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Huit présidents de départements alpins ont adressé un courrier à Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, pour lui demander de relever les plafonds de prélèvement des loups de 19 à 30%, soit 112 loups abattus en plus en 2025.
En théorie, le nombre de loups pouvant être abattus en France en 2025 est de 192. Trop faible, disent à l'unisson huit présidents de Départements alpins : la Drôme, l'Isère, la Savoie, la Haute-Savoie, les Alpes-Maritimes, les Hautes-Alpes, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence. Ils cosignent un nouveau courrier daté de ce lundi et adressé à la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard. Ils demandent que le taux d'abattage de la population lupine passe de 19 à 30%.
Au mois de décembre, ces mêmes présidents de départements avaient contesté dans un communiqué la méthode de comptage des loups, dont la population est estimée à 1.013 par les services de l'État (Office Français de la Biodiversité), en baisse de 89 individus par rapport à 2023. Les élus parlent de la "sous-évaluation manifeste" du nombre de prédateurs présents sur le territoire. Ils évoquent aussi le récent changement de statut du loup, passé d'espèce "très protégée" à "espèce protégée" dans la Convention de Berne.
112 loups abattus en plus
Si le calcul demandé par les élus est suivi, 304 loups pourraient être abattus en 2025 en France, soit 112 de plus que ce qui est prévu actuellement. Pour les huit présidents de Départements, cela compenserait les opérations de tir qui n'ont pas eu lieu l'an passé, le plafond d'abattage ayant été atteint dès la fin du mois de novembre. Les tirs de défense qui répondent généralement aux attaques de loups n'ont donc pas été autorisés, selon les élus, au mois de décembre.
Par ailleurs, le courrier mentionne également la nécessité d'appliquer immédiatement certaines mesures du Plan Loup 2024 - 2029, notamment "la meilleure prise en compte des indemnisations des pertes directes" pour les éleveurs, "la mise en place d'un statut pour les chiens de protection" et "l'harmonisation des conditions de déclenchement des interventions des agents agréés".
"Tuer des loups ne protège pas les troupeaux"
Selon les élus, abattre plus de loups permettrait de réduire la "pression" sur les troupeaux d'ovins. Pour les associations de défense de la nature, cet argument est fallacieux. "Le seul moyen de limiter les dommages loups, c'est la protection des troupeaux", faisait valoir Roger Mathieu, coréférent loup pour France nature environnement (FNE) Auvergne-Rhône-Alpes, au mois de décembre. Ces associations dénoncent par ailleurs des abattages illégaux de loups, entre 100 et 200 braconnages par an.
Des nouvelles de la colonie
450 poussins flamants bagués
Les derniers poussins ont pointé le bout de leur nez fin juillet ! Ils ont rejoint les crèches déjà constituées afin d'éviter l'agressivité des autres parents et pour se protéger des prédateurs. Ils étaient donc tous prêts début août pour recevoir leurs bagues d'identification.
Pour la 7ème fois consécutive, la Tour du Valat a coordonné le baguage des poussins de la colonie de flamants roses sur le site du salin d’Aigues-Mortes (30).
Cette propriété de la Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est est le seul lieu de nidification des flamants roses en France.
Cette année, notre équipe de chercheurs y a recensé environ 13 000 couples
nicheurs et 3 000 poussins. Ce succès reproducteur est relativement faible pour
cette espèce, principalement en raison d’un printemps orageux qui a perturbé de
nombreux couples. Toutefois, les œufs pondus plus tardivement, à partir de début
juin, ont montré un meilleur taux d’éclosion. Le baguage a donc pu avoir lieu !
3,2,1... Baguez !
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Le mercredi 7 août 2024, dès l’aube, environ 150 volontaires se sont rassemblés pour participer au baguage de 450 poussins flamants roses, une étape essentielle pour leur étude. Organisée en partenariat avec la Compagnie des Salins du Midi, cette opération consiste à équiper chaque poussin d’une bague gravée d’un code unique, lisible à une distance jusqu'à 300 mètres.
Les poussins, rassemblés en crèche, sont d’abord encerclés par les participants puis guidés vers un enclos où ils sont alors pris en charge pour être bagués, pesés et mesurés. Après avoir été manipulé quelques minutes, chaque poussin est relâché dans l’étang et rejoint le reste de la crèche qui n'a pas été capturé.
Même si le baguage des flamants roses est une opération délicate, il n’altère en rien leur comportement ultérieur et il est réalisé dans le plus grand respect du bien-être animal. De nombreuses études ont montré que ni la survie, ni le succès de reproduction n’étaient affectés par cet évènement et par le port de bague.
Pourquoi organiser le baguage des flamants roses tous les ans ?
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Ces oiseaux emblématiques, inféodés aux lagunes peu profondes d’eau saumâtre et salée, restent une espèce vulnérable car la plupart des zones humides dont ils dépendent sont menacées.
Le baguage s’inscrit dans un programme d’études lancé dès la création de la Tour du Valat en 1954, et structuré de manière plus rigoureuse à partir de 1977.
Depuis lors, chaque année, la Tour du Valat équipe plusieurs centaines de flamants roses de bagues permettant d’identifier et de suivre chaque individu.
Ces observations ont permis de constituer une base de données unique au monde, essentielle pour mettre en place des mesures de conservation adaptées au contexte local et aux besoins spécifiques de l’espèce.
En 2024, au cours de nos observations de la colonie, nous avons identifié 27 individus différents nés et bagués en 1977, soit des oiseaux âgés de 47 ans !
SAVE THE DATE
Journée des parrains "flamants idéaux"
le samedi 19 octobre 2024
Chaque année, les parrains et marraines de flamants idéaux sont invités à la "Journée des parrains" organisée en automne. C'est une belle occasion pour eux d'en apprendre plus sur le Flamant rose, d'échanger avec les autres parrains/marraines mais aussi de découvrir qui se cache derrière Adopte un flamant ! Au programme : entrée offerte au Parc ornithologique de Pont de Gau (13), visite guidée, conférence et rencontre avec les hommes et les femmes qui œuvrent au quotidien à la préservation des zones humides.
Lancement des inscriptions en septembre pour les personnes concernées.
Son combat pour la restauration et la préservation de la posidonie en mer méditerranée est reconnu à sa juste valeur.
Le 3 décembre dernier, la mairie de Cannes a remporté le prix "Coup de cœur" décerné par ACT50 (1), un événement européen consacré à tous les enjeux du changement climatique, pour son action de protection des posidonies dans le cadre du programme PRIME (Posidonia Restoration Initiative for a resilient Mediterranean Ecosystem).
Ce programme, lancé en septembre dernier, porté par l’association NaturDive et financé à hauteur de 60.000 euros par le fonds de dotation Cannes, consiste à replanter des fragments de posidonies arrachés par des ancres ou lors de tempêtes.
Dans cette optique, 3.000m² d’herbiers vont être traités en trois ans, soit 1.000m² par an. Un suivi écologique sera également réalisé pendant cinq ans à l’issue de l’opération.
Transmission d’un trésor écologique aux générations futures
"La posidonie est le poumon de la Méditerranée, a déclaré David Lisnard, le maire de Cannes. Sa protection est un enjeu majeur. Le prix reçu par la Mairie de Cannes récompense une action pionnière et concrète, dans le cadre d’un travail constant et pragmatique de protection de la Méditerranée. Il témoigne de notre engagement à préserver ce patrimoine naturel unique, véritable trésor écologique, et à le transmettre aux générations futures."
Cette opération couplée à l’écomusée a permis d’étendre la zone d’interdiction de mouillage entre les îles de Lérins qui a été multipliée par six, passant de 7.000m² à 43.217m².
- ACT50 se traduit par adaptation, citoyens, territoires pour 2050. Il s’agit d’un rendez-vous d’experts, de citoyens, de décideurs, de chercheurs ou encore d’étudiants concernant la transition et le développement durable. ACT50, qui s’est tenu début décembre, a été organisé par La Tribune, les ministères chargés de l’écologie, du climat et du logement, le Cerema et l’association France urbaine.
Depuis quelques années, le port de Théoule-sur-Mer rencontre un problème d’agitation. "La houle rentre à l’intérieur du bassin et ça a un effet au niveau des bateaux qui tirent sur leurs amarres et on a eu des bateaux abîmés à cause de ça, soupire Caroline Hemingway, directrice du service maritime de la Ville. Il faut donc ralentir la houle pour protéger les personnes et les biens."
La solution serait donc d’allonger le musoir, c’est-à-dire la partie terminale de la digue. Et ce dossier devrait bientôt être clôturé, puisque les travaux sont envisagés dans le courant du mois de janvier.
Mais avant, la Ville a dû mettre en place des mesures compensatoires. Et quitte à le faire, autant en profiter pour mettre en place un volet expérimental, et ne pas "réaliser des mesures pour réaliser des mesures. Autant participer à la science."
Alors, un partenariat a été conclu entre la municipalité et l’université Stella Mare, en Corse.
"Voir si un temps de résidence est favorable à l’espèce"
Parmi ces mesures compensatoires, il y a notamment la relocalisation de 31m² d’herbiers de posidonies, à quelques mètres de leur emplacement initial. "Le simple fait de réimplanter de la posidonie c’est de l’expérimentation, mais ça ne nous suffisait pas."
Certains plans, plutôt que d’être transféré dans la foulée, ont donc été transportés en bateau jusqu’en Corse puis stocké dans un bassin d’eau de mer, reproduisant au maximum les conditions de leur milieu naturel, puis acheminé de nouveau à Théoule pour y être transplanté.
"L’idée c’est de voir si un temps de résidence est favorable à l’espèce, détaille Briac Monnier, enseignant chercheur à Stella Mare et chef de l’opération. Pour tester si dans le cas de phase de travaux comme c’est le cas ici, on peut les maintenir un certain temps avant de pouvoir les replanter."
Si les boutures transplantées mi-novembre – une centaine – par les membres de Stella Mare ainsi que par des agents municipaux sont restées une trentaine de jours en bassin, d’autres plants attendent encore leur tour. "L’objectif c’est d’essayer de les transplanter au bout d’un, deux et trois mois, pour évaluer s’il y a une reprise."
Nombre de feuilles, de tiges…
Une fois par mois, pendant trois mois, l’équipe reviendra pour effectuer des suivis et relever des paramètres, pour surveiller la plante et sa santé: "Nombre de feuilles sur chaque plan, nombre de tiges, longueur des rameaux… On mesure aussi le taux de glucide dans les racines de la plante, pour voir si elle est en bonne santé ou pas."
Enfin, pour protéger ces herbiers de posidonie de l’ancre des bateaux, le service maritime travaille actuellement sur un balisage.
"Avec toute la force environnementale de Théoule, sur le plan maritime ou terrestre, [...] on veut vraiment qu’elle devienne une ville d’expérimentation en faveur de la biodiversité et de l’environnement", conclu Caroline Hemingway.
Les agents de la Ville formés aux expérimentations
Ce n’est pas la première fois que Théoule-sur-Mer travaille avec Stella Mare. Une convention de partenariat a déjà effectivement été signée en vue d’un "transfert de technologie de réimplantation de l’oursin".
L’université "maîtrise la réimplantation de l’oursin en Corse. Là, l’enjeu c’est de voir si leur procédé marche sur le continent", confie Caroline Hemingway, directrice du service maritime de la Ville. Pour faciliter les choses, les agents de son service ont été formés pour effectuer des manipulations afin d’éviter les déplacements récurrents des universitaires corses.
En parallèle, toujours pour l’université, les agents réalisent, toutes les semaines, et une fois par mois en fonction des périodes de ponte, un relevé d’indices gonadiques.
Pesée des organes sexuels
Les agents plongent pour récupérer quinze oursins, puis les mesurent, les pèsent, les ouvrent et pèsent les gonades (organes sexuels), déterminent leur sexe… Ces données sont ensuite envoyées à Stella Mare.
Pour mener à bien cette mission, une cellule de plongée et un petit laboratoire ont été mis en place dans le poste de secours, au port de Théoule.
Et, très bientôt, un inventaire des oursins va être réalisé, par les agents toujours. Et si au bout de quelques années un déclin de l’oursin est constaté, "il va falloir qu’on travaille avec les services de l’état pour interdire la pêche dans le parc".
En permettant aux agents – du service maritime mais également ceux des services techniques – d’assurer ces missions d’expérimentation, "nos agents trouvent un sens à ce qu’ils font. Ils sont contents d’arriver le matin, ils savent qu’ils vont participer à des projets qui vont, quelque part, protéger l’environnement et la planète."
L'ASPAS est une association reconnue d’utilité publique et 100 % indépendante. Une exception pour une association de protection de la nature.
Découvert par podcast de cause à effet https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/de-cause-a-effets-le-magazine-de-l-environnement/au-nom-de-jane-goodall-9211233
Quelles conséquences de ces panneaux sur la faune et la flore?
En préambule, rappelons que selon l’IPBES (plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services éco-systémiques), sur les 8 millions d’espèces animales et végétales recensées, environ 1 million est menacé d’extinction au cours des prochaines décennies. La première cause, c’est la perte d’habitat des espèces. C’est le cas pour les parcs solaires qui imposent le déboisement à l’endroit du parc mais aussi entre 50 et 100m autour afin d’éviter les incendies, mais aussi sur des km de raccordements sous terrains.
La hausse de la température serait aussi néfaste?
Les panneaux provoquent un réchauffement local du secteur. En été, leur surface peut atteindre 85°. Ce qui crée des dômes de chaleur. Leur aspect passe pour de l’eau pour certains insectes qui s’y posent et grillent. Les apiculteurs fuient d’ailleurs ces centrales solaires. Mais paradoxalement, l’impact le plus néfaste est en hiver. Exemple, le crapaud qui entre en hibernation à proximité, trompé par la hausse des températures, va sortir pour se reproduire en plein hiver. Et mourra de froid. Des études ont démontré la baisse majeure de la population de chauve-souris en présence de ces panneaux. Toute la chaîne alimentaire peut se trouver perturbée. La biodiversité est en danger.
Quelles espèces impactées sur le site du projet de parc solaire à Séranon?
Début septembre, un écologue indépendant a mis au jour trois espèces protégées à forts enjeux de conservation qui n’avaient pas figuré à l’étude d’impact: le campagnol amphibie, et deux oiseaux, le verdier d’Europe et le chardonneret élégant. Début octobre, une autre étude indépendante a conclu que le risque pour le muscardin (rongeur) et la Crossope de Miller (musaraigne aquatique) était caractérisé.
Il y a des risques que l’on ignore encore?
Des études débutent ou sont en cours et on déploie à marche forcée sans respecter le principe de précaution. Tant que l’on ne connaîtra pas les risques exacts que l’on fait prendre à la biodiversité, il ne faudrait pas faire ces aménagements. Le Conseil d’État a rappelé en décembre 2021 la nécessité d’analyser les risques sur les espèces protégées.
Depuis un an, l’OFB travaille avec des bureaux d’études pour connaître l’impact de ces installations sur les oiseaux. On pourrait s’en moquer. Mais la biodiversité, c’est nous aussi. Et cela nous impacte déjà.
Projet de parc Solaire à Levens
https://www.nicematin.com/environnement/-les-panneaux-sur-les-toitures-pas-dans-la-nature-a-levens-bras-de-fer-autour-du-projet-de-parc-solaire-au-mont-arpasse-953382
Projet de parc Solaire Séranon/Valderoure
https://www.nicematin.com/environnement/-j-aimerais-vraiment-empecher-le-massacre-elle-se-bat-contre-les-projets-de-parcs-photovoltaiques-en-cours-dans-le-haut-pays-grassois-953393
Proposition de projet de parc solaire aux Monts d'Azur - refusé par ce défenseur de la biodiversité qui s’insurge contre les parcs solaires en pleine nature
https://www.nicematin.com/environnement/-ils-m-ont-propose-un-projet-sur-80-hectares-j-ai-refuse-ce-defenseur-de-la-biodiversite-s-insurge-contre-les-parcs-solaires-en-pleine-nature-953385
C’était "il y a trois, quatre ans". Et aujourd’hui encore, cette initiative met Patrice Longour en colère. Le fondateur de la réserve biologique des Monts d’Azur, à Andon, raconte comment on lui a proposé d’accueillir un parc photovoltaïque de 80 hectares sur ses terrains, au col de Bleine. "On m’a indiqué que j’avais tout intérêt à accepter. J’ai refusé."
Arracher des arbres pour planter des panneaux solaires? Inconcevable pour ce farouche défenseur de la biodiversité, qui fait cohabiter dans sa réserve bisons, cerfs et chevaux de Przewalski. "Je ne comprends pas comment au XXIe siècle, on peut se permettre de sacrifier des territoires qui sont l’avenir, en particulier des territoires sauvages. Ce n’est pas ça, l’écologie!"
Patrice Longour le précise: il n’a rien contre le photovoltaïque. Au contraire. "C’est une partie de la solution. Mais cela doit d’abord être fait dans les parties urbanisées. Ensuite, on pourra éventuellement penser à les mettre à la campagne. Pour l’instant, c’est juste une aberration. Commencez par panneauter les villes!"
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Découvert lecture tardive article https://www.nicematin.com/climat/pour-gerer-les-biodechets-moins-de-km-et-plus-de-solutions-locales--949177
C’est le chiffre choc du rapport Planète vivante 2024, que publient, ce jeudi, les ONG de protection de la nature, WWF et la Société zoologique de Londres (SZL).
Au cours des 50 dernières années, "la taille moyenne des populations d’animaux sauvages a diminué de 73%", signe d’un déclin de la faune sauvage chez les vertébrés (1).
Les animaux terrestres sont 69% moins nombreux en 2020 qu’en 1970. Les animaux marins 56%, tandis que les populations d’espèces d’eau douce subissent "le plus fort déclin, avec une baisse de 85%".
Selon les régions du monde, le rythme n’est pas les mêmes. Les pressions contemporaines sont largement plus fortes dans l’espace géographique Amérique Latine-Caraïbes (abondance en chute de 95%), où la perte de forêts, prairies et zones humides s’ajoute à la surexploitation des espèces et aux effets du changement climatique.
"On continue de vivre, ce n’est pas visible"
L’Europe se situe à un niveau de déclin de 35% de ses populations de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens.
"L’effondrement de la biodiversité n’est pas toujours visible au début, développe Yann Laurans, directeur des programmes du WWF France. On continue de vivre, on ne se rend pas compte de ce qu’il se passe au niveau des équilibres naturels."
Cette perte d’abondance ne doit pas être confondue avec une disparition d’espèce, mais elle peut y mener. "L’extinction d’une espèce, c’est le clap de fin d’une histoire qui commence par la longue évolution d’une perte d’abondance."
D’abord les aires où les animaux sont présents diminuent, puis c’est la reproduction qui périclite. Si les écosystèmes "ont l’air d’encaisser, poursuit Yann Laurans, la science suggère que nous approchons de points de bascule".
Exemple mis en avant: "À partir du moment où l’Amazonie aura perdu 25% de sa surface, nous pensons qu’elle va basculer dans un autre régime de climat. Avec un écosystème de savane." Cela changerait le régime des pluies, avec des répercussions à l’échelle du climat mondial. Actuellement, "la déforestation a déjà atteint 17%".
Pour les auteurs du rapport, "c’est bien le drame, tant qu’on n’a pas atteint un seuil, cela ne se voit pas. Le point de bascule transformerait radicalement nos paysages et nos ressources naturelles."
- Les invertébrés, tels que crustacés, insectes, arachnides ou vers de terre, ne sont pas comptabilisés.
Qu'est-ce qu'on perd?
"Quand on pense à l’artificialisation, on voit ce qu’on gagne [en infrastructure, en logements…], mais moins bien ce qu’on perd. À WWF, nous mettons en avant ce qui est perdu, détaille Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France. Quand on bétonne une zone humide, on perd les services rendus par un écosystème qui fonctionne. En cas d’inondations ou de sécheresse, on perd de la protection des populations humaines qui seront davantage exposées."
De manière générale, la biodiversité permet "d’encaisser les manifestations extrêmes, tempêtes, pluies, sécheresse, houle. Plus le système [le milieu naturel] est diversifié, mieux il absorbe les amplitudes".
"En Méditerranée, les pélicans étaient devenus rarissimes"
Tous les ingrédients sont là. La présence humaine y est plus dense, le littoral plus artificiel, le changement climatique plus intense.
"Le bassin méditerranéen, ses rives nord et sud, est davantage sous pression que les autres, détaille Yann Laurans, directeur des programmes du WWF France. C’est un endroit où il y a, à la fois, beaucoup de richesse en biodiversité et beaucoup de pression de la part des activités humaines." Sur une assez petite superficie.
L’association dispose d’un indice d’abondance à l’échelle du bassin méditerranéen, avec deux décennies de recul.
"Nous avons une donnée précise: une baisse de 20% de l’abondance des vertébrés entre 1993 et 2016, ce qui est plutôt rapide."
Si la richesse de la biodiversité est un atout, "il y a une relation directe entre la résilience d’un écosystème et sa biodiversité", ici comme ailleurs, "l’écosystème se simplifie".
Pourtant, il y a aussi des "success story", preuve que l’action humaine permet d’enrayer le déclin.
Ainsi les populations de pélicans ont été multipliées par cinq, dans le sud-est de l’Europe, entre 1994 et 2018.
"Quand vous vous promenez en Méditerranée, surtout en Grèce, en Turquie, on voit des pélicans. C’était devenu rarissime, presque une attraction! Les mesures de conservation ont fonctionné."
WWF retient que "pour la biodiversité, quand on veut on peut! Quand on met en place de vraies mesures, avec de vrais engagements et des moyens, la nature reprend ses droits."
Ce type d’exemples de restauration n’est pas inédit, mais "reste minoritaire dans le tapis roulant des dégradations".
3 causes, 3 solutions
CAUSES
-Perte des sols et des habitats naturels: bétonisation, étalement urbain, infrastructures de transports... "fragmentent les milieux naturels". Mais aussi l’agriculture: "Partout dans le monde, on prend sur la forêt, pour nourrir le bétail."
-Surexploitation des ressources naturelles: principalement les ressources de la forêt et la surpêche. Au niveau mondial, c’est la 2e cause de perte de biodiversité.
-Le changement climatique: il s’ajoute aux deux premières causes et deviendra même la première, d’ici la fin du siècle.
SOLUTIONS
-Transition alimentaire: moins de protéines animales, plus de protéines végétales. "Moins d’eau pour l’alimentation du bétail et plus d’eau concentrée sur l’alimentation végétale à destination humaine."
-Transition agro-écologique: moins de pesticides, afin d’enrayer la perte des insectes dont les pollinisateurs et la perte des oiseaux de campagne. Avec des bénéfices sur la santé humaine. WWF demande "la réouverture en France du plan Ecophyto, pour réintroduire une trajectoire de réduction des pesticides".
-Protéger et restaurer: davantage d’espaces naturels doivent être protégés et ceux-ci devraient l’être mieux, souligne WWF. "Nous avons besoin d’une restauration des milieux. Toutes les solutions fondées sur la nature sont absolument clés, car elles font le lien entre écosystèmes et climat."
"Quand j’étais gamin, que je me baignais à Cannes, on avait du goudron sur les pieds. Cette pollution était bien plus présente", remémorait lundi le maire de Cannes et président de l’agglomération Pays de Lérins, lors de la réunion du groupe de travail Qualité des milieux marins. David Lisnard voulait mettre en avant l’évolution positive de la protection de l’environnement de la baie de Cannes pour "montrer qu’on peut arranger les choses". L’expérimentation de deux bouées qui serviront à étudier ces fonds marins veut en être l’exemple concret.
L’intelligence artificielle pour protéger la mer
Ainsi, l’objet technologique de la société Biocéanor sera chargé de mesurer et contrôler la qualité de l’eau, en continu. "Peu de collectivités le font. La baie serait vraiment pionnière. On veut regarder ce qu’il se passe dans le milieu, sur des points stratégiques, sur la biodiversité, et comprendre", confie le patron de la société basée à Sophia Antipolis. Pour cela la bouée de Biocéanor va collecter ces données en continu et "y intégrer des données spatiales, de courantologie". "On associe l’intelligence artificielle à nos compétences de biologie marine qui nous permettent de comprendre quel impact a une température, un oxygène sur la qualité de l’eau et la biodiversité, reprend-il. Le but, c’est de pouvoir prédire ces paramètres pour donner des moyens d’action aux collectivités et les accompagner dans la prise de décision".
Une expérimentation menée de façon complémentaire avec Suez, qui va également poser sa bouée de 600kg et 1,5mètres de diamètre dans la baie cannoise. Équipée de panneaux solaires pour être complètement autonome, celle-ci sera chargée "d’écouter la mer", comme le signifie le directeur de l’agence azuréenne de l’entreprise française.
"Chaque animal a son propre son"
"Chaque animal a son propre son. Crabes, oursins, crevettes, cétacés... Tous font du bruit, le jour, la nuit. On enregistre tout ça, précise Emmanuel Carrier. Derrière, c’est notre plateforme, à disposition de la collectivité, qui calcule grâce à l’IA, en fonction de chaque son et de sa fréquence, quelle population on retrouve dans cette partie-là de la baie. On arrive, en direct, à avoir l’information de la population présente. C’est aussi pour analyser l’activité humaine et son impact sur le milieu marin. Donc il faudrait la mettre dans des zones où les bateaux passent. On pourra, par exemple, savoir si l’été il y a moins de dauphins dans la baie parce qu’il y a plus de bateaux".
Où les bouées seront-elles disposées? "C’est encore en discussion avec les autorités. On a identifié des points candidats comme les îles de Lérins, ou plus près de la côte, notamment en fonction des courants marins", répond Samuel Dupont. Alors que celles-ci seront déployées "au printemps prochain", l’objectif à terme serait de pouvoir construire un "réseau de bouées" en fonction de la "dynamique du milieu".
"Suivre l’impact des décisions"
Les deux hommes assurent qu’il est "important de collecter la data, notamment pour suivre l’évolution de l’impact des décisions prises sur la protection de la Méditerranée". Et "les données de l’un peuvent servir à l’autre", livre Samuel Dupont. Le boss de Biocéanor fait état d’une "diminution des stocks de poissons".
"On a un bien commun qu’il est important de protéger pour le transmettre dans les meilleures conditions, exprime l’adjointe au maire de Cannes déléguée à l’environnement et conseillère communautaire, Françoise Brunneteaux. Pour mieux s’y préparer, nous sommes convaincus que l’innovation est au cœur des enjeux pour affronter ce que l’on a à affronter".
Tee-shirt trempé du labeur, visière à casquette sur visage bruni, Loïc Plaud marque une petite pause à l’ombre, tandis que son père Philippe se charge des nouveaux clients. Complices comme des mulots de campagne, ces deux-là. Mais le papa de La ferme de papa, l’exploitation agricole qui vient d’ouvrir le long du chemin de la Levade à La Roquette, c’est bien lui. Un ancien chef de 32 ans, qui a soudain troqué le couteau pour la bêche. Et qui a décidé de prendre la clé des champs, afin d’être plus présent pour ses enfants.
Je suis resté en cuisine durant onze ans, à bourlinguer aux Caraïbes, à Courchevel, à Lyon, à Cannes, au Cannet, confirme ce natif de Grasse. Et puis il y a eu la Covid, et j’ai ressenti le besoin de changer de cycle, pour aller voir un peu ce qui se passe côté culture."
Côté nature aussi, puisque cet amoureux de la terre pouvait parfois se sentir un peu à l’étroit entre les quatre murs d’une cuisine plutôt qu’au grand air. "Quand tu vis ici, comment ne pas l’aimer?"
100% bio et amour
C’est sur un terrain de la famille Mul, en location, que Loïc a planté les premières graines de sa reconversion. Sur plus d’un hectare déboisé, poussent diverses variétés de tomates, de courgettes, d’aubergines, de salades, des haricots verts, des herbes aromatiques, des melons. Et même des fleurs, sur le fumier de cheval et le crottin de mouton!
"Les fleurs permettent de conserver ces insectes auxiliaires, tels les coccinelles, qui m’aident à éliminer les nuisibles", justifie celui qui ne s’est pas lancé dans ce projet… la fleur au râteau, mais a perfectionné son savoir en permaculture avec un CAP au lycée horticole d’Antibes, puis un Brevet pro d’exploitant agricole, avec deux ans d’apprentissage à la ferme Brès de Vallauris.
Je suis passionné de biodiversité et je pratique le maraîchage sur un sol vivant, qui préserve la faune terrestre, revendique ce militant convaincu du zéro pesticide, mais du « 100% amour".
Lui qui, jadis aux fourneaux, aimait transformer le produit par sa technique gastronomique, la met désormais au service d’une agriculture la plus naturelle possible. "L’idée est de créer des barrières végétales entre chaque famille de plantation, et d’éviter la monoculture".
Paniers à composer
Bien sûr, de temps en temps, quelques chenilles viennent "noircir le cul des tomates" ou des pies voleuses grappillent la variété cerise, "mais, dans l’ensemble, je parviens à maîtriser la production, avec des fruits et légumes qui retrouvent le goût d’antan".
Les clients, déjà nombreux à s’arrêter, ne s’y trompent pas, qui repartent les bras chargés de paniers, à 15 ou 20 euros.
L’entreprise, qui a d’abord éclos comme de l’herbe un peu folle, se structure au fur et à mesure.
"Je viens de recevoir ma balance, pour faire les choses plus cadrées", sourit Loïc.
Sur le site Internet, on peut désormais composer et commander son panier, avant de venir le chercher ou de se le faire livrer les mardis et vendredis. Et le mercredi matin, ce sera bientôt jour de marché, avec un étal de la Ferme, mais aussi des produits locaux (miel, viandes, confitures), "parce que je suis un épicurien", souligne celui qui envisage aussi de faire table d’hôtes et régaler ses convives avec ses propres produits un jour.
En attendant, ce sont les beaux dessins de ses deux filles chéries qui ornent la tente de vente, avant l’arrivée d’un petit frère, attendu en novembre prochain.
Histoire de souligner qu’au-delà du bio, la ferme de papa cultive aussi l’esprit de famille…
Savoir +
La Ferme de Papa, 610 chemin de la Levade à La Roquette-sur-Siagne. Vente-Livraison: Philippe PLaud, 07.82.24.79.36; Loïc Plaud: 07.49.91.16.63.; Instagram: la_ferme_de_papa
Djenane avait 6 mois quand sa maman l’a emmenée pour la première fois à Nice en vacances. Elles viennent chaque année depuis. Installées sous leur parasol sur la plage de Carras, mère et fille ont remarqué, comme beaucoup, que la température de la mer a augmenté.
"Avant, on prenait le temps d’entrer dans l’eau. Maintenant, on peut y aller d’un coup. Elle est beaucoup plus chaude par rapport aux années précédentes", constate Djenane.
Selon les données récoltées ce lundi 5 août par la bouée située à l’entrée de la rade à Villefranche-sur-Mer, la température de l’eau s’est élevée à 29,1°C. Habituellement, on atteint 27,5°C au pic de l’été. "C’est quand même inquiétant ces températures. Cela doit avoir un impact sur les poissons", s’inquiète Djenane.
La jeune fille de 19 ans a bien raison de se faire du souci. La mer Méditerranée vit actuellement une canicule marine ou vague de chaleur marine. Ce même phénomène s’était produit en 2022. "On avait enregistré 29,2°C à Villefranche. C’était exceptionnel en intensité mais aussi en durée puisque cela avait persisté 133 jours ", détaille Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche (CNRS-Sorbonne université) au Laboratoire d’océanographie de Villefranche.
3 ou 4 degrés au-dessus des normales
En 2023, des variations assez importantes ont été enregistrées avec des pics très chauds suivis de pics très froids. "Ce n’est pas forcément bon non plus. Les écosystèmes préfèrent des variations assez douces", commente Thibault Guinaldo, chercheur en océanographie au Centre national de recherche météorologique (Météo France – CNRS).
Depuis le 15 juillet, nous sommes à 3-4 degrés au-dessus des normales de saison avec une canicule marine qui est classée comme "forte" (2e catégorie sur 4) depuis le 25 juillet.
Ce qui se passe actuellement n’est "pas une surprise" et "avait été anticipé dans un rapport du GIEC paru en 2019", explique Jean-Pierre Gattuso. Malheureusement, la répétition de ces canicules, qui étaient inhabituelles jusqu’ici, pourrait devenir la norme. De nombreux scientifiques pensent que la Méditerranée va "se tropicaliser".
Des espèces décimées
Ces vagues de chaleur marine entraînent des migrations d’espèces. Elles viennent soit de l’Atlantique tropicale par le Détroit de Gibraltar, soit via le Canal de Suez.
On estime à plus de 1.000 le nombre d’espèces passées de la Mer Rouge à la Méditerranée. "Auparavant, elles ne pouvaient pas survivre mais l’augmentation progressive des températures leur permet de s’installer", détaille Jean-Pierre Gattuso.
La pêche et le tourisme menacés?
Toutes les espèces ne posent pas de problème évidemment mais elles entrent parfois en compétition avec des espèces natives et les forcent à se déplacer. Le poisson-lapin, par exemple. Le risque, c’est que les espèces déplacées disparaissent si elles n’arrivent pas à se rendre vers le Nord.
Les canicules marines, appelées aussi "incendies sous-marins", affectent également les animaux comme les gorgones. En 2022, 10% d’entre elles ont été décimées (voir encadré ci-dessous). Ces changements pourraient à long terme affecter les activités de la pêche, mais aussi le tourisme. "Si les sites de plongée par exemple sont dégradés, il y aura de moins en moins de monde pour venir les voir", estime Jean-Pierre Gattuso.
De plus en plus d’épisodes méditerranéens?
Et sur terre? Quelles conséquences? Le "carburant" des orages étant la température de la surface de la mer, on peut se demander si on doit s’attendre à de plus en plus d’épisodes méditerranéens. "Ces épisodes trouvent leur développement dans les conditions atmosphériques. La température de la mer, si elle reste élevée, apportera du 'carburant' à ces événements qui seront alors plus intenses", estime Thibault Guinaldo.
En contemplant la mer, Samia et Djenane se disent surtout qu’elles seraient très tristes si cette région qu’elles aiment tant changeait. Et de conclure: "On a l’obligation de faire quelque chose". Pour cela, il n’y a qu’un seul moyen: diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.
"Des méduses au mois de décembre, je n’ai jamais vu ça de ma vie"
Pendant la canicule marine de 2022, 80% des colonies de gorgones situées jusqu’à 20mètres de profondeur ont été impactées. 10% ont été décimées. "Si cette situation se répète en 2024, leur nombre va forcément diminuer", anticipe Jean-Pierre Gattuso, qui précise qu’il faut 15 ou 20 ans à cet animal marin pour se reconstituer.
Les oursins ont aussi été particulièrement affectés. Pour le moment, il n’y a heureusement pas encore eu de descriptions d’espèces qui se soient éteintes.
Un parallèle avec les feux de forêt
Durant l’épisode de 2022, la couche à 30mètres de profondeur a été exposée pour la première fois à des températures de 25°C.
"Les eaux profondes deviennent tellement chaudes qu’on en arrive à voir des méduses en décembre. Je n’ai jamais vu ça de toute ma vie et en plus, il est probable que ça se reproduise cette année", déplore Roland Séférian, chercheur au Centre national de recherche météorologique.
Pour les spécialistes, il faudrait regarder ces "incendies sous-marins" avec autant d’inquiétude que pour les feux de forêt.
Quel est le problème? Une myriade de bateaux se concentrent l'été le long des côtes des Alpes-Maritimes et du Var. Or plus d'¼ des plaisanciers jettent leur ancre dans les herbiers de posidonie, plante protégée. Ces mouillages dévastent ces forêts sous-marines, véritable poumon de la Méditerranée.
Une application pour mouiller dans le sable
Pour préserver la posidonie, Andromède Océanologie a créé en 2013 l'application Donia, en partenariat avec l'Agence de l'eau.
L'objectif de cette application gratuite: aider les plaisanciers à ancrer dans le sable et donc en dehors des herbiers (posidonie, cymodocée, zostère) et des récifs coralligènes.
"Toute la façade méditerranéenne française est cartographiée, une partie en Italie et en Espagne avec les Baléares. On met à jour les zones impactées", explique Jo-Ann Schies, chargé de mission pour Andromède Océanologie.
Sur son smartphone, elle affiche les cartes où apparaissent en vert les herbiers, puis elle zoome pour montrer les dégâts causés par les ancres. Des traits beiges zèbrent les zones d'herbiers, et des secteurs entiers en beiges indiquent la "matte morte". "La matte c'est l'ensemble des rhizomes (tiges) de la posidonie. Elle séquestre le carbone, qui est ainsi piégé pendant des dizaines, centaines, milliers d'années. Or quand on détruit les herbiers, on libère ce C02", explique Jo-Ann Schies.
Comment ça marche?
Il suffit de télécharger l'application gratuitement sur les stores Android https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.donia.app&hl=fr ou Apple https://apps.apple.com/fr/app/donia/id751225905. Puis d'afficher les cartes et de choisir le secteur où l'on prévoit de mouiller.
"On zoome pour aller chercher la tâche de sable où jeter son ancre."
L'application est disponible en français, anglais, italien et espagnol.
Spots de plongée, météo… sont aussi proposés sur l'application. "Il y a toute une partie communautaire, de partage d'informations", note Jo-Ann Schies.
Quels résultats?
Plus de 10 ans après sa mise en service, Donia compte aujourd'hui plus de 65.000 utilisateurs. "On a pu comparer les zones d'ancrage de ceux qui utilisent l'application et de ceux qui ne l'ont pas. Et on observe un meilleur comportement chez les personnes qui se servent de Donia."
De plus, les informations collectées permettent de mieux comprendre comment protéger ces zones. "Elles ont aidé à de nouvelles réglementations comme celle de 2019: les yachts de plus de 24 mètres n'ont plus le droit d'ancrer trop près de la Côte", souligne Jo-Ann Schies.
Donia morring a été mis en place afin de permettre aux yachts de 24 à 70 mètres, via l'application, de réserver une bouée d'amarrage, dans des zones où ils ont l'interdiction d'ancrer.
"Ceux qui l'utilisent paient ce service. La bouée est assez innovante: l'ancrage au fond, fait une espèce d'araignée en acier avec 8 bras qui va en profondeur, ce qui évite une pression sur le sédiment, et résiste à une traction d'un yacht de 70 m."
Dix bouées ont ainsi été installées à Beaulieu, Villefranche-sur-mer et Golfe Juan
A 61 ans, Françoise Loquès est une docteure en biologie marine passionnée. Et passionnante. Formée sur les bancs de l’Université de Nice dans les années 1980, elle n’a depuis cessé de mettre sa réflexion et sa méthodologie au service de la Méditerranée. Impact des micro-plastiques, des rejets médicamenteux, du surtourisme, de la culture aquacole… Inlassablement, la scientifique interroge, dissèque, étaye les menaces qui guettent nos rivages.
Palmes au pied prête à plonger, moulinet en main ou lames de scalpel au bout des doigts sur une paillasse de labo… D’apparence discrète, cette femme brillante, souvent surnommée "le couteau suisse", a aussi su s’imposer avec force dans le monde très masculin de la science. Nous l’avons rencontrée à Nice Ouest, dans la maison du quartier de Carras où elle vit… et a vu le jour. Dans cet îlot de quiétude, jadis entouré de champs, aujourd’hui cerné d'immeubles, elle cultive son jardin - bio - et ses travaux pour un futur moins destructeur du vivant.
Le déclic
A Carras, Françoise Loques grandit avec la mer comme terrain de jeu. Les soirées sur la plage à jouer en famille, les baignades… ont façonné l’enfance de cette Niçoise. Mais c’est un souvenir plus traumatique qui constitue sans doute la première pierre de son engagement au service de la Méditerranée.
"J’étais petite, je nageais là, en face, à Carras quand j’ai été prise dans une grosse vague, sans plus savoir comment en sortir. Depuis, le côté tempétueux de la mer me fait peur, sa force… Trouvant cet élément un peu dangereux, aller expliquer ce qui s’y passe m’a sans doute semblé important", analyse-t-elle à posteriori.
Éprise de nature, la voilà plus tard embarquée dans un cursus de physiologie végétale à bachoter les hormones contenues dans les plantes, le processus qui amène les feuilles à rejoindre le sol à l’automne, les fruits à s’y écraser quand ils sont trop mûrs. C’est là, dans un couloir de l’université de Nice, qu’elle croise, au milieu des années 80, la route du professeur Alexandre Meinesz. "Une thèse sur la posidonie, ça vous intéresse?", lui lance le biologiste marin, réputé comme l’un des meilleurs spécialistes azuréens de la Méditerranée. Le début de son odyssée sous-marine…
"Lors d'une plongée mémorable en Corse, elle a bossé jusqu'au bout de ses forces. Elle avait déjà une grande endurance", Alexandre Meinesz, professeur en biologie marine qui l'a côtoyée étudiante
"Je l’ai lancé sur l'étude des petites plantes à fleurs marines, se souvient volontiers le professeur, aujourd’hui émérite. La posidonie était la plus connue. Françoise Loquès a découvert, au fil de ses recherches dans notre labo, que d’autres ne germaient que quand la salinité de l’eau était faible, dans les zones d’arrivée d’eau douce", retrace-t-il. 40 ans après, il se souvient encore de cette étudiante très opiniâtre. Et d’une plongée "mémorable" en Corse, pour replanter de la posidonie, ce poumon de la mer qui séquestre le carbone en plus d’abriter une riche biodiversité.
"C’était la fin de l’automne, la mer était mauvaise, l'eau froide. Elle a bossé jusqu'au bout de ses forces, on l’a récupérée complètement affaiblie mais elle a tenu jusqu’au bout. Elle avait déjà une grande endurance", salue-t-il.
L’action
Dans le monde masculin des labos de recherche, Françoise Loquès se fraie son chemin. "Je suis un peu féministe et c’était un milieu très macho! J’ai eu des réflexions pas très agréables à mes débuts. Je me rappelle de porter mon matériel et de m’entendre dire: 'retourne à tes cuisines'. Ce genre de remarques qui vous donnent encore un peu plus de pêche."
Pas revancharde pour autant, la Niçoise garde pour fil conducteur de sa carrière sa curiosité insatiable. Son but: être utile, toujours, à la compréhension de cette mer qui la fascine, pour mieux la protéger. Experte en cheffe au sein du Conseil scientifique des îles de Lérins, qu’elle rejoint dans les années 1990, elle mène des études d’impact en amont, pendant et en aval d’aménagements côtiers, veille, évalue, conseille aussi la ville de Cannes sur le réensablement des plages, la mise en place de l’éco-musée sous-marin…
"Dans les eaux polluées, on retrouve notamment la présence de nos détergeants"
Vite, un dénominateur commun à ses travaux se dessine: l’impact de l’homme sur l’environnement. A travers, notamment, les rejets en mer des stations d’épuration. "Au sein du conseil scientifique, on a, par exemple, étudié les effets des embruns sur la végétation. Dans les eaux polluées, on retrouve notamment la présence de nos détergents, qui ont la capacité de dégrader les graisses. Au contact de la cuticule des feuilles des plantes, qui est une couche de lipides, ils vont l'abîmer, qui plus est avec l’effet combiné du sel. Aux îles de Lérins, sur 4 points d’analyses sur le rivage, la végétation était comme brûlée", détaille-t-elle.
Niçoise, Françoise Loquès habite à Carras, dans la maison de famille qui l'a vue naître. Photo Franck Fernandes.
"J'ai trouvé jusqu'à une quarantaine de microfilaments de plastique par moule, un problème de sécurité sanitaire"
C’est aussi elle qui met au jour la présence de microplastiques dans les sédiments et les organismes vivants de nos côtes. Pour cela, la voilà plongeant par 12 m de fond pour y déposer des cages de moules, destinées à nourrir ses analyses. "Mes rats de laboratoire", sourit-elle. Ainsi, elle révèle une contamination notable aux microfilaments en polyester, issus des vêtements synthétiques lavés en machine… "En 2021, j’ai trouvé jusqu’à une quarantaine de microfilaments par moule, un problème de sécurité sanitaire", met-elle en garde.
En parallèle, l’insatiable sentinelle, pêche au lamparo des poissons pour explorer une autre piste : la présence éventuelle de médicaments dans la mer et ses habitants. Une fois encore, seul un travail scientifique rigoureux le dira.
De 2018 à 2022, la scientifique bataille pour décrocher des financements indispensables à l’analyse des quelques 200 prélèvements qu’elle fait dans l’espace de dilution des rejets des stations d’épuration de Vallauris Golfe-Juan et de Cannes: eau, sédiments, foies et muscles de poissons, moules.
Verdict: des poissons de nos rivages contiennent bien… des anti-inflammatoires. La lanceuse d’alerte va alors plus loin et rédige un guide gratuit pour sensibiliser le grand public, le diffuse, le défend dans des conférences, des colloques de médecin pour inciter à des prescriptions plus responsables.
Et maintenant?
Vaillante, Françoise Loquès sait aller au bout de ses engagements. Et en reconnaître les difficultés. "Pour mes travaux sur les médicaments, je me suis heurtée au refus de financement de collectivités locales. Soutenir des études contres productives pour l’image de marque du territoire n'intéresse souvent pas…", pose-t-elle. Qu’importe, elle continue.
Depuis 2023, la scientifique a quitté le Conseil scientifique des îles de Lérins, monté Mission bleue, son cabinet de conseil en environnement. Avec pour unique objectif d’éclairer la société, les comportements.
"Je suis affolée par les crèmes solaires, un vrai poison. Quand vous voyez le film lipidique à la surface de l’eau les fins de journées d’été à la plage, évidemment que ça inhibe la photosynthèse!", lance-t-elle. Les fartage des skis la questionnent aussi. "Quand la neige fond, l’eau va dans les nappes phréatiques. Quels effets ont ces matières-là sur la nature?"
Autant de problématiques à explorer méthodiquement. A condition de trouver des financements. "Politiquement pour l’instant, je sens qu’il faut taire certains sujets. Mais la politique de l'autruche n’a pas de sens car elle oblige à traiter les problèmes dans l’urgence plutôt que de les anticiper", prévient-elle.
Passionnée de nature, elle randonne ou cultive son jardin - sans pesticides - quand elle n'est pas sur le terrain. Photo Franck Fernandes.
Mère de deux grands enfants, à qui elle expliquait, petits, "les atomes, les protons" à grand renfort de dessins tracés sur la plage, Françoise Loquès trouve satisfaction dans cette idée: "c’est pour la jeunesse que je fais tout ça."
Alors quand elle n’est pas en train de mener ses expériences, la voilà animant des conférences*, vulgarisant inlassablement. Le reste du temps? Vous la croiserez peut-être sur les sentiers de randonnée de l’arrière-pays ou sillonnant la côte à vélo. Avec toujours un œil sur la mer.
*Ce mardi 9 avril 2024, à 9 heures, conférence "La Méditerranée, ses richesses et ses menaces", par Françoise Loquès, espace Laure Ecard, quartier Saint-Roch à Nice. Plus d’infos ici. https://unia.fr/emploi-du-temps/
Retenir l’eau à l’heure des sécheresses à répétition, capturer du CO2, stocker des nutriments essentiels à la croissance des plantes, résister aux épisodes extrêmes provoqués par le changement climatique… Autant de missions cruciales que peuvent assurer les sols. S’ils sont en bonne santé.
Dans le Var, à La Londe-les-Maures, les viticulteurs chevronnés du domaine de Figuière, bio depuis 1979 (un an avant qu’une loi d’orientation agricole ne reconnaisse ce modèle sans produits chimiques), l’ont compris depuis longtemps. Au sein de ce domaine familial, il n’y a pas que l’une des prestigieuses cuvées de rosé AOC Côte de Provence, baptisée "Pionnière" qui peut se prévaloir du qualificatif.
"Mon père disait toujours que, agronomiquement, ces sols ne valent pas un coup de cidre", François Combard, directeur d’exploitation du domaine de Figuière
Directeur d’exploitation, François Combard a fait de ces terres, reprises avec ses sœurs à la mort de leur père en 2015, le terrain de multiples expérimentations, partageant toutes le même but: rendre les sols plus résilients et fertiles.
"Mon père disait toujours que, agronomiquement, ces sols ne valent pas un coup de cidre. Le massif des Maures, ce sont des terres de schiste, on y trouve la plus grande forêt de chênes lièges de France [métropolitaine], des arbres qui ne poussent que sur des sols acides, sans calcium ni argile de qualité, détaille le vigneron. Les terres de la région sont pauvres. Avec le chef de culture, on essaye de mettre en place des techniques pour les enrichir."
Une ferme pour reproduire… des lombrics
"Le graal pour des sols en bonne santé, c’est d’y voir des vers de terre." C’est sur ce constat qu’il y a 7 ans, François Combard s’est lancé dans un drôle d’élevage… de lombrics. Dans des caisses de 6 m par 6 m, remplies de terre et de matière organique, lui et ses équipes ont ainsi rapidement vu apparaître des vers en surface. "On les a nourris pendant 1 an, puis mis sur une parcelle et on s'est dit: on va voir ce qu’on va voir", retrace François Combard.
Pour consolider ces recherches empiriques, le vigneron s’adjoint les services d’Yvan Capowiez, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) d’Avignon, au sein d’une équipe en pointe sur l’étude des précieux asticots.
"Les vers de terre sont des architectes des sols. Sans eux, et d’autres petits organismes microscopiques, ils ne seraient pas fertiles", nous expliquait récemment Céline Pelosi, chercheuse au sein de cette équipe. Ces derniers jouent, en effet, un rôle crucial de mini-laboureurs, digèrent la matière organique puis en restituent les nutriments dans la terre, aident aussi à retenir l’eau via le réseau de galeries qu’ils creusent.
"Quand la température dépasse les 28°C, les vers de terre descendent dans les profondeurs et ne bougent plus", François Combard, domaine de Figuière
Quels résultats? Sur les conseils des chercheurs, le domaine varois a mesuré l’efficacité de l’apport de lombrics sur la vigne en réalisant de nombreux "tests bêche" sur une parcelle d’1m². Il s’agit de prélever de petits cubes de terre et de compter un à un les vers à l’intérieur. "Cela n’a pas vraiment été probant. En fait, on s’est rendu compte que, dans des sols pauvres, qui plus est exposés à la chaleur, les vers de terre ne pouvaient pas survivre. Quand la température au sol dépasse les 28°C, les lombrics descendent dans les profondeurs et ne bougent plus", détaille François Combard, qui avait déversé 100 kilos d'asticots dans une parcelle test il y a 7 ans. Mais pas question pour lui d’en rester là…
Du seigle pour aérer les sols et en limiter l’érosion
"On s’est intéressé à ce qui correspondait le mieux aux vers de terre et on s’est aperçu que l’enherbement jouait un grand rôle", poursuit le viticulteur. A Figuière, les vaillants explorateurs du vivant misent ainsi depuis 5 ans sur un "enherbement maîtrisé": semer des espèces végétales précises entre les pieds de vignes, plutôt que de laisser les herbes pousser au petit bonheur la chance.
"On a opté pour du seigle, une céréale qui va se lignifier, c’est-à-dire se transformer en paille en se décomposant et apporter ainsi une texture au sol, ajoute François Combard. Son système racinaire a aussi de la puissance, il se développe sur 50 cm de profondeur et permet à l’eau de s'infiltrer."
Une fois de plus, les équipes de Figuière plantent et prennent le temps d’observer la nature faire son œuvre.
"Chez nous, les parcelles non irriguées ont une résistance plus importante à la sécheresse", François Combard, domaine de Figuière
Quels résultats? Les vers de terre, ambassadeurs des sols vivants, ont, là encore, donné le tempo. "On s’est aperçu qu’on en trouvait beaucoup là où on avait planté le seigle, on s’en sert désormais sur les plants les plus faiblards, pour les booster", explique François Combard. Sa recette: "Laisser pousser jusqu’à ce que l’épi fleurisse. Puis, comme c’est une plante annuelle, elle meurt et, en mai, on forme un couvert de paille pour le sol en pliant ses brins. Il crée de l’ombre et une zone humide où l’évaporation se condense, permettant à de nombreux insectes et microorganismes de se développer", détaille le vigneron avec une précision d’ingénieur agronome.
Autre atout collatéral: les racines profondes de la céréale ont considérablement aéré les terres du domaine. "En cas de grosses pluies, elles résistent nettement mieux à l’érosion, car l'eau ne ruisselle pas mais s’infiltre. De plus, la matière organique retient 6 fois son volume d’eau, donc les parcelles non irriguées chez nous ont une résistance plus importante à la sécheresse", ajoute-t-il.
"Se contenter de déverser des vers n’est en effet pas suffisant. Ce qu’il faut, c’est en effet améliorer le gîte et le couvert pour qu’ils puissent vivre durablement dans les sols et y jouer leur rôle", confirme Lucas Petit dit Grézériat, doctorant au sein de l’équipe avignonnaise de l’Inrae, sur le point de boucler une thèse de 5 ans sur l’apport des lombrics sur les sols viticoles.
Des légumineuses comme engrais azoté 100% naturel
Sur ce domaine précurseur en agriculture biologique, l’enjeu, c’est aussi d’enrichir des sols naturellement pauvres… sans utiliser de produits phytosanitaires. Pour cela, les Combard ne sont pas à court d’idées. Entre les rangées de vignes, un nouveau test a ainsi été mené: "semer de la vesce, une légumineuse qui va fixer l’azote de l’atmosphère puis la libérer dans les sols et faire office d’engrais naturel", explique le vigneron. Depuis, 28% de la surface du domaine en est recouverte.
"L’Homme doit encore découvrir les grands fonds marins, mais dans les sols aussi, on en n'est qu'aux balbutiements!", François Combard, domaine de Figuière
Quels résultats? Pour le savoir, pas de place au hasard. Les Varois ont opté pour un test MERCI, une méthode méticuleuse développée en 2010 par la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine pour mesurer dans les champs l’apport en éléments minéraux de ces "cultures intermédiaires".
A Figuière, "on a coupé la vesce sur un m² et puis pesé et analysé la récolte. Résultat: la vesce permet d’avoir 14 unités d’azote par hectare, plus de la moitié des besoins de la vigne. C’est top!", se réjouit François Combard. Après 5 ans d’enherbement maîtrisé, le PH des sols, naturellement acides, du domaine est aussi en train de remonter. Et les Combard, dont de nombreux crus sont primés, ne comptent pas se reposer sur leurs lauriers.
"On testera de nouvelles techniques, c’est certain", glisse François, à la curiosité piquée par la mycorhization, l’utilisation de champignons microscopiques pour permettre aux racines de la vigne de s’ancrer plus profondément encore dans la terre. "L’Homme doit encore découvrir les grands fonds marins, mais dans les sols aussi, on en n'est qu'aux balbutiements!"
Des chèvres, des ânes, des poules. Mais aussi des stands de sensibilisation à l’importance des abeilles ou encore de prise de conscience du recyclage des déchets, en passant par des créations végétales et originales…
La journée "Cannes Champêtre", organisée, hier, dans la basse vallée de la Siagne a rencontré un succès légitime. De nombreuses familles ont en effet fait le déplacement et ont pu être sensibilisées aux différents enjeux environnementaux.
L’occasion parfaite de faire prendre d’ores et déjà conscience aux plus jeunes de la valeur et de l’importance de la nature. " Ce que nous souhaitons, c’est éveiller les enfants à tout ce qui les touchera plus tard, confirme Violette Pessi, de l’association Graines de Fermiers. Découvrir l’environnement leur permettra de l’aimer et de le protéger, c’est un enjeu non négligeable ".
Une éducation ludique
Et pour ce faire, les professionnels et bénévoles possèdent plusieurs cordes à leur arc. "Nous réalisons une éducation à l’environnement par des jeux, confie Coralie, du stand tenu par Cannes Pays de Lérins. En faisant en sorte que les enfants soient sensibilisés tôt aux enjeux environnementaux, ils seront dans l’affect et dans l’émotion, et pourront même inciter leurs parents à l’être aussi."
Tri des déchets, responsabilité en termes de gaspillage, connaissance des animaux et de la nature… C’est d’ailleurs dès l’école que l’enfant acquiert les gestes et les connaissances justes.
"De nombreuses écoles à Cannes réalisent d’ailleurs le tri des déchets, avec les déchets alimentaires, recyclables, etc., reprend l’animatrice. Les enfants comprennent que c’est important et leurs gestes deviennent une habitude."
Montrer l’exemple
Quid des parents? "La base de l’éducation à l’environnement est de le faire soi-même et de montrer l’exemple, insiste Cathy Cuby qui, depuis 25 ans, initie petits et grands aux enjeux naturels, réalisant des créations basées sur le recyclage d’éléments végétaux et de matières naturelles. Lorsque l’enfant grandit dans un environnement qu’il connaît, la suite est tout de suite plus facile."
Si, au fil du temps, de nombreux liens avec la nature ont été rompus, la tendance s’inverse enfin avec une prise de conscience politique et sociétale.
"Par exemple, nous ne marchons plus pieds nus, c’est un fait, reprend l’artiste. Mais il ne faut pas oublier que notre vraie nature est de vivre en symbiose avec la nature. Si l’on explique aux enfants l’importance des arbres, des petits insectes et de tout ce qui se trouve autour de nous, nous aurons fait un grand pas. Et, il faut le dire, les enfants s’émerveillent lorsqu’on leur explique tout cela! Nous devons éduquer les plus jeunes et les sensibiliser à la nature."
Ce dimanche, la mission de sensibilisation a été réalisée avec brio.
Des plantes qui entretiennent de bonnes relations de voisinage... pour mieux résister aux maladies.
Des chercheurs d’INRAE, de l’Institut Agro Montpellier, du Cirad, du CNRS et de la Yunnan Agricultural University (Chine) ont découvert une forme d’immunité sociale chez les plantes.
En effet, les plantes entretiendraient un dialogue entre elles et avec leurs voisines de la même espèce pour se transmettre des informations sur leur environnement.
Des résultats qui intéressent particulièrement le monde agricole pour ce qu'ils ouvriraient la voie à de nouvelles perspectives dans l'amélioration de la résistance des plantes aux maladies et la réduction de l’usage des pesticides.
Car réduire l’usage des pesticides est l'enjeu majeur de l’agriculture d'aujourd'hui.
Les chercheurs avaient observé qu'un mélange de variétés était un des outils permettant que cette collaboration entre les plantes soit optimum. Certains mélanges ont mêmes déjà été repérés parce qu'ils réduisent les épidémies en limitant le passage des maladies d’une plante à l’autre.
Des tests concluants
L'INRAE indique que pour comprendre les effets de ces interactions entre variétés, les chercheurs ont étudié, en conditions contrôlées, plus de 200 paires qui associaient 2 variétés de riz ou 2 variétés de blé. Ils ont infecté manuellement chacune de ces paires par des champignons pathogènes s’attaquant aux feuilles et ont ensuite analysé la sensibilité des plantes à la maladie selon qu’elles poussaient avec une plante identique ou une voisine d’une variété différente.
Les résultats ont montré que dans 10 % des paires étudiées, le voisinage d’une plante affecte sa sensibilité à la maladie. Les scientifiques ont ainsi constaté que certaines associations réduisent de près de 90 % la sensibilité à la maladie de la plante infectée.
Cela signifie que la sensibilité aux maladies des deux céréales majeures que sont le riz et le blé n’est pas seulement conditionnée par des gènes de résistances que possède chaque variété, mais également d’un dialogue que chaque plante établit avec ses voisines.
Autrement dit, on assiste chez ces 2 céréales à une forme de coopération à l’échelle d’une population. Il pourrait s’agir d’une forme de régulation de l’« immunité collective » comme il en existe chez les animaux.
Dans certains cas cette coopération entre plantes réduit autant les niveaux de sensibilité à la maladie que les gènes de la plante elle-même.
Il existe donc un très fort potentiel d’amélioration de la résistance au-delà de l’amélioration variétale
Nom anglais : Common StarlingNom scientifique : Sturnus vulgarisFamille : Sturnidae
Dans les hautes Pyrénées, juin 2024 Il me semble que c'était cet oiseau qui faisait un chant très particulier
Gazouillis - bisou - gazouillis
Il y a du neuf, sur le front de la posidonie. Et les nouvelles sont bonnes. "Je ne pensais pas que je verrai ça un jour. Après des années de perte, les herbiers sont en meilleure santé."
En tant qu’expert mer, Pierre Boissery a toujours soutenu que les actions de protection permettent de changer la donne.
Cette embellie exauce les efforts, conforte la démarche scientifique et valide l’efficacité de la réglementation. Celle-ci repose sur les poursuites judiciaires, qui peuvent être engagées en cas d’infraction caractérisée.
Ce vendredi, le tribunal de Marseille va se prononcer sur une destruction de posidonie au large du Var et des Alpes-Maritimes. Le skipper du bateau a déjà été condamné, il reste à connaître le montant du préjudice écologique.
Spécialiste des eaux côtières en Méditerranée, au sein de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, Pierre Boissery le martèle: on a raison de persévérer.
Comment se portent les herbiers de posidonie?
On a une cartographie précise des herbiers de posidonie, qu’on met à jour tous les trois ans. Les derniers chiffres n’ont pas encore été publiés. C’est un scoop: on a presque 300 hectares d’herbiers, exactement 287 hectares, qui ont repris dans des endroits où on pensait que l’herbier était mort.
Des herbiers qui ont grandi?
Non, ce sont des endroits où l’herbier avait disparu, où la matte morte était couverte par du sable. On se retrouve avec une forme particulière de pousse d’herbiers, qu’on ne connaissait pas. Ce sont des îlots ronds, qui grandissent. Il y en a partout en Région Sud, aussi en Occitanie. Chaque fois qu’on a mis à jour des cartes, on a trouvé de nouvelles observations. Je suis complètement surpris, c’est une forme de repousse qui n’avait jamais été décrite.
Comment cela s’explique-t-il?
C’est le résultat d’un travail engagé il y a 40 ans. D’abord, on corrèle ces repousses à l’amélioration de la qualité de l’eau. Historiquement, la première cause de destruction des herbiers était la pollution. Cette cause-là a disparu avec la mise en place de l’assainissement dans les stations d’épuration. La deuxième cause était la destruction du littoral. En 1986, la loi littoral a permis d’agir.
Pourquoi la plaisance est-elle devenue un tel problème?
Il y a une dizaine d’années, on a vu la montée en puissance du yachting et de bateaux de plus de 20m. On s’est rendu compte à quel point les mouillages détruisent l’herbier. La préfecture maritime a tenu à la bonne application de la réglementation, malgré les avis négatifs. On régule une activité, comme on l’a fait pour la pollution. D’abord lutter contre les gros foyers, ensuite les moyens, puis les petits, si c’est nécessaire.
Donc, la réglementation est efficace?
En deux étés, on a freiné de manière très significative les mouillages dans les herbiers [pour les bateaux au-dessus de 24m, parfois 20m]. Je ne connais pas d’autre action écologique aussi efficace. Il reste les 5 à 10% de gens qui ne respectent pas la loi. En matière d’écologie, on a besoin de bonnes lois et puis d’appliquer ces lois. Si un privé détruit un capital commun, c’est le bon sens qu’il participe à le réparer. La loi de protection de la nature [de 2016] évoque le principe de "destructeur-réparateur".
Comment s’estime la "valeur" d’un herbier?
Stockage de carbone, protection des plages, croissance des poissons… On arrive à peu près à une évaluation de 600.000 euros par hectare. Autre mode de calcul, basé sur ce que coûte un plongeur sous l’eau qui ramasse des feuilles de posidonie et les repique. En France, il va falloir travailler encore sur la notion de préjudice écologique. Déjà, condamner celui qui a détruit l’herbier, par principe, je trouve ça très bien. Mais je précise que quel que soit l’argent qu’on met, on ne trouvera pas l’équivalent à un herbier détruit.
La répression est nécessaire?
Quand on réfléchit un peu, ça fait 40 ans qu’on fait des notes, de la sensibilisation, des plaquettes… On a continué à perdre de l’herbier. Là, autour d’une réglementation qui se renforce et qui est appliquée, on annule 90% des atteintes, en deux étés. Cela nous interpelle beaucoup sur ce qui est efficace
Qui sont-ils? Nicolas Thomas, Niçois de 28 ans, et Martin Belz, 26 ans, originaire de Puget-Rostang dans le haut-pays niçois, sont designers en innovation durable. Ils se sont rencontrés sur les bancs de la Besign school of design à Cagnes-sur-mer et ont créé "Mauvaise herbe studio" qui va commer
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