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Toute habitation émet des gaz à effet de serre. Non seulement pendant son usage, mais aussi à sa construction. "Pendant un chantier, c’est la totalité de l’énergie primaire nécessaire à la production et l’acheminement des matériaux de construction qui est en jeu, écrivent les experts du Grec, le groupe sur le climat en Paca, déclinaison régionale du Giec. La solution est de privilégier les matériaux bio-sourcés ou à faible énergie grise (1)."
Ce constat est aussi le point de départ d’un Varois passionné, qui a poussé la démarche au point de rénover, à partir de matières premières "les plus locales possible", une vieille bâtisse en pierre, dans le golfe de Saint-Tropez. Son "idée de base est d’avoir une climatisation naturelle en été et des murs très isolés en hiver".
André a aimé le principe "de se débrouiller avec ce qu’on peut trouver à proximité", ce qui a commencé par des troncs achetés à l’Office national des forêts. Pas forcément un mauvais calcul, car "le bois a pris un tel coût" dans les filières traditionnelles. La charpente est en sapin varois, le sous-sol comblé de pierres extraites d’une carrière toute proche. Et il se sert aussi des qualités isolantes et hydrofuges d’un béton "chaux-liège".
Projet de coopérative
Ce qu’a fait André n’est pas à la portée de tout le monde: ramasser du liège sur son terrain, faire venir une broyeuse, pour monter un gros tas très léger. "Nous avons fait 5 m3 en une journée, c’était facile." C’est même lui qui a fait tourner la bétonnière pour obtenir cette pâte grumeleuse qui a durci comme n’importe quel béton. Surprise, quand on se saisit d’un bloc, on croit avoir la force d’Obélix.
Cette démarche de puriste est rare, mais il existe une volonté de recréer une filière dans la forêt varoise. Le principe est de créer une coopérative pour stocker des matériaux, bois, liège, et les rendre disponibles auprès des chantiers. "Ce sont les projets qui font les filières, observe Loïc Frayssinet, consultant en thermique du bâtiment dans l’association Permabitat. Les gens ne sont pas forcément conscients qu’il y a d’autres possibilités. Surtout dans la rénovation thermique."
Si des artisans se montrent intéressés, il reste complexe de passer le pas. "Notre démarche est de former les professionnels, pour essayer de les aider à s’emparer de ces techniques."
Et puis il y a aussi la terre crue: "Quasiment toute la terre du Var est utilisable". Chez André, ce sera son enduit extérieur, avec une terre argileuse qu’il prévoit de chercher dans le Haut-Var.