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"À nos chers Amapiens. On vous fait ce petit message pour vous remercier de votre engagement et de votre soutien au monde paysan qui en a grand besoin. Comme vous le savez en France, le nombre de fermes diminue de jour en jour au profit de grosses fermes industrielles ou de la bétonisation. [...]
Dans le Var et les Alpes-Maritimes, le prix du panier hebdomadaire varie entre 10 et 25€, en fonction de sa taille et des réalités des fermes partenaires. Avec, à l’intérieur, selon les lieux : des légumes, des pommes, noix, œufs mais aussi du jus, du miel, des fromages, de l’huile d’olives, de la viande, des légumineuses, du poisson ou encore des coquillages, fruits du travail de plus de 70 agriculteurs du coin.
Et un poids pouvant aller jusqu’à près d'une dizaine de kilos en fonction des rendements. A la clé, pour les consommateurs, l’assurance de créer, le temps du contrat, une bulle de prix fixe et de manger des produits frais de qualité et bon pour la santé, quand 53% de l’alimentation des habitants de Paca est issue de “produits transformés dont une partie est ultra-transformée et potentiellement nocive“, précise une étude sur les systèmes alimentaires et agricoles à privilégier dans la région menée publiée par le Grec Sud, groupe d’experts locaux sur le climat, en novembre 2022.
Faire baisser les coûts des semences
Pour permettre aux agriculteurs d’affronter les hausses de prix, la clé est aussi dans le pré et dans la recherche de nouvelles façons de travailler.
"En faisant nos plants, en récupérant ou en échangeant des graines locales, qui plus est plus adaptées au terroir et au changement climatique, on tire les coûts vers le bas", explique Nicolas Lassauque, président d’Agribio 06 et cofondateur de la Maison des semences maralpines. Sur son exploitation, ce maraîcher, qui tournait à 8000€ de semences en moyenne par an pour faire pousser ses légumes sur son hectare de terre, n’a déboursé en 2022 que 5000€ en mettant ces préceptes en application.
Chez Agribio 06, groupement de paysans bio azuréens qui compte plus d’une centaine de membres, deux Groupements d’intérêt écologique et économique ont ainsi été lancés pour y plancher: l’un sur l’enjeu des semences et l’autre sur les engrais.
Des engrais locaux à la rescousse
L’heure est aussi à la flambée pour les prix des engrais, dont certains ont quadruplé ces derniers mois: "cette hausse touche les chimiques (pas utilisés en bio) mais aussi les organiques, rien qu’à cause du coût du transport", note Nicolas Lassauque qui planche pour les 3 ans à venir, avec une douzaine d’agriculteurs des Alpes-Maritimes, à un recensement fin des sources de matières organiques à récupérer localement pour enrichir les champs.
"Ça concerne des matières animales, dont les éleveurs ont parfois du mal à se débarrasser, végétales mais aussi industrielles avec Malongo. Il y a aussi la drêche de bière issue des brasseries artisanales, de plus en plus nombreuses dans le département. Ces résidus obtenus après avoir fait bouillir l’orge sont pour elles des déchets mais ils sont très riches en azote et peuvent être intéressants à utiliser en agriculture", détaille-t-on chez Agribio 06.
Au sein du réseau, des "essais au champ" sont en cours. On planche même sur un atelier paysan pour que les fermières et les fermiers sachent réparer eux-mêmes leur tracteur et entretenir leur outillage pour éviter de prendre du retard dans leur production et de voir s’alourdir la facture.
Autant d'actions que les paysans espèrent complémentaires avec l’engagement citoyen. "Venez rencontrer les petits producteurs près de chez vous, sur les marchés. Soyons solidaires pour ne pas que nos métiers disparaissent, qui plus est dans un département très loin de l’autonomie alimentaire", lance Lucie Cateland de la ferme Saurea. Et peut-être un jour résoudre ainsi un paradoxe régional: "Paca exporte 61% de sa valeur agricole produite, alors que la consommation de produits agricoles et agroalimentaires y est principale issue d’importations", selon l’étude du Grec Sud en date de novembre 2022.