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Petite boîte, grande avancée? Depuis plusieurs semaines, elles sont partout au centre hospitalier Simone-Veil: au bloc opératoire, dans les salles de naissance, en réanimation… Dans "tous les services qui font de l’injectable", résume la directrice adjointe en charge de la recherche, de l’innovation et du développement durable, Nathalie Ronzière.
Ces boîtes sont de petits conteneurs marron, fruit du projet LiquidiMed et si elles n’ont l’air de rien comme ça, elles sont pourtant à l’origine d’un changement drastique dans le traitement des déchets médicamenteux liquides. Retour en arrière.
Un litre de déchets liquides par jour à traiter
Au printemps 2023, un audit a permis d’établir que la quantité des déchets liquides au bloc s’élevait à un litre par jour. "Des seringues inutilisées ou pas totalement. Et il n’existait aucun dispositif pour récupérer ces restes, renseigne Nathalie Ronzière, à l’origine de la démarche avec Sylvie Chanton, pharmacienne à l’hôpital. Ça part dans les boîtes DASRI [déchets d’activités de soins à risques infectieux] avec les aiguilles, avec le risque que ça se répande. Pour en absorber un peu, on jette ça sur une pile de compresses, avec le gaspillage induit. Et, parfois, ça part dans l’évier…"
Le tout, avec des conséquences environnementales puisque, sur les vingt-quatre substances analysées (éphédrine, paracétamol, noradrénaline, propofol, etc.) lors des tests, la plupart présentaient un indice PBT (persistance, bioaccumulation et toxicité) élevé. "On ne pouvait pas continuer dans cette démarche", souffle la directrice adjointe. La rencontre avec Med33 a changé la donne.
En janvier, l’établissement cannois se rapproche avec les représentants de la société girondine, spécialisée dans la distribution de dispositifs médicaux innovants.
Déchets gélifiés et lancement de l’expérimentation
Après cinq mois d’échanges nourris, elle dévoile un prototype de conteneur écologique d’un demi-litre, fabriqué à partir de résidus de bois – "de la sciure récupérée chez Ikea" – et de polypropylène biosourcé.
Il est, surtout, équipé "d’un manchon assez incroyable, qui absorbe jusqu’à cent fois son poids" et vient gélifier les déchets liquides, éliminant tout risque de fuite. "On a essayé de renverser le contenant: pas une goutte ne s’échappe", s’enthousiasme Nathalie Ronzière. LiquidiMed était né.
En test dès le mois de juin au bloc opératoire, le dispositif, piloté par le médecin anesthésiste Mohamed ben Abdelkarim, a été adopté de manière permanente en septembre. "Depuis cette date, 20,2kg de déchets liquides ont été récoltés. On a aussi étendu aux salles de naissances, à l’endoscopie, à la réanimation, etc. On arrive en fin d’expérimentation."
Vers une généralisation des boîtes DASRI en bois
Pour la directrice adjointe, "une vraie trouvaille", d’autant que, lorsque la boîte est pleine, un dispositif permet de la sceller, avant incinération. "Et là encore, le bois brûle mieux que le plastique." Plus proprement, aussi.
C’est là que le partenariat avec Med33 dépasse le cadre de LiquidiMed. Si l’utilisation du prototype (sur la base de 832 conteneurs pour couvrir l’activité annuelle du bloc) permet, selon les projections, d’économiser 285kg de CO2 par an, la généralisation des boîtes DASRI en bois, fabriquées de la même manière que LiquidiMed, serait d’une tout autre ampleur: "L’analyse de leur cycle de vie montre une économie en CO de 66% par rapport à celles en plastique. La substitution complète des 20.000 boîtes DASRI utilisées chaque année induirait une économie de 16,7 tonnes de CO et de plus de 126 millions de litres d’eau" avance Nathalie Ronzière.
On n’y est pas encore mais, depuis début octobre, une expérimentation est en cours en cardiologie. Affaire à suivre…