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Publié le 03 novembre 2021 à 08h13
Par La rédaction
L’ouverture à la concurrence dans le transport ferroviaire s’est concrétisée. Le premier train Transdev circulera en 2025 sur la ligne Marseille-Toulon-Nice. La SNCF garde la main sur les dessertes Les Arcs-Vintimille, Cannes-Grasse et Nice-Tende.
Annoncée en septembre, confirmée jeudi dernier par le vote des élus de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur réunis en assemblée plénière, la société Transdev fait une entrée remarquée en France dans le transport ferroviaire de voyageurs. Une grande première très observée et qui doit réussir, a insisté Renaud Muselier.
Avant de présenter plus en détail l’offre qui a séduit la collectivité, Thierry Mallet, président du groupe Transdev, a salué "l’audace de Renaud Muselier pour cette ouverture à la concurrence alors que le marché était fermé depuis 85 ans". On vous explique ce qu’il faut en attendre.
Avec l’ouverture à la concurrence, paiera-t-on moins cher son billet de TER?
"Non. Il n’y aura pas d’impact sur le prix des billets", a déclaré Renaud Muselier. Avant de préciser: "Les abonnements seront au même prix qu’aujourd’hui. Les billets unitaires seront, eux, plus chers. Notre objectif, dans le cadre d’une COP d’avance, étant que de plus en plus de personnes prennent le train au lieu de leurs voitures. Cela passe par une meilleure qualité de service avec des trains neufs, climatisés, plus fréquents et qui arrivent à l’heure." Thierry Mallet, le président du groupe Transdev, renchérit: "Aujourd’hui on prend les transports publics non pas parce que ce n’est pas cher, mais parce que c’est efficace. L’enjeu du transport public n’est pas son prix, mais la qualité de service qu’il propose."
En termes de qualité de service, quelles sont les améliorations que va apporter Transdev?
En termes de fréquence des trains, le nombre d’allers et retours quotidiens entre Marseille et Nice va passer de 7 aujourd’hui à 14, entre 6h et 22h, à partir de juillet 2025, date du début d’exploitation de la ligne dite "métropoles" par Transdev. Les objectifs en matière de ponctualité sont également revus à la hausse. Alors que 93% des trains arrivent à l’heure aujourd’hui, Transdev s’engage à "une baisse significative des retards de 40%".
L’objectif de 97,5% de trains à l’heure apparaît même sur les documents remis hier lors de la conférence de presse. Quant aux trains supprimés, leur taux acceptable a été fixé à 0,25%. Thierry Mallet précise que "si un problème sur la ligne survient, nous pourrons garantir une substitution routière grâce à notre implantation locale". En cas de non-respect du cahier des charges, "des pénalités sont prévues", a confirmé Renaud Muselier, tout en espérant "ne pas avoir à les appliquer".
Avec le changement d’opérateur, les trains seront-ils modernisés?
Oui, seize rames neuves ont déjà été commandées au constructeur Omneo Bombardier. Mais leur design ne sera révélé qu’en mars prochain. D’une capacité de 450 passagers et douze emplacements vélo chacune, équipées de prises électriques et proposant du wifi, ces nouvelles rames devraient avantageusement remplacer les neuf trains Corail qui circulent généralement sur cette ligne aujourd’hui.
Un petit film présenté jeudi précise même que des bornes à bord permettront de valider son voyage. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de contrôleur. Au sujet de la fraude, et plus généralement de la sécurité, le président du groupe Transdev déclare: "Il y aura un agent dans toutes les rames qui circulent et une patrouille dans une rame sur trois." L’objectif affiché par la Région est de faire baisser le taux de fraude de 12% à 6% à l’horizon 2035.
Transdev a-t-il l’expérience du ferroviaire pour tenir ses engagements?
Pour ceux qui douteraient de l’expérience de Transdev en matière de transport ferroviaire, qu’ils se rassurent, la société française n’est pas une néophyte en la matière. "Cela fait 25 ans que nous sommes acteurs dans le secteur. Nous opérons plus de 70 lignes dans 5 pays (Suède, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande…) et transportons 180 millions de passagers par an", insiste Thierry Mallet. Ce dernier fait également remarquer que Transdev Sud est déjà présent dans la région, où elle opère quelque 2.000 cars et bus.
Cette ouverture à la concurrence marque-t-elle le début d’une privatisation du rail?
Vice-président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en charge des transports et de la mobilité durable, Jean-Pierre Serrus s’inscrit en faux: "La Région reste l’autorité organisatrice. C’est elle qui continuera de fixer les tarifs, les horaires. Le fait que la Région investisse dans de nouvelles rames est au contraire un acte fort du renforcement de ce service public. Le seul changement, c’est l’opérateur."
La SNCF réagit
Invité mardi matin à l’Hôtel de Région pour présenter l’offre de la SNCF retenue sur les lignes Cannes-Grasse, Les Arcs-Vintimille et Nice-Tende, Christophe Fanichet, P.-D.G. de SNCF Voyageurs n’a pas caché sa "tristesse d’avoir perdu le lot numéro 1" correspondant à la ligne reliant Marseille, Toulon et Nice. Avant d’enchaîner sur une note plus optimiste: "Avoir gagné le lot numéro 2 est le meilleur témoignage de la crédibilité d’un candidat solide, qui a su se remettre en question."
Et justement, ce n’est pas parce que l’opérateur ne change pas que le service proposé sur ces lignes qui desservent majoritairement les Alpes-Maritimes va rester identique. Mettant "la performance au cœur de notre offre opérationnelle, économique et écologique", ce que les cheminots appellent "l’étoile ferroviaire de Nice" va connaître un "bond en avant", a affirmé Christophe Fanichet. Avec notamment la construction d’un "véritable réseau express azuréen".
Neutralité carbone à l’horizon 2025
Dans le détail, ce RER proposera un train tous les quarts d’heure entre Cannes et Menton. Pour l’ensemble des lignes du lot, la SNCF mettra en circulation 75% de trains supplémentaires à compter de décembre 2024. Se félicitant de la part grandissante du ferroviaire, Christophe Fanichet ambitionne d’augmenter de 50% le nombre de passagers sur ces lignes opérées par la SNCF d’ici à la fin de la nouvelle concession.
Pour ce faire, il entend encore améliorer la ponctualité des trains en la poussant à 98,5%, soit 1,5 point de mieux qu’aujourd’hui. Avec l’aide de la Région, les rames seront également rénovées. Quant à la sûreté, les agents de la Suge, la police ferroviaire de la SNCF, effectueront 79.000 heures spécifiquement sur ces lignes.
Enfin, parce que les questions environnementales sont au cœur des préoccupations actuelles, la SNCF affirme vouloir atteindre la neutralité carbone dès 2025, notamment "grâce à des trains qui consomment moins, à l’achat d’éco-carburant ou d’électricité solaire, et à l’éco-conception du futur atelier de maintenance de Nice", martèle Christophe Fanichet.