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Alimentation, tabac, hygiène bucco-dentaire ou simplement érosion de l’émail avec l’âge... il arrive que les dents jaunissent ou ternissent avec le temps.
Dans un monde où le sourire est souvent synonyme de confiance et d’attrait, le "blanchiment" des dents est devenu une méthode tendance.
Mais attention, ce n’est pas aussi simple que d’ouvrir un tube de dentifrice! Entre les techniques des professionnels et les promesses alléchantes des réseaux sociaux, il est essentiel de s’y retrouver.
Quelles techniques les dentistes utilisent-ils vraiment? Existe-t-il des contre-indications? On fait le point avec le Dr Ludovic Barbry, chirurgien-dentiste et président du conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes du 06.
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On parle d’éclaircissement plutôt que de blanchiment
Tout d’abord, il vaut mieux parler d’éclaircissement des dents que de blanchiment. "L’ultra blanc n’existe pas. Ainsi, la technique d’éclaircissement utilisée par les dentistes vise à réduire les taches et des pigments accumulés sur l’émail afin de retrouver une couleur plus claire. Il n’est donc pas question d’opérer une transformation radicale de la couleur des dents. Une personne qui souhaite opter pour cette méthode doit se préparer à un résultat qui correspondra en réalité à sa teinte d’origine", prévient le Dr Ludovic Barbry. -
Avant le traitement, un bilan dentaire est essentiel
Avant toute procédure d’éclaircissement dentaire, un point avec un professionnel est indispensable afin de s’assurer qu’aucune infection ou inflammation n’est présente.
"Il y a également des cas ou l’éclaircissement n’est pas si simple. Par exemple, il faut savoir que des couronnes dentaires ne peuvent pas être blanchies. Dans ce cas, le patient doit être conscient que les implants et autres prothèses conditionneront le changement de couleur possible."
- Une méthode avec des gouttières sur mesure
Les chirurgiens-dentistes utilisent deux méthodes principales pour éclaircir les dents. Tout d’abord les gouttières sur-mesure. "Fabriquées pour s’adapter à la dentition du patient, elles permettent d’appliquer un produit blanchissant, à base de peroxyde d’hydrogène. Grâce à un petit espaceur sur les gouttières, le gel pénètre l’émail plus facilement."
Le dispositif se porte la nuit et le traitement dure entre 4 jours et une semaine. "Certaines personnes peuvent ressentir une sensibilité accrue au froid durant le traitement, un effet temporaire mais parfois inconfortable."
Très efficace, cette méthode s’estompe néanmoins avec le temps. "En moyenne, l’éclaircissement dure deux ans, mais cela dépend des habitudes de vie du patient; boire par exemple régulièrement du café ou du thé peut ternir la dent plus rapidement."
- Une technique spécifique pour les dents dévitalisées
Deuxième option: l’éclaircissement interne. "Cette méthode est réservée aux dents dévitalisées (1) qui peuvent changer de couleur et foncer après un choc ou un traitement et nuire à l’esthétique du sourire."
Dans ce cas précis, la technique consiste à appliquer un produit à base de peroxyde d’hydrogène directement dans la dent afin de l’éclaircir, puis à sceller l’accès avec un matériau de remplissage définitif (comme la résine composite) pour empêcher toute infiltration de bactéries ou de substances colorantes à venir.
"Le blanchiment interne peut parfois être insuffisant suivant la coloration de départ et la récidive est assez rare."
- Une dent dévitalisée est une dent qui a subi une intervention chirurgicale à la suite d’une carie profonde ou d’une infection de la dent.
Bicarbonate de soude, dentifrice... quelle efficacité?
Avant de réaliser un blanchiment dentaire, de nombreuses personnes se tournent vers les dentifrices "blanchissants" afin de retrouver un sourire plus brillant.
"Ces dentifrices permettent de prolonger l’effet d’un détartrage polissage au cabinet dentaire, mais ils ne feront pas mieux: aucune pâte ne peut éclaircir la couleur des dents."
D’autres se brossent avec du bicarbonate de soude (également appelé bicarbonate de sodium), car il est présenté comme un moyen efficace de blanchir les dents.
"En effet, le bicarbonate peut avoir un effet nettoyant antitache mais attention, en cas d’utilisation fréquente et en fonction du produit utilisé et de sa composition, il risque d’avoir une fonction abrasive et d’abîmer l’émail des dents. Il vaut mieux demander conseil à un dentiste avant d’utiliser un produit à base de bicarbonate de soude."
Gare aux dérives sur Internet
Les kits en vente libre: sur Internet, des kits de blanchiment des dents sont en vente libre et promettent un sourire de star en quelques minutes. Mais attention, ces produits sont souvent inefficaces car ne dépassant pas 0,1% de peroxyde d’hydrogène dans leur composition. "Les chirurgiens-dentistes disposent de gels concentrés à 6%. Une différence qui explique que seuls les traitements effectués en cabinet dentaire ont une réelle efficacité sur la durée." Loin d’être inoffensives, ces kits de blanchiment peuvent également être dangereux car mal dosés. "A contrario, une concentration trop importante de peroxyde d’hydrogène peut entraîner un risque de brûlures et de lésions dentaires."
La méthode "dent de requin": le sourire "blanc lavabo" qui fait fureur sur les réseaux sociaux n’est pas le résultat d’un éclaircissement des dents mais d’une technique dangereuse et que l’on appelle la tendance "dent de requin". "Cela consiste à se limer les dents à l’extrême pour y poser des facettes (technique de restauration partielle qui prend la forme d’une fine lamelle, Ndlr) et avoir les dents blanches et bien alignées. Cette méthode est très dangereuse; limer une dent saine peut avoir les conséquences catastrophiques."
Beaucoup l’ignorent sûrement mais les maladies bucco-dentaires peuvent contribuer à la survenue de pathologies comme le diabète, une maladie cardiovasculaire, la polyarthrite rhumatoïde, voire provoquer un accouchement prématuré.
À l’opposé, lorsqu’une pathologie bucco-dentaire survient en dehors de tout problème d’hygiène bucco-dentaire, "s’interroger sur sa cause permet parfois de dépister un problème de santé plus général", alerte le Dr Jennifer Dorigny, chirurgienne-dentiste, membre de l’association Naturebiodental, qui milite pour une prise en charge globale et naturelle de la santé bucco-dentaire. Elle explique comment la santé de notre bouche peut influencer notre santé tout court. Et vice-versa.
Hygiène défectueuse, conséquences désastreuses
Une mauvaise hygiène bucco-dentaire est connue pour provoquer des problèmes comme des caries et des maladies de gencives. "Lorsque celles-ci ne sont pas prises en charge assez tôt, le risque est une détérioration irréversible de la dentition (déchaussement d’une dent, destruction de l’émail et la dentine, etc.). Les bactéries responsables de la plaque dentaire peuvent s’accumuler et causer un déséquilibre microbiotique responsable de maladies parodontales (la gingivite et la parodontite ) ou d’une maladie carieuse."
À terme, ces pathologies menacent de détériorer l’os, les bactéries peuvent alors s’infiltrer dans le sang et favoriser la survenue de divers problèmes de santé: diabète, maladies cardiovasculaires, polyarthrite rhumatoïde...
Un signal d’alarme
Et l’inverse est aussi vrai. "Certains patients présentent des pathologies dentaires disproportionnées par rapport à ce que laisse supposer leur hygiène dentaire, introduit le Dr Dorigny. Il peut être utile, dès lors qu’on est face à une maladie parodontale avec une atteinte de l’os, ou à une multiplication soudaine et inexpliquée des caries, de prescrire une prise de sang pour comprendre l’origine du problème. Il est pratiquement toujours le reflet d’une pathologie plus générale du type hyperthyroïdie, hypothyroïdie, voire prédiabète (cette liste n’étant pas exhaustive), ou a minima d’une carence en vitamine D, en calcium, en phosphore ou encore en protéines de structure."
Il s’agit dès lors de travailler à la fois sur l’assainissement bucco-dentaire et sur la cause de la pathologie dentaire. "Selon le type d’anomalie révélée par la prise de sang, on renvoie le patient vers son médecin traitant ou vers un nutritionniste ou un micro-nutritionniste. L’objectif est à la fois d’éviter la récidive des pathologies bucco-dentaires et de prévenir, ou de traiter, une pathologie plus générale."
- La gingivite est une inflammation de la gencive; la parodontite une inflammation et une infection des tissus de soutien des dents, dont l’os.