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que ça vaut le coup!"
Hélas, Montana a vieilli et à l’heure de la retraite, il a fallu songer à le remplacer. En juin dernier, le loup gris est mort, juste avant de lui trouver un successeur dans un parc animalier de Normandie.
Pas l’un sans l’autre
"On devait récupérer un bébé, autorisé, mais comme il n’y avait plus Montana, on nous en a confié un deuxième."
Voilà des semaines que ces deux-là grandissent et vaquent ensemble. Jouent avec des "doudous" en peluche et se nourrissent de poulet. Se baignent dans la fontaine du jardin, avec chacun son transat préféré au bord de la piscine. "Dans cinq mois, l’imprégnation avec l’homme est finie, et on peut commencer les recherches dans 8 à 9 mois. Mais il faut arrêter de les stresser!, plaide Daniel. Et si on nous les prend, même si on nous les redonne après, c’est foutu, on ne pourra plus rien en tirer!"
Car c’est bien la menace qui pèse aujourd’hui. La DDPP (Direction départementale de protection animale), sous autorité préfectorale, conteste aujourd’hui le droit du couple à garder ces deux loups. (voir encadré)
Selon Daniel, ce serait la mort programmée de Toundra et Alaska. "Celui qui sera remis dans un parc ne sera plus accepté par sa meute qui va le tuer, tandis que celui qui restera, esseulé, risque de se laisser partir."
Pour lui, difficile d’imaginer qu’à Mouans-Sartoux, le loup n’y sera plus…
Les inspecteurs ont tiqué sur tout et n’importe quoi!"
"Pour nous, le loup n’a jamais été un phénomène de mode, un animal totem, une jolie photo de papier glacé que l’on exhibe, et encore moins un animal de compagnie. cela fait trente ans que l’on s’évertue à faire de cet animal, au passé sulfureux, un animal de recherche utilitaire, affirme Joëlle Hirsch. Tout ce qu’on veut aujourd’hui; c’est conserver nos deux petits loups et les faire grandir dans la tranquillité."
Et pourtant, ce droit autrefois accordé leur est aujourd’hui contesté par la DDPP (Direction départementale de protection animale). En juin, une première visite d’inspection avait conclu que les lieux n’étaient pas conformes à l’élevage de ces deux loups.
"Ils ont tiqué sur les clôtures, pas assez solides selon eux, sur notre enclos de 78 m2, sur le fait qu’ils pouvaient grimper à un arbre pour s’échapper, alors qu’en trente ans, on n’a jamais connu d’évasion, bref, sur tout et n’importe quoi, s’emporte Daniel. Néanmoins, on a tout rectifié, on a consolidé les clôtures avec du béton aux pieds, on a augmenté l’électrification, et alors qu’on avait obtenu l’autorisation pour un loup de plus avec Montana, aujourd’hui, on nous somme de choisir entre Alaska ou Toundra!"
Après une contre-visite en août, "un courrier émis par la DDPP le 18 août constate encore des manquements à la réglementation et met en demeure le couple Hirsch, sous quinze jours, "de détenir un seul et unique loup, en favorisant les expressions comportementales naturelles et en évitant l’imprégnation par l’homme, en sécurisant la clôture secondaire et en supprimant toute installation susceptible de favoriser une évasion"."
Une décision que contestent évidemment les intéressés. Outre leur résistance administrative via leur avocat, les époux Hirsch ont lancé une pétition qui, ce lundi matin, approchait les 25.000 signatures.
Suite Nouvel Article Janvier 2023 "C'est un vrai déchirement": plus de 100 personnes mobilisées pour les deux loups enlevés par l'Etat à Mouans-Sartoux
Plus de cent manifestants sont venus soutenir les maîtres des deux louveteaux, Toundra et Alaska. Enlevés la semaine dernière par les services de l’État, les jeunes loups étaient formés par les époux Hirsch pour la recherche de personnes disparues.
"C’est un vrai déchirement, déclarait le maire, Pierre Aschieri. On s’attend à plus de bienveillance des services de l’État [...] On voulait avant tout vous exprimer tout notre soutien inconditionnel, notre amitié."
Âgés de 9 mois, Toundra et Alaska commençaient à faire un peu partie du paysage mouansois. Certains ont eu la chance de les approcher, de les caresser.
"Je vous dis merci de mieux nous avoir fait connaître et appréhender les loups, ajoutait le maire, et on aimerait que cette histoire continue avec Mouans-Sartoux."
Daniel Hirsch a remercié avec émotion les manifestants. "Je ne sais pas si on récupérera nos bébés mais on se souviendra de vous, affirmait-il. On est un peu choqué. On n’a pas l’habitude d’être traité comme des vauriens, on n’est pas des criminels. Notre but n’était pas de détenir des animaux pour faire les malins, mais de faire de la recherche de personnes disparues."
Une activité que les époux Hirsch ont pratiquée avec Montana, leur précédent loup. "On estime qu’il avait 800 fois plus de flair qu’un chien, estimait le propriétaire. Les louveteaux sont des loups arctiques, ils ont les poils creux, les pattes palmées et 1.200 fois plus de flair qu’un malinois."
Depuis leur arrivée dans leur foyer, les loups se sont familiarisés avec les hommes. "Nos animaux étaient arrivés à un degré de 80% de sociabilité", témoignait Daniel Hirsch.
"On s’est permis de se promener en ville, partout, tout allait bien, dans le meilleur des mondes. [...] On ne veut pas nous dire où sont nos bébés. [...] S’ils ne sont plus avec nous, peut-être qu’ils ne nous reconnaîtront même plus. Pourquoi empêcher les gens d’être sauvés par un loup, pourquoi?"
Pour les époux Hirsch, les loups ne sont pas dangereux. "Ils sont tout le temps en notre présence. Ils sont munis de balise GPS et Bluetooth. Ma femme les nourrit à la main. Ils ne vont pas être agressifs. Ils ne se sauvent pas parce que c’est chez eux. [...] Rendez-nous nos loups!"
Ils ont dit
Laurence, assistante vétérinaire à la Clinique des Gourettes: "Quand les petits loups sont arrivés, ils étaient peureux mais jamais une once d’agressivité. Je les ai eus dans les bras, ils se laissent caresser. Ils sont comme des chiens dans la maison de leurs maîtres, leurs parents. Il n’y a pas de danger pour la population. Je suis écœuré qu’on s’en prenne à ces deux louveteaux alors qu’il y a tellement d’animaux maltraités et qu’on laisse mourir. Eux sont des animaux bien traités et bien dans leur tête. Ils se sont vite adaptés. Ce sont deux super personnes et deux super loups".
Pierre, voisin de Joëlle et Daniel Hirsch: "Ce sont nos voisins depuis 32 ans. On n’a jamais eu de problème avec eux. Par contre on a des problèmes avec des chiens. Leurs loups ont toujours été formidables. Souvent ils se promènent avec, on les caresse, ils sont très très dociles. Ils avaient un premier loup appelé Montana. On n’a jamais eu de problème. Ils sont plutôt craintifs et ils sont toujours à l’écoute de leurs maîtres. Il n’y a aucun risque".
Suite Nouvel Article Mars 2023 https://www.nicematin.com/animaux/loups-enleves-par-letat-a-mouans-sartoux-le-jugement-des-epoux-hirsch-attendu-en-avril-833368
Et pourtant, les Hirsch ne comparaissent pas en tant que victimes, mais bien comme prévenus. D’un point de vue purement administratif, pour détention illégale d’animaux sauvages et non conformité aux conditions de leur détention.
Car si Daniel et Joëlle sont chacun titulaires d’un certificat de capacité, l’autorisation d’ouvrir un établissement d’élevage n’est valable que pour un seul loup, selon la DDPP (Direction départementale de protection des populations). Deux visites effectuées à l’été 2022 ont aussi relevé des manquements aux conditions de détention, avec risques d’évasion. Mais selon l’inspecteur de l’OFB (Office français de la biodiversité), le bât blesse aussi d’un point de vue juridico-éthique.
"En trente ans d’inspection, c’est la première fois que je vois ça: des particuliers qui détiennent ainsi une espèce sauvage et dangereuse", témoigne le policier de l’environnement, en expliquant qu’Alaska et Toundra, loin de se tenir dans un enclos, vaquaient à leur guise chez les Hirsch. Au point de dormir au pied du lit, avec leurs doudous!
"Ne se domestique pas très bien"
Les mâles étaient également sortis pour des séances ludiques d’entraînement, auxquelles étaient conviés les citoyens de Mouans-Sartoux. Beaucoup, maire en tête, soutiennent d’ailleurs le couple.
"En réalité, le loup ne se domestique pas très bien, il ne doit pas avoir de doudou! Ça reste un animal sauvage, pour lequel l’imprégnation humaine est interdite car si on diminue sa peur ancestrale de l’homme, il risque d’aller plus facilement à son contact", prévient encore le fonctionnaire.
Un péril qu’Alain Guibard, procureur adjoint, pointe avec plus de sévérité: "Personne ne conteste leur amour des animaux, mais les Hirsch sont dans l’erreur depuis trente ans. La protection de l’animal sauvage, ce n’est pas aimer un loup comme un chien, pour le plaisir et les besoins de l’homme."
Et de requérir 1.000 euros d’amende à l’encontre des Hirsch, la confiscation définitive des loups blancs ainsi que la fermeture de leur établissement d’élevage.
"SVP, rendez-leur Toundra et Alaska!"
Pour leur défense, Me Petra Lavie, aux accents tragédiens d’une pasionaria de la cause animale, plaide "un amour absolu pour Toundra et Alaska". Relève "qu’il n’y a jamais eu d’incident concernant les loups des Hirsch depuis trente ans". Et compile nombre d’attestations (élus, vétérinaire, pompier, policier…) en leur faveur. Avec cette dernière supplique: "Les loups, traités avec amour, sont devenus les meilleurs amis de l’homme: des chiens. Alors, s’il vous plaît, rendez leur Toundra et Alaska!"
Reste à savoir si le tribunal peut accepter de les considérer comme des toutous. Jugement sera rendu le 14 avril prochain.