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Le plastique menace la biodiversité et notre santé. La mer Méditerranée est particulièrement exposée à cette pollution. Face à l’urgence, en Région Sud, de plus en plus d’acteurs s’emparent du défi de la réduction de ces envahissants déchets via la charte régionale « zéro déchet plastique en Méditerranée ». Rencontre avec des signataires engagés.
Découvert par https://abonnes.nicematin.com/article/ils-font-un-tour-deurope-et-damerique-des-initiatives-positives-et-seront-ce-lundi-a-nice-775013
Albane, 17 ans, s'attaque à la source de la pollution plastique dans les océans, dont 80% provient de la Terre. Avec l'aide d'étudiants de l'INSA Lyon, elle a mis au point 3 prototypes permettant de récupérer les déchets plastiques des eaux fluviales avant qu'ils ne se rendent dans nos rivières et dans nos océans / mers.
Les déchés ramassés par les bénévoles du club des jeunes entrepreneurs sur la plage de Carras étaient immédiatement transformés en objets du quotidien grâce à l’invention d’un ingénieur à la retraite.
Dans le village, tout le monde connaît Guy Mausy. Cet ancien ingénieur en recherche et développement d’une société de Sophia Antipolis a toujours étonné par ses créations, qu’elles soient mécaniques, à vapeur ou liées aux énergies naturelles.
En 2021, Guy Mausy et Anton Hassoun, chef d’entreprise également engagé et diplômé de l’Edhec, fondent l’association Recyclage sans frontière. Les buts sont clairement définis: collecter et recycler en circuit court, promouvoir cette action auprès des établissements scolaires, associations, collectivités, structures impliquant des personnes défavorisées ou en situation de handicap.
Il a également été le lauréat du récent programme régional Paca Ligth pour son système de gestion des énergies solaires.
Des gobelets en clefs USB
Aujourd’hui âgé de 65 ans et retraité, ce créateur peut désormais s’impliquer totalement dans l’innovation et laisser libre cours à sa fibre écologique.
Dans cette optique, et après de longues recherches, il met au point une machine permettant de recycler le plastique, fléau de notre civilisation. Le but: transformer localement le plastique usagé en objets utiles du quotidien.
Gobelets, sachets ou encore masques de protection à usage unique sont introduits dans l’appareil, puis chauffés à 190°C. Un levier actionné par un piston injecte ensuite la pâte obtenue dans un moule, permettant ainsi d’obtenir la forme définitive de l’objet souhaité. Porte-clés, pince à linge ou clefs USB, tout est (presque) possible.
Un investissement de 500 euros
"On peut leur donner toutes les formes que l’on souhaite", précise l’inventeur, qui espère "qu’un jour chaque foyer en sera équipé", "comme pour les composteurs qui sont de plus en plus répandus".
C’est pourquoi "les plans de la machine sont fournis gratuitement, les pièces en kit ou la machine montée sont vendues à prix coûtant. L’investissement est d’environ 500 euros pour une machine prête à servir."
Au Togo, au Sénégal, à la mairie de Fréjus, à l’école de Saint-Roman-de-Bellet, à la maison d’arrêt de Nice ou encore à la Cité des arts de la Rue de Marseille, la machine baptisée Méd in Nice séduit déjà.
Un petit pas pour la planète, mais également un grand geste de solidarité.
Informations sur le site rsf-asso.fr ou par mail à mausy@free.fr
À Théoule-sur-Mer, on peut désormais apercevoir de gros filets noirs sur la plage : ils servent à récupérer les déchets issus des eaux de pluie et éviter qu'ils ne se déversent dans la mer.
Publié le 30 mars 2022 à 08h30 Par Margot Dasque
Le pôle métropolitain Cap Azur s’est penché sur son budget 2022 ce mardi depuis Antibes. La question de la gestion des déchets est centrale pour les quatre collectivités composant cette entité. Jean Leonetti, président de la Casa, Jérôme Viaud, président de la CAPG, David Lisnard, président de la CAPL et Charles-Ange Ginésy, président de la CCAA ont dévoilé leur stratégie.
Un peu d’algèbre voulez-vous? Ce mardi à Antibes, lors du conseil du pôle métropolitain Cap Azur, les lignes directrices de l’année 2022 ont été évoquées. Parmi lesquelles: la gestion des déchets. Sujet envahissant. L’ambition de l’entité défendue par Jean Leonetti, président de la Casa (1), Jérôme Viaud, président de la CAPG (2), David Lisnard, président de la CAPL (3) et Charles-Ange Ginésy, président de la CCAA (4)? "Accélérer l’autonomie territoriale." Pour la faire courte: les élus ont pour ambition de ne plus avoir à envoyer leurs déchets dans un autre département pour qu’ils puissent être traités. Voilà la théorie. Pour la mise en pratique, il va falloir la jouer drastique. "Nous avons la capacité de mieux gérer les déchets verts et déchets en verre. Le tri sélectif fonctionne, certes, mais il y a encore des efforts à faire. Il faut se fixer la barre haute pour atteindre l’autosuffisance", résume le maire d’Antibes à la tête du pôle.
L’objectif est déjà chiffré: "Nous devons produire 30.000 tonnes de déchets en moins. Alors que notre population augmente. Ce n’est pas inatteignable. " Misant sur le civisme, le déploiement du compostage et les habitudes de consommations penchant vers la sobriété, l’élu assure que cette étape pourra être franchie.
Mais avant d’ôter du tonnage, une addition s’impose. Puisque sous peu, Univalom traitera les déchets des Alpes d’Azur. Soit 3000 tonnes. En clair: les poubelles termineront leur course dans l’usine de valorisation des Semboules d’Antibes. Un lieu pivot dans cette stratégie puisque seul du genre sur le territoire Cap Azur. "Nous allons revoir la délégation de service public à ce titre. Dans cette négociation, la CAPG et la CAPL bénéficieront d’un vide de four préférentiel. " Avec un tarif plafonné et un engagement pérenne.
Ce qui n’est pas sans ravir David Lisnard, à la tête de l’agglo Cannes Pays de Lérins: "C’est une solution pragmatique. Dans le département, à ce jour, nous avons déjà les équipements nécessaire pour ne pas être obligés d’exporter nos déchets. Le problème vient de certaines pratiques de certains opérateurs. Il nous est parfois demandé jusqu’à 3,5 fois le prix du tonnage classique pour la prise en charge de cette ressource."
Avec ce contrat, pas de mauvaise nouvelle: le prix des 30.000 tonnes de vides de four ne devrait pas flamber. De quoi se féliciter pour le président de l’Association des maires de France: "On optimise les installations existantes, on évite l’exportation de déchet, on réduit le bilan carbone et on montre notre capacité dans l’ouest du département à traiter nos problèmes. Il faut agir en complémentarité, je pense par exemple aux bacs jaunes qui sont tous apportés à Cannes par exemple. "
Et le Smed dans tout ça? "Ce n’est pas une opération contre quiconque ", assure Jean Leonetti: "Le Smed continue à évoluer, on le voit avec Le Broc qui va se tourner plutôt vers les biodéchets. " Pas question non plus de se détourner totalement de l’est à en croire l’élu: "Comme la Métropole rénove son usine, on pourra aussi se tourner vers l’autre partie du département quand on arrêtera les fours d’un côté. "
Le temps de l’effort arrive. Et il saura récompenser les acteurs selon le président de la Casa: "On voit que les prix de l’électricité augmentent. C’est aussi cela l’avenir, miser sur le développement des réseaux de chaleur grâce à l’usine de valorisation. "
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Communauté d’agglomération Sophia Antipolis.
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Communauté d’agglomération du Pays de Grasse.
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Communauté d’agglomération Cannes Pays de Lérins.
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Communauté de communes des Alpes d’Azur.
Le plongeur cannois Laurent Lombard pousse son coup de gueule: il dit stop aux communes du Grand ouest qui n’investissent pas dans la problématique des déchets en mer. Il explique.
Noyer le poisson? Non, ce n’est pas vraiment son truc à Laurent Lombard. C’est donc sans hésiter que le plongeur cannois lance son coup de gueule: "Avec les bénévoles d’Opération Mer Propre, on est en grève." Pilier de la protection de défense des fonds marins, basée dans le Grand ouest niçois, l’association dit stop. Stop aux collectivités qui se reposent sur le travail des citoyens volontaires. Stop aux promesses sans résultat. Stop à ce cercle vicieux. "C’est aussi notre faute", lâche sans hésitation le lanceur d’alerte: "On continue gentiment à ramasser les déchets. Pourquoi une ville investirait de l’argent dans une tâche qui est déjà réalisée gratuitement?"
Dit comme ça, ça change tout. "Une intervention de professionnels c’est 2.500 euros par jour. Certaines villes n’ont toujours pas signé de contrat avec des entreprises spécialisées pour le faire." Pour rappel, lors de certaines sorties, les plongeurs ont sorti "une tonne, voire plusieurs de déchets."
"Nettoyer la mer ce n’est pas un plaisir"
Et, comme on le sait, il y a de tout: pneus, mobilier, câbles, trottinettes, panneaux, coffre-fort, plastiques, mégots… Et la liste s’avère bien plus longue. Un amas dégoûtant: "Franchement, je n’aime pas nettoyer la mer. Non, ce n’est pas un plaisir!"
Pour le plongeur, là n’est pas l’essentiel de la mission: "Il faut qu’on se recadre sur la sensibilisation, dénonciation des problématiques, que l’on montre, que l’on explique, que l’on propose des solutions."
Et il sait que cela est possible. À double titre. "Certaines communes ne jouent pas le jeu. Au lieu de les citer je vais parler de celles qui comprennent notre action et prennent leurs responsabilités (Techniquement, les fonds marins relèvent de la compétence de l’État, la surface de l’eau revient à la commune., ndlr)", lance Laurent Lombard en prenant l’exemple de Cannes.
Rappelez-vous en 2015, sa vidéo tournée en face du palais des Festivals fait sensation. La pollution rendue visible aux yeux de tous. Sous les paillettes, les ordures. Une sacrée publicité juste avant le Festival international du film: "Mais j’ai commencé à alerter il y a quinze ans. Je passais pour l’emmerdeur du coin, certes. Mais c’est avec les réseaux sociaux que les choses ont pris de l’ampleur."
Cannes à l’écoute
S’il avait déjà interpellé les élus, son message passe aujourd’hui mieux: "Les générations changent, les hommes politiques changent, les mentalités changent. Ce que j’avais dénoncé à ce moment-là ce n’était pas que devant la Croisette mais dans tout le département."
La municipalité de Cannes le reçoit, il se sent pris au sérieux: "Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Mais j’ai eu face à moi des gens qui voulaient comprendre d’où venait la pollution - soit à 80% de la terre. J’ai eu énormément de rendez-vous, on m’a fait confiance, des filets ont été posés pour empêcher les déchets de partir en mer."
Mieux encore à ses yeux: "Le responsable de la propreté de Cannes plonge avec moi. Au moins il se rend compte de la réalité. À partir de là, la collectivité a compris que c’était un vrai boulot qui nécessitait de faire appel à une société."
Prêter main-forte en cas de coups de mer ou d’intervention massive? "Ce n’est pas un problème. Mais on ne peut pas se substituer à un travail réalisé par des pros."
Investir dans des systèmes de captation
L’inaction des collectivités. Voilà ce qu’il regrette. "Les villes doivent déjà nettoyer l’eau en surface, pourquoi ne pas ajouter un avenant à ce contrat pour que les fonds fassent partie de l’intervention? Ce sera toujours plus efficace que de venir poser pour la photo avec nous quand on a fini de ramasser."
Et si une grande partie des déchets ont été collectés sur notre littoral, c’est dans les moyens d’entretien que le plongeur incite les maires à investir. "À Mandelieu, il y a un temps d’avance. Ils ont compris que si l’on nettoyait la terre, on n’aurait plus besoin de le faire en mer. Beaucoup de filets ont été installés pour capter les déchets."
Bref, pas de secret: tout est une question de politique et d’investissement.
Parce que ça paie. "Depuis dix ans, je compte les canettes à la sortie du plus important vallon, celui de la Foux, à Cannes. On est partis de 1.200-800 canettes à 300-400 au bout de cinq ans et aujourd’hui on est en dessous de 50." Les résultats sont là. "Avec ces actions, on a empêché 80% des déchets de partir dans la Méditerranée. Et ça, ce n’est pas du cinéma."
L'humanité est accro au plastique et les déchets s'accumulent. Que deviennent nos déchets plastiques ? Combien finissent à l'océan ? Combien sont recyclés ? Les nanoplastiques sont-ils un danger pour notre santé ? On vous dit tout sur la pollution plastique.