les autres, expliquer comment fonctionnent ces outils mais aussi quels sont leurs dangers si on pousse le curseur trop loin", explique Léa Letellier, coordinatrice de l’association.
Derrière une porte entrouverte, Luis Grasa, animateur bénévole de l’équipe de GapOrdi, s’attèle justement à faire baisser l’addition écologique… Cette petite pièce, c’est son fief, où se relaient aussi 5 volontaires pas rebutés par la bricole.
Car ici, tous les lundis et mardis matins, on répare des ordis, on nettoie des disques durs, on installe des logiciels. "On les gratte à droite à gauche, par notre réseau. L’an dernier, l’université Aix-Marseille nous a donné 50 PC, ça peut-être des entreprises, des administrations, des écoles…", explique-t-il.
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Reconditionnement d’ordinateurs, cours individuels à petits prix… Dans le Var, ce tiers lieu conjugue transition écologique et inclusion numérique
Depuis mars 2022, dans le Var, le tiers-lieu solidaire Kanopée, créé par l’association La vallée du Gapeau en transition à Solliès-Pont, agit tout azimut pour construire un modèle de société plus soutenable. Parmi ses actions: réduire la fracture numérique. Un enjeu "environnemental autant que social". On y a passé une matinée.
Aurélie Selvi - aselvi@nicematin.fr
Publié le 15/06/2024 à 17:00, mis à jour le 15/06/2024 à 17:00
Ouvert en mars 2022 à Solliès-Pont, le tiers-lieu Kanopée propose notamment des cours particuliers dédiés à l'inclusion numérique. Photo Aurélie Selvi
Murs bleus Klein, suspension en liège, bibliothèque partagée, grandes fresques colorées… En périphérie de Solliès-Pont, à l’étage d’un bâtiment d’une zone commerciale sans charme, ça phosphore dans un joli cadre.
En cette matinée de fin de printemps aux vrais airs d’été, nous poussons la porte (ouverte aux quatre vents, en vérité) du tiers-lieu varois Kanopée. Un atelier d’écriture est sur le point de commencer, les tasses de café se vident tandis que des binômes prennent place dans l’espace coworking, devant des écrans d’ordinateur.
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Kanopée Photo Aurélie Selvi.
L’endroit a été créé il y a deux ans par des citoyens engagés, à l’origine, en 2016 de l’association La vallée du Gapeau en transition.
"C’était l’époque du documentaire Demain [de Cyril Dion et Mélanie Laurent]. Une réunion s’était improvisée, réunissant des gens de Solliès et de toute la vallée. On partageait tous l’envie d’une transition écologique, sociale, solidaire, qui ne vienne pas d’en haut mais des citoyens", retrace Jean-Pierre Luquand, co-président de l’association.
Se connecter au numérique… aux autres
Pour la mettre en œuvre à l’échelle de leur territoire, ces motivés ont monté une myriade de groupes et autant de projets: épicerie collaborative, coopérative d'énergie renouvelable citoyenne, jardins partagés, monnaie locale, éco-construction… Mais aussi des actions en faveur de l’inclusion numérique.
"L’idée, c’était de mixer les publics. Mais aussi de prôner le juste équilibre entre connexion au numérique et avec les autres, expliquer comment fonctionnent ces outils mais aussi quels sont leurs dangers si on pousse le curseur trop loin", explique Léa Letellier, coordinatrice de l’association.
"En faisant aussi passer le message que le numérique a un coût environnemental", abonde Jean-Pierre Luquand.
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Luis Grasa, bénévole, dans l'atelier de reconditionnement d'ordinateurs. Photo Aurélie Selvi.
Derrière une porte entrouverte, Luis Grasa, animateur bénévole de l’équipe de GapOrdi, s’attèle justement à faire baisser l’addition écologique… Cette petite pièce, c’est son fief, où se relaient aussi 5 volontaires pas rebutés par la bricole.
Car ici, tous les lundis et mardis matins, on répare des ordis, on nettoie des disques durs, on installe des logiciels. "On les gratte à droite à gauche, par notre réseau. L’an dernier, l’université Aix-Marseille nous a donné 50 PC, ça peut-être des entreprises, des administrations, des écoles…", explique-t-il.
"Pour fabriquer une tour, avec son clavier, sa souris, c'est 900 kg de CO2", Luis Grasa, animateur bénévole.
A l’aide d’une check-list, Luis et sa bande veillent à supprimer les données des ordi, réinstaller Windows, s’assurer que tout fonctionne avant d’offrir aux machines une deuxième vie, qui a du sens.
"Pour fabriquer une tour, avec son clavier, sa souris, c'est 900 kg de CO2. Les machines qu’on a là ont entre 6 et 7 ans et peuvent tout fait servir pour un usage simple. Avec, on fait du réemploi à objectif social", dit-il.
Familles aidées par les Restos du cœur, le Secours populaire, ex-détenus en réinsertion professionnelle, jeunes issus de quartier politique de la ville, réfugiés… "Récemment, on a préparé des claviers en cyrilliques ukrainiens", explique ce retraité de l’électronique, qui s’était promis, une fois sa carrière terminée, de se mettre au piano, au ping-pong et à l'engagement associatif.
La retraite a sonné un autre déclic pour Fabienne Pertoka, ex institutrice: l’envie de maîtriser, enfin, les outils informatiques, notamment pour écrire et mettre en forme un livre souvenir, à laisser à ses petits-enfants.
"J’avais vraiment un a priori très négatif sur le numérique. Pendant ma carrière de professeure des écoles, j’ai toujours demandé des formations axées sur les outils numériques… et elles m’ont toujours été refusées. Sans notion, je me suis refusée à utiliser le tableau connecté qu’on m’a proposé dans mes dernières années. Pas question de m’en servir à mauvais escient!"
Depuis 1 ans, à raison de 3 heures par semaine et pour une dizaine d’euros, elle bénéficie d’un cours particulier avec Thomas Favrot, 23 ans, l’un des deux jeunes conseillers numériques employés par Kanopée. Et la complicité entre ces deux-là saute aux yeux…
"J’ai une vie sociale, mais qu’avec des gens de mon âge, jamais de jeunes… Quand on ne travaille plus, on a l’impression que la société vous met au rebut. Ce que j’aime aussi dans cet échange, c’est l’aspect intergénérationnel. On rigole, on mange ensemble parfois", sourit Françoise, "fière" d’avoir gagné en autonomie sur l’ordi.
"Bien sûr, je savais déjà me servir d’une souris, préparer une séquence pour ma classe… Maintenant, je sais aussi faire des démarches en ligne, prendre des billets de train et plein d’autres choses", dit celle qui propose, en échange, des cours de yoga au sein du tiers lieu.
Plus 480 accompagnements individuels en un an
Fraîchement diplômé d’un Bac pro systèmes numériques, Thomas, "passionné d’ordi depuis petit", s’est aussi ouvert des perspectives avec cette mission. "On se déplace aussi dans les résidences seniors, dans un centre d'hébergement, avec des demandeurs d’emplois, ou encore des jeunes en situation de handicap, c’est toujours enrichissant", sourit-il.
Dans la salle à côté, le duo Charles, conseiller numérique, lui aussi âgé de 23 ans, et Dominique, 74 ans, est tout aussi attachant. Lui, posé, pédagogue, discret. Elle, comédienne, flamboyante "à l’esprit un peu trop arborescent", rigole-t-elle.
Aujourd’hui, elle travaille à transférer des données, des fichiers sur un nouvel ordinateur. "Le numérique a tendance à m’angoisser, j’ai l’impression qu’il me pique ma créativité, Charles me guérit un peu, ça va beaucoup mieux", lance-t-elle. "J’aime partager mes connaissances", glisse-t-il timidement.
En 2023, Thomas et Charles ont ainsi réalisé 481 accompagnements individuels et 57 ateliers collectifs. Avec toujours, comme fil rouge, le lien social.
Plus d’infos sur le site du tiers-lieu Kanopée, par mail à ateliersnumeriques83@gmail.com ou au 07.85.73.39.77.
Léa Steyer a eu du nez. L’étudiante grassoise qui suit un double cursus, sciences politiques et école d’ingénieur, a créé Green Touch en 2022. "Comme une illumination. J’étais avec un ami, on testait des parfums sur des mouillettes classiques. Il m’a dit que pour ne pas gaspiller, je pouvais la retourner pour tester une autre odeur et là, ça a fait tilt. On s’est demandé ce que devenaient ces centaines de petites mouillettes (que l’on appelle dans le milieu, touches-à-sentir) et... rien. Personne n’a pensé à les recycler. J’ai tout de suite eu envie de lancer le projet alors que je n’avais jamais songé à créer une entreprise."
Partenariat avec Clairefontaine
Et elle le fait pendant ses études. En un mois, la société est créée. Nous sommes en mars 2022, Léa Steyer se lance seule. La technologie qui permet de capturer les molécules olfactives existe déjà. Elle l’adapte à son activité et rapidement, noue un partenariat avec la célèbre marque de papier Clairefontaine. Carnets et ramettes confectionnés à partir de touches-à-sentir recyclées, estampillées Clairefontaine ne tardent pas à sortir des usines de la marque. 3,4 millions de touches ont déjà été collectées par Green Touch auprès de ses fournisseurs: Robertet, Firmenich, Parfex, Givaudan, IFF, Mane, le syndicat des parfumeurs, le Musée international de la Parfumerie, Dior, L’Oréal. Les précieuses bandelettes parfumées sont ensuite disposées dans des fûts pour capturer leurs molécules olfactives et les faire redevenir de simples bouts de papier. Le tout est ensuite envoyé à Clairefontaine qui fabriquera carnets et ramettes de papier. Voilà pour la première activité de Green Touch. Rien à voir avec ses études? "Si quand même, dit-elle. À l’INSA [Institut national des sciences appliquées, ndlr], j’ai choisi comme spécialisation “Optimisation des procédés environnementaux”. J’ai une appétence pour la question environnementale."
Depuis 2022, la startup a fait du chemin. Elle est incubée à Villa Blu, l’accélérateur de talents du Groupe Robertet, l’un des leaders mondiaux de l’industrie des parfums, des arômes et des matières premières naturelles. "Nous sommes très bien entourés, sourit Léa Steyer. Ici, à Grasse, on se sent en famille."
Atelier du papier parfumé
Elle dit "nous" parce que depuis, elle a embauché deux alternants qui l’aident à l’atelier. Quel atelier ? Celui qu’elle a ouvert pour développer une seconde activité afin de répondre à la demande de certains clients qui souhaitaient transformer leurs touches-à-sentir en carnets ou cartes de vœux, invitations comportant leur signature olfactive. "Nous avons dû nous former à ce savoir-faire ancestral auprès de maîtres papetiers français et nous aimerions développer davantage ce segment." On ne capture donc pas les molécules olfactives, au contraire, on va travailler le "millefleur". C’est-à-dire récupérer des sacs de bandelettes parfumées auprès d’industriels et les recycler tels quels avec tout un mélange odorant. "Les odeurs des sacs de nos clients ne sont jamais totalement identiques, il est vrai, mais au final, je ne sais pas comment l’expliquer, on sait à qui appartient chaque millefleur."
L’activité de Green Touch cartonne. Notamment côté environnement où l’impact est important. "Depuis le début de l’aventure, notre activité a permis d’éviter la coupe de près de 30 arbres, d’économiser 39.100 litres d’eau, 8.500.000 Wh d’énergie, de réduire les émissions CO2 de l’ordre de 2,55 tonnes (soit, ce qu’aurait émis une voiture faisant quasiment un demi tour du monde)."
Tripler le chiffre d’affaires
Si elle ne communique pas sur le chiffre d’affaires qu’elle a pu dégager dès la première année, elle entend bien le multiplier par trois dès 2024. Le tout en entamant un master en école de commerce à Paris pour se spécialiser dans l’industrie du luxe. Touche-à-tout Léa Steyer? Assurément! Du haut de ses 21 ans, les plus grands noms des filières Luxe et Parfums lui font confiance, et elle reçoit déjà des demandes du Brésil, de Singapour et des États-Unis, pour recycler des touches-à-sentir. Un levier de croissance? "Pour l’heure, nous collectons nos clients à Grasse, Paris et Barcelone (gros pôle de l’industrie de la parfumerie en Espagne). Et ce, au gré de nos déplacements personnels. Un développement à l’international nécessiterait de créer des industries dans ces territoires, sinon, la touche environnementale serait annihilée. Pour l’heure, ce n’est pas l’ordre du jour."
Peut-être démarcher les distributeurs retail qui utilisent chaque mois des dizaines de millions de mouillettes? "L’impact, environnemental positif serait encore plus considérable!" Léa Steyer va mouiller le maillot et à la fin, ça devrait sentir bon le succès.
J'ai commencé les ateliers d'alphabétisation en septembre 2010 et, depuis, je n'ai jamais arrêté. » Elle s'en rappelle comme si c'était hier. Anne-Marie Lutz enseigne le français pour faciliter l’insertion des étrangers, les aider à communiquer au quotidien et dans leur travail.
L'association Apprendre Ensemble
Explorer la ville avec son estomac." C’est la promesse qui s’affiche sur la carte XXL, dépliée entre nos mains en cet après-midi printanier. La balade débute face à la mairie de Mouans-Sartoux. Posée entre Cannes et Grasse, cette ville aux 10 000 habitants fait office d’incubateur d’idées pour la transition écologique.
L’histoire de My Explore Bag, c’est celle d’Adrien Salaün et Emmanuel Chichignoud, deux étudiants de l’IUP de tourisme de Nice qui, en 2017 durant leur stage de fin d’études dans une agence réceptive marocaine, sont chargés de développer des activités de team building destinées aux salariés d’entreprise. Les voilà donc à concevoir, gamifier et animer des rallyes urbains sur tablettes.
Le succès est au rendez-vous et "Nous nous sommes alors rendu compte qu’on avait acquis une solide expertise en tant que game designers", se souvient Adrien Salaün.
BtoBtoC
Il faudra néanmoins attendre 2019 pour que les deux amis aient l’idée de faire profiter le grand public de leurs aventures touristico-ludiques. Et avril 2021 pour que My Explore Bag voie le jour à Nice après une incubation au sein de Provence Travel Innovation, la structure dédiée au tourisme de loisirs, d’affaires ou événementiel.
"Cela nous a permis de décrocher un premier contrat: Odyssée en Provence. Les offices de tourisme de Martigues, Istres, Miramas et Salon-de-Provence se sont réunis pour financer notre preuve de concept et donc valider notre concept de gamification des territoires", précise Adrien Salaün, CEO de la startup. Lequel sera peaufiné par un financement de Bpifrance (Bourse French Tech) et une accélération à l’Open Tourisme Lab à Nîmes en 2022 qui verra la naissance de l’application mobile.
My Explore Bag vise en priorité le BtoB, plus précisément les collectivités et les offices de tourisme à qui elle vend un jeu sur mesure. "Ils sont nos ambassadeurs en prescrivant le jeu auprès du grand public." Du BtoBtoC.
Charge ensuite à Arien Salaün et Emmanuel Chichignoud de rédiger le contenu culturel, d’inventer les énigmes ou la chasse au trésor, d’aller effectuer les repérages sur le terrain… "C’est notre valeur ajoutée."
Phygital et vertueux
Refusant que leurs utilisateurs – les Voyajoueurs ainsi que les appelle Adrien Salaün – aient le nez dans leur smartphone alors que l’objectif des escape games est de leur faire découvrir un lieu et échanger entre eux, les deux startuppers décident de coupler leur appli mobile à des objets d’exploration contenus dans un sac à dos. D’où le nom de My Explore Bag, illustration parfaite d’un concept phygital.
Dans la besace made in France et en matière upcyclée, on trouve une boussole, un monocle de vérité pour décrypter les énigmes, un livret avec les points d’intérêt, les recommandations locales et des fiches de bonne pratique disponibles en français et en anglais…
"Le jeu ne s’adresse pas qu'aux enfants (dès 8ans) mais à toute la famille. Nous voulons changer le tourisme, le rendre plus raisonné. On explique qu’il ne faut pas crier dans un village pour ne pas déranger les habitants ou marcher hors des sentiers. Nous nous adressons aux estivants mais surtout aux locaux pour qu’ils puissent faire des activités à petits prix."
Dans les Alpes-Maritimes, la Communauté d’Agglomération de la Riviera française (CARF) et ses 14 communes ont été en juillet 2022 les premières séduites par le concept phygital de My Explore Bag.
Elles viennent d’être rejointes par la Métropole Nice Côte d’Azur. "Nous avons remporté un appel d’offres et développerons des jeux pour toutes ses communes", précise le CEO. Une vingtaine comme Nice, Villefranche-sur-Mer, Cagnes-sur-Mer… seront disponibles dans les prochains jours et les quinze autres suivront en 2025.
Team building
My Explore Bag qui a été lauréate 2023 du réseau Entreprendre Côte d’Azur ambitionne de dépasser les frontières régionales pour se développer d’ici trois ans dans toutes les villes à potentiel touristique en France. Parallèlement, elle poursuit son activité de team building, celle par qui tout a commencé mais qui "ne représente que 30% de notre chiffre d’affaires. Il devrait atteindre les 100k€ cette année", se projette Adrien Salaün.
Il prévoit d’endosser le rôle de commercial pour faire connaître cette offre aux entreprises des grandes destinations françaises mais "pas avant d’avoir livré toutes les villes de la métropole niçoise"… L’exploration des possibilités de la startup ne fait que commencer.
Tarifs de la location de My Explore Bag: de 15 à 49€.
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Sur les murs sont accrochés des dessins futuristes. Des hommes et des femmes équipés d'exosquelettes. Améliorer la vie des personnes atteintes de handicap moteur, en les équipant d'un dispositif leur permettant de se tenir debout et de marcher, c'est l'objectif de Mathieu Merian. "On fait tout ici de A à Z, sauf les moteurs qui sont produits à Lyon. Cette imprimante 3D est en train de fabriquer l'une des pièces," explique l'entrepreneur, âgé de 22 ans.
Il nous accueille dans les locaux de sa start-up Somanity, au cœur de Sophia-Antipolis, par une rapide visite des lieux.
Dans la salle mitoyenne de son bureau, ingénieurs, modélisateur, développeurs travaillent sur les prototypes d'exosquelettes. Deux appareils trônent au milieu de la pièce. Comme sortis d'un film de science fiction.
Il les présentera en juin, à Paris, au grand rendez-vous de l'innovation VivaTech.
Le déclic
Tout est parti d'une discussion avec un ami, atteint de sclérose en plaques. "Il me faudrait un exosquelette quand je veux sortir, aller au cinéma ou au restaurant", lui confie-t-il. Alors, Mathieu Merian, étudiant à l'école de commerce azuréenne Skema après être passé par un IUT en génie électrique, commence à faire des croquis.
A la fin du semestre, il présente un prototype. Encouragé par ses professeurs, il décide d'aller plus loin. Le jeune homme a déjà à son actif la création, à l'âge de 17 ans, d'une entreprise d'impression 3D, My 3D.
"Mon grand-père était ingénieur torpille à Saint-Tropez, il m'a mis un fer à souder entre les mains à l'âge de 5 ans", sourit le jeune entrepreneur qui confie "ne pas aimer l'école. Ce qui m'intéresse, c'est développer un projet qui a du sens et est utile aux autres."
Ainsi, en 2021 il se lance.
Changer la vie des personnes handicapées
Pour aider les personnes atteintes de handicap moteur à retrouver de la mobilité, il va à leur rencontre. "C'était important de partir de leurs besoins. Pour mettre l'humain au cœur du projet."
"Ils m'ont dit qu'ils voulaient retrouver une liberté d'action, mais pas avoir un dispositif moche à enfiler"
Dans ces ateliers de "co-construction" organisés avec l'aide de l'association APF France Handicap, les patients partagent leurs attentes et leur espoir de pouvoir se retrouver debout et marcher.
"Une dame m'a dit: 'je vais avoir la possibilité de rejouer dehors avec mes filles', témoigne Mathieu Merian. On ne sort pas indemne de ces séances."
Comment ça fonctionne?
Une fois l'exosquelette attaché au niveau des jambes et du torse, le patient peut se lever. Pour donner les consignes de direction (avant-arrière, gauche-droite), il dispose d'un joystick.
"Sur le côté, un écran permet de visualiser les obstacles, comme un escalier par exemple et demande à l'utilisateur s'il veut gravir les marches."
Une fois la consigne confirmée, l'appareil mesure les marches et fait faire la bonne hauteur de pas au patient.
"A terme, un contrôle mental, non invasif permettra de piloter l'exosquelette par la pensée"
"On a bénéficié de la collaboration avec l'équipe de recherche Acentauri d'INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique), précise Mathieu Merian.
Avant de poursuivre: "A terme, un contrôle mental, non invasif permettra de piloter l'exosquelette par la pensée."
Des exosquelettes à moins de 10.000 euros
Si le coût des premiers exosquelettes vendus par les leaders du marché peut atteindre les 250.000 euros, la start-up azuréenne entend commercialiser des modèles plus accessibles.
Au-delà du coût, l'équipe travaille aussi à alléger le poids. "Là où nos concurrents proposent des dispositifs autour de 70 kg, nous voulons être à 35 kg. On voudrait qu'ils puissent même se porter sous un pantalon ample."
Un soin particulier est porté au design de l'appareil. "On achète une voiture pour se déplacer mais aussi parce qu'elle est jolie. Pour l'exosquelette, c'est la même chose, illustre Mathieu Merian. L'idée est de personnaliser les dispositifs, avec par exemple des modèles plus rassurants pour les personnes âgées."
Les pièces sont fabriquées à partir de plastique recyclé et recyclable, par des imprimantes 3D made in Nice, celles de l'entreprise Volumic 3D.
"En phase de production, on pourra assurer 200 modèles par an."
Et demain?
Somanity prévoit de mettre en service en 2025 un exosquelette de rééducation. "On discute avec le CHU de Nice pour équiper un établissement d'un dispositif simplifié."
Fin 2024, afin de financer les études cliniques et la validation médicale, la start-up va lever des fonds. "Nous aimerions arriver à un apport de 3 millions d'euros." Car l'entrepreneur compte également sur cette enveloppe pour alimenter un fonds de dotation qui "financera des projets comme la création de prothèses pour des personnes amputées, ou encore pourra aider à l'achat d'exosquelettes."
Il espère que des entreprises, des mécènes répondront présents pour améliorer la vie des personnes atteintes de handicap.
Le 5 avril 2019, A.R.B.R.E.S. adopte la déclaration des droits de l’arbre qu'elle a rédigée, lors d’un colloque à l’assemblée nationale.
Cette déclaration est destinée à sensibiliser les pouvoirs publics au respect des êtres vivants que sont les arbres et à leur protection. L'association propose aux municipalités de l'adopter symboliquement. Depuis 2019, de nombreuses municipalités y adhèrent chaque année.
LE TEXTE :
Pour accéder au document
https://www.arbres.org/docs/actualites/colloques_conferences/190321DECLA_DROITS-1.pdf
Il y a le navigateur, ex-accro à "une drogue dure", la vitesse et la compétition. Il y a l’océanographe qui perçoit la vie "par les liens qu’elle tisse". Et l’activiste du climat qui "ose les brèches de désobéissance".
Un trio comme un compagnonnage qui interpelle le mythe du progrès - "en quoi vider la mer serait un progrès?". Et se désespère des décisions politiques à rebours de la connaissance - "On ne peut pas dire qu’on ne sait pas. Nous avons la liberté d’écrabouiller le monde. Ou de tout faire pour vivre en harmonie avec lui. Nous sommes la seule espèce à pouvoir faire ça."
Surnommé Bilou, le navigateur est Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du rhum. Un quasi-repenti de l’esprit de compétition, acharnée des courses au large.
Le spécialiste de la société subtile des cachalots, c’est l’océanographe François Serano. Ses mots donnent vie "au monde sauvage, qui est libre et n’a pas besoin de l’Homme".
Enfin, la militante en bataille contre l’exploitation des minerais dans le fond de la mer, c’est Camille Étienne.
Les trois se sont retrouvés à Toulon cette semaine, après avoir partagé quelques jours et nuits de navigation, dans le cadre d’une mission scientifique en Méditerranée, juste devant nos côtes. Leurs trois voix racontent une histoire commune. "Moi, je viens de la montagne, du fin fond de la Savoie, débute Camille Étienne. Je suis passionnée par les glaciers, mais pas à l’aise dans l’eau." L’océan était "un impensé", un lieu "vide, noir et silencieux".
Il y a trois ans, pour éviter de prendre l’avion, elle navigue à voile, jusqu’en Islande. Une révélation. "Comme si, à 23 ans, je découvrais la moitié de l’humanité. Un monde entier."Et voilà le premier point de leur argumentaire. "On ne peut pas protéger ce qu’on ne connaît pas, ce qu’on n’aime pas."
Alors connaître, oui mais par quel bout ? François Sarano a sa réponse. Avec sa femme Véronique Sarano, le plongeur, océanographe et fondateur de l’association Longitude 181, a passé des décennies à amasser des connaissances sur la vie marine - et il continue de le faire. Mais devant le public, son obsession est de parler de liens. "La biodiversité, ce qui définit le vivant, ce sont les liens que chacun tisse. On parle de toile du vivant." Il file la métaphore. "Un écosystème est comme un gilet. Si une seule maille est ouverte, le tout s’effiloche". Ce lien, chacun peut l’expérimenter "dans la rencontre authentique" avec d’autres animaux.
Et c’est le deuxième argument. "Tant qu’on considérera les autres vivants comme à notre service, comme une ressource, on ne changera pas".
L’endroit où le climat change le plus
Justement sur le fil, l’exploitation minière des fonds marins en arctique, « l’endroit au monde où le changement climatique est le plus rapide », insiste Camille Étienne. "Nous avons réussi à gagner du temps avec le gouvernement norvégien, pour faire en sorte qu’ils autorisent seulement l’exploration minière." Et non l’exploitation.
Pas une victoire totale, mais déjà un enseignement sur les vertus de la mobilisation collective.
"Ne doutez jamais, jamais, des actions menées, même une petite action, même si ça a l’air insignifiant. Pour la Norvège, un demi-million de personnes ont signé une pétition pour refuser l’exploitation minière." La liste des noms a été remise symboliquement dans les mains des membres du gouvernement. "Et cela nous a échappé, ça a basculé." Dans le bon sens.
Même l’homme qui a navigué grâce au souffle du vent a fini par faire le bilan de son activité, la course au large, et à en tirer les leçons. "Finalement, c’est facile de changer d’aventure, plaide le navigateur Roland Jourdain. J’ai fini par me guérir de la drogue dure que j’avale depuis 40 ans, celle d’essayer d’aller toujours plus vite."
Après une collision contre une baleine, il a été "dur de réaliser qu’on fait beaucoup de dégâts pour sa passion". Ce "choc" l’a changé et amené à "réfléchir autrement", troisième piste ouverte.
Sa nouvelle aventure s’appelle We Explore, un catamaran en partie construit en fibre de lin, devenu outil au service de la recherche et de la pédagogie.
"Il est possible de retrouver une Méditerranée riche, exubérante, foisonnante, ajoute son coéquipier et ami François Sarano. Une mer qui sera notre meilleur allié pour le climat, pour l’avenir". Si nous changeons nos méthodes.
La course illimitée aux ressources est impossible dans un monde qui n’est pas infini. L’arrivée sur la côte atlantique d’un navire géant de pêche industrielle en est un exemple sévère. "De tous les dérèglements, la pêche est le plus terrible. Le chalutage équivaut à une forêt qu’on détruit… pour ramasser une pâquerette."
Pour rendre nos villes plus agréables à vivre pour les piétons, vous ne manquez pas d’idées. Nous vous avons demandé quels points noirs vous suggérez de traiter en priorité. Vous avez été plusieurs centaines à prendre part, de Menton à Toulon, au sondage publié en ligne. Voici les principales mesures que vous préconisez.
Des trottoirs en meilleur état...
Vous êtes plus d’un tiers à suggérer que vos villes portent une attention accrue à la qualité de ces espaces publics. Vous demandez « une réfection d’urgence, ils nous mettent en grand danger de chute ». « Le revêtement des trottoirs carrelés est dangereusement glissant lorsqu’il pleut ! » De Nice à Toulon, vous soulignez les risques que représentent les trous, bosses. « Trop de trottoirs sont en dévers trop importants ou irréguliers à la suite de travaux, donc sont peu agréables à la marche, et il est difficile d’y pousser un fauteuil roulant. »
Aussi suggérez-vous de les rendre plus "plats", "il y a trop de déclivité entre le bord côté chaussée et le côté habitation."
La question de la propreté est aussi soulevée: "il faut verbaliser les propriétaires de chiens qui ne ramassent pas les excréments de leur animal", estime ce Cannois.
... plus larges et réservés aux piétons
"Ils doivent respecter partout 1,40 m de largeur sans obstacle". Pour libérer l’espace pour la marche vous appelez aussi de vos vœux une "verbalisation des voitures qui stationnent sur les trottoirs et passages protégés", mais aussi des "cyclistes et trottinettes qui empruntent les trottoirs réservés aux piétons". "Encore ce matin, j’ai failli être percuté par une trottinette qui descendait à contresens la rue que je traversais", témoigne ce lecteur. Et vous demandez qu’ils soient "désencombrés". En "empêchant les entraves (comme les containers poubelles) sur les trottoirs étroits". Vous estimez qu’il faut "réduire les terrasses des restaurateurs" et que les haies des particuliers soient "taillées." "Parfois l’amorce du passage piéton est cachée par des haies ou des végétaux trop hauts : le piéton sort ainsi brusquement sur la chaussée", pointe ainsi Gérard, de Menton.
Des trajets plus jolis, directs et ombragés
Des trajets plus jolis, directs et ombragés. "Le piéton ne devrait pas faire de détours pour être en sécurité. Il devrait avoir droit au chemin le plus direct." Et que les traversées et la signalisation soient améliorées. "Indiquer les temps de parcours comparés (auto/à pied)" proposez-vous encore. Sans oublier d’aménager des cheminements piétons en dehors de l’hyper centre, comme le propose Antonio, pour "mettre le piéton à l’abri de la circulation".
Vous pointez aussi l’importance des arbres en ville.
"Il faut intégrer plus d’espaces verts et de zones arborées pour rendre le milieu urbain plus agréable (baisse de la température l’été) afin d’inciter à marcher", mais aussi veiller à jalonner les rues de "lieux de pause" en "mettant des bancs", et sans oublier "les toilettes publiques." En nombre insuffisant.
Réduire et apaiser le trafic routier
"Ralentir la vitesse des véhicules", "dissuader les voitures d’entrer en ville car pour un piéton marcher au milieu des embouteillages est un cauchemar" sont autant de pistes qui reviennent dans vos propositions. Pour réduire le bruit et la pollution.
Impliquer les citoyens
"Les habitants, les commerçants et les artisans devraient être associés dans le processus de décision en organisant des consultations citoyennes pour recueillir leurs suggestions et préoccupations" propose cet habitant de Fréjus. Tandis que ce Grassois lui fait écho: "Il faudrait que des usagers fassent majoritairement partie des décideurs."
Piétonniser les abords d’écoles
"Ce serait bien d’habituer les enfants à se déplacer à pied, tout d’abord pour aller à l’école." Une lectrice Dracénoise estime ainsi que faire arriver "tous les élèves à pied 50 m minimum avant l’entrée de l’établissement, c’est revisiter totalement le déplacement quotidien des élèves (...) cela donnerait une nouvelle manière de vivre "l’urbain"."
"Prenez les cœurs historiques de villes qui sont devenus entièrement piétonniers, les gens sont plus calmes. Pour résoudre les difficultés des mauvais marcheurs, une petite navette peut ponctuellement intervenir." Elle invite les décideurs à s’inspirer "d’Aix-en-Provence, Vérone en Italie, Bayonne dans les Pynérées-Atlantiques, la vieille ville de Carcassonne…"
Fanny Terre d'Amour, Maison de retraite pour chats - Pour que l’amour que vous lui avez toujours prodigué puisse continuer !
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L’idée a mûri petit à petit. Fanny Vion, psychothérapeute installée à Cannes depuis 10 ans, intervient depuis des années dans des établissements pour personnes âgées.
"Je propose des animations de groupe de parole, c’est une activité très appréciée! C’est de là qu’est venue l’idée de créer une structure pour accueillir leurs animaux lorsqu’ils ne sont plus en capacité de s’en occuper. Plusieurs directeurs d’établissement m’ont déjà demandé de récupérer un animal, pour dépanner", raconte celle qui était jusqu’alors famille d’accueil pour l’association Le chat libre azuréen. Pour Fanny – également spécialisée dans l’approche non médicamenteuse des personnes âgées désorientées – la loi "bien vieillir", qui pourrait rendre obligatoire l’accueil des animaux de compagnie des résidents lors de leur arrivée en Ehpad, est insuffisante.
"C’est une bonne chose, mais il faut pouvoir gérer l’après! Certains résidents ne peuvent plus les sortir, changer une litière, oublient de donner à boire, ou en viennent même parfois à les maltraiter car la dégénérescence ou les traitements médicamenteux altèrent leurs facultés à les reconnaître et à en prendre soin. Il y a aussi le risque de trébucher sur son animal, ou même de s’asseoir dessus par inadvertance! Le personnel soignant est déjà surchargé, ils ne peuvent pas gérer ça en plus."
Lorsque chiens ou chats doivent être placés en refuge, les démarches sont également très compliquées. "Dans ce cas, qui emmène l’animal au refuge? Il faut que quelqu’un du personnel se dévoue. Ensuite, il faut aussi avoir les papiers, savoir s’il a été vacciné, etc."
Recherche de terrain à Cannes ou à proximité
Un constat qui a poussé Fanny Vion à agir et à créer son association Fanny Terre d’amour.
"J’aimerais pouvoir récupérer tous types d’animaux, mais pour rendre le projet réaliste, je vais commencer par récupérer les chats."
La psychothérapeute cherche activement un terrain avec un bâti, à Cannes où dans les villes voisines, afin de pouvoir recueillir toutes les bêtes et développer l’association. "Il y a des besoins partout, par exemple, comment font les agriculteurs de l’arrière-pays? J’ai sollicité la ville de Cannes pour trouver un endroit. Et je lance un appel à toutes les bonnes volontés!"
Terrain à acheter, en viager ou même en colocation avec une personne âgée, Fanny envisage toutes les options. En attendant de trouver l’endroit qui pourra accueillir son projet, elle propose différentes options: garder le chat temporairement, le temps d’une hospitalisation par exemple, ou de manière plus pérenne. "Dans ce cas, il pourra être mis à l’adoption, ou bien placé en famille d’accueil, chez des personnes âgées autonomes qui ne peuvent plus adopter d’animal ou qui ont peu de revenus, car c’est l’association qui payera les frais vétérinaires. Cela permettra à certains d’avoir un compagnon de vie pour combler la solitude. Les propriétaires seront, eux, rassurés sur l’avenir de leur animal et pourront même leur rendre visite s’ils le souhaitent!"
Fanny Vion recherche un terrain avec bâti à Cannes ou dans les environs, et des personnes volontaires pour être famille d’accueil.