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Les super-pouvoirs des "déchets" alimentaires existent. Ceux qui ont un composteur le savent. La vie du sol transforme feuilles, épluchures, et restes alimentaires en humus bon pour faire grandir les plantes.
"Le compost, c’est facile à faire, il n’y a pas besoin de technologie, ni d’usine. Ça ne tombe pas en panne, il suffit de mélanger des déchets de cuisine et de jardin", s’exclame Virginie Favier, co-administratrice du Réseau compost citoyen (RCC) en région. Qualifiée maître composteur et exerçant dans les Alpes-Maritimes, elle initie aux gestes ancestraux oubliés.
"Nous faisons un diagnostic, évaluons les besoins, nous montrons comment utiliser un site de compostage, c’est une formation pour bien gérer tout le processus. Savoir quoi faire si cela sent mauvais par exemple. Le but est de rendre l’organisation pérenne."
Le réseau accompagne des établissements médico-sociaux, écoles, maisons de retraite… Partout où il y a cuisine et restauration, peut germer un compost.
Pas de quoi se décomposer
"Courant octobre, nous avons une réunion dans deux écoles, qui ont un potager juste à côté [dans l’arrière-pays azuréen]. L’enjeu est de sensibiliser les personnels de la cantine", illustre Virginie Favier. Chaque organisation doit être pensée sur-mesure.
À Six-Fours-les-Plages, des composteurs collectifs ont été posés à côté de jardins potagers. Les enfants des écoles de la ville trient leur assiette après le repas.
De son côté, Réseau compost citoyen a accompagné l’installation d’un site de compostage autonome dans un Ehpad à Bandol, où 6,3 tonnes sortant des cuisines et de la cantine ont été transformées en engrais naturel. Exemplaire.
Ceux qui travaillent sans relâche, ce sont les vers de terre. Cela vous inspire du dégoût? N’oubliez pas que "c’était de la nourriture dans nos assiettes, ou en préparation en cuisine, juste avant", sourit Virginie Favier. Bref, pas de quoi se décomposer.
Si le composteur individuel peut être placé dans tout jardin, l’installation collective nécessite plus d’organisation.
"La loi donne une responsabilité aux collectivités locales. À elles de proposer des solutions adéquates, situe Élodie Vieu, coordinatrice régionale du Réseau compost citoyen. Elles ont le choix de l’organiser en proximité ou en collecte. Elles sont parfois un peu démunies. Et c’est pour cela que le réseau existe."
Une centaine de partenaires sont accompagnés en région, bien conscients que la réponse individuelle ne suffit pas.
"Ce n’est pas extrémiste, c’est juste une obligation réglementaire, résume Élodie Vieu. La pratique s’est perdue, mais tout le monde peut s’y mettre, s’il y a la volonté."
Dans la métropole niçoise, une quarantaine de sites de compostage en espace public sont référencés. À Cannes, l’ambition est "de couvrir la totalité de la commune en trois ans", pointe Françoise Bruneteaux, adjointe à l’environnement. Depuis le mois d’avril, 35 bornes d’apports volontaires sont opérationnelles, ce sera le double l’an prochain. Désormais, les Cannois apportent "environ 10 tonnes par mois".
Il a fallu s’adapter, vider plus fréquemment les containers cet été, deux à trois fois par semaine au lieu d’une seule, "à cause de la chaleur" et donc des odeurs.
Le traitement des biodéchets est entré dans le cahier des charges de la future délégation de service public, "afin de faire évoluer nos équipements". Et d’éviter d’envoyer ses poubelles chez les voisins? "Actuellement, Veolia prend notre collecte de biodéchets, mais l’envoie à Tarascon."
Le compost et le foncier
L’élue a calculé le trajet. "220km de distance pour un déchet, ce n’est pas excellent, mais comme il n’y a pas de filière dans les Alpes-Maritimes, nous n’avons pas pu faire autrement." C’est dire le chemin à parcourir. Et les économies substantielles que le compostage local permettrait. Sinon, "le prix est énorme".
À Cannes, une unité de micro-compostage sera expérimentée dès 2025, "mais il faut un minimum de foncier. Chez nous, autant vous dire que c’est difficile".
Le Réseau compost citoyen promeut le principe de petites unités, adaptées à des collectes de proximité. Solution locale, low-tech, loin du procédé industriel de la méthanisation.
Prêt à l’emploi, l’humus végétal issu d’un composteur peut être utilisé partout pour enrichir la terre. À eux seuls, les espaces verts et fleuris de Cannes pourraient absorber de 200 à 300 tonnes de compost par an.
Cela tombe bien, quand la qualité du sol s’améliore, les eaux de pluie pénètrent davantage. C’est aussi une façon reconnue de lutter contre le risque d’inondations.
Fête du sol vivant, jusqu’au 20 octobre. Le Réseau compost citoyen organise rencontres et ateliers près de chez vous. Infos: https://fetedusolvivant.org
#1 Remplacer le bitume et l’asphalte
Faire gagner du terrain à la végétation est évidemment primordial. A condition de le faire correctement. Aux pelouses tondues, qui auront tendance à jaunir aux premières chaleurs, préférer "des sols prairies, fauchés rarement, vivants et permettant donc à l’eau de s’infiltrer, car ils sont plus à même de rafraîchir", indique la spécialiste du Cerema.
*A l'ombre des arbres - Planter la ville pour demain, C. Mollie (ed. Delachaux et Niestlé)
#2 Eviter le tout élagage des arbres
Avec leur ombre portée, leur photosynthèse à même de capter le rayonnement solaire et l’évapotranspiration de leur feuillage, les arbres sont les alliés du rafraîchissement des villes. Mais attention à choisir les bonnes espèces (contrairement aux palmiers, pauvres en ombre et sujets aux nuisibles) et à les entretenir correctement.
"Cela ne sert à rien d’en planter si on passe son temps à les élaguer", juge Caroline Mollie, qui en appelle à revenir au "bon sens jardinier".
"A Grenoble, la ville a reformé les couronnes des arbres, jusqu’alors drastiquement élaguées. Si vous regardez les cartes postales anciennes de Nice, sur les avenues Jean-Médecin, Borriglione ou Malausséna, on voit de grands platanes qui débordent au-dessus du tramway. Aujourd’hui, le principe de précaution prime. Or, il s’agit d’avoir recours à des arboristes spécialisés, qui vérifieront tous les 3 à 5 ans s’il y a des branches mortes, et d’avoir une vigilance en cas de tempête", préconise-t-elle.
Une approche qui vise aussi les espaces privés. "Environ 70% de la surface des villes le sont. Or il y a encore en France, contrairement au Royaume-Uni par exemple, cette notion de couper ses végétaux à la limite de propriété. C’est une fausse bonne idée", souligne Caroline Mollie.
#3 Des pergolas végétalisées quand le sous-sol est inexploitable
Réseaux d’eau, de transports, parkings, tunnels… Planter de grands feuillus en ville n’est pas toujours possible dans des sols contraints. Car ceux-ci ont besoin d'une certaine épaisseur de terre pour laisser leurs racines s'épanouir.
"Dans ces cas-là, l’ombre peut être créée grâce à des pergolas végétalisées. Au pied, on peut y planter en terre (et non pas en pot!), des roses, du jasmin, des passiflores. Il existe énormément de plantes grimpantes en Méditerranée", conseille Caroline Mollie.
#4 Créer de l’ombre avec des volets et des voilages amovibles
Des axes larges jalonnés d’immeubles hauts, voilà qui est plutôt commun dans les centres villes. Ces avenues et boulevards imposants ont même un nom: "les rues canyons".
"Dans ces rues, on a un effet de réverbération des rayons du soleil entre les bâtiments qui font que la chaleur va se stocker de manière très importante", explique Loéna Trouvé du Cerema.
Pour autant, impossible de tout raser pour reconstruire différemment. "Ce serait ni réaliste ni souhaitable d’un point de vue des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, on peut travailler sur des systèmes d’ombrage, avec des volets horizontaux pour détourner les rayons du soleil ou des voiles, qui peuvent être retirées en hiver, comme c’est le cas à Cordoue, en Espagne, à Avignon, Montpellier ou encore Marseille", préconise la cheffe de projet aménagement et transition écologique au sein du Cerema.
#5 Sur les places historiques, miser sur des arbres hauts
Dans les centres historiques, des solutions sont à envisager pour concilier respect du patrimoine et rafraîchissement. "Si on se réfère aux villes italiennes, les plus belles places et espaces qu’on admire sont sans arbre", constate l’architecte-paysagiste niçoise Caroline Mollie.
En revanche, "y privilégier des arbres hauts permettrait de voir l’ensemble architectural sous cette voûte végétale", souligne cette spécialiste de l’arbre en ville. A condition, toujours, d’avoir suffisamment de terre disponible dans le sol pour permettre leur épanouissement.
#6 Renvoyer les rayons du soleil, au cas par cas
L’albédo, c’est le pouvoir réfléchissant des matériaux, c’est-à-dire leur capacité à renvoyer le rayonnement du soleil vers le ciel pour éviter que la chaleur ne s’accumule dans les rues. "On en entend beaucoup parler dans la lutte contre la surchauffe en ville, c’est une solution intéressante mais pas magique, à utiliser après une analyse point par point", préconise Loéna Trouvé du Cerema.
On parle là de revêtements ou de peintures claires. "Mais des routes blanches vont avoir tendance, par exemple, à aveugler les conducteurs. A noter aussi que ces peintures se salissent vite. Une enrobée sombre, qui vieillit bien, va s'éclaircir et donc devenir plus fraîche au fil du temps. Une peinture blanche qui se salit aura, en fait, un albédo équivalent", précise-t-elle.
Passer à des teintes plus claires peut avoir, en revanche, du sens pour les toitures. "A Paris, un dialogue est en train de s’engager autour du zinc, un matériau remarquable mais qui génère beaucoup de surchauffe", détaille la cheffe de projet au Cerema.
#7 Orienter et stocker l’eau de pluie
C’est un enjeu clé de la cité rafraîchie de demain. "Il y a en ville des enjeux de gestion des eaux pluviales et de ruissellement", pointe Loéna Trouvé. D’autant que le changement climatique accentue inexorablement les sécheresses, comme on l’a constaté en Paca en 2022 et 2023.
Pour cela, la métropole lyonnaise expérimente des arbres de pluie, en adaptant la voirie de telle sorte que l’eau ruisselle vers les racines des arbres.
"Des collectivités travaillent aussi autour de fosses de Stockholm. Celles-ci sont aménageables malgré des sols contraints. Il s’agit d’espaces de stockage, contenant de gros galets qui permettent de stocker l’eau pour que l’arbre puisse s’en nourrir."
Des aménagements qui nécessitent "de prendre en compte, là encore, les réseaux souterrains pour ne pas inonder un parking ou un réseau de métro", souligne la spécialiste du Cerema.
Appropriez-vous ce lieu, il est à vous! » Ce samedi, en fin de matinée, Christophe Ulivieri (premier adjoint délégué au cadre de vie et travaux à Mougins) ne croyait pas si bien dire. À peine le ruban inaugural sectionné d’un coup de ciseaux, le public (enfants en tête) s’est élancé pour découvrir le nouveau Jardin des restanques, ouvert après plus d’un an de travaux pour 2,6 Me.
Soit 6.000m2 d’espaces végétalisés au Cœur de vie, parsemés d’arbres de haute futaie (près d’une centaine), de plantes aromatiques, de fontaines en circuit fermé, d’un verger, d’un sous-bois. Mais aussi un véritable lieu public, intergénérationnel, avec toboggan, tyrolienne, tubophone, escalade pour les plus jeunes (sans oublier le carrousel qui tourne déjà manège depuis novembre), tables de jeux d’échecs ou de pique-nique, chaises longues, toilettes sèches, et autres mobiliers de détente pour tous…
La loi ZAN vise à limiter les droits à construire en France
VRAI. Extension des villes, développement des zones commerciales, création d’infrastructures de transports, de services, de loisirs… La France a artificialisé plus de 250.000 hectares de sols entre 2011 et 2021, perdant ainsi, chaque année, de 20.000 à 30.000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers - l’équivalent de cinq terrains de football par heure, selon Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique.
La loi Climat et résilience du 22 août 2021 a posé un objectif de zéro artificialisation nette à l’horizon 2050. À cette échéance, autant de surfaces qu’on ne lui en prend devront être rendues à la nature. L’effort sera progressif. Sur la période 2021-2031, les collectivités territoriales doivent déjà réduire de moitié leur étalement par rapport à la décennie précédente. Une commune qui a consommé 10 ha de terrain entre 2011 et 2021 devra, par exemple, se limiter à 5 ha pour la période en cours. A l’échelle nationale, cela représente 125 000 hectares à préserver de toute nouvelle opération d’aménagement, d’ici à 2031.
Les maires sont majoritairement contre la loi ZAN
VRAI ET FAUX. Les élus locaux sont d’accord avec ses objectifs : lutter contre le réchauffement climatique et les îlots de chaleur urbains (un sol artificialisé n’absorbe plus de C02), préserver la biodiversité, limiter l’imperméabilisation des sols et les risques d’inondations. Pourtant, beaucoup sont vent debout contre des directives qui, selon eux, en raréfiant le foncier disponible, vont accroître le coût des terrains et aggraver la crise du logement.
Les maires des petites communes rurales sont les plus remontés. Ceux qui ont peu construit ces dernières années sont en effet contraints au même effort que ceux qui ont bétonné à tout-va, ce qui pénalise les plus vertueux, estiment-ils. Leur crainte, s’ils ne peuvent plus accueillir de nouveaux habitants, c’est de perdre leur école, leur médecin, leur boulanger… et de renoncer aux projets, faute de recettes fiscales. Le décret n°2023-1097 du 27 novembre 2023 relatif introduit une marge de manœuvre pour permettre aux territoires (régions, agglos) de prendre en compte les spécificités locales dans leurs documents de planification et garantit une surface minimale communale de consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers.
Le Zéro artificialisation nette va considérablement modifier l’architecture des villes et des bourgs
VRAI. Beaucoup de Français vont devoir faire une croix sur leur rêve de maison neuve individuelle avec jardin, proche des commerces et services. Les solutions préconisées pour répondre aux besoins de logements? Densifier les bourgs en privilégiant les petits collectifs à étages, reconvertir des friches (le pays en compte 170 000 ha) et rénover des logements vacants.
Les projets de lotissement ont déjà ralenti
FAUX. Là où il y a pénurie de logements - c’est notamment le cas en Bretagne - certaines communes ont, au contraire, mis un coup d’accélérateur pour produire de nouveaux lotissements avant que les documents d’urbanisme régionaux, intercommunaux et locaux ne soient modifiés en vue de diviser par deux le rythme d’artificialisation. Un empressement à double tranchant car chaque collectivité sera redevable du foncier consommé depuis la promulgation de la loi, le 22 août 2021.
Certains grands projets échapperont à la loi ZAN
VRAI. Axe ferroviaire Lyon-Turin et autoroute A69 dans le Tarn, aménagement des grands ports maritimes de Marseille et Dunkerque, rénovation de l’aéroport de Nantes-Atlantique, sites aéronautiques, réacteurs nucléaires… L’exécutif a déjà exclu du dispositif 167 "projets d’envergure nationale et européenne" (dont 55 industriels), pour un total de 11.900 ha, qui échapperont au quota d’artificialisation accordé à chaque région. 257 autres projets "non encore aboutis" devraient venir compléter cette première liste. La loi prévoit, en outre, une clause de revoyure au Parlement, en 2026.
Les conséquences de la loi seront les mêmes dans toutes les régions
FAUX. L’effort de réduction sera identique mais le Grand Ouest, le bassin toulousain et le couloir rhodanien souffriront davantage de la raréfaction des terrains à bâtir à l’horizon 2030, selon le 7e baromètre Arthur Loyd. Le réseau spécialisé en immobilier d’entreprise a calculé que 3.155 ha manqueraient à Toulouse, 2.302 à Bordeaux, 1.882 à Nantes et 1.780 à Rennes pour répondre aux besoins, sur un arc atlantique attractif. Sans compter l’érosion côtière qui, d’ici à 2050, pourrait contraindre les habitants de 5.200 logements du littoral à se replier dans les terres, selon un récent rapport du Cerema (450.000 d’ici à la fin du siècle).
L’artificialisation des sols a abouti à la perte de près de 600 000 hectares de terres agricoles en dix ans
FAUX. Sur 596.000 ha de terres agricoles perdues entre 2006 et 2015, selon les statistiques ministérielles de l’Agreste, 39% sont devenus des sols naturels ou forestiers. Et, sur les 61 % qui ont été artificialisés, seuls 44% ont été bétonnés (parkings, routes, places). Les 56% restants ont été transformés en parcs et jardins publics, terrains de sport, chemins (…) et ont donc gardé leur perméabilité.
Bien sûr, c’est toujours la police qui assure la sécurité du Festival de Cannes, du 14 au 25 mai prochain. Mais cette année, les forces de l’ordre se sont adjoint les services d’auxiliaires bien particuliers. Pas la carrure de bodyguards ou commandos d’élite pour jouer les cerbères aux abords du Palais. Mais plutôt l’allure décontractée et la tête bien pleine des jeunes chercheurs (moins de trente ans d’âge moyen) de la société Videtics, basée à Sophia Antipolis.
Ce sont bien eux qui ont décroché le marché avec le ministère de l’Intérieur (à 19.000 e), afin d’expérimenter l’usage de l’intelligence artificielle sur 17 caméras, durant la grande messe du cinéma sur la Croisette. Autrement dit, grâce aux logiciels développés par ces cerveaux azuréens, les "cyclopes" de la Ville pourront détecter au plus vite des comportements ou faits suspects, en lien direct avec le centre municipal de vidéosurveillance.
Tout en sourire et simplicité, Alan Ferbach, cofondateur de Videtics – avec Alexandre Reboul et Pierre-Alexis Le Borgne –, nous reçoit dans leurs bureaux au cœur de la technopole.
Détection en amont - Pourquoi "Videtics"?
"Pour vidéo et éthique, avec le ‘‘ics’’ pour le côté analytix, façon Astérix, répond du tac au tac l’intéressé. Il s’agit avant tout de protéger les biens et personnes. Et comme on s’est aperçu que 99% des images enregistrées par des caméras de sécurité n’étaient ni visionnées ni exploitées, on crée des outils pour mieux cibler leur usage. Pas uniquement d’un point de vue sécuritaire d’ailleurs (voir encadré)."
Ce sera néanmoins le cas à Cannes, avec cette intelligence artificielle à titre expérimental, autorisée jusqu’au 31 mars 2025 par la loi d’exception sur les J. O. Sur son ordinateur, dans son bureau où stationne un vélo (il s’entraîne pour le triathlon), Alan nous montre comment fonctionne le logiciel "Perception", que la société a mis au point. Sur l’écran, la pièce principale de leurs locaux apparaît. Alan y trace une ligne imaginaire en bleu.
À chaque fois, qu’une personne la franchira, elle sera aussitôt repérée et ciblée sur l’écran. Pareil pour une valise posée devant le canapé, au bout d’un temps déterminé par l’utilisateur, avant de la considérer comme un colis suspect. Ou bien pour Alan lui-même, qui s’est prêté au jeu en s’allongeant à terre, et a été immédiatement cerclé à l’écran!
L’intrus, pas la star!
"Le principe est toujours le même, indique l’ingénieur sorti de l’école Polytech à côté. On définit une zone d’intérêt en amont, qui va être concernée par les critères à détecter."
Durant le Festival du film, huit "scénarios" sont ainsi pris en compte: les mouvements de foule, l’intrusion d’une personne ou d’un véhicule dans un périmètre interdit, une circulation à contresens, une personne au sol, la détention d’une arme, d’un feu ou d’un colis abandonné. "Ici, le logiciel se base sur la forme d’une personne, d’un véhicule ou d’un bateau. Tout le reste c’est du background, du paysage, ou alors un objet abandonné!"
Et Brad Pitt, qui déciderait soudain de faire du hors tapis pour pénétrer dans une zone interdite? "Ah ça, on ne peut pas l’identifier, car la reconnaissance faciale n’est pas autorisée."
Autrement dit, cinéma ou pas, l’heure n’est pas encore au règne de Big Brother. Et pour être artificielle, cette intelligence ne manque pas de conscience…
Le 5 avril 2019, A.R.B.R.E.S. adopte la déclaration des droits de l’arbre qu'elle a rédigée, lors d’un colloque à l’assemblée nationale.
Cette déclaration est destinée à sensibiliser les pouvoirs publics au respect des êtres vivants que sont les arbres et à leur protection. L'association propose aux municipalités de l'adopter symboliquement. Depuis 2019, de nombreuses municipalités y adhèrent chaque année.
LE TEXTE :
Pour accéder au document
https://www.arbres.org/docs/actualites/colloques_conferences/190321DECLA_DROITS-1.pdf
Pour rendre nos villes plus agréables à vivre pour les piétons, vous ne manquez pas d’idées. Nous vous avons demandé quels points noirs vous suggérez de traiter en priorité. Vous avez été plusieurs centaines à prendre part, de Menton à Toulon, au sondage publié en ligne. Voici les principales mesures que vous préconisez.
Des trottoirs en meilleur état...
Vous êtes plus d’un tiers à suggérer que vos villes portent une attention accrue à la qualité de ces espaces publics. Vous demandez « une réfection d’urgence, ils nous mettent en grand danger de chute ». « Le revêtement des trottoirs carrelés est dangereusement glissant lorsqu’il pleut ! » De Nice à Toulon, vous soulignez les risques que représentent les trous, bosses. « Trop de trottoirs sont en dévers trop importants ou irréguliers à la suite de travaux, donc sont peu agréables à la marche, et il est difficile d’y pousser un fauteuil roulant. »
Aussi suggérez-vous de les rendre plus "plats", "il y a trop de déclivité entre le bord côté chaussée et le côté habitation."
La question de la propreté est aussi soulevée: "il faut verbaliser les propriétaires de chiens qui ne ramassent pas les excréments de leur animal", estime ce Cannois.
... plus larges et réservés aux piétons
"Ils doivent respecter partout 1,40 m de largeur sans obstacle". Pour libérer l’espace pour la marche vous appelez aussi de vos vœux une "verbalisation des voitures qui stationnent sur les trottoirs et passages protégés", mais aussi des "cyclistes et trottinettes qui empruntent les trottoirs réservés aux piétons". "Encore ce matin, j’ai failli être percuté par une trottinette qui descendait à contresens la rue que je traversais", témoigne ce lecteur. Et vous demandez qu’ils soient "désencombrés". En "empêchant les entraves (comme les containers poubelles) sur les trottoirs étroits". Vous estimez qu’il faut "réduire les terrasses des restaurateurs" et que les haies des particuliers soient "taillées." "Parfois l’amorce du passage piéton est cachée par des haies ou des végétaux trop hauts : le piéton sort ainsi brusquement sur la chaussée", pointe ainsi Gérard, de Menton.
Des trajets plus jolis, directs et ombragés
Des trajets plus jolis, directs et ombragés. "Le piéton ne devrait pas faire de détours pour être en sécurité. Il devrait avoir droit au chemin le plus direct." Et que les traversées et la signalisation soient améliorées. "Indiquer les temps de parcours comparés (auto/à pied)" proposez-vous encore. Sans oublier d’aménager des cheminements piétons en dehors de l’hyper centre, comme le propose Antonio, pour "mettre le piéton à l’abri de la circulation".
Vous pointez aussi l’importance des arbres en ville.
"Il faut intégrer plus d’espaces verts et de zones arborées pour rendre le milieu urbain plus agréable (baisse de la température l’été) afin d’inciter à marcher", mais aussi veiller à jalonner les rues de "lieux de pause" en "mettant des bancs", et sans oublier "les toilettes publiques." En nombre insuffisant.
Réduire et apaiser le trafic routier
"Ralentir la vitesse des véhicules", "dissuader les voitures d’entrer en ville car pour un piéton marcher au milieu des embouteillages est un cauchemar" sont autant de pistes qui reviennent dans vos propositions. Pour réduire le bruit et la pollution.
Impliquer les citoyens
"Les habitants, les commerçants et les artisans devraient être associés dans le processus de décision en organisant des consultations citoyennes pour recueillir leurs suggestions et préoccupations" propose cet habitant de Fréjus. Tandis que ce Grassois lui fait écho: "Il faudrait que des usagers fassent majoritairement partie des décideurs."
Piétonniser les abords d’écoles
"Ce serait bien d’habituer les enfants à se déplacer à pied, tout d’abord pour aller à l’école." Une lectrice Dracénoise estime ainsi que faire arriver "tous les élèves à pied 50 m minimum avant l’entrée de l’établissement, c’est revisiter totalement le déplacement quotidien des élèves (...) cela donnerait une nouvelle manière de vivre "l’urbain"."
"Prenez les cœurs historiques de villes qui sont devenus entièrement piétonniers, les gens sont plus calmes. Pour résoudre les difficultés des mauvais marcheurs, une petite navette peut ponctuellement intervenir." Elle invite les décideurs à s’inspirer "d’Aix-en-Provence, Vérone en Italie, Bayonne dans les Pynérées-Atlantiques, la vieille ville de Carcassonne…"
"Si on ne donne pas sa place à la rivière, elle la prend." Avec le changement climatique, c’est une petite phrase qui se fait plus réelle. Confronté à des inondations destructrices, notre territoire garde en mémoire les années meurtrières, 2010, 2015, 2020. Dracénie, littoral azuréen, vallées de la Vésubie, Roya…
Dans nos villes et villages, quelle place laisse-t-on à nos fleuves et rivières?
"Il y a deux ans, nous avions ici du béton, un chenal. Même le fond de l’eau, le lit de la Cagne, était bétonné." Visite de terrain avec Alexandra Maccario, chargée de mission "aménagement" à la mairie de Cagnes-sur-Mer.
"Permettre à la nature de se remettre en place"
"On a démoli le béton, couché les berges, en s’inspirant d’une rivière naturelle. C’est un élargissement de l’espace laissé à la Cagne, sur 60mètres." Depuis la fin de l’année 2022, le paysage a changé. Du tout au tout.
Ce petit bout de la Cagne, 200mètres de long, a la particularité d’être situé en plein centre-ville, coincé entre les axes routiers, dont un pont autoroutier.
Le projet tire profit de la proximité du parc du Canebier, un foncier encore disponible au pied des immeubles. Mais le lieu a vocation à être plus qu’un champ d’expansion en cas de crue. Il est un maillon dans le schéma directeur de la Cagne, projet de reconquête d’un corridor écologique d’ici à 2040.
"Le principe est de laisser la nature se remettre en place et retrouver un fonctionnement naturel, progressivement", développe Alexandra Maccario. C’est le point crucial aux yeux de l’Agence régionale de l’eau, attentive à la "restauration des milieux qui eux, vont répondre à la problématique des inondations, en partie en tout cas", analyse Sophie Lasnier, cheffe du service Alpes-Maritimes et Var. "Le projet doit être replacé dans une démarche plus large autour de la rivière, depuis les gorges jusqu’à la mer. C’est un fonctionnement à l’échelle du bassin-versant."
Celui-ci est partagé en deux grands secteurs. Le plus en amont est tourné vers le retour d’une agriculture de proximité, avec l’acquisition de terres agricoles. Celui en aval est une plaine hyper-urbanisée, "une rivière canalisée avec des rives en béton". Voilà pourquoi "le bon terme pour en parler est celui de décorseter une rivière", explicite Sophie Lasnier, tout en rappelant qu’il s’agit d’une "première étape, l’important étant d’aller au bout de la démarche. La plus-value sera de redonner le maximum d’espace à la rivière, pour que se réenclenchent les mécanismes naturels". De la source à l’embouchure. Car "chaque goutte tombée en haut finit en bas".
Changement de vision
Évidemment, la Cagne reste marquée par l’urbanisation, mais ce projet est le signe d’un renversement de la façon de penser. On est passé d’une doctrine pétrie de digues et de béton, dont l’ambition était de chasser l’eau le plus vite possible vers la mer, à l’idée opposée de "ralentir le débit, d’abaisser les hauteurs d’eau, de laisser le temps à l’eau de s’infiltrer dans le sous-sol". "Conserver le maximum d’eau dans les sols, comme dans une éponge, cela permet d’anticiper les périodes où on en manque", analyse Alexandra Maccario.
Les perspectives sont en train de changer. "Avant, quand on parlait d’espaces verts, on pensait petites fleurs. Désormais, on se met à comprendre qu’on n’est pas les spectateurs d’un paysage, mais qu’on fait partie d’un écosystème."
Lors des réunions publiques ou des visites de chantier, elle a été frappée par la richesse des questions des citoyens. "La tempête Alex a été un profond déclic chez tout le monde. On se dit qu’il faut faire autrement." Ici, à Cagnes-sur-Mer, le maire avait déjà engagé la transformation de la rivière, dont la plaine alluviale est aussi une source d’eau potable.
Chez la SPL Côte d’Azur Aménagement, qui dépend de la Métropole niçoise, le directeur opérationnel Patrick Roels considère "ce chantier comme un bijou. Cela fait partie des projets référence". Avec la surprise de voir, déjà, se poser un héron. "Alors le passage du héron, ça, on n’y croyait pas!"
"Jusqu’à présent, le recrutement se faisait au niveau local, analyse Jean-Paul David, président du Centre de gestion de la fonction publique territoriale des Alpes-Maritimes. Mais cela devient un vrai métier de la fonction publique territoriale, avec toute la reconnaissance qui doit lui être apportée."
"Aujourd’hui, un secrétaire de mairie doit faire face à ce que l’on dénonce tous les jours. C’est-à-dire la complexification administrative, aux normes, à savoir comment se positionner par rapport aux intercommunalités."
C’est en ce sens qu’avec l’association des maires, le Département et d’autres acteurs institutionnels, ils ont décidé de lancer une formation avec Pôle emploi (aujourd’hui France Travail) afin de faire découvrir, identifier et former de potentiels futurs secrétaires de maire. Un moyen, aussi, de pallier les vacances annoncées de certains postes dans le département.
En France, 26 000 villages n’ont plus aucun commerce, soit 83% des communes rurales. Conséquence: leurs habitants parcourent 25 km en moyenne pour faire leurs courses.
C’est le constat dressé par Génération villages, un collectif né en novembre qui réunit l’Association des maires ruraux de France, la coopérative UpCoop et l’association Bouge ton coq!. Mais pas question d’en rester là.
Jusqu’au 23 décembre, il lance un appel à volontaires pour faire fleurir des épiceries participatives dans 100 villages de moins de 3.500 habitants.
Lutter contre les clichés qui collent à la ruralité
C’est Bouge ton coq!, créée en 2020 par deux frangins originaires d'une petite commune d’Auvergne, qui a eu cette idée. A l’origine du collectif Génération villages, l’association a développé il y a 3 ans déjà, après un tour de France, une méthode pour lancer des échoppes citoyennes…
"La ruralité, ce n’est pas la zone!"
"La ruralité, ce n'est pas la zone. Les campagnes françaises, ce sont 22 millions d'habitants. Elles fourmillent de gens qui n’ont renoncé à rien, qui parlent avec leur maire, essayent de faire bouger les choses", lance Corentin Emery, responsable de Bouge ton coq!.
Des épiceries pensées comme des alliances
"Un village, c’est la bonne échelle pour prendre des décisions collectives, contrairement aux grandes villes où tout vient un peu d’en haut, des institutions", pose-t-il.
Le modèle des épiceries participatives prend le contre-pied en réunissant des citoyens bénévoles, leur mairie et des producteurs du coin qui tous s’engagent autour d’une association à but non lucratif.
Comment ça marche?
"On voulait une solution simple, rapide. En 4 mois, l’épicerie peut ouvrir." Mode d’emploi: la mairie s’engage à mettre à disposition un local gratuitement. Aucun employé à payer: ce sont des citoyens bénévoles qui, par tranche de 2 h/semaine environ, font tourner la boutique.
"Elle peut ouvrir à partir d’une vingtaine d’adhérents, mais le noyau dur d’un projet est souvent composé de 3 à 5 personnes", détaille Corentin Emery, fort de l’expérience des 150 épiceries déjà créées depuis 2020.
Des produits locaux, sans marge
Côté approvisionnement, "75% des producteurs sont dans un périmètre de 20 km autour de l’épicerie", poursuit Corentin Emery. Pour le reste de l’achalandage (produits d'hygiène, boissons, etc.), Bouge ton coq! forme les bénévoles pour les aider à trouver des fournisseurs, à s’organiser…
Des courses moins chères
Autre avantage du montage associatif: aucune marge n’est pratiquée sur les produits. "Du coup, les courses sont 20 à 30% moins chères", étaye-t-il. De quoi rendre le magasin plus résilient.
"Si les commerces disparaissent des bourgs, c’est parce que c’est souvent dur de se sortir un salaire, de payer ses charges, de tenir… Non marchande, l’épicerie participative contrecarre ces difficultés."
Un accompagnement aux petits oignons
Peur de se jeter dans l’inconnu? Bouge ton coq! ne laisse pas les porteurs de projet sans filet. L’équipe s’entretient d’abord en visio avec chacun d’entre eux, histoire d’évaluer l’envie collective.
"Puis, on les aide à mobiliser leur commune : on se rend sur place pour les accompagner dans l’organisation d’une réunion publique, l’évaluation des éventuels travaux, la communication… On organise le travail en commission jusqu’à l’inauguration. Au démarrage, on apporte 1100€. Sans loyer, les charges restantes (eau, électricité, Internet) sont couvertes par les adhésions à l'association qui porte l’épicerie", détaille Corentin Emery.
Comment candidater?
"Pas besoin d’être 100% prêts pour se lancer, juste d’être motivés", rassure-t-on chez Bouge ton coq!. Pour participer à l’appel à candidature "100 épiceries pour 100 villages", en cours jusqu’au 23 décembre, il suffit de vous inscrire à la première visio en cliquant ici et d’y présenter les grandes lignes de votre projet.
Un manifeste pour soutenir l’initiative
Vous ne vivez pas dans une commune de moins de 3500 habitants ou n’avez pas l’âme d’un citoyen-épicier? Vous pouvez uniquement soutenir l'opération en signant le manifeste rédigé par Génération villages. https://www.google.com/url?q=https://generation-villages.fr/%23manifeste&sa=D&source=docs&ust=1702031856674693&usg=AOvVaw1bEYtcRIL1mlUEeqm5F4-F
"Plus de 11 000 personnes l'ont déjà fait. Cela ne veut évidemment pas dire qu’on va ouvrir 11 000 épiceries, mais que nous sommes nombreux et nombreuses à partager l’envie de changer l’image du monde rural!", conclut Corentin Emery.
Comment l'intelligence artificielle de Google fait baisser les émissions des voitures sur nos routes
Google a déployé sa technologie Green Light dans douze villes afin de fluidifier la circulation et de réduire les émissions de CO2.
Google s’attaque aux émissions de CO2
En plus d’être une frustration pour les automobilistes, les feux de circulation augmentent les émissions des gaz d’échappement. Google a décidé de s’attaquer au problème avec Green Light. Une technologie alimentée par l’intelligence artificielle, qui, couplée à Google Maps, tente de réguler le plus efficacement possible les infrastructures. Après analyse des données de circulation, le système formule des recommandations pour optimiser la durée des feux de circulation.
Les modifications sont ensuite appliquées par des ingénieurs locaux. Green Light est capable de créer des « vagues de feux verts » qui peuvent fluidifier le trafic et donc permettre de réduire les émissions de CO2. Contrairement à un système de surveillance en direct, la technologie de Google ne nécessite aucune mise à jour de l’infrastructure existante. Avant l’aide de Google, les feux de circulation étaient optimisés « à l’aide de capteurs coûteux ou d’un décompte manuel des véhicules ».
La pollution est très élevée au niveau des intersections
Des méthodes archaïques qui n’auront peut-être bientôt plus lieu d’être. Les effets de Green Light seront encore plus évidents dans les endroits où les feux de circulation ne bénéficient d’aucune supervision. Là où leurs paramètres sont obsolètes depuis des années. Plusieurs études montrent qu’au niveau des intersections régulées par des feux, « la pollution est 29 plus élevée que sur les routes ouvertes ». 50 % des émissions sont dues aux arrêts et aux démarrages des véhicules.
Selon Wired, les premiers résultats sont concluants. Google affirme que son système est capable « de réduire les arrêts de 30 % et les émissions de gaz d’échappement de 10 % ». Voici les villes qui bénéficient pour le moment de cette technologie : Seattle, Rio de Janeiro, Manchester, Hambourg, Budapest, Haïfa, Abou Dhabi, Bangalore, Hyderabad, Kolkata, Denpasar et Jakarta. En parallèle, Google mène d’autres initiatives pour tenter de réduire les émissions de CO2 liées à la circulation des voitures.
Il y a notamment les éco-routes. Google Maps propose l’itinéraire le plus économe en carburant depuis un peu plus d’un an. Déjà disponible aux États-Unis, au Canada, en Europe et en Égypte, la fonctionnalité sera étendue à de nouveaux marchés cette année. Autre initiative à venir : le moteur de recherche de la firme américaine proposera bientôt des « itinéraires alternatifs » lorsqu’un utilisateur sera en train d’effectuer une recherche pour un vol. Le train sera notamment mis en avant.
Pourquoi on en parle?
En 1960, la France comptait 500 000 cafés. En 2023, on n’en recense plus que 38 800, décompte le Sénat dans les motifs d’une proposition de loi sur les “Lieux de convivialité en milieu rural” déposée en mars dernier.
Sept communes sur dix sont dépourvues de cafés, pourtant lieux essentiels de socialisation et de discussions.
"La fermeture massive des Cafés, Hôtels, Restaurants (CHR) est visible sur tout le territoire, mais surtout en ruralité", constate encore l’Institution.
Une absence créant une réelle difficulté pour les communes là où 90% des Français considèrent que la présence d’un café, hôtel, restaurant contribue à la vie économique et au lien social, à la capacité d'une commune à garder ses habitants, à l'attractivité touristique, à l'installation d'autres commerces, et à la création d'emplois (IFOP, 2018).
Oui mais comment tenir, notamment dans les petites communes qui peinent à rendre attractif un métier exigeant et soumis à toujours plus de contraintes? C’est pour y répondre justement que le groupe SOS accompagne les communes dans la mise en place de troquets. Un travail qui doit se faire également main dans la main avec les habitants.
Depuis plusieurs mois, Maé Coffre s’active à Saint-Pons, situé dans les Alpes-de-Hautes-Provence. C’est là, dans ce petit village de quelque 700 habitants, que la jeune femme travaille à l’ouverture d’un nouveau café, destiné à redynamiser le village et créer du lien social. Une démarche soutenue par l’association "1000 cafés", mise en place en 2019 et qui a, depuis, permis l’ouverture de quelque 200 cafés sur tout le territoire.
Objectif : désenclaver les territoires ruraux et permettre aux gens qui y vivent de trouver un endroit proposant des services mais aussi où échanger.
Cafés multiservices
Responsable de l’accompagnement en PACA et en Auvergne-Rhône-Alpes, Maé Coffre épaule notamment la mairie du village dans cette démarche.
Mais pas seulement. "Il est central que les habitants adhèrent aussi au projet."
Pour ce faire, ces derniers sont invités à répondre à un questionnaire au début de la démarche, afin d’esquisser, en quelque sorte, les contours de leur café idéal.
"A Saint-Pons par exemple, qui est près de Barcelonnette, on a décidé de se concentrer sur la création d’un lieu convivial pour les touristes, d’un coin épicerie au cœur du café qui permettrait aux gens d’avoir des services en plus."
Un vrai défi dans une ruralité française où le maintien de services de proximité relève toujours plus du casse-tête.
"Ce ne sont pas seulement des cafés bars qu’on ouvre, poursuit encore Maé Coffre. Ce sont des cafés multiservices avec dans l’idée de créer du flux, du passage, des dépôts de relais de colis ou de pain, par exemple."
Viabilité économique
Outre la consultation des habitants, concernant leurs attentes et leurs besoins, l’association "1000 cafés" scrute attentivement le cadre économique et les candidatures.
"Est-ce que ça va être viable? Comment accueillir le nouveau gérant, peut-on lui offrir un logement? Nous nous posons beaucoup de questions", explique Maé Coffre.
Plusieurs paramètres participent au succès de l’entreprise : le choix du lieu, sa fréquentation, la surface nécessaire à la réalisation du projet.
"Chaque commune a ses exigences, poursuit Maé Coffre. Certaines auront déjà les locaux réhabilités, d’autres doivent faire des travaux, d’autres, encore, doivent trouver un espace…"
Un accompagnement est prévu, aussi, pour l’aménagement des lieux, l’obtention de la licence 4, autorisant la vente de boissons alcoolisées et permettant d’obtenir des subventions.
Un investissement de taille au niveau financier pour les communes qui n’hésitent pas, parfois, à débourser des centaines de milliers d’euros.
Besoins des habitants
Une fois que le projet est bien avancé, l’association s’occupe du recrutement des gérants.
Des fiches de poste qui correspondent au projet sont diffusées sur Internet via le Bon Coin ou encore Pôle Emploi.
"On cherche des personnes qui ont de l’expérience dans l’hôtellerie restauration", explique Maé Coffre qui souligne la difficulté que peut représenter une telle prise de poste. Des horaires longs, des attentes fortes des habitants "qui ne comprennent pas que le lieu ne puisse être ouvert 7 jours sur 7".
Pour recruter au plus près des besoins, des entretiens sont menés, des rencontres avec l’équipe municipale aussi.
"Ce qui est important, c’est qu’on les accompagne aussi après l’ouverture du café, poursuit Maé Coffre. On fait des points assez réguliers entre le gérant et la gérante, on regarde quelles activités fonctionnent bien, quel service déployer et on les conseille sur les animations à mettre en place dans le café."
Travailler les relations
L’installation d’un café dans un village peut susciter des remous.
"Dans un village de l’Allier, se souvient Maé Coffre, un projet n’a pu aboutir faute d’entente avec l’opposition."
Les critères de sélection des candidats ont été affinés.
"Les personnes qui n’ont pas énormément d’expérience peuvent se laisser dépasser et arriver à un stade d’épuisement, constatent les membres de l’association. Gérer un café demande aussi de sérieuses compétences techniques, comme la comptabilité. Mais aussi des qualités humaines."
Pour préparer la population, l’association communique aussi sur les difficultés que peut rencontrer un gérant de café rural.
"Ces métiers doivent être revalorisés."
Créer un réseau
Prochainement, l’association compte créer un réseau pour valoriser le partage d’idées relatives à la gestion des cafés. Dans l’optique de créer du lien au-delà des villages.
Les gérants, qui bénéficient d’une formation de deux semaines, gardent généralement contact avec les autres participants. Ils sont encouragés à cultiver l’entraide, d’un village à l’autre.
Un réseau d’élus devrait également voir le jour, afin de leur permettre de partager les difficultés rencontrées.
Pour aller plus loin et joindre l'association "1000 cafés", vous pouvez vous rendre sur leur site https://www.1000cafes.org/
"L’arbre fait partie de la beauté de la ville et permet aussi d’atténuer les conséquences des canicules urbaines", pointe Caroline Mollie est paysagiste et l’auteur du livre “Des arbres dans la ville“ (Actes Sud).
"Mais pas seulement", précise Pierre Sicard. Chercheur à Argans, une entreprise qui étudie la Terre par satellite, basée à Sophia Antipolis, ce docteur en chimie atmosphérique travaille sur le rôle de l’arbre en ville.
Il précise : "Si l’arbre permet de rafraîchir les villes, il permet aussi de lutter contre la pollution atmosphérique. Ce sont ces deux fonctionnalités qu’il faut prendre en compte pour planter efficacement en milieu urbain."
Stockage du carbone, élimination des polluants atmosphériques, consolidation des sols, préservation de la biodiversité, rafraîchissement, la liste des bienfaits des arbres en ville est longue comme le rappellent de nombreuses études publiées sur le sujet, notamment par l’ONU.
Prendre en compte la pollution
"Cependant, la végétalisation des villes peut accentuer certains phénomènes si elle est mal maîtrisée", constate Pierre Sicard.
"Tous les arbres sont bons pour l’homme mais certaines essences ne sont pas bonnes pour la qualité de l’air", poursuit le chercheur qui cite l’exemple de Madrid où de nombreux pins et chênes pubescents ont été plantés et une augmentation de l’ozone (gaz à effet de serre) constatée.
Si, jusqu’à maintenant, la plantation d’essences locales était majoritairement conseillée, ces dernières ne sont pas toujours les plus adaptées, juge Pierre Sicard.
"Rien d’étonnant, précise encore le chercheur, quand on sait que le chêne pubescent produit 120 grammes d’ozone par jour."
Même constat pour le platane. "Ces espèces peuvent émettre des composés organiques volatils nocifs pour la qualité de l’air", précise encore Pierre Sicard.
"Une étude publiée en 2017 dans ACS publication a démontré que 60 % du smog lors de la canicule de 2006 à Berlin pouvait être attribué aux rejets de composés végétaux", constatait encore le journal Reporterre. "Le même constat a été fait en périphérie de Madrid où la qualité de l’air était dégradée en raison de la plantation des mauvaises espèces", reprécise encore Pierre Sicard.
C’est pourquoi quand, en 2018, il a vu les promesses de planter des arbres se multiplier, il avoue : "J’ai tiré la sonnette d’alarme."
Résistance au changement climatique
Il ne s’agit donc pas de planter à tout va.
Une étude publiée en 2014 intitulée "La ville verte, les impacts du végétal en ville" concluait que si le nombre d’arbres plantés est important, le choix des espèces l’est tout autant.
Non seulement les essences doivent être qualitatives au regard de la pollution de l’air et du rafraîchissement qu’elles procurent, mais elles doivent également résister au changement climatique.
"En vue de l’augmentation des températures, il faudrait prendre des espèces subtropicales, peu gourmandes en eau", explique Pierre Sicard, qui constate que des villes comme Nice ou Antibes ont déjà fait cet effort.
Parmi ces espèces, le chercheur cite le ginkgo biloba, le tipuana tipu, le flamboyant bleu ou encore le brachychiton à feuilles d’érables appelé aussi arbre de flamme. Des espèces similaires à celles présentes à Valence, en Espagne, ville avec laquelle Pierre Sicard travaille et qui possède un climat similaire à celui qui attend la Côte d’Azur.
"Ces essences sont bonnes pour l’air et ne nécessitent pas beaucoup d’eau. Il en existe également de moins exotiques, comme les érables, le tilleul, l’orme résistant, qui a été planté à Grasse et qui sont également de très bonnes espèces."
Interrogé dans nos colonnes en mai 2021, Philippe Rossello, géographe et coordinateur du Groupe régional d’experts sur le climat en région Sud (GREC-SUD) commentait : "On doit se poser ces questions : le type d'arbre que je plante résiste-t-il au stress hydrique et provoque-t-il de l'évapotranspiration?"
Exit, donc, le pin d’Alep à la faible évapotranspiration ou encore le palmier, "décoratif mais peu efficace en ombre".
Contraintes de la ville
Étudier attentivement le milieu pour planter au plus proche des conditions climatiques d’un lieu, c’est le défi que s’est donné Bas Smets, architecte belge à succès. "L’arbre est un opportuniste", commentait-il lors de son passage à Nice le mois dernier pour un festival organisé autour du thème “La ville, nouveaux horizons“.
Lui qui a été chargé de reconstruire le parvis de Notre-Dame a travaillé dans de nombreux espaces minéraux, comme le site de la Défense ou encore le parc des ateliers de Luma à Arles.
Le jeune architecte s’entoure de paysagistes mais aussi de scientifiques. Pour lui, chaque lieu est comme un micro-climat dont il convient de comprendre les mécanismes.
"Quels arbres planter? Je pars des conditions présentes dans un secteur donné à un instant t", expliquait-il lors de sa venue à Nice, plans et photos à l’appui.
Comme pour le parc des ateliers Luma à Arles. "Dans cet ancien site industriel régnait un climat semi-désertique, poursuit l’architecte. Nous avons planté en adéquation avec le milieu et aujourd’hui, plus de 80 000 plantes de 140 espèces différentes peuplent les alentours du musée." A Londres, il a ainsi été capable de planter une forêt tropicale au cœur d’une petite cour, suffisamment humide pour accueillir une telle végétation.
"La difficulté, c’est qu’on ne sait pas à quoi va ressembler le climat dans 40 ou 50 ans" même s’il reconnaît que la sécheresse est désormais une contrainte incontournable.
Chaque ville dispose de contraintes, constate Pierre Sicard qui travaille sur un projet entre Aix-en-Provence et Florence.
"Si vous prenez une ville comme Florence, il n’y a pas d’arbres dans le centre-ville ancien. Et il est impossible d’entreprendre des travaux de plantation, pour des raisons de patrimoine. Il faut donc végétaliser aux abords de la ville, dans des forêts périurbaines."
Comprendre les arbres
"85% des plantations relèvent du domaine privé", constate Pierre Sicard. Copropriétés, jardins individuels, les citoyens ont leur part à jouer dans la bonne gestion des arbres en ville.
"Communiquer auprès du grand public sur les essences à privilégier est donc d’autant plus important", commente le chercheur.
"Il faut comprendre comment les arbres fonctionnent. Pour aller bien, il leur faut un maximum de terre et donc d’espace car les racines poussent dans un rayon de 30 mètres", explique Caroline Mollie qui note la nécessité de travailler avec les services de voirie et de réseaux souterrains, afin de contrôler l’espace qui peut être laissé à la plante.
Elle poursuit :"Planter l’arbre jeune aussi, quand il a entre 2 et 6 ans. Et puis savoir l’entretenir, évidemment… l’élagage à tout va fragilise les arbres."
Avertir le public, les villes s’y attèlent également.
Certaines associent directement les citoyens dans leurs politiques de revégétalisation.
D’autres, comme la ville de Metz ont travaillé en collaboration avec le Cerema (centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), au projet Sesame, "une étude et une analyse des services écosystémiques rendus par 85 espèces locales dans le contexte climatique actuel et à venir". Résultat, des fiches techniques présentant les espèces selon leur impact sur la qualité de l’air, la fixation de particules fines, la régulation du climat local… D’autres encore, comme la ville de Lyon, publie sa charte de l’arbre en ville.
Pierre Sicard, qui multiplie les initiatives et interventions auprès des villes, aimerait, quant à lui, produire une brochure. "Quelles essences recommander aux citoyens? Je pense qu’un petit guide sur la question serait pertinent… même s’il sera difficile de trouver des plantes qui satisfassent tout le monde à 100%."