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June 12, 2022

Cet Azuréen a inventé une machine pour transformer localement les déchets plastiques en objets du quotidien

Les déchés ramassés par les bénévoles du club des jeunes entrepreneurs sur la plage de Carras étaient immédiatement transformés en objets du quotidien grâce à l’invention d’un ingénieur à la retraite.
Dans le village, tout le monde connaît Guy Mausy. Cet ancien ingénieur en recherche et développement d’une société de Sophia Antipolis a toujours étonné par ses créations, qu’elles soient mécaniques, à vapeur ou liées aux énergies naturelles.

En 2021, Guy Mausy et Anton Hassoun, chef d’entreprise également engagé et diplômé de l’Edhec, fondent l’association Recyclage sans frontière. Les buts sont clairement définis: collecter et recycler en circuit court, promouvoir cette action auprès des établissements scolaires, associations, collectivités, structures impliquant des personnes défavorisées ou en situation de handicap.

Il a également été le lauréat du récent programme régional Paca Ligth pour son système de gestion des énergies solaires.

Des gobelets en clefs USB
Aujourd’hui âgé de 65 ans et retraité, ce créateur peut désormais s’impliquer totalement dans l’innovation et laisser libre cours à sa fibre écologique.

Dans cette optique, et après de longues recherches, il met au point une machine permettant de recycler le plastique, fléau de notre civilisation. Le but: transformer localement le plastique usagé en objets utiles du quotidien.

Gobelets, sachets ou encore masques de protection à usage unique sont introduits dans l’appareil, puis chauffés à 190°C. Un levier actionné par un piston injecte ensuite la pâte obtenue dans un moule, permettant ainsi d’obtenir la forme définitive de l’objet souhaité. Porte-clés, pince à linge ou clefs USB, tout est (presque) possible.

Un investissement de 500 euros
"On peut leur donner toutes les formes que l’on souhaite", précise l’inventeur, qui espère "qu’un jour chaque foyer en sera équipé", "comme pour les composteurs qui sont de plus en plus répandus".

C’est pourquoi "les plans de la machine sont fournis gratuitement, les pièces en kit ou la machine montée sont vendues à prix coûtant. L’investissement est d’environ 500 euros pour une machine prête à servir."

Au Togo, au Sénégal, à la mairie de Fréjus, à l’école de Saint-Roman-de-Bellet, à la maison d’arrêt de Nice ou encore à la Cité des arts de la Rue de Marseille, la machine baptisée Méd in Nice séduit déjà.

Un petit pas pour la planète, mais également un grand geste de solidarité.

Informations sur le site rsf-asso.fr ou par mail à mausy@free.fr

Les méduses sont de retour: ce chercheur azuréen explique pourquoi les éliminer serait une "catastrophe écologique"

Une méduse, qu’est-ce que c’est?
La méduse appartient au groupe des cnidaires. Des organismes urticants où l’on retrouve aussi les coraux et l’anémone de mer. Ce groupe, qui comprend environ 3.000 espèces, est apparu il y a 600 millions d’années.

Celle qui nous pique étant la pelagia noctiluca?
Oui, quasiment uniquement celle que l’on voit sur nos côtes. On peut la trouver dans de nombreux océans, avec une grande population en Méditerranée, principalement occidentale. En fait, quand on la voit ici, elle ne fait que passer.

Au large de Nice avant d’aller jusqu’en Catalogne et aux Baléares avant de revenir par la Corse et le golfe de Gênes. Une sorte de tour permanent, au gré d’un courant qui la maintient dans cette boucle.

Cette méduse "n’habite" donc pas ici?
Non, elle se laisse porter par les courants en se nourrissant d’un peu de tout. Depuis la larve de poisson jusqu’aux crustacés vivant dans ce qu’on appelle le plancton. En somme, elle mange ce plancton, dont elle fait d’ailleurs partie, c’est-à-dire tous les organismes nageant dans la "colonne d’eau", entre la surface et deux à trois cents mètres de profondeur.

On la voit petite, peut-elle être grosse?
À la naissance, ces méduses font de 1 à 3 mm. Ensuite, elles peuvent aller jusqu’à 30 cm pour les plus grosses. La moyenne étant de 6 à 7 cm. Je parle du diamètre de l’ombrelle. Autrement dit, de la cloche. Les filaments, eux, peuvent atteindre plusieurs mètres.

Filaments redoutables…
Si l’on touche le dessus de la cloche, on n’a aucune réaction urticante. Quand une méduse "pique", c’est principalement pour attraper une proie, la ramener à sa bouche et la digérer.

Chez tous les cnidaires, la technique de chasse consiste à attendre qu’une proie touche les tentacules. Dans ce cas, un processus complexe et extrêmement rapide se met en route et des cellules qu’on appelle cnidocytes, spécialisées dans la production d’une petite capsule urticante, s’activent.

Sous pression, elles explosent, d’une certaine façon, en projetant un filament dans la proie. Ce filament va permettre d’inoculer du venin pour la paralyser. Le problème, avec la pelagia, c’est qu’elle est capable de capturer une grande variété d’organismes, dont de très petits poissons, et que, pour paralyser ces poissons, elle utilise des toxines qui réagissent aussi chez nous.

Ce n’est pas le cas de toutes les méduses?
Non, la nôtre mange de tout, d’ailleurs, au laboratoire, elle réduit en taille si son régime alimentaire n’est pas suffisamment varié. Elle peut détecter que le baigneur est "comestible", puisque la décharge n’est pas automatique lorsque des tentacules se touchent ou entrent en contact avec la paroi d’un aquarium.

Il y a donc une sorte de reconnaissance de ce qui peut être une proie et de ce qui ne l’est pas. Des recherches ont été entreprises pour mettre au point des crèmes empêchant le déclenchement des cellules urticantes. Notamment des crèmes solaires développées par des Israéliens, et qui fonctionnent plutôt bien.

Pourquoi, sur notre peau, une brûlure aussi vive?
C’est le résultat d’un cocktail de toxines pouvant générer de la douleur et, chez certaines autres espèces, de la paralysie. Par exemple, sur la côte est de l’Australie, la "box jellyfish", ou méduse-boîte, mange des poissons assez gros et se révèle capable de tuer un baigneur, rapidement.

Notre pelagia ne le peut pas: avec elle, le problème le plus important, c’est une éventuelle réaction anaphylactique. Une réaction violente du système immunitaire.

Rien de dangereux?
Hormis ce risque de réaction, il peut rester une cicatrice durant une période assez longue si la peau est sensible et si la piqûre s’est produite sur une partie où elle est particulièrement délicate.

Un traitement efficace?
Des pommades fonctionnent bien, contrairement à l’urine, qui relève plutôt de la légende. Une recommandation utile : ne pas nettoyer la peau à l’eau douce, ce qui aurait pour effet d’activer les capsules qui n’auraient pas encore "explosé". Donc, laver à l’eau de mer.

En essayant de retirer les tentacules qui pourraient rester accrochés et décharger d’autres substances. Ce qui ne marche pas si mal, c’est la mousse à raser, qui empêche le contact, une carte de crédit permettant de retirer les filaments relativement facilement. Enfin, sur la brûlure, la biafine est intéressante.

Comment détecter la présence et la circulation des méduses?
Au large de Nice, encore une fois, ces méduses passent en permanence dans le courant ligure et il est possible d’en trouver à tout moment de l’année. Ce qui est clair, c’est que l’on voit une augmentation de la population au printemps, où la nourriture est plus abondante. Cette population décroît au fil de l’été.

Quant à la présence ou non sur le littoral, elle est principalement due au courant et au vent. Si celui-ci souffle vers le sud/sud-est, il pousse les méduses vers la côte. La courantologie et le régime des vents sont donc deux paramètres précieux pour anticiper les mouvements.

Barrages et filets sont-ils efficaces? Ou faut-il éradiquer les méduses?
Les filets, pourquoi pas ? Mais la logistique est assez lourde. Éliminer les méduses, non, ce serait une catastrophe écologique. Elles ont un rôle important dans la chaîne alimentaire. D’abord, elles régulent le plancton.

Ensuite, de nombreux poissons s’en nourrissent. Et, si elles sont presque les seules sur nos côtes, ce ne sont pas les seules méduses de Méditerranée. Donc, s’en débarrasser, je n’ai pas ce point de vue, même si c’est embêtant pour le baigneur. Le préjudice, sur le plan touristique, est indéniable, mais la pelagia noctiluca a vraiment un rôle à jouer.

*Entretien réalisé et paru en juin 2020