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Quand il part pour sa sortie ce jour-là, Quentin ne s’attend certainement pas à ce qu’il va découvrir. Après plusieurs heures à avoir effectué du repérage pour les cerfs, il entame le chemin du retour. Son instinct lui dit de ne pas emprunter le chemin le plus court.
Vingt minutes de marche plus tard, il repère au loin une tête qui dépasse des hautes herbes. Il s’arrête, s’accroupit pour ne pas se faire repérer, jette un coup d’œil dans son appareil photo, histoire de bien confirmer ce qu’il pense avoir vu.
Il vient de tomber sur trois louveteaux. "Comme j’étais à bon vent (avec le vent face à lui) et encore relativement loin, j’en ai profité pour me décaler un petit peu, pour essayer de me rapprocher et pour espérer faire quelques images."
Il se rend vite compte qu’ils ne sont pas trois mais quatre. Et ce quatrième, curieux, décide de s’approcher de lui. Il est alors à une dizaine de mètres.
"Là, clairement, c'est le souffle coupé. Je n’osais plus respirer. J’essayais de maintenir au maximum mes tremblements, en espérant qu’il ne s’en aille pas. Et c’est ce qui s’est passé. Il est resté là pendant plus de cinq minutes à me regarder."
Le photographe en profite pour faire des images. Voyant que le louveteau reste, il réussit même à poser son boîtier et à prendre le temps de profiter avec ses yeux.
Jusqu’à ce moment unique où l’impensable s’est produit. La curiosité l’a poussé à s’approcher encore un petit peu. Il m’a contourné tout doucement et il est venu jusqu’à 3m50."
Le louveteau ne rentre même plus dans le cadre pour faire des photos. Quentin vérifie quand même que les photos sont nettes avec une bonne exposition. Puis il pose son boîtier devant lui et "profite à fond de cette chance" qui lui est donnée.
"C’était une émotion indescriptible. De la magie, mais une joie démesurée, parce que ça faisait des années que j’attendais de faire une rencontre pareille. Mais même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais imaginé y arriver un jour."
Quelques minutes plus tard, le jeune canidé finit par le contourner et prendre son odeur, avant de retourner dans les hautes herbes.
En tout, Quentin aura passé un bon quart d’heure à observer les quatre louveteaux, et cinq à sept minutes en tête à tête avec le "petit curieux".
"C’était magique"
Peu après son départ, il faut un moment au photographe pour réaliser ce qui vient de se passer. La pression retombe, il se remet à trembler.
"J'en avais même les larmes aux yeux. C'était vraiment intense, c'était magique. J’ai pas d'autre mot. Et là, c'est toujours autant présent en moi. J’ai bel et bien réalisé: les photos sont sur l’ordi, sur le téléphone. Mais je n’arrive toujours pas à redescendre de mon petit nuage et je pense que je vais y rester un petit moment."
Pour le photographe, il y aura un avant et après cette rencontre. "J’ai énormément de gratitude envers la nature, envers ce cadeau qu’elle a pu me faire (…) Le loup, c’est le sauvage à l’état brut. Comme tous les photographes animaliers, je pense que le loup, c’est le Graal. Un peu comme quand on a la chance de voir le lynx dans le Jura."
L’Azuréen, qui est papa depuis à peine un mois, a maintenant hâte de pouvoir raconter tout ça à son fils quand il sera en âge de comprendre.
Un mot pour les bergers
En partageant ce moment suspendu, Quentin Augier espère faire évoluer un peu les mentalités de l’être humain face au sauvage en général.
Ces animaux ont tous leur place dans les écosystèmes, dans la nature. La nature s’équilibre et se gère toute seule parfaitement, j’en suis intimement convaincu. Les animaux sont tous beaux, qu’ils soient proies ou prédateurs. Nous sommes chez eux et non pas l’inverse."
Et d’ajouter un mot pour les bergers, bien "conscient que ça peut être très compliqué pour eux", que leur travail "leur prend du temps, que ce souci du loup les empêche de dormir et ne facilite pas la tâche".
Pour cet observateur de la nature et des loups depuis des années, "la cohabitation est tout à fait possible. Je ne dis pas que ça sera parfait. On ne sera certainement jamais parfait, mais la cohabitation est possible et les loups ont leur place parmi les hommes (...) Leur ressource principale, ce ne sont pas les troupeaux."