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Le prix Jeunes Talents décerné par la Fondation L’Oréal en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’UNESCO distingue à la fois les Sciences et les femmes. Pour sa 17e édition, 35 chercheuses françaises sont mises à l’honneur cette année. Parmi elles, trois scientifiques azuréennes, doctorantes ou post-doctorantes dans des laboratoires de la Côte.
À l’image de Swarn Priya. Elle a grandi "dans une petite ville de l’Inde" où il n’y avait "pas d’ordinateur ni de wifi". Elle explique avoir toujours été fascinée par "les capacités des ordinateurs". Après un master aux États-Unis et un doctorat à l’INRIA de Sophia Antipolis, cette chercheuse contribue aujourd’hui à rendre plus sûrs nos achats en ligne. À 27 ans, elle est une spécialiste des questions de cybersécurité.
Pas forcément un "rêve d’enfance"
C’est aussi dans un laboratoire commun de l’Inria et de l’université Côte d’Azur qu’Alesia Herasimenka poursuit ses recherches. Elle est d’origine Biélorusse et a "toujours été intéressée par les mathématiques".
Travailler dans l’astrodynamique n’était pas forcément son "rêve d’enfance". Pourtant, au fil de rencontres avec des gens passionnants, c’est bien vers ce domaine qu’elle s’est orientée. Plus précisément celui des voiles solaires, une nouvelle technologie qui ouvre de nouveaux horizons à l’exploration spatiale grâce à l’utilisation de la lumière du soleil comme carburant.
Elena Mikheeva travaille quant à elle dans le domaine de l’optique et de la photonique. Cette Russe de 32 ans est arrivée en France en 2015 dans le cadre du programme Erasmus.
Après un passage par Paris elle a intégré le laboratoire du CREAT à Sophia travaille sur le sujet des métasurfaces. Il s’agit là aussi d’une technologie de pointe aux applications prometteuses, notamment en matière de miniaturisation et de traitement de la lumière.
"La science n’est pas réservée aux hommes"
Toutes trois viennent donc d’être distinguées par la Fondation L’Oréal. C’est évidemment "la reconnaissance de leurs travaux de recherche", se réjouissent-elles en chœur. C’est aussi, pour elles, la démonstration que "la science n’est pas une discipline réservée aux hommes". Au contraire, rappellent-elles, "c’est la diversité des équipes de recherche qui, bien souvent, permet d’innover". Les femmes ont donc "beaucoup à apporter" à la science. À condition que l’on lève enfin les obstacles culturels et les stéréotypes qui trop souvent encore entravent leurs études ou leurs carrières. Aucun d’eux n’est insurmontable. Elles en sont la démonstration.
Évitez de surprotéger les filles par rapport aux garçons, ça leur enlève l'occasion de se forger leurs expériences de prises de risques , ne pas abandonner, prendre confiance en elle, et développer leur courage qui leur servira toute leur vie.
En tant que femme il faut apprendre à être nous aussi courageuses pour montrer l'exemple
Publié le 12 octobre 2021 à 20h00 Par Marianne Le Monze
Ce jeudi, L’Oréal et l’Unesco ont primé 35 chercheuses, dont une Cannoise et deux Sophipolitaines, qui témoignent de leurs travaux innovants dans des milieux très masculins.
Des chiffres sans appel: les femmes ne représentent que 33% des chercheurs du monde, 28% en France.
"La science a besoin des femmes", assure la Fondation L’Oréal qui, jeudi à Paris, a remis le prix Jeunes talent France 2021L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science, à 35 chercheuses dont trois effectuent leurs recherches à l’université Côte d’Azur et à Sophia Antipolis: Océane Dufies, Cannoise de 29 ans (sciences biologiques et ingénierie), Stella Bitchebe, Camerounaise de 27 ans, et Melpomeni Dimopoulou, Grecque de 29 ans (mathématique et informatique).
"Des femmes engagées, à l’excellence trop peu reconnue, dont les travaux scientifiques contribuent à construire un monde plus durable", précisent les partenaires de ce prix: la Fondation L’Oréal, l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’Unesco qui affirment leur "engagement aux côtés des femmes scientifiques pour les rendre plus visibles, les accompagner et contribuer à leur valorisation au sein de la recherche".
"Cette récompense est une vitrine de modèles féminins à suivre", affirment les trois lauréates azuréennes interviewées par téléphone (voir ci-dessous).
Océane Dufies : mieux détecter les bactéries pathogènes pour stimuler l’immunité
« L’histoire des femmes dans la société les rend certainement plus déterminées à atteindre leurs objectifs », affirme Océane Dufies, doctorante d’origine cannoise, âgée de 29 ans. Interviewée par téléphone, comme ses deux autres camarades azuréennes, elle répond à nos questions, depuis Paris où elle participe avec les 35 lauréates de cette promotion à une semaine de formation mise en place par L’Oréal juste avant la remise des prix ce jeudi.
« Une semaine très intense. Nous échangeons beaucoup sur nos travaux, nos expériences, notre situation de femmes dans des milieux plutôt masculins. Nous débutons un réseau, y compris avec la promotion 2020 de ce prix L’Oréal. La fondation, à l’issue de cette formation, ne nous lâchera pas et continuera de nous accompagner. »
Pour sa thèse en immunologie et microbiologie au Centre méditerranéen de médecine moléculaire, à Nice, la chercheuse étudie la réponse immunitaire en cas de présence dans le sang de bactéries intestinales Escherichia coli uropathogènes, première cause d’infection urinaire chez les femmes. Une meilleure compréhension de ces mécanismes permettrait de stimuler l’immunité au cours de l’infection. A long terme, ses travaux pourraient être précieux contre la résistance aux antibiotiques, problème de santé publique. Il s’agirait de trouver des composés chimiques capables de stimuler l’immunité au cours de l’infection afin de contourner les problèmes de résistance.
La jeune femme reconnaît sa chance d’avoir toujours été poussée vers le haut quelque soit le milieu dans lequel elle s’est trouvée jusqu’ici. Mais elle est aussi consciente du manque de représentativité féminine dans la société. « Je suis célibataire, je me donne a 100 % à ma carrière. Mais ça ne m’empêche pas de m’interroger sur la place d’une famille future, d’un équilibre qu’il faudra trouver. C’est compliqué. Et c’est une des raisons pour lesquelles les femmes sont moins visibles. Pour l’instant, je me concentre sur ma thèse, nous sommes en compétition à l’international. Mon ambition est de terminer ma thèse, d’ici à février 2022, puis de partir à l’étranger, dans une grande université. Développer mon projet au sein d’une équipe et pourquoi pas, plus tard, au sein de ma propre équipe de recherche. Je ne me mets aucune limite. »
M.L.M.
S. Bitchebe : réduire l’empreinte carbone des data centers
Doctorante au laboratoire d’informatique, signaux et systèmes de Sophia-Antipolis, Stella Bitchibe, à 27 ans, a déjà décroché un prix avec son directeur de thèse cette année pour une autre innovation : leur projet Kiwi qui permettrait aux personnes malvoyantes d’accéder à toutes les informations dans les transports en commun par un système d’annonce vocale.
Une application qui en dit long sur les idées altruistes de la jeune Camerounaise. Cette fois, toujours dans l’équipe de son directeur de thèse qu’elle a suivi à L’ENS Lyon, elle décroche cette récompense L’Oréal/Unesco pour son projet sur la réduction carbone des data centers tout en améliorant leurs sécurité et performance. Son travail devrait permettre de réduire la consommation électrique des serveurs de plus en plus énergivores.
Stella Bitchebe pose un regard sur la place de la femme dans la science aussi bien d’un point de vue personnel que professionnel.
«La culture camerounaise veut encore qu’une jeune fille finisse ses études, se marie et fonde une famille. Ma mère et mes amis ne comprennent pas mes choix. Mon père, lui, me soutient. L’aînée de 5 filles, je suis comme son fils», évoque-t-elle.
«Dans le milieu des études que j’ai choisi, au Cameroun, comme en France, les femmes sont toujours minoritaire. Au sein de mon équipe de recherches actuelle, nous sommes trois filles et sept garçons. Si le quota imposé de plus en plus pour attirer des filles floute la légitimité, même si cette parité se fait à compétence égale, elle n’est pas inutile. Aujourd’hui, nous manquons de modèles sur lesquels nous appuyer. Ces prix d’initiatives au féminin mettent justement en lumière de nouvelles représentativités.»
La jeune femme dont l’ambition est de rayonner pour attirer davantage de femmes dans sa filière, veut aussi dépoussiérer «les clichés de la jeune scientifique négligée» et inscrire son nom, «celui de mon père», dans l’histoire de la science. «Laisser une trace».
M. Dimopoulou : stocker des données numériques dans l’ADN synthétique
Mariée, sans enfant, Melpomeni Dimopoulou « rêve de créer un monde numérique plus durable et plus respectueux de l’environnement ». Cette chercheuse post-doctorante, aujourd’hui intégrée à l’équipe du labo IPMC à Sophia, s’est fixée pour objectif de son parcours doctoral de « déterminer comment l’ADN pourrait permettre de stocker toutes les données numériques du monde dans un espace pas plus grand qu’une boîte de chaussures », comme l’explique la Fondation L’Oréal. La chercheuse a travaillé sur le codage de l’information numérique « dans une séquence composée des symboles A, T, C, et G, éléments constitutifs de l’ADN. Les brins codés peuvent ensuite être synthétisés en ADN et archivés dans des capsules pour des siècles ».
« J’ai toujours eu les soutiens nécessaires »
Melpomeni Dimopoulou a développé un algorithme durant sa thèse, le brevet est baptisé Paircode, qui garantit le stockage et l’intégrité des données numériques. Une alternative « verte » qui lui a valu un prix au concours d’innovation i-PhD/ Bpifrance 2020.
Le Prix L’Oréal, dit-elle, est « une formidable motivation. Une initiative géniale qui permet aux femmes de gagner en visibilité tout en leur apportant des formations en leadership et teambulding utiles au développement de leur carrière. Dans mon parcours, souligne-t-elle, j’ai toujours eu les soutiens nécessaires. Mon directeur de thèse m’a proposé de postuler à ces concours. Dans mon équipe actuelle, il y a plus de femmes que d’hommes. La diversité est importante, elle est un levier dans la découverte de solutions innovantes », souligne Melpomeni Dimopoulou, qui voudrait que son projet « trouve une utilité pour une planète plus verte ».
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