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Si la fougasse est attribuée à la Provence, la fougassette est sans nul doute une spécialité azuréenne. A Grasse, la Maison Venturini en a fait sa spécialité.
Fougasse et Fougassette : La même chose ?
Les garants de notre patrimoine culinaire sauront facilement vous dire non pour au moins 2 raisons : La fougasse est revendiquée par les provençaux, et la fougassette par les azuréens. Autre distinction plus évidente : la première est salée, et la seconde sucrée.
On notera enfin que dans l'ordre chronologique, c'est la fougasse qui est arrivée en premier. Un pain ovale qui permettait aux boulangers de vérifier la chaleur de leurs fours.
Mais la fougassette, c'est depuis toujours la spécialité de la Maison Venturini, à Grasse. Véritable institution qui fête cette année son centenaire (née en 1923), elle garde le même savoir-faire, et les mêmes ingrédients.
Farine
Oeufs
Sucre
Sel
Huile d'olive
Et l'ingrédient essentiel : La fleur d'oranger, que l'on peut facilement récolter à Grasse, Vallauris, Bar sur Loup ou au Cap d'Antibes.
Une spécialité bénie
Pour la petite histoire, la fougassette est une brioche qui contient 7 trous...Et ce n'est pas un hasard ! Thierry Venturini, arrière petit-fils de Galiléo Venturini (créateur de la Maison éponyme) nous raconte qu'elle a une connotation religieuse :
"Cette tradition représente le visage du Christ. Traditionnellement à Noël, on allait à la cathédrale la faire bénir, on la rompait et on la distribuait aux fidèles. Et on disait que si on le coupait au couteau, on était ruiné l'année qui suivait"
Où trouver la fougassette de Grasse ?
La Maison Venturini met en vente ses fougassettes et autres spécialités le mercredi au marché provençal de Grasse, le samedi à celui de Saint-Cézaire-sur-Siagne, et directement en boutique au 1, rue Marcel Journet à Grasse.
La tradition Campanaire réside autour du son des cloches dans les vallées maralpines. Les cloches dans un village racontent des histoires et transmettent les informations, quelles qu'elles soient. Notre Nissart, Patrice Arnaudo nous le raconte.
Il y a certaines traditions dans nos vallées qui perdurent. C'est le cas de "Li campana", et des sonneurs de cloches. Chaque cloche et le son qui l'accompagne, racontent une histoire, transmettent des informations. Elles peuvent annoncer les différents événements de la vie, comme un mariage ou un décès, la venue au monde d'un bébé, et même son sexe, voir même vous avertir si le bébé est issu d'une famille riche ou pauvre.
« Li campana. Lou medià dei campagna. Internet avant l'oura »
Dans nos vallées ; les cloches annonçaient en effet un tas d'évènements, « ma poudìon tamben anounçà de catastrofa couma la guerra o lou fuèc ». À la manière de nos sirènes en ville, les cloches annonçaient également les aléas, comme les inondations ou les incendies, voir l'arrivée imminente de la guerre.
La vallée où la tradition est la plus vivace reste la Vésubie
La Vésubie reste porte-étendard de cette tradition campanaire. Belvédère est LA capitale musicale du haut-pays niçois, a tel point que le village comptait bon nombre d'hymnes en son honneur. Jean Laurenti, qui nous a quitté, était le doyen mais aussi « lou mestre campanaire », le mettre des cloches. Heureusement pour la culture, la tradition, notre histoire, son petit-fils maintient ce savoir-faire dans la Vésubie. Fort heureusement, la musique et le bruit des cloches n'ont pas fini d'accompagner la vie des habitants
Dans le Haut-Pays, les habitants de Saint-Martin-Vésubie récupèrent l’eau de la rivière pour arroser leur jardin grâce à la centaine de canaux qui irriguent la Vallée. Un système séculaire qui permet de préserver les ressources en eau potable, éviter les pertes tout en sensibilisant les habitants à l’heure où la sécheresse menace.
"Ecoutez, rien que le bruit est vital."
Le visage de Joël Savier se fend d’un large sourire alors que Eric Gili hisse la martelière, la petite vanne de métal qui empêche l’eau de s’engouffrer dans le canal.
L’eau s’échappe dans un flot puissant et se met à ruisseler rapidement le long du canal.
Les deux hommes, Saint-Martinois, font partie de l’ASA (association syndicale autorisée) du canal de Nantelle, chargée de l’entretien et de l’exploitation du réseau de canaux éponyme qui parcourt toute la vallée de la Vésubie.
En tout, 80 hectares de parcelles irriguées par tout un maillage de canaux qui jouent à cache-cache avec la ville et la végétation, repérables le long de la route principale, au détour d’un jardin, ou encore au creux des bois.
Un système ingénieux qui remonte au XIIIe siècle et dont, presque 700 ans plus tard, à l’heure des alertes sécheresse à répétition, l’utilité ne se dément pas.
L’ASA du canal de Nantelle couvre "2,5 kilomètres de canaux secondaires dont profitent les 140 adhérents, tous propriétaires de terrains desservis", souligne Eric Gili.
Mais ce n’est qu’une partie des 71 canaux qui irriguent la Vallée. “Ce n’est pas pour rien qu’on surnomme la Vésubie, la petite Suisse“, sourit Eric Gili en embrassant le vallon verdoyant du regard.
Cette eau, non potable et non traitée, permet aux habitants d’arroser régulièrement leurs parcelles sans puiser dans les réserves d’eau potable de la ville.
L’eau est déviée de la Vésubie. Au milieu de la caillasse, triste vestige de la tempête Alex, qui borde le cours d’eau, un tuyau noir a été installé, pour récupérer le flot de la rivière.
"La tempête a détruit une bonne partie des installations et le premier été qui a suivi la catastrophe, les canaux n’ont pas fonctionné", soupire Eric Gili.
Aujourd'hui, les adhérents peuvent irriguer leur terrain une fois par semaine, à des horaires déterminés par l’association. "C’est ce que l’on appelle le droit d’eau, explique Eric Gili. Pour un hectare, par exemple, j’ai 2 heures d’eau le vendredi." Chaque adhérent ouvre les vannes à l'heure voulue.
En contrepartie, les adhérents s’acquittent d’une cotisation annuelle de 40 euros. Ceux qui le souhaitent peuvent aussi dédier une demi-journée de corvée d’entretien par an ou alors s’acquitter d’une taxe de 20 euros.
"Pour ma part, utiliser l’eau du canal représente une économie de 60 euros par an", calcule Joël Savier.
Eric Gili va plus loin : "Pour une saison d’arrosage, j’utilise environ 240m3. Si je devais arroser mon jardin avec de l’eau potable, cela me reviendrait à 456 euros par an."
Une économie de taille quand on pense aux 40 euros de cotisation annuelle versée à l’ASA.
Mais l’économie ne se fait pas qu’au niveau du porte-monnaie. "En utilisant une eau non-traitée, nous ne pesons pas sur les réserves d’eau potable de la ville, ni sur les infrastructures nécessaires à son traitement", poursuit Joël Savier.
Un gain d’autant plus précieux quand on sait que la population de Saint-Martin-Vésubie, où de nombreux habitants du littoral possèdent une résidence secondaire, est multipliée par huit en période estivale.
L’arrière-pays est particulièrement vulnérable face au risque de sécheresse.
Interviewé dans le teaser du dossier, Philippe Gourbesville, hydrologue à l’université de Nice expliquait : "Sur le littoral, les villes sont connectées entre elles, elles peuvent transvaser leurs ressources. C’est plus difficile pour les communes du haut et moyen pays car les montagnes qui les séparent rendent plus difficile la liaison entre elles."
A défaut d’une mise en commun entre les villes, c’est à l’échelle des habitants que la réflexion sur le partage de la ressource en eau s’est imposée.
Ce sont les compteurs d’eau imposés par l’Union européenne qui ont fait l’effet d’une décharge électrique.
"Quand ils ont été installés, les gens ont commencé à se rendre compte de ce qu’ils consommaient et de ce que ça leur coûtait, constate Eric Gili. Cela a redonné de la valeur au canal."
Entre les prélèvements d’EDF et le changement climatique qui affecte la ressource en eau, la question de la préservation s’est imposée aux habitants de la Vésubie.
"Comment la gérer au mieux?", poursuit Joël Savier.
Le grand avantage des canaux, c’est qu’ils permettent une irrigation des plantes par immersion", explique Eric Gili qui cultive également un potager aux pieds des montagnes.
Il poursuit : "Cela évite une évaporation et c’est mieux pour les plantes qu’un arrosage classique au goutte-à-goutte ou par en haut qui risque d’entraîner des brûlures sur les feuilles."
Pour économiser l’eau, Eric Gili n’a pas hésité à repenser ses plantations. "J’ai éloigné les oignons moins gourmands en eau de la rigole où passe l’eau et remonté les pommes de terre."
Le canal des arrosants a également une vertu invisible. Celle de rassembler les habitants de la Vallée autour de la gestion de l’eau.
"Sans elle, la Vésubie ne serait pas ce qu’elle est avec son paysage vert qui nous est si cher", explique Eric Gili. S’occuper des canaux n’a rien d’anodin.
"Tout cela encourage à repenser le territoire, les plantations, à prendre en compte la nature des sols", explique Eric Gili en regardant l’eau couler dans le sillon tracé entre les légumes et s’infiltrer sous le feuillage vert des pommes de terre ou des courges de Fontan.
Un peu plus loin, des framboisiers brûlés par le soleil rappellent la sécheresse post-Alex, quand les infrastructures, détruites par la tempête, n'étaient plus en mesure de diffuser l'eau.
Joël Savier renchérit : "[Avec le canal], on perpétue les traditions et la convivialité entre les habitants de la zone, nos voisins proches et plus éloignés. L'eau nous rassemble aussi."