2093 liens privés
NOUVELLE CONFERENCE AU CIV le samedi 18 mars à 18h au CIV (Agora) par Eric LAGADEC de l'OCA "Le télescope spatial James Webb, une nouvelle ère pour l'astronomie" Inscription sur https://booking.myrezapp.com/fr/online/booking/minisite/15273/pstj Conférence gratuite et ouverte à toutes et tous
Un beau bébé de 4,7mètres et d’une masse, au lancement, d’environ 2 tonnes trône fièrement au sein de la salle blanche de Thalès Alenia Space. Visible de loin grâce avec sa face couverte de panneaux solaires permettant à la fois de fournir de l’énergie au satellite et de le protéger du soleil. Le satellite Euclid, pièce maîtresse de la mission éponyme de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), fait étape à Cannes pour ses ultimes tests avant son décollage, prévu pour le mois de juillet en Floride, à Cap Canaveral. L’ambitieuse mission va consister à amasser un grand nombre de données autour de l’énergie et de la matière noire.
De quoi permettre de cartographier la structure générale de l’univers à plus de 10 milliards d’années-lumière. La mission aura pour objectif de révéler l’histoire de son expansion et la croissance de sa structure au cours des trois derniers quarts de son histoire. Elle est conçue pour répondre à certaines des questions les plus fondamentales en matière de cosmologie moderne du type: "Quelle est l’origine de l’univers et pourquoi s’étend-il à un rythme accéléré au lieu de ralentir en raison de l’attraction gravitationnelle de la matière?" Une question qui demeure comme l'un des plus grands mystères de l'astronomie.
"Une forme d’embarras"
Une mission qui durera six ans. Le satellite Euclid sera positionné à 1,5 million de kilomètres de la Terre à l’opposé du soleil et fournira 150.000 images haute définition et des informations chromatiques pour la communauté scientifique. Dans le consortium industriel comprenant plus de 80 compagnies réparties dans 20 pays d’Europe et aux États-Unis, Thalès Alenia Space a été désigné maître d’œuvre du satellite qui a été conçu en Italie.
La société est également responsable du module de service, de l’antenne grand grain en bande K et du transpondeur DST en bande X, de l’assemblage, intégration et test du satellite. Cette dernière partie s’est déroulée à Cannes où le satellite passe en ce moment différent tests, notamment en vide thermique. Un immense caisson où le satellite est soumis à des conditions extrêmes qu’il retrouvera lorsqu’il sera en orbite.
"Euclid est la mission la plus passionnante, explique Giuseppe Racca, chef de projet à l’ESA en charge d’Euclid. La cosmologie est dans une forme d’embarras car ce qu’on voit c’est que 95% de la densité d’énergie de l’univers est constituée de matière noire et d’énergie noire. On l’appelle « noire" à cause de leur nature inconnue. Les 5% restants représentent ce que l’on connaît, comprenant les étoiles, les planètes et nous. Nous savons juste que la matière noire est associée à l’attraction et que l’énergie noire est ce qui cause l’accélération de l’expansion de l’univers. »
Le plus précis sondage 3D de l’univers
"Avec Euclid, reprend Giuseppe Racca, on n’explore pas vraiment les débuts de l’univers mais on se situe autour de cette zone, là où cette fameuse énergie noire a commencé à apparaître, afin de comprendre pourquoi l’univers poursuit son expansion à un rythme accéléré depuis le Big Bang. Grâce aux outils embarqués, les données d’Euclid vont constituer le plus grand et le plus précis sondage en 3D de l’univers jamais réalisé."
Euclid quittera prochainement Cannes pour gagner la Floride par voie maritime. Le satellite sera lancé en juillet 2023 à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX depuis la base de lancement de Cape Canaveral, en Floride.
Anthea Comellini, ingénieure italienne de Thales Alenia Space à Cannes, a été sélectionnée par l'Agence Spatiale Européenne la semaine passée. Elle fait partie des 17 astronautes choisis parmi 23.000 candidats.
"Ne pas y aller en touriste"
Il y a deux mois, elle a expliqué dans sa lettre de motivation ne pas craindre les déménagements et les changements d’environnement… Et surtout, s’est posée une question essentielle: "Si je suis retenue, est-ce que je suis capable d’aller jusqu’au bout?". La réponse a été oui. Et ça tombe bien.
Retenue dans un premier groupe de 1.350 sélectionnés sur dossier, elle a réussi l’étape des tests psychométriques en Allemagne, puis celle des tests psychologiques, où il ne restait que 400 candidats, "par exemple pour vérifier que l’on est capable de vivre loin des siens, avec des mises en situation".
Les cent derniers encore en lice ont ensuite subi une batterie de tests médicaux car la vie en orbite peut être contre-indiquée, sans oublier les facteurs psychologiques. Mais, là encore, Anthéa s’était préparée, notamment "à rester calme, et j’ai plutôt un bon souvenir de cette étape".
Réduite à cinquante membres, la cohorte d’astronautes potentiels a alors rencontré le jury de l’Esa, pour une ultime mise à l’épreuve de sa motivation… "Je leur ai expliqué que cela ne m’intéresserait pas d’aller dans l’espace en touriste, comme cela s’entend déjà parfois… Ce qu’on fait dans l’espace, pour moi, est positif, dans la mesure où cela aura des retombées pour l’humanité tout entière!" C’était en septembre dernier.
Un mois plus tard, la jeune femme faisait partie de la trentaine d’appelés à rencontrer le directeur général de l’Esa. "Et après un mois d’attente, dix-sept d’entre nous ont été contactés", se souvient, encore émue de la nouvelle, la désormais membre de la réserve des astronautes.
Si elle ne fait pas partie des astronautes de carrière, destinés à rejoindre dès à présent les rangs de l’Esa, elle se voit déjà dans le cosmos, à moyen terme.
"J’espère être contactée très vite pour aller m’entraîner sur le site de Cologne. Dans les années qui viennent, on va vivre un changement de paradigme, il y aura davantage de vols, des stations spatiales commerciales, donc il faudra avoir en permanence quelqu’un de prêt à partir!" Anthéa l’est déjà.