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Depuis sa création, le Festival des jardins de la Côte d’Azur, organisé tous les deux ans, n’avait eu que des marraines: Julie Depardieu, Paloma Picasso et Audrey Fleurot. La quatrième édition, elle, a un parrain en la personne de Denis Brogniart, l’un des présentateurs vedette de TF1 ("Koh Lanta", "Ninja Warrior" ou de grandes compétitions sportives). Cette manifestation n’a cessé de "monter en puissance", comme l’a souligné Charles Ange Ginésy, président du conseil départemental 06, organisateur de l’événement: "Nous proposions onze jardins en 2017, nous en avons trente et un cette année!" Tous sont à découvrir au moins jusqu’au 1er mai, dans dix villes des Alpes-Maritimes et à Monaco.
S’il a avoué avoir été surpris au départ par la proposition, Denis Brogniart s’est laissé prendre au jeu ce week-end, visitant chacun des jardins avec beaucoup d’intérêt. Si la végétation méditerranéenne est très différente de celle qu’il côtoie dans "Koh Lanta", il l’adore! À tel point qu’il est en train de faire construire une maison au Rayol-Canadel. Et vous pourrez le croiser dès ce mardi à Cannes où il débute le tournage de la nouvelle saison de "Ninja Warrior".
Comment s’est passé votre festival?
Je me suis régalé. J’ai rencontré des professionnels, j’ai vraiment découvert un univers, c’était formidable! J’avais la conviction que, pour être paysagiste, jardinier de haut vol, il fallait être un artisan mais aussi un artiste, et j’en ai eu la confirmation ici. J’ai vu des tas de créations toutes plus belles, plus différentes les unes que les autres, avec un vrai souci écologique, avec une vraie constance dans la recherche et la création de quelque chose qui soit complètement en accord avec la région: avec des plantes méditerranéennes, des plantes qui résistent à la mer et à la montagne, et au soleil. J’ai passé un super moment.
Quel est votre rapport à la nature et aux jardins?
Je suis très attaché à la nature. J’ai toujours vécu en province, en maison, avec de grands jardins et j’ai toujours aimé les sports de pleine nature, j’ai toujours couru, beaucoup fait de VTT, j’aime le ski de randonnée pour aller un peu hors des sentiers battus. J’ai aujourd’hui une maison avec un grand jardin, je ne m’en occupe pas au quotidien mais j’aime y passer du temps. C’est, pour moi, un lieu de réconfort, de repos, de réflexion. J’ai la chance de voyager dans le monde entier et dans des zones souvent très peu habitées. Ça me permet de voir des végétations extraordinairement luxuriantes. Et de tirer la sonnette d’alarme parce que je vais aussi dans des endroits, je pense à la Malaisie notamment, où on coupe énormément d’arbres, où on laisse de grandes surfaces à la production d’huile de palme, etc. Je touche du doigt, depuis vingt ans, la dégradation de cette nature…
Un impact pris en compte dans les créations du festival...
J’ai été très agréablement surpris de voir à quel point tous les créateurs du festival avaient comme souci premier d’être en adéquation avec le monde dans lequel on est, avec une consommation la plus minime d’eau, l’utilisation de plantes locales… Ça m’a vraiment séduit, qu’on veuille non seulement faire les plus beaux jardins mais aussi des jardins avec une vraie conscience, une vraie réflexion pour qu’ils puissent être pérennes. Et, pour qu’ils le soient, je crois qu’il faut accepter de revenir à la vraie nature. Les jardins à la française ou à l’anglaise, c’est du passé. ça demande trop d’eau et d’entretien et, surtout, une régulation climatique que nous n’avons plus. Accepter ça, c’est faire partie de son temps et être capable de réagir.
Ça ne vous donne pas envie de faire une émission consacrée à la nature, aux jardins, à l’écologie?
À travers mes activités, et notamment "Koh Lanta", j’essaie de montrer la nature. Je mets mon grain de sel là-dedans avec les producteurs, qui sont du même avis que le mien. On aime ouvrir les yeux des gens, pas uniquement sur ce qui se passe entre les aventuriers ou sur les épreuves, mais aussi en leur permettant de voyager dans une nature différente de la nôtre, à travers l’écran de télévision. De là à me mettre à la tête et à la présentation d’une émission de jardinage, non… Peut-être un jour… En tout cas, pouvoir servir de caisse de résonance dans un monde en pleine évolution pour sensibiliser les gens à ce qu’il faut faire, ou plutôt ne plus faire, ça oui. Je le fais déjà. Sur la pollution que je peux voir dans la mer qui est considérable quels que soient les endroits où je vais, sur la déforestation ou l’utilisation du mercure par certains pêcheurs en Asie du Sud-Est qui détruisent totalement les coraux... Je suis sensibilisé, j’essaie de prendre des informations et de dire, avec mon porte-voix: "Oh! Il faut arrêter!".
Après ce week-end, est-ce qu’il y a des choses que vous allez changer dans votre propre jardin?
J’habite dans la banlieue parisienne et je n’ai pas encore de problèmes d’eau, mais j’ai arrêté le gazon parfait, j’ai des zones d’herbe et je trouve que c’est même plus beau. Il y a aussi des rocailles et des plantes adaptées à l’endroit. Mais surtout on est en train de faire construire une maison dans le Sud et on a pris des tas d’informations. Mettre un arrosage automatique, planter de l’herbe et penser qu’elle sera verte du 1er janvier au 31 décembre, on sait que ce n’est plus possible. Et, en plus, on ne le veut plus. C’est ça l’évolution. On veut adapter totalement notre jardin à ce qu’est la nature aujourd’hui et à ce qu’elle sera dans dix ou vingt ans.
Ce festival m’a encore plus sensibilisé et m’a permis de voir qu’un paysagiste aujourd’hui est là pour ça. Pour avoir une photographie très précise de l’endroit, de l’époque, et pour faire des propositions. Ce qui est marrant c’est qu’il y a encore cinq ou six ans, ce qui me faisait rêver c’était une pelouse verte et nickel chrome qui arrive juste en bordure du carrelage de la terrasse ou de la piscine. Ce n’est plus du tout le cas. Je trouve génial qu’aujourd’hui on puisse faire un jardin sans arrosage automatique, avec juste un petit goutte à goutte… Même si j’ai la chance d’avoir sur mon terrain, un forage et un puits, je ne sais pas combien de temps ça va durer. Où en seront les nappes phréatiques dans un an? Et dans dix ans? J’en avais déjà pris conscience mais, pendant ces deux jours, je me suis rendu compte que ce que j’imaginais être possible l’est totalement. Et c’est aujourd’hui le quotidien des pépiniéristes, des paysagistes, de ceux qui créent les jardins.