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Planter du paulownia, un arbre à la croissance ultrarapide, pour bénéficier de fabuleux rendements tout en luttant contre le réchauffement climatique, voilà la promesse de Treesition. Trop belle ?
Le soleil brille en cette fin juin à Clairac (Lot-et-Garonne). Avançant dans un champ, Daniel Dos Santos pointe du doigt les rangées d’arbres qui s’y enracinent. « Quand on les a plantés, ils faisaient 30 centimètres de haut », se réjouit-il. C’était au printemps 2023. Un an plus tard, certains mesurent plus de deux mètres ! Si cet entrepreneur au planning chargé prend (beaucoup) de temps pour recevoir des journalistes de Que Choisir dans sa forêt – son showroom, comme il l’appelle –, c’est pour communiquer sur la supposée imminence d’une révolution, celle de la culture du paulownia ; une essence d’arbre tropicale réputée pour sa capacité à grandir vite (lire aussi l’encadré).
Treesition, l’entreprise que cet ancien consultant du secteur pharmaceutique a fondée, compte en faire pousser des milliers dans le Lot-et-Garonne ainsi qu’ailleurs en Europe (Espagne, Belgique). Le patron a en effet une astuce permettant d’exploiter la vivacité des paulownias. « Nous les transformons en produits financiers », nous résume-t-il. Le montage est, sur le papier, assez simple. Les épargnants acquièrent des arbres auprès de la société, qui les plante sur ses terres ou sur des parcelles louées à des agriculteurs. Une fois qu’ils sont arrivés à maturité, 6 à 10 ans plus tard, Treesition organise leur coupe, les revend sous différentes formes (granulés, bois avivé, etc.) et partage avec les investisseurs le fruit de ce commerce. Un système où tout le monde serait gagnant : l’agriculteur qui loue ses terres, l’environnement grâce aux plantations captatrices de CO2 et, bien sûr, l’épargnant à qui l’on promet des rendements record.
En prime-time sur M6
Trop beau pour être vrai ? La question a dû venir à l’esprit des téléspectateurs ayant découvert Daniel Dos Santos dans l’émission « Qui veut être mon associé ? » sur M6, le 7 février. Le chef d’entreprise y présente son projet devant un jury composé de personnalités du monde entrepreneurial comme Anthony Bourbon, Marc Simoncini ou Jean-Pierre Nadir. Malgré quelques échanges tendus, Daniel Dos Santos convainc, et Jean-Pierre Nadir annonce même qu’il investira dans sa société. Les clients affluent.
Treesition aurait alors, selon Daniel Dos Santos, vendu des arbres à « 200 à 300 Français ». Mais, quelques jours après la diffusion du programme, l’entreprise suspend la commercialisation de ses produits à destination des épargnants, notamment dans l’Hexagone. En cause, un imbroglio juridique. Treesition opère depuis une filiale installée en Belgique. Elle s’est, là-bas, signalée auprès du gendarme financier local (la FSMA). Pour exercer en France, il lui faut l’agrément de l’Autorité des marchés financiers (AMF)… qu’elle n’a pas. « C’est en cours, on est bien partis », assure Daniel Dos Santos à Que Choisir. Il affirme avoir déposé un dossier auprès de l’organisme.
Un investissement à risque…
Entrons un peu, maintenant, dans le détail de l’offre : Treesition propose deux sortes de placements. Le premier, baptisé SereniTree, serait « dérisqué ». En achetant des arbres 50 €, combien peut-on espérer empocher après plusieurs années ? Entre « 0 et 65 € », indique Treesition sur son site Internet. Bref, aucun capital n’est garanti. Rien de vraiment « dérisqué »… Le second produit, LiberTree, est facturé 130 € par arbre. Le bois est, ici, destiné à différents types d’acquéreurs, notamment des industriels. C’est un investissement risqué, dont les rendements annuels évoluent bizarrement. Interviewé par le média spécialisé Investisseur.TV, le 26 avril 2023, Daniel Dos Santos estimait que ceux-ci pouvaient « monter jusqu’à 40 % ».
Six mois plus tard, sur le site du magazine Forbes, l’entrepreneur vantait des taux « super élevés » de l’ordre de… « 20 % par an », équivalents à ceux « de la cryptomonnaie ». Enfin, à l’écrit, ce n’est plus la même limonade : dans une note communiquée au gendarme financier belge, il annonçait 12 % de rendement en novembre 2023, puis 11 % en février 2024 et 10 % en avril 2024… En un peu plus d’un an, la rentabilité a été divisée par quatre ! Elle reste, malgré tout, à un niveau cinq fois supérieur à celui généralement constaté dans le secteur forestier. Ce serait ça, « l’effet paulownia » : « Un arbre qui pousse plus vite avec des prix de vente plus importants, cela permet d’avoir des rendements deux à trois fois plus élevés que les autres investissements forestiers », soutient Daniel Dos Santos
… Ou une arnaque ?
Face à ce discours tortueux, posons la question : l’offre de Treesition est-elle une arnaque ? « Bien sûr que non, on répond à des obligations légales et notre modèle est revu par un expert forestier indépendant », certifie le dirigeant. Qui fournit à Que Choisir le rapport dudit spécialiste. S’il ne parle pas d’entourloupe, ce dernier pointe de gros risques. Tout d’abord, faute de recul sur cette culture originaire d’Asie, « personne n’est véritablement capable de savoir comment se comportent les paulownias sous nos latitudes ». Difficile, donc, de garantir qu’ils vont bien monter jusqu’au ciel, et encore moins quels volumes de bois l’entreprise pourra en tirer. Ensuite, Treesition table sur 34 à 176 m3 par hectare et par an. Des scénarios qualifiés de « très optimistes » par l’expert.
Et à qui va-t-on vendre tout ce bois ? S’il y a un marché du paulownia en Chine, souligne le rapport, il est « quasi inexistant en France et en Europe ». À quel prix, d’ailleurs ? Voici une donnée clé. Pour pouvoir verser des revenus équivalents à 10 % par an à ses épargnants, la société doit tirer une belle somme de la revente (aux alentours de 840 €/m3 de bois transformé). Le hic, puisque ce marché ne s’est pas encore développé dans notre pays, c’est qu’il n’existe pas non plus de prix de vente officiel de cette essence… Les projections de revenus futurs ne sont donc fondées que sur des estimations et des extrapolations effectuées par Treesition. Touchons du bois pour qu’elles se réalisent.
Le paulownia, un arbre « magique » ?
Ceux qui en font commerce présentent le paulownia comme « magique » par sa croissance rapide et sa repousse facile après une coupe. Leur discours commence à séduire des exploitants, mais plusieurs chambres d’agriculture ont alerté sur le manque de recul concernant cette culture. Alors, que vaut-elle ? Selon Frédérique Santi, chercheuse à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), le paulownia croît réellement très vite… avec une sacrée nuance : « Il y a peu d’endroits en France qui lui conviennent bien. » En effet, cette essence originaire d’Asie requiert un sol profond et de la chaleur estivale. Elle a besoin d’être irriguée pendant quelques mois, tout en craignant la surabondance d’eau. Elle est également sensible aux vents violents et aux gelées tardives. Surtout, d’après la spécialiste – et à rebours de ce qu’avancent ses promoteurs –, ces arbres ne peuvent pas s’épanouir chez nous s’ils sont plantés très serrés (à moins de 5 m l’un de l’autre).
"Regardez, ils sont ici!" Depuis la terrasse de sa maison, en balcon sur la route de la tête de chien à La Turbie, il désigne avec fierté 4 majestueux pins.
Là où ne poussaient que des herbes folles sur un sol calcaire, Roger Cotton, 85 ans, a enfoui des pignons. C'était il y a 32 ans.
Le temps s'est écoulé et ils ont poussé. Aujourd'hui hauts de plus d'une quinzaine de mètres, ils bordent la route à hauteur de l'entrée du parking de la piscine.
Comme le héros de Jean Giono du livre "L'homme qui plantait des arbres", Roger Cotton a créé sur ces terres arides, une oasis de verdure.
"J'ai toujours aimé les arbres. Or ici, à La Turbie, quand nous nous sommes installés avec ma femme, c'était un désert."
Roger Cotton
Alors ce passionné qui a l'habitude de se promener en ramassant des pignons, décide d'en planter le long de la route, puis de laisser faire la nature.
"L'arbre du milieu a une histoire particulière, c'est un pin d'Autriche que j'ai acheté à la même époque dans une grande surface. Je l'ai mis en terre, à l'état d'arbuste."
Il aurait souhaité aller plus loin, mais...
Veiller sur les arbres
"A la plantation, une employée municipale m'a rapidement interdit de continuer parce que je n'avais pas d'autorisation. C'est pour ça que la route n'est pas complètement bordée de pins car elle m'a arrêtée net."
Le retraité nourrit aujourd'hui quelques regrets. "Si j'avais continué, ce serait ombragé."
Mais pour avoir le droit de végétaliser des espaces publics, les citoyens doivent au préalable faire une demande auprès de la mairie et obtenir une autorisation.
Les arbres sont essentiels dans la ville
Au fil des années, Roger Cotton regarde, avec bonheur, pousser lentement ces pins et veille sur eux. "J'ai été très vigilant, notamment quand il y a eu des travaux." Il redoute qu'un engin de chantier, par une mauvaise manœuvre, ne vienne endommager le tronc ou les racines.
"Quand j'ai vu des cocons blancs, ceux des chenilles processionnaires, j'ai alerté la mairie et l'Office national des forêts." Des pièges ont ainsi été posés autour des troncs.
"Les arbres sont essentiels dans la ville," estime Roger Cotton. Il aimerait qu'ils fassent l'objet d'un plus grand intérêt.
"On parle beaucoup d'écologie, mais concrètement on fait quoi…" Aux paroles, cet ancien tailleur de pierre préfère l'action.
Agir à son échelle
"Quand j'étais enfant, à Cap d'Ail, le ciel était baigné d'hirondelles, aujourd'hui il n'y en a plus. Notre première arrière-petite fille va naître bientôt. Quel monde allons-nous lui laisser?"
Pour les générations futures, il veut, à son échelle, contribuer à rendre sa ville plus "verte".
Si ces derniers temps son pas s'est fait moins sûr, et ses balades plus courtes, il poursuit son œuvre.
"J'ai toujours des pignons dans les poches de mon pantalon, sourit-il avec malice. Et puis, c'est tout simple. Il suffit de faire un petit trou dans la terre et tac."
A demi-mot, on comprend qu'ici et là, il continue d'en planter discrètement, ainsi que d'autres essences.
Une mini-pépinière dans son jardin
D'ailleurs, dans son jardin, il cultive une mini-pépinière où poussent avocatier, cerisiers, chênes verts…
Il nous conduit à l'arrière de sa maison pour nous montrer son éden végétal. "En me promenant, j'ai ramassé des glands de chênes verts et regardez ! C'est merveilleux de voir ce que ça donne".
Il a mis l'un des arbustes en pleine terre dans son jardin, et destine l'autre, en pot, aux espaces naturels autour de chez lui.
Des cèdres et des cerisiers
Il ne perd pas une occasion de suggérer de nouvelles plantations. Comme les magnifiques cèdres du Liban, mis en terre il y a plusieurs années par les enfants de l'école, le long de la route de la Tête de chien. "J'avais incité la directrice à mener cette action." Et, récemment, c'est l'association Api Turbie, avec le concours de la commune, qui a planté trois cerisiers pour que les abeilles puissent butiner. "D'autres plantations sont prévues cette année," se réjouit le retraité.
Alors qu'il nous raccompagne, des promeneurs, en route vers le panorama imprenable sur Monaco, marquent une pause sous l'un de ses pins maritimes.
"En plein été, heureusement qu'il y a cette ombre, vous les verriez s'arrêter là pour profiter d'un peu de fraîcheur."
Le 5 avril 2019, A.R.B.R.E.S. adopte la déclaration des droits de l’arbre qu'elle a rédigée, lors d’un colloque à l’assemblée nationale.
Cette déclaration est destinée à sensibiliser les pouvoirs publics au respect des êtres vivants que sont les arbres et à leur protection. L'association propose aux municipalités de l'adopter symboliquement. Depuis 2019, de nombreuses municipalités y adhèrent chaque année.
LE TEXTE :
Pour accéder au document
https://www.arbres.org/docs/actualites/colloques_conferences/190321DECLA_DROITS-1.pdf
À l’initiative de l’association ARBRES (Arbres Remarquables : Bilan, Recherches, Étude et Sauvegarde), la Déclaration des droits de l’Arbre a été
Découvert par De Cause à Effet mars 2024
Dans le quartier Fabron de Nice, 4.000 arbustes ont été plantés avec une technique bien particulière.
Une micro-forêt urbaine a été plantée sur les hauteurs de Nice, dans le quartier Fabron au carrefour entre les boulevards Napoléon III et Montréal.
4.000 arbustes ont été plantés très rapprochés les uns des autres sur une petite surface. Cette technique s'appelle la forêt Miyawaki. C'est une plantation japonaise qui consiste à mettre beaucoup d'espèces pour créer une compétition entre les arbres. Cette compétition entre les végétaux permet de faire pousser les arbustes plus vite. L'opération dans le quartier de Fabron a été organisée par la fondation internationale Life Terra en partenariat avec la ville de Nice et l'entreprise ASES.
Une centaine d'écoliers du quartier Fabron ont participé à la plantation de cette micro-forêt ce vendredi 19 janvier 2024.
Depuis son implantation au cours du XIXe siècle sur les collines de la Croix-des-Gardes, le mimosa s’est bien adapté, sans doute un peu trop. "Le mimosa a besoin d’un sol siliceux (sableux)", explique Pierre-André Cottrant, garde forestier à la Croix-des-Gardes, C’est exactement le genre de sol que l’on retrouve ici, à Cannes, avec un climat qui, ici, est propice à son développement".
Mais si le mimosa s’est si bien acclimaté sur nos côtes, ce n’est pas uniquement grâce au soleil ou au sol qu’il juge à son goût. Il est en réalité de nature très invasif. "C’est sur la liste rouge des pestes végétales, c’est une espèce qui peut pousser de deux mètres en un an", indique le garde forestier, Elle va très souvent prendre le dessus sur les autres plantes et condamner la flore préexistante".
Plusieurs facteurs expliquent sa faculté de développement. "C’est une plante qui va se reproduire de différentes manières. D’abord, elle se reproduit de manière végétative. La plante va produire des rejets; des petits plants de mimosas vont se développer tout autour du mimosa principal." Il se reproduit aussi de manière sexuée, en produisant des graines. Ces deux modes de reproduction favorisent un développement très rapide du mimosa dans un contexte favorable comme celui présent à Cannes. "Une fois qu’il est installé quelque part, il est très difficile de s’en débarrasser".
Le mimosa, c’est Cannes et Cannes, c’est le mimosa. En aucun cas la municipalité n’a pour objectif de rompre son histoire avec les petites boules jaunes. "Le berceau du mimosa, c’est la Croix-des-Gardes" appuie la Mairie de Cannes. C’est dans cette optique que beaucoup d’initiatives ont été mises en place pour réduire son expansion, tout en favorisant le développement de la flore locale.
"On a planté beaucoup de pins anti-mimosa à la Croix-des-Gardes pour ralentir le développement des mimosas. C’est une manière de le concurrencer. C’est une étape transitoire pour retrouver une flore diversifiée. Ceci s’ajoute également à un débroussaillage autour des pins pour libérer de l’espace."
Dans les faits, depuis une quarantaine d’années, des centaines de pins ont été plantées à différents endroits du massif. Leur développement a ensuite permis de plus facilement débroussailler les rejets de mimosas contribuant à la renaissance - par endroits - du maquis. En effet, la végétation de la Croix-des-Gardes en est en grande partie constituée. Le maquis cannois se compose notamment d’arbousiers ou de chênes-lièges qui revivent sous la pinède.
https://www.vieillesforets.com/reserve-massane/
Découvert par le journal de France culture le 17/01/2024
Compenser ses rejets de gaz à effet de serre en créant des forêts : les entreprises abusent de cette promesse, qui figure en bonne place dans leurs engagements environnementaux et leur permet d’afficher une image vertueuse. En réalité, c’est au mieux largement insuffisant pour absorber tout le carbone émis. Et souvent, ces plantations s’avèrent même contre-productives. Explications.
Quelle quantité de carbone est stockée ? Un seul arbre stocke entre 20 et 30 kg de CO2 en moyenne chaque année, mais extrapoler cette production à l’échelle d’une forêt est délicat. Les spécialistes eux-mêmes ne savent pas le chiffre précis. Méfiez-vous donc d’une entreprise qui prétend à un « net zéro » grâce à des arbres. En effet, calculer le stock de carbone d’une forêt est un défi mésestimé – et périlleux : il implique de répertorier les plants jusque dans les zones les plus reculées, de la jungle équatoriale au Grand Nord sibérien ! Plusieurs milliers d’espèces s’y côtoient, de tailles, diamètres, longévité, densité et vitesse de croissance différents.
De nouvelles surfaces boisées sont-elles réellement créées ? Derrière le terme « reforestation » se cache souvent un autre scénario, celui de la « déforestation évitée », désignant des surfaces sauvées du déboisement. A priori, l’idée semble vertueuse : mieux vaut ne pas couper qu’essayer de réparer les dégâts. Mais les entreprises survalorisent leur action en la comparant à un scénario hypothétique, exagérément pessimiste, de déforestation d’ampleur si rien n’était fait… De plus, ces forêts sauvées ne le sont qu’en un lieu déterminé. Trop souvent, le défrichage évité à un endroit sera réalisé un peu plus loin.
De quelles forêts parle-t-on ? Là aussi, les promesses sont floues. La plupart des projets, en France comme à l’étranger, concernent des monocultures d’espèces à croissance rapide, et non des forêts naturelles. Ces plantations, destinées à être exploitées, se soldent par la coupe des arbres au bout de quelques années (7 ans pour des acacias, 20 ans pour des pins, etc.). Ainsi, les 40 000 hectares promis par TotalEnergies en RDC sont des acacias ; quand Michelin évoque 88 000 hectares de plantations, il s’agit d’hévéas, fort utiles pour fournir le caoutchouc des pneus de l’équipementier… Or, ce type de projets est très loin de fournir la même richesse qu’une forêt naturelle en termes de biodiversité, de réserve d’eau, etc. Au contraire, menés de façon intensive, ils sont source d’épuisement du sol et de pollution de l’eau par les pesticides et les engrais. Patrice Martin, technicien forestier à l’ONF et secrétaire général du syndicat Snupfen (Syndicat national unifié des personnels des forêts et de l’espace naturel), critique l’industrialisation croissante de la sylviculture, en France comme ailleurs dans le monde. Plutôt que des coupes rases, il prône de maintenir une « futaie irrégulière en couvert continu », mélange d’espèces et d’âges différents. Le hic : sa gestion est plus exigeante.
Un stockage pour combien de temps ? Tant qu’ils sont implantés, les arbres jouent leur rôle de puits de carbone. Une fois coupés, tout dépend de leur devenir : le bois d’œuvre, utilisé pour des charpentes, des parquets, des meubles, etc., continue à stocker le carbone. C’est nettement moins vrai pour le bois transformé en pâte à papier, plus éphémère. Quant au bois énergie, brûlé pour du chauffage ou de la cuisson, tout son carbone est immédiatement relargué dans l’atmosphère. Mais même les forêts pérennes ne sont plus garantes d’être des puits de carbone à long terme, car le réchauffement climatique fait peser des risques croissants d’incendies et de maladies – les mégafeux qui ont brûlé tout l’été au Canada l’illustrent tragiquement.
Qu’y avait-il avant ? Si les arbres remplacent une zone artificialisée ou désertique, le gain est évident. Mais si une forêt naturelle a été rasée pour être remplacée par une plantation, le bilan est catastrophique. « Il faut alors au moins 50 à 100 ans, voire davantage, pour que le bilan en termes de carbone redevienne positif, car ce sont les vieux arbres qui captent le plus de carbone », explique Patrice Martin. Et ce, sans même tenir compte des services écosystémiques disparus : biodiversité, protection contre l’érosion et la pollution, cycle de l’eau, etc.
À qui appartiennent les terres ? Trop souvent, les pays en développement sont confrontés au même scénario d’accaparement des terres : de grandes plantations s’implantent aux dépens des populations locales, expulsées de ces terrains. Méfiance donc concernant les grands projets en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, surtout s’ils sont aux mains d’entreprises privées ou d’États.
Pour compenser quoi, au juste ? Alain Karsenty, économiste au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), rappelle que « le CO2 est très stable ». Une fois dans l’atmosphère, il y reste. Pas 100 ans, comme on l’entend souvent dire, mais des milliers d’années. La seule façon de l’en extraire, c’est de le capter dans des puits de carbone (lire l’encadré « Définitions »). Mais les arbres poussent lentement, et stockent des quantités dérisoires de carbone les premières années, voire décennies. Or, les émissions de GES censées être compensées sont déjà présentes dans l’atmosphère, et de nouveaux rejets s’y accumulent de jour en jour. Pour être cohérentes, les entreprises devraient donc renouveler sans cesse leurs engagements, alors qu’elles se contentent en général de recycler un seul et même projet pendant des années.
Est-ce utile ? À voir… « Certains projets ne sont pas mauvais, mais d’autres sont inutiles, voire contre-productifs, à l’instar des plantations à croissance rapide (eucalyptus, acacia, pin) suivies d’une coupe rase, estime Alain Karsenty. Le consommateur peut-il s’y retrouver ? Non ! L’arbre est une image évocatrice, et le message est facile à faire passer : en reforestant, les entreprises compenseraient leurs émissions de GES, ce qui les autoriserait à continuer leurs activités, y compris les plus polluantes… L’effet le plus pervers de ces annonces ? Elles donnent bonne conscience à bon compte au consommateur, le poussant à continuer à acheter sans rien changer. » Les émissions de GES, elles, augmentent, pour atteindre désormais près de 60 milliards de tonnes annuelles – la déforestation y contribuant pour 12 %…
« Dire qu’on sauvera la planète en plantant des arbres est un leurre », affirme Patrice Martin. Pour lui comme pour la plupart des défenseurs de l’environnement, « on n’a pas le temps d’attendre que les arbres poussent ». Avant tout, nous devons réduire nos émissions de GES et préserver les écosystèmes existants – forêts naturelles, mangroves, tourbières, savanes, dont plus de 7 millions d’hectares disparaissent chaque année. Ensuite seulement, replanter, mais judicieusement.
1# Protéger l’environnement de l’arbre
"Il faut prendre soin de l’environnement de l’arbre car c’est un être vivant qui va s’adapter continuellement, toute la vie, à son milieu, à savoir le vent, la pluviométrie, la qualité du sol…
Quand on a un arbre, dans un premier temps, il ne faut pas faire de travaux à proximité, dans son environnement, car cela peut le fragiliser.
Par exemple, en ajoutant de la terre autour, on ne s’en rend pas compte, mais on enterre davantage les racines et on entraîne une surélévation du sol ce qui, par conséquent, en cas de pluie, entraîne une moins bonne pénétration de l’eau vers les racines et fragilise l’arbre.
Par la suite, l’arbre risque de vivre sur ses réserves et petit à petit, de dépérir.
C’est un cercle vicieux qui se met en place: en devenant plus fragile, l’arbre va attirer des insectes. On a vu ce phénomène avec les scolytes, un insecte dont la larve va creuser des galeries sous l’écorce et couper les vaisseaux conducteurs. L’arbre ne pourra plus absorber d’eau et donc se dessèche."
2# Eviter d’occasionner des plaies sur l’arbre
Egalement, il faut éviter d’occasionner des plaies sur le tronc. En occasionnant un choc, on enlève les couches protectrices qui peuvent favoriser l’installation de champignons.
On voit souvent des propriétaires qui réalisent des tailles très sévères, c’est-à-dire, sur de gros diamètres, sur des surfaces importantes. Cela entame les réserves de l’arbre. Car il faut bien comprendre que l’arbre met des réserves partout dans ses branches, son tronc… Si on en coupe une grande partie, cela entraîne un déstockage de ses réserves.
Des tailles sévères risquent également de favoriser l’installation de champignons.
Normalement, il faut comprendre que l’arbre gère très bien son développement tout seul. L’idée est donc d’intervenir plutôt sur de petits diamètres de branche si on souhaite le tailler. Bien entendu, s’il y a eu des dégradations importantes et que cela peut mettre en péril notamment les personnes qui habitent à proximité, alors il faut agir.
3# Créer un environnement favorable à son développement
Bien choisir où l'on va planter son arbre, c’est important. Si on le plante trop près de sa maison, par exemple, et qu’avec la croissance les branches viennent frotter les murs, cela risque d’occasionner une gêne.
Quelle envergure mon arbre fera-t-il? Quelle hauteur va-t-il avoir à l’âge adulte? Ce sont des questions qu’il faut se poser au moment de planter.
Pour ce qui est de l’entretien quotidien, on peut aussi faire des choses simples pour, par exemple, conserver l’humidité à son pied, on peut entourer le tronc de mulch, une sorte de "paillage".
4# Surveiller la santé de ses arbres
Pour voir si son arbre est en bonne santé, il faut le regarder régulièrement.
Un feuillage qui change de couleur ou se flétrit, un soulèvement du sol autour de l’arbre, la présence de fissures sont autant de petits changements qui doivent alerter.
Des cavités, par exemple, peuvent être le signe de la présence de champignons.
Parfois, certains changements sont le signe de l’adaptation de l’arbre à son environnement. Mais d’autres fois, ils peuvent révéler un problème plus important et seul un œil averti saura poser le bon diagnostic.
5# Réaliser un état des lieux
Si on a un arbre avec un feuillage qui se dessèche, par exemple, il faut en trouver la cause.
Récemment, nous avons eu le cas d’un pin qui était complètement desséché. Après un diagnostic, nous nous sommes rendus compte qu’il avait concentré tout son système racinaire vers un point où s’était tenue, pendant très longtemps, une fuite d’eau. En faisant réparer cette fuite, les propriétaires ont coupé l’arbre, sans le vouloir, de sa principale source d’eau.
Si une personne achète un terrain avec beaucoup d’arbres, il vaut mieux faire un état des lieux pour être sûr qu’il n’y a pas de soucis.
Il faut en effet savoir que le propriétaire ou le gestionnaire sont responsables de leurs arbres et des dégâts qu’ils pourraient occasionner."
Contact
Arbre Conseil(r) est une prestation de l’ONF Vegetis, filiale de l’ONF, qui propose un accompagnement pour évaluer la santé des arbres et accompagner leurs propriétaires ou gestionnaires.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter leur site ici.
Au milieu d’une épaisse forêt de grands pins sylvestres et d’épicéas, un petit espace clairsemé, jalonné de minuscules pousses protégées par des grillages. A Tournefort, village de la vallée de la Tinée, deux techniciens de l’Office national des forêts inspectent ce lopin de 0,5 hectare avec la plus grande attention. On l’appelle "îlot d’avenir". Ici, fin novembre, des plants de pins de Brutie ont été plantés avec minutie à la place de quelques essences endémiques composant cette forêt communale, souffrant du dérèglement climatique.
"Sur cette zone, nous avions coupé des pins sylvestres il y a une quinzaine d’années pour retirer de l’ombre et essayer d’avoir de la régénération naturelle. Plusieurs dizaines de sapins et d’épicéas étaient repartis grâce à ça. Mais avec la chaleur estivale, on constate que leur croissance s’arrête. On les pense condamnés à brève échéance", explique Jean-Guy Peyronel, technicien forestier à l’ONF en pointant des branchages clairsemés.
"Forêts mosaïques"
Plutôt que de miser sur cette incertaine régénération, les forestiers ont installé des plants de pins venus de Turquie. "Une essence qui a la caractéristique de s’adapter à des températures très froides et très chaudes", détaille Florent Battiston, responsable de l’Unité territoriale Nice Mercantour de l’ONF. Un pari sur l’avenir. "Les premiers 50 ans de vie d’un arbre, c’est la préadolescence. On installe ces arbres pour qu’ils soient pérennes dans 80 ans et on travaille à leur suivi avec des scientifiques, en s’appuyant sur les conclusions du Giec pour faire des modèles informatiques fins. Néanmoins, il y a une part d’incertitude", abonde Jean-Guy Peyronel.
Et ces tests fleurissent en terres azuréennes. "Des îlots d’avenir se mettent en place, entre autres, dans les Préalpes d’Azur. Jusqu’alors, on misait sur la régénération naturelle de la forêt mais avec le réchauffement, il nous faut faire autrement", constate Florent Battiston. L’enjeu, à Tournefort et dans bien d’autres zones des Alpes-Maritimes et du Var: tendre vers des "forêts mosaïques". "En ayant un maximum de diversité d’essences sur la même parcelle, si une vient à s’effondrer, une autre pourrait prendre le relai", explicite Jean-Guy Peyronel.
Investir pour l'avenir
A Tournefort, le prometteur îlot d’avenir a coûté environ 10 000€, un engagement financier pour la municipalité. "Si la forêt dépérit, c’est tout notre cadre de vie qui est menacé. Le conseil municipal m’a suivi à l'unanimité sur ce projet et nous avons obtenu des financements de la Région. Tout le monde est concerné, on attend maintenant les résultats", confie Muriel Molinari, maire de Tournefort depuis 2011. Consciente de l'imminence des enjeux climatiques, l’élue aimerait "faire un projet plus gros sur la forêt qui va au fort du Pic Charvet". Histoire de se préparer à un avenir plus qu’incertain.
"Se protéger soi-même contre les incendies en débroussaillant, c’est comme mettre un verrou et une porte blindée contre les voleurs." Le contrôleur général du Service d’incendie et de secours des Alpes-Maritimes (Sdis 06), René Dies, est catégorique: "Si la défense est trop dangereuse, on n’engagera pas les pompiers. Le risque doit être raisonnable." Son homologue du Var, Eric Grohin, ne dit pas autre chose.
Le discours se durcit. "Les gens doivent s’autoprotéger. Quand on est face à des feux hors-norme comme Gonfaron en 2021 ou la Gironde l’été dernier, on est en rupture capacitaire. Si on est obligé de mettre un camion derrière chaque maison pour la protéger, on ne peut plus lutter contre le feu, il s’élargit et continue à se propager. Je refuse d’envoyer des hommes dans des zones non débroussaillées quand elles présentent un danger vital. On privilégiera l’évacuation des personnes quand les zones ne seront pas défendables", précise Eric Grohin.
"On ne pourra plus défendre les biens"
Trois critères de défensabilité aideront à la prise de décision: "Que les obligations légales de débroussaillement soient respectées; que l’accessibilité à l’habitation soit conforme; de même que le réseau d’eau, poursuit Eric Grohin. À certains moments, on ne pourra plus défendre les biens. On sécurisera la population, soit en l’évacuant, soit en la confinant dans la maison."
Le changement climatique, la sécheresse et les températures aussi hautes qu’inhabituelles favorisent les feux, y compris dans des régions où il n’y en avait pas. À tel point que le risque d’incendie hors norme et incontrôlable est à présent redouté, et pas que dans le sud de la France.
"Pour la première fois, cet été, la moitié des incendies s’est déroulée au nord de la Loire, dans le Jura, en Bretagne, en Anjou…", ajoute Eric Grohin. Cette expansion incite chaque département à garder ses pompiers. Par ricochet, les colonnes envoyées jusqu’à présent en renfort d’un département vers un autre, comme cela s’est passé sur le feu de Gonfaron en 2021, ne le seront plus. Chacun préférant garder ses forces sur place au cas où!
"Une maison bien débroussaillée ne brûle pas"
Les trois critères de défensabilité sont difficilement tenables dans certains secteurs du Var et des Alpes-Maritimes, où les villas ont poussé au cœur de forêts avec des chemins difficilement accessibles. Pour que les pompiers puissent circuler sans danger, la route doit être dégagée sur quatre mètres de large et de haut.
Un des enseignements du feu de Gonfaron, c’est qu’une maison bien débroussaillée ne brûle pas. Et s’il n’y a pas de danger, les habitants peuvent être confinés après avoir arrosé autour de la maison et sur le toit, fermé les volets, placé des chiffons mouillés au bas des portes…
"Sur le feu de Gonfaron, 92% des maisons qui ont brûlé n’étaient pas débroussaillées. Les 8% restantes étaient débroussaillées, mais avaient par exemple des volets en PVC, des appentis en bois très proches", poursuit le patron du Sdis 83.
De même, dans les zones à risques, il faut éviter les terrasses en bois à proximité des habitations, l’utilisation de PVC, les cyprès et autres végétaux très inflammables comme le mimosa, ou les tas de bûches pour l’hiver. Mais ces recommandations, qui peuvent être vitales quand le feu arrive sur une maison, ne sont pas inscrites dans les règlements d’urbanisme.
"L’autoprotection des maisons, c’est la loi, avec les Obligations légales de débroussaillement (OLD)" insiste René Dies. Alpes-Maritimes et Var y sont soumis. La réglementation est particulièrement complexe. Les arrêtés préfectoraux sont indigestes. Ils imposent d’aller couper arbres ou sous-bois chez le voisin, sans que celui-ci ne débourse un centime.
Les institutions locales, au premier rang desquelles les maires censés faire respecter les OLD, sont peu nombreux à faire le nécessaire pour informer la population, redoutant une impopularité. C’est auprès de l’association des communes forestières du Var, Cofor 83, et de l’ONF, que les Varois trouveront la meilleure information.
" L’État envisage de renforcer ses moyens de contrôle "
Le principe général, c’est que les propriétaires en zone boisée ou à moins de 200mètres d’un massif forestier, de garrigue ou de maquis, doivent débroussailler, même si leur habitation se trouve dans un quartier urbanisé. Ehpads, lotissements, copropriétés doivent aussi faire le ménage autour de leurs bâtiments s’ils sont dans ces périmètres. Cela peut être le cas par exemple à Toulon, avec la proximité du Faron, ou dans le secteur de Grasse et des Préalpes d’Azur. Selon Alain Monavo, responsable pour l’ONF de l’Agence de défense des forêts contre l’incendie, basée à Nice, "l’État envisage de renforcer ses moyens de contrôle en 2023". Il faut donc s’attendre à des visites de la police municipale et de l’ONF à la demande des maires, de mieux en mieux informés sur le fait que leur responsabilité peut être engagée. Et bien sûr, le carnet à souches sera dégainé pour les plus récalcitrants.
Des solutions adaptées à tous vos problèmes dans le respect de l’environnement
L’entreprise, fondée en 2001, est dirigée par Olivier Panchaud, jardinier paysagiste et Karine Panchaud, biologiste.
En complément de l’entretien de jardins, taille, élagage, tonte, VegeTech a développé une activité de diagnostic, de traitement phytosanitaire, et une partie recherche.
Identification des maladies simples – Analyses laboratoire simple - Soins aux plantes - Restauration d’arbres anciens – Etude de résistance mécanique des arbres - Recherche – Expertise
Découvert par article Nice Matin https://www.nicematin.com/environnement/a-la-crau-ce-couple-defend-une-haie-havre-de-biodiversite-et-obtient-le-soutien-du-conseil-detat-821299
D’épais cyprès de 20 m de haut sur 150 m de long. À La Crau, lieu-dit des Martins, c’est dans l’un de ces alignements verts qui jalonnent nos routes sans qu’on n’y prête attention que pourrait peut-être se jouer un peu de l’avenir de la préservation des arbres. C’est en tout cas le combat judiciaire qu’ont décidé de mener Karine et Olivier Panchaud, propriétaires du terrain sur lequel cette haie est installée. Et ils le font en connaissance de cause.
"Mon mari et moi sommes spécialisés dans l’étude du vivant. Derrière cette haie de cyprès, il y a notre centre de recherche et d'expérimentation sur le végétal. J’y ai, par exemple, développé une solution bio pour lutter contre le charançon ravageur de palmiers, utilisée à Nice", explique Karine Panchaud, experte arboricole et biologiste. Alors quand le couple entend, début 2021, des tronçonneuses au travail le long de la route qui longe leur propriété, impossible de ne rien faire.
Aider la nature à reprendre ses droits
"Ce jour-là, le prestataire à l'œuvre nous explique qu’il doit buser le fossé dans le cadre de l’aménagement d’une piste cyclable par le Conseil départemental. Mais il n’y avait pas eu de présentation publique du projet avant que les travaux ne démarrent. Le problème, c’est que les ouvriers ont ce jour-là atrocement mutilé la haie, en pleine période de nidification", détaille cette spécialiste du vivant, qui a recensé ici la présence de 11 espèces animales à protéger.
Faucon, chardonneret élégant, verdier d’Europe, chauve-souris, hibou petit duc mais aussi lézard ocellé, couleuvre ou encore tortue d’Hermann y ont leurs habitudes. "C’est très vivant! D’autant que, quand nous avons repris le terrain, occupé précédemment par des vignes, nous nous sommes appliqués à lancer un travail d'aménagement végétal pour observer comment les animaux et les insectes peuvent reprendre leur droit", ajoute la cofondatrice du centre d’étude Vegetech, dont les expérimentations in situ doivent servir de base de travail aux collectivités et parcs botaniques avec lesquels l’entreprise collabore (à Menton, Nice, Monaco ou encore en Italie).
Défendre des arbres en justice
Alors que les tronçonneuses débitent les branches basses des cyprès, Karine Panchaud appelle son avocat d’entreprise, puis un huissier pour faire constater les dégâts. Par l’intermédiaire de l'Association de défense des arbres, le couple se tourne vers une avocate spécialisée dans les thématiques environnementales. Un référé liberté est déposé devant le tribunal administratif de Toulon.
"Dans le code de l’environnement, il y a une législation qui encadre l’atteinte aux espèces protégées", explique maître Héloïse Aubret, avocate au barreau de Grasse. Dans l’affaire de la haie varoise, la juridiction toulonnaise n’accepte pourtant pas d’examiner le recours, invoquant que "la protection de l'environnement n’est pas une liberté fondamentale". De quoi faire tiquer Me Aubret, qui compte bien questionner le Conseil d’Etat sur ce sujet. Les époux Panchaud n’hésitent pas à poursuivre les démarches. Le "parcours du combattant" s’engage.
“Nos avocats nous ont expliqué que ça ne ferait pas avancer de manière directe notre dossier mais que ça pourrait être important à l’avenir d’avoir une jurisprudence. On a financé, très chèrement, cette procédure parce qu’on pouvait le faire et, philosophiquement, pour ne pas accepter sans rien dire qu’on mutile des arbres de cette qualité “, explicite Karine Panchaud, qui a grandi à la campagne et a toujours été “fondue de nature et de petites bêtes“.
Et le combat a porté ses fruits. "En septembre, le Conseil d’État a rendu un très bel arrêt qui a consacré la protection de l’environnement comme liberté fondamentale. Le biais, c’est de dire que l'arbre abrite des espèces protégées. Grâce à cette décision, on peut maintenant faire un référé liberté en invoquant cet arrêt du 20 septembre 2022", se félicite Me Héloïse Aubret. Dans la décision de cette institution publique, on peut ainsi lire noir sur banc:
"Le Conseil d’Etat juge que le droit de chacun de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé, tel que proclamé par l’article premier de la Charte de l’environnement, présente le caractère de liberté fondamentale (...)."
Changer le regard des gens sur les arbres
"C’est fondamental! D’un point de vue juridique, quand un particulier déposera un référé sur ce type de sujet à l’avenir, le tribunal administratif ne pourra plus se déclarer incompétent. Cela permettra à d’autres citoyens de défendre des arbres sans devoir engager les mêmes frais que nous en allant jusqu’au Conseil d’Etat", se réjouit Karine Panchaud, qui connaît toute l’importance que revêt le végétal. "On sait aujourd’hui que les arbres communiquent entre eux, se transmettent des champignons bénéfiques à leur survie… Dans ce contexte, c’est toujours malheureux d’en couper des matures pour les remplacer par des petits ou d’en abîmer alors que notre milieu est en pleine dégradation, du fait notamment des canicules et des sécheresses."
Pour l’heure, à La Crau, l’action en justice menée par les époux Panchaud a au moins l’avantage de figer la scène pour la haie en question. Quant à son devenir: "des procédures et des discussions sont en cours avec le Département. Cela se passe bien, on espère avancer sur ce dossier", conclut Karine Panchaud. Une démarche que ces passionnés de nature espèrent bien plus constructive que vindicative.
ANDA, Association Nationale de Défense de l’Arbre, est une association créée par des Arboristes Grimpeurs, des botanistes issus du monde de l’arbre et des scientifiques, chercheurs et enseignants, engagés collectivement pour le respect de l’arbre et notamment pour la transmission des connaissances et des propriétés biophilles qui sont nécessaires dans notre environnement.
découvert par Article Nice Matin https://www.nicematin.com/environnement/manuel-pour-defendre-un-arbre-a-hauteur-de-citoyens-821297
Un arbre peut-il se défendre en justice? Impliquée dans leur défense, l’avocate Héloïse Aubret, spécialisée dans les thématiques environnementales, y travaille
Sur le plan légal toujours, Me Aubert précise: "Dans le code de l’environnement, il existe une législation qui protège les arbres d’alignement. Pour y porter atteinte, il faut avoir une autorisation administrative. Celle-ci peut être contestée et, s’il n’y en a pas, il faut essayer de faire un référé auprès du tribunal."
"Défendre un arbre reste très compliqué et coûteux car il n’a pas de protection juridique en soi, nuance-t-elle. Soit il vous appartient et vous pouvez le défendre en tant que votre propriété. Soit ce n’est pas le cas et vous le défendez car il est du patrimoine commun des êtres vivants et cela devient plus compliqué".
Et si vous constatez une atteinte au sein de votre copropriété, "il faut contester les PV d’assemblée générale de copropriété. Mais, là encore, c’est très délicat car si vous êtes mis en minorité, c’est l’AG qui décidera", ajoute-t-elle.
Son conseil pour défendre efficacement un arbre: "essayer de gagner la bataille de l’opinion." Comment? "En faisant nombre, en se constituant en collectif ou en s’adossant à des associations de protection de l’environnement déjà aguerries car le jour où l’entreprise arrive avec les tronçonneuses, cela va très vite."
Découvert par article Nice Matin https://www.nicematin.com/environnement/manuel-pour-defendre-un-arbre-a-hauteur-de-citoyens-821297
Thomas Brail, arboriste-grimpeur, il lance le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) et essaime avec son approche militante. Aujourd’hui, l’association compte 70 antennes en France, plus de 700 adhérents et ne cesse de prendre de l’ampleur. Objectif: créer un réseau de lanceurs d’alerte prêts à agir en cas de menace sur des arbres. "On reçoit près d’une centaine d'alertes par jour", selon le fondateur du GNSA, qui précise les différentes façons de s’engager dans la démarche.
"Si vous avez 50 à 100 personnes devant un chantier de coupe, ce n’est pas pareil qu’une seule. La seule chose dont on doit avoir peur, c’est le mur qu’on va prendre dans quelques années si on ne fait rien pour protéger les arbres. Car en haut de la pyramide, sur la planète, il y a le végétal", souligne l'arboriste-grimpeur militant, qui a fait parlé de lui en mai dernier en s'attachant à un arbre centenaire près de la Tour Eiffel. En 3 ans et demi d’existence, le GNSA revendique "3 à 4 jurisprudences en France sur la loi L350 sur les arbres d’alignement".
Dans le Var, le GNSA compte deux groupes actifs: l’un à Saint-Raphaël-Fréjus, l’autre sur le territoire du Parc naturel régional de la Sainte-Baume.
Faire preuve de méthode
Pour défendre un arbre près de chez soi, et si la clé était la méthode? C’est en tout cas ce que préconise Marie Amana, responsable du GNSA Sainte-Baume, en prodiguant quelques conseils simples.
D’abord s’informer, "en portant un regard sur les arbres qui nous entourent et se tenant informé des travaux prévus dans la commune". Ensuite, ne pas hésiter à réclamer à sa collectivité des documents: avis d’abattage, diagnostic phytosanitaire préalable… "On a le droit, en tant que citoyen, d'y avoir accès", assure Marie Amana. Enfin, "ne pas hésiter à se tourner vers une association ou un professionnel pour avoir un avis éclairé, y compris en cas de problématiques privées comme un conflit de voisinage".
"Je vous envoie un message urgent, car des travaux sont déjà entrepris aux abords de l'Acropolis. Les arbustes et certains arbres sont déjà abattus, (...) cela fait vraiment mal au cœur." "Il faut arrêter d’abattre les arbres: Félix Faure, Carnot, les allées de la liberté… Cannes la Bocca… Plus d’arbres, pas d’ombre… C’est triste!" Tout au long de notre dossier sur les arbres, vous êtes nombreux à nous avoir interpellées pour clamer votre inquiétude sur le devenir de ceux qui vous entourent. Mais quelles sont les marges de manœuvre dont disposent les citoyens pour les défendre? Et quand agir? Décryptage.
Quand est-ce pertinent d’agir?
"L’arbre est un être vivant. Le protéger, c’est respecter ses besoins, donc les connaître", dixit le Groupement national de surveillance des arbres (GNSA), créé en 2019 pour agir contre des décisions pouvant les endommager. "On voit trop souvent, par exemple, des arbres encerclés dans un sol en béton, complètement imperméable, alors qu’on sait qu’ils ont besoin d’eau et ont une respiration racinaire, étaye Marie Amana, responsable du GNSA Sainte-Baume, dans le Var. Il y a aussi beaucoup d'erreurs au niveau de leur entretien, comme des coupes drastiques qui parfois ne conviennent pas aux espèces."
"Depuis une dizaine d'années, il y a une sorte de tendance alarmante à la mutilation des arbres à vocation ornementale", s’alarme Pierre Lacarrère de l’Association de défense des arbres. Des tailles qui peuvent, selon les espèces, s’avérer très contre productives. "Si vous commencez à tailler un tilleul, vous allez être obligé de le tailler toute sa vie car les branches qui repousseront ne seront pas ancrées à cœur et casseront facilement. Idem pour le bouleau. Contrairement au chêne, par exemple, qu’on peut laisser repartir", détaille Thomas Brail, arboriste-grimpeur à l’origine du GNSA.
Il ne faut pas non plus être extrémiste, des arbres doivent être abattus s’ils sont des dangers mais c’est bien souvent des arbres en bonne santé qu’on retire", Thomas Brail, fondateur du GNSA
Les menaces qui pèsent sur les arbres ne concernent pas que l’espace public. "Tout le monde aime l’arbre virtuel, celui qui figure en première page des magazines ou sur les documentaires. Mais l'arbre réel peut gêner quand il est devant votre fenêtre ou que ses branches empiètent sur votre propriété", précise Pierre Lacarrère, de l'association de défense des arbres. Pour se mobiliser, plusieurs approches existent.
L’approche militante
Mai 2019. À Mazamet, dans le Tarn, la mairie souhaite abattre un alignement de platanes pour procéder à des aménagements. Une décision qui révolte Thomas Brail, arboriste-grimpeur et farouche défenseur des arbres. Le citoyen se perche dans l’un des platanes, l’occupe pendant deux jours et deux nuits et réussit à limiter l'abattage prévu. "J’étais avant tout animé par le non-respect de l’article de loi qui protège les arbres d’alignement et qui n’est jamais appliqué. En France, aucune protection forte n’existe pour les arbres quand en Allemagne vous n’avez pas le droit d’abattre un arbre dans votre jardin sans demander l’autorisation au maire, c’est triste", explique-t-il.
Dans la foulée de cette action, il lance le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) et essaime avec son approche militante. Aujourd’hui, l’association compte 70 antennes en France, plus de 700 adhérents et ne cesse de prendre de l’ampleur. Objectif: créer un réseau de lanceurs d’alerte prêts à agir en cas de menace sur des arbres. "On reçoit près d’une centaine d'alertes par jour", selon le fondateur du GNSA, qui précise les différentes façons de s’engager dans la démarche.
Je n’invite pas les personnes qui n’en ont pas la compétence à occuper des arbres. L’idée, c’est de créer des mobilisations, de se fédérer", Thomas Brail, fondateur du GNSA
"Si vous avez 50 à 100 personnes devant un chantier de coupe, ce n’est pas pareil qu’une seule. La seule chose dont on doit avoir peur, c’est le mur qu’on va prendre dans quelques années si on ne fait rien pour protéger les arbres. Car en haut de la pyramide, sur la planète, il y a le végétal", souligne l'arboriste-grimpeur militant, qui a fait parlé de lui en mai dernier en s'attachant à un arbre centenaire près de la Tour Eiffel. En 3 ans et demi d’existence, le GNSA revendique "3 à 4 jurisprudences en France sur la loi L350 sur les arbres d’alignement".
Dans le Var, le GNSA compte deux groupes actifs: l’un à Saint-Raphaël-Fréjus, l’autre sur le territoire du Parc naturel régional de la Sainte-Baume. Au sein de ce dernier, pas de projet d’occupation d’arbres la constitution d’un réseau de bénévoles jouent les sentinelles en se relayant pour surveiller une forêt de la commune de Mazaugues menacée par une activité industrielle polluante et un projet de carrière de granulats dont la construction menacerait les arbres et des espèces protégées.
"On observe, on recueille des preuves, on surveille les allers-venus des camions, les obligations légales de débroussaillement. On est aussi en train de travailler sur un protocole d’observation des arbres si jamais la carrière venait à ouvrir afin d’en évaluer les impacts", détaille Marie Amana, responsable de ce groupe local du GNSA.
Le délicat combat en justice
Un arbre peut-il se défendre en justice? Impliquée dans leur défense, l’avocate Héloïse Aubret, spécialisée dans les thématiques environnementales, y travaille. À La Crau, elle vient ainsi d’obtenir un arrêt du Conseil d’état consacrant "le droit de chacun de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé" comme une liberté fondamentale. Dans ce dossier, l’avocate défendait un couple ayant pris la défense d’une haie longeant sa propriété, endommagée par des travaux publics.
Sur le plan légal toujours, Me Aubert précise: "Dans le code de l’environnement, il existe une législation qui protège les arbres d’alignement. Pour y porter atteinte, il faut avoir une autorisation administrative. Celle-ci peut être contestée et, s’il n’y en a pas, il faut essayer de faire un référé auprès du tribunal."
"Défendre un arbre reste très compliqué et coûteux car il n’a pas de protection juridique en soi, nuance-t-elle. Soit il vous appartient et vous pouvez le défendre en tant que votre propriété. Soit ce n’est pas le cas et vous le défendez car il est du patrimoine commun des êtres vivants et cela devient plus compliqué".
Et si vous constatez une atteinte au sein de votre copropriété, "il faut contester les PV d’assemblée générale de copropriété. Mais, là encore, c’est très délicat car si vous êtes mis en minorité, c’est l’AG qui décidera", ajoute-t-elle.
Son conseil pour défendre efficacement un arbre: "essayer de gagner la bataille de l’opinion." Comment? "En faisant nombre, en se constituant en collectif ou en s’adossant à des associations de protection de l’environnement déjà aguerries car le jour où l’entreprise arrive avec les tronçonneuses, cela va très vite."
Faire preuve de méthode
Pour défendre un arbre près de chez soi, et si la clé était la méthode? C’est en tout cas ce que préconise Marie Amana, responsable du GNSA Sainte-Baume, en prodiguant quelques conseils simples.
D’abord s’informer, "en portant un regard sur les arbres qui nous entourent et se tenant informé des travaux prévus dans la commune". Ensuite, ne pas hésiter à réclamer à sa collectivité des documents: avis d’abattage, diagnostic phytosanitaire préalable… "On a le droit, en tant que citoyen, d'y avoir accès", assure Marie Amana. Enfin, "ne pas hésiter à se tourner vers une association ou un professionnel pour avoir un avis éclairé, y compris en cas de problématiques privées comme un conflit de voisinage".
Pour contacter le Groupement de surveillance des arbres et être mis en relation avec un groupe près de chez vous, c’est ici. https://gnsafrance.org/adherer/
L'association pour la défense des arbres est joignable ici. http://andarbre.com/
"L’arbre fait partie de la beauté de la ville et permet aussi d’atténuer les conséquences des canicules urbaines", pointe Caroline Mollie est paysagiste et l’auteur du livre “Des arbres dans la ville“ (Actes Sud).
"Mais pas seulement", précise Pierre Sicard. Chercheur à Argans, une entreprise qui étudie la Terre par satellite, basée à Sophia Antipolis, ce docteur en chimie atmosphérique travaille sur le rôle de l’arbre en ville.
Il précise : "Si l’arbre permet de rafraîchir les villes, il permet aussi de lutter contre la pollution atmosphérique. Ce sont ces deux fonctionnalités qu’il faut prendre en compte pour planter efficacement en milieu urbain."
Stockage du carbone, élimination des polluants atmosphériques, consolidation des sols, préservation de la biodiversité, rafraîchissement, la liste des bienfaits des arbres en ville est longue comme le rappellent de nombreuses études publiées sur le sujet, notamment par l’ONU.
Prendre en compte la pollution
"Cependant, la végétalisation des villes peut accentuer certains phénomènes si elle est mal maîtrisée", constate Pierre Sicard.
"Tous les arbres sont bons pour l’homme mais certaines essences ne sont pas bonnes pour la qualité de l’air", poursuit le chercheur qui cite l’exemple de Madrid où de nombreux pins et chênes pubescents ont été plantés et une augmentation de l’ozone (gaz à effet de serre) constatée.
Si, jusqu’à maintenant, la plantation d’essences locales était majoritairement conseillée, ces dernières ne sont pas toujours les plus adaptées, juge Pierre Sicard.
"Rien d’étonnant, précise encore le chercheur, quand on sait que le chêne pubescent produit 120 grammes d’ozone par jour."
Même constat pour le platane. "Ces espèces peuvent émettre des composés organiques volatils nocifs pour la qualité de l’air", précise encore Pierre Sicard.
"Une étude publiée en 2017 dans ACS publication a démontré que 60 % du smog lors de la canicule de 2006 à Berlin pouvait être attribué aux rejets de composés végétaux", constatait encore le journal Reporterre. "Le même constat a été fait en périphérie de Madrid où la qualité de l’air était dégradée en raison de la plantation des mauvaises espèces", reprécise encore Pierre Sicard.
C’est pourquoi quand, en 2018, il a vu les promesses de planter des arbres se multiplier, il avoue : "J’ai tiré la sonnette d’alarme."
Résistance au changement climatique
Il ne s’agit donc pas de planter à tout va.
Une étude publiée en 2014 intitulée "La ville verte, les impacts du végétal en ville" concluait que si le nombre d’arbres plantés est important, le choix des espèces l’est tout autant.
Non seulement les essences doivent être qualitatives au regard de la pollution de l’air et du rafraîchissement qu’elles procurent, mais elles doivent également résister au changement climatique.
"En vue de l’augmentation des températures, il faudrait prendre des espèces subtropicales, peu gourmandes en eau", explique Pierre Sicard, qui constate que des villes comme Nice ou Antibes ont déjà fait cet effort.
Parmi ces espèces, le chercheur cite le ginkgo biloba, le tipuana tipu, le flamboyant bleu ou encore le brachychiton à feuilles d’érables appelé aussi arbre de flamme. Des espèces similaires à celles présentes à Valence, en Espagne, ville avec laquelle Pierre Sicard travaille et qui possède un climat similaire à celui qui attend la Côte d’Azur.
"Ces essences sont bonnes pour l’air et ne nécessitent pas beaucoup d’eau. Il en existe également de moins exotiques, comme les érables, le tilleul, l’orme résistant, qui a été planté à Grasse et qui sont également de très bonnes espèces."
Interrogé dans nos colonnes en mai 2021, Philippe Rossello, géographe et coordinateur du Groupe régional d’experts sur le climat en région Sud (GREC-SUD) commentait : "On doit se poser ces questions : le type d'arbre que je plante résiste-t-il au stress hydrique et provoque-t-il de l'évapotranspiration?"
Exit, donc, le pin d’Alep à la faible évapotranspiration ou encore le palmier, "décoratif mais peu efficace en ombre".
Contraintes de la ville
Étudier attentivement le milieu pour planter au plus proche des conditions climatiques d’un lieu, c’est le défi que s’est donné Bas Smets, architecte belge à succès. "L’arbre est un opportuniste", commentait-il lors de son passage à Nice le mois dernier pour un festival organisé autour du thème “La ville, nouveaux horizons“.
Lui qui a été chargé de reconstruire le parvis de Notre-Dame a travaillé dans de nombreux espaces minéraux, comme le site de la Défense ou encore le parc des ateliers de Luma à Arles.
Le jeune architecte s’entoure de paysagistes mais aussi de scientifiques. Pour lui, chaque lieu est comme un micro-climat dont il convient de comprendre les mécanismes.
"Quels arbres planter? Je pars des conditions présentes dans un secteur donné à un instant t", expliquait-il lors de sa venue à Nice, plans et photos à l’appui.
Comme pour le parc des ateliers Luma à Arles. "Dans cet ancien site industriel régnait un climat semi-désertique, poursuit l’architecte. Nous avons planté en adéquation avec le milieu et aujourd’hui, plus de 80 000 plantes de 140 espèces différentes peuplent les alentours du musée." A Londres, il a ainsi été capable de planter une forêt tropicale au cœur d’une petite cour, suffisamment humide pour accueillir une telle végétation.
"La difficulté, c’est qu’on ne sait pas à quoi va ressembler le climat dans 40 ou 50 ans" même s’il reconnaît que la sécheresse est désormais une contrainte incontournable.
Chaque ville dispose de contraintes, constate Pierre Sicard qui travaille sur un projet entre Aix-en-Provence et Florence.
"Si vous prenez une ville comme Florence, il n’y a pas d’arbres dans le centre-ville ancien. Et il est impossible d’entreprendre des travaux de plantation, pour des raisons de patrimoine. Il faut donc végétaliser aux abords de la ville, dans des forêts périurbaines."
Comprendre les arbres
"85% des plantations relèvent du domaine privé", constate Pierre Sicard. Copropriétés, jardins individuels, les citoyens ont leur part à jouer dans la bonne gestion des arbres en ville.
"Communiquer auprès du grand public sur les essences à privilégier est donc d’autant plus important", commente le chercheur.
"Il faut comprendre comment les arbres fonctionnent. Pour aller bien, il leur faut un maximum de terre et donc d’espace car les racines poussent dans un rayon de 30 mètres", explique Caroline Mollie qui note la nécessité de travailler avec les services de voirie et de réseaux souterrains, afin de contrôler l’espace qui peut être laissé à la plante.
Elle poursuit :"Planter l’arbre jeune aussi, quand il a entre 2 et 6 ans. Et puis savoir l’entretenir, évidemment… l’élagage à tout va fragilise les arbres."
Avertir le public, les villes s’y attèlent également.
Certaines associent directement les citoyens dans leurs politiques de revégétalisation.
D’autres, comme la ville de Metz ont travaillé en collaboration avec le Cerema (centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), au projet Sesame, "une étude et une analyse des services écosystémiques rendus par 85 espèces locales dans le contexte climatique actuel et à venir". Résultat, des fiches techniques présentant les espèces selon leur impact sur la qualité de l’air, la fixation de particules fines, la régulation du climat local… D’autres encore, comme la ville de Lyon, publie sa charte de l’arbre en ville.
Pierre Sicard, qui multiplie les initiatives et interventions auprès des villes, aimerait, quant à lui, produire une brochure. "Quelles essences recommander aux citoyens? Je pense qu’un petit guide sur la question serait pertinent… même s’il sera difficile de trouver des plantes qui satisfassent tout le monde à 100%."