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On les nomme "gènes sauteurs" (ou "transposons"), en référence à leur capacité de voyager très librement au sein de l’ADN, mais aussi de se reproduire et se disperser un peu partout dans le génome (lire encadré). On a longtemps cru que ces petits fragments ADN littéralement insaisissables, n’avaient d’autres rôles que celui de… "se taire", après avoir joué un rôle majeur dans l’évolution. "Certains ont été domestiqués (devenus indispensables, Ndlr), au cours de l’évolution, ce qui a permis l’apparition des anticorps chez les vertébrés ou la formation du placenta chez les mammifères", cite Gael Cristofari, chercheur à l’IRCAN à Nice (Institute of Research on Cancer and Aging) et spécialiste de ces gènes.
Et puis, à la fin des années quatre-vingt, surprise: on s’aperçoit que ces séquences génétiques, réduites au silence par des processus épigénétiques (mécanismes qui altèrent l’expression des gènes, et donc la fabrication des protéines correspondantes), sont en réalité capables de se réactiver. "Des maladies génétiques trouvent ainsi leur origine dans l’insertion de certains de ces gènes sauteurs dans le génome d’enfants alors que les parents ne sont pas porteurs de mutations, illustre Gael Cristofari. Depuis 2010, on sait qu’ils sont aussi réactivés dans les tumeurs solides (par opposition aux cancers du sang, Ndlr), particulièrement de la tête et du cou, du système digestif et des poumons." Mais, dans les cancers, les gènes sauteurs ont une influence à double tranchant.
Cartographie des gènes actifs
"Ils participent à la formation des tumeurs en créant des mutations, mais en même temps, ils peuvent aussi aboutir à la synthèse de protéines normalement absentes dans les cellules “saines" (non cancéreuses). Ces protéines, uniquement présentes dans les cellules tumorales peuvent être détectées par le système immunitaire comme des "molécules étrangères", ce qui aiderait ainsi à éliminer la tumeur."
Ces découvertes ont conduit à envisager ces gènes sauteurs comme de potentielles nouvelles cibles thérapeutiques contre le cancer. Mais, pour aller plus loin sur cette piste, une étape importante devait encore être franchie: identifier les "gènes sauteurs" actifs chez l’Homme, une tâche d’autant plus difficile qu’ils étaient considérés jusque-là comme la "face sombre" de notre ADN, car peu accessibles par les méthodes classiques d’analyse.
Et c’est le défi titanesque que vient de relever l’équipe dirigée par le scientifique niçois, à l’issue de sept années de recherches: "Après avoir mis au point une nouvelle technique d’analyse, nous avons pu établir la cartographie de ces gènes actifs chez l’Homme", annonce modestement Gael Cristofari. Ces travaux de cartographie publiés ce mois-ci dans la prestigieuse revue Cell Genomics, ont fourni de précieux renseignements sur la façon dont ces gènes sauteurs sont contrôlés, mais aussi sur les mécanismes de leur réactivation et leur influence sur les gènes avoisinants. "Il s’agit d’une étape essentielle pour pouvoir exploiter cette partie encore peu explorée de notre ADN à des fins thérapeutiques, conclut le chercheur. On pourrait par exemple imaginer utiliser des traitements épigénétiques (capables de modifier le profil d’expression génique au sein des cellules tumorales, Ndlr) pour forcer la réactivation des gènes sauteurs dans les tumeurs et stimuler ainsi leur élimination par le système immunitaire." Une piste très prometteuse.
Un beau bébé de 4,7mètres et d’une masse, au lancement, d’environ 2 tonnes trône fièrement au sein de la salle blanche de Thalès Alenia Space. Visible de loin grâce avec sa face couverte de panneaux solaires permettant à la fois de fournir de l’énergie au satellite et de le protéger du soleil. Le satellite Euclid, pièce maîtresse de la mission éponyme de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), fait étape à Cannes pour ses ultimes tests avant son décollage, prévu pour le mois de juillet en Floride, à Cap Canaveral. L’ambitieuse mission va consister à amasser un grand nombre de données autour de l’énergie et de la matière noire.
De quoi permettre de cartographier la structure générale de l’univers à plus de 10 milliards d’années-lumière. La mission aura pour objectif de révéler l’histoire de son expansion et la croissance de sa structure au cours des trois derniers quarts de son histoire. Elle est conçue pour répondre à certaines des questions les plus fondamentales en matière de cosmologie moderne du type: "Quelle est l’origine de l’univers et pourquoi s’étend-il à un rythme accéléré au lieu de ralentir en raison de l’attraction gravitationnelle de la matière?" Une question qui demeure comme l'un des plus grands mystères de l'astronomie.
"Une forme d’embarras"
Une mission qui durera six ans. Le satellite Euclid sera positionné à 1,5 million de kilomètres de la Terre à l’opposé du soleil et fournira 150.000 images haute définition et des informations chromatiques pour la communauté scientifique. Dans le consortium industriel comprenant plus de 80 compagnies réparties dans 20 pays d’Europe et aux États-Unis, Thalès Alenia Space a été désigné maître d’œuvre du satellite qui a été conçu en Italie.
La société est également responsable du module de service, de l’antenne grand grain en bande K et du transpondeur DST en bande X, de l’assemblage, intégration et test du satellite. Cette dernière partie s’est déroulée à Cannes où le satellite passe en ce moment différent tests, notamment en vide thermique. Un immense caisson où le satellite est soumis à des conditions extrêmes qu’il retrouvera lorsqu’il sera en orbite.
"Euclid est la mission la plus passionnante, explique Giuseppe Racca, chef de projet à l’ESA en charge d’Euclid. La cosmologie est dans une forme d’embarras car ce qu’on voit c’est que 95% de la densité d’énergie de l’univers est constituée de matière noire et d’énergie noire. On l’appelle « noire" à cause de leur nature inconnue. Les 5% restants représentent ce que l’on connaît, comprenant les étoiles, les planètes et nous. Nous savons juste que la matière noire est associée à l’attraction et que l’énergie noire est ce qui cause l’accélération de l’expansion de l’univers. »
Le plus précis sondage 3D de l’univers
"Avec Euclid, reprend Giuseppe Racca, on n’explore pas vraiment les débuts de l’univers mais on se situe autour de cette zone, là où cette fameuse énergie noire a commencé à apparaître, afin de comprendre pourquoi l’univers poursuit son expansion à un rythme accéléré depuis le Big Bang. Grâce aux outils embarqués, les données d’Euclid vont constituer le plus grand et le plus précis sondage en 3D de l’univers jamais réalisé."
Euclid quittera prochainement Cannes pour gagner la Floride par voie maritime. Le satellite sera lancé en juillet 2023 à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX depuis la base de lancement de Cape Canaveral, en Floride.
Au milieu d’une épaisse forêt de grands pins sylvestres et d’épicéas, un petit espace clairsemé, jalonné de minuscules pousses protégées par des grillages. A Tournefort, village de la vallée de la Tinée, deux techniciens de l’Office national des forêts inspectent ce lopin de 0,5 hectare avec la plus grande attention. On l’appelle "îlot d’avenir". Ici, fin novembre, des plants de pins de Brutie ont été plantés avec minutie à la place de quelques essences endémiques composant cette forêt communale, souffrant du dérèglement climatique.
"Sur cette zone, nous avions coupé des pins sylvestres il y a une quinzaine d’années pour retirer de l’ombre et essayer d’avoir de la régénération naturelle. Plusieurs dizaines de sapins et d’épicéas étaient repartis grâce à ça. Mais avec la chaleur estivale, on constate que leur croissance s’arrête. On les pense condamnés à brève échéance", explique Jean-Guy Peyronel, technicien forestier à l’ONF en pointant des branchages clairsemés.
"Forêts mosaïques"
Plutôt que de miser sur cette incertaine régénération, les forestiers ont installé des plants de pins venus de Turquie. "Une essence qui a la caractéristique de s’adapter à des températures très froides et très chaudes", détaille Florent Battiston, responsable de l’Unité territoriale Nice Mercantour de l’ONF. Un pari sur l’avenir. "Les premiers 50 ans de vie d’un arbre, c’est la préadolescence. On installe ces arbres pour qu’ils soient pérennes dans 80 ans et on travaille à leur suivi avec des scientifiques, en s’appuyant sur les conclusions du Giec pour faire des modèles informatiques fins. Néanmoins, il y a une part d’incertitude", abonde Jean-Guy Peyronel.
Et ces tests fleurissent en terres azuréennes. "Des îlots d’avenir se mettent en place, entre autres, dans les Préalpes d’Azur. Jusqu’alors, on misait sur la régénération naturelle de la forêt mais avec le réchauffement, il nous faut faire autrement", constate Florent Battiston. L’enjeu, à Tournefort et dans bien d’autres zones des Alpes-Maritimes et du Var: tendre vers des "forêts mosaïques". "En ayant un maximum de diversité d’essences sur la même parcelle, si une vient à s’effondrer, une autre pourrait prendre le relai", explicite Jean-Guy Peyronel.
Investir pour l'avenir
A Tournefort, le prometteur îlot d’avenir a coûté environ 10 000€, un engagement financier pour la municipalité. "Si la forêt dépérit, c’est tout notre cadre de vie qui est menacé. Le conseil municipal m’a suivi à l'unanimité sur ce projet et nous avons obtenu des financements de la Région. Tout le monde est concerné, on attend maintenant les résultats", confie Muriel Molinari, maire de Tournefort depuis 2011. Consciente de l'imminence des enjeux climatiques, l’élue aimerait "faire un projet plus gros sur la forêt qui va au fort du Pic Charvet". Histoire de se préparer à un avenir plus qu’incertain.
Nice-Matin
RÉGION FRANCE CÔTE D'AZUR
Où en est l’opération Repic initiée sur nos côtes en 2019 pour sauver la posidonie?
ON Y REVIENT. Depuis 2019, selon une méthode qui leur est propre, ils récoltent et repiquent de la posidonie sur les fonds marins partiellement dénudés d’Antibes, de Golfe-Juan et de Beaulieu-sur-Mer. Trois ans que les scientifiques d’Andromède Océanologie donnent un coup de pouce à la nature. Avec quel objectif? Celui de permettre à la plante aquatique aux milles fonctions utiles, de reprendre possession de son espace naturel. Et d’ainsi pleinement jouer son rôle de poumon vert de la Méditerranée.
Gaëlle Belda
Publié le 02/11/2022 à 11:30, mis à jour le 02/11/2022 à 08:50
Zone en cours de restauration. Beaulieu-sur-Mer, 2022. Photo Laurent Ballesta, Andromède Océanologie
Qui sont ces huits plongeurs, aux combis floquées Andromède, qui sillonnent, chaque été depuis 2019, nos côtes? Qui semblent particulièrement s’intéresser à Golfe-Juan et, depuis l’an dernier, à Beaulieu-sur-Mer. Ils composent, en fait, une équipe montpelliéraine qui repique de la posidonie, cette herbe marine protégée et considérée comme le poumon de la Méditerranée.
Hommes grenouilles, peut-être donc. Ou jardiniers du fond des mers. Mais scientifiques, surtout: les plongeurs repiquent des fragments de la plante aquatique, arrachés, flottants et récupérés sur place - pas question de déposer des plants cultivés en d’autres lieux - et étudient leur capacité de développement et de recolonisation.
Ils travaillent donc à combler le vide causé par les ancres marines et autres passages répétés d’engins motorisés. Ils participent ainsi à un programme de recherche et développement autour de la posidonie, signé Andromède Océanologie.
Des premiers résultats "encourageants"
Nous les avions rencontrés à Antibes il y a deux ans. Depuis, leur expérimentation a évolué. Elle s’est étendue géographiquement et dans le temps. "Nous avons obtenu les autorisations et les conventions de financement pour oeuvrer jusqu’en 2024", explique Gwenaëlle Delaruelle, chargée de projet. Possiblement parce que les premiers résultats sont plutôt concluants…
En effet, trois ans après le lancement de l’opération "Repic", il est question de 82,5% de taux de survie pour les 14646 fragments transplantés sur une surface d’environ 340 m². Ce qui représente 275 heures passées au fond de l’eau.
"Nous n’aurons pas d'analyse fine des données que nous avons relevées cet été avant la fin de l’année. Mais j’ai eu le sentiment, visuellement, que les herbiers n’avaient pas bougé. C’est très encourageant", poursuit la scientifique.
Si posidonia vient de Poséidon, ce n’est pas pour rien. La plante aquatique - qui n’est pas une algue, attention - cumule les qualités. Cette plante à fleurs, qui se reproduit grâce aux fruits qu’elle produit, est une espèce endémique qui constitue une sorte de poumon vert, en Méditerranée.
L’herbier de posidonie stabilise les sols - luttant ainsi contre l’érosion des fonds marins -, modère la houle, constitue un habitat précieux pour pas mal d’animaux, fournit de l’oxygène - jusqu’à 14 litres par mètre carré et par jour -, est un puit de carbone, etc.
Andromède Océanographie recense plus de 25 fonctions essentielles au maintien de la qualité de l’écosystème sous-marin. C’est dire. Notons notamment qu’elle est un filtre naturel et, aussi, un indicateur de propreté puisqu’elle se développe bien dans une eau non polluée. On comprend mieux pourquoi elle est protégée.
Mais voilà, malgré les lois, la plante est gravement menacée. Les prairies diminuent à cause de la pollution, de l’activité humaine intense, de la pêche et des ancres. Un déclin estimé à 10% au cours des cent dernières années et à 34% pour les cinquante dernières (étude Tesleca et al. 2015)
"Rien qu’entre 2010 et 2018, nous avons observé la disparition de cent hectares de posidonie à Golfe-Juan et même si la zone est maintenant protégée, sans transplantation on ne va pas forcément pouvoir la recomposer et l’étoffer", détaille Gwenaëlle Delaruelle.
En damier, en cercles concentriques ou très serrés les uns aux autres, les fragments de posidonies sont transplantés de manière différente, selon le sol et la profondeur. L’experte spécifie: "À Beaulieu, nous intervenons à 18 mètres de profondeur." Ici, le mouillage de grandes unités, cause principale du saccage des prairies sous-marines, a été proscrit. Une dizaine d’hectares a régressé pendant la phase d’analyse (2010-2018). Elle continue: "Les conditions d’intervention ne sont pas du tout les mêmes qu’à Antibes, où l’on travaille entre un et quatre mètres de profondeur. Qui plus est, les dégâts causés sur la posidonie ne sont pas forcément identiques."
A Antibes ou Golfe-Juan, on observe des "tâches" vides qu’il faut combler en serrant les plants les uns aux autres. A Beaulieu, il y a de vastes parterres nus pour lesquels on va privilégier le damier, en espérant que la posidonie colonise rapidement les espaces vides, entre deux plantes.
"Nous utilisons des agrafes biodégradables, spécialement conçues pour le programme Repic. Et on plante de préférence dans de la matte morte - restes de rhizomes, racines des posidonies et sédiments -, qui constitue un excellent substrat." L’équipe peut planter environ 20 mètres carrés par jour.
Un chantier conséquent mais essentiel dont pourront se saisir des spécialistes une fois le dossier d'Andromède Océanologie bouclé. "Quand nos résultats seront scientifiquement robustes, nous nous mettrons en contact avec d’autres scientifiques encore pour aller encore plus loin dans notre réflexion. Mais ensuite, bien entendu, l'idée c’est que ce que nous allons produire soit utilisé et développé par d’autres."
La croissance de la posidonie reste lente. Impossible de tirer, d’ores et déjà des plans sur la comète, mais l’équipe est très positive.
Projet scientifique
https://projetco2.fr/
Découvert par vidéo youtube Science Étonnante https://youtu.be/8b3lhDyVqgk
Article Blog https://scienceetonnante.com/2021/04/30/covid-aerosols/
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Découvert par Podcast Nouveau monde du 24-03-2020 https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/nouveau-monde-aider-la-recherche-sur-le-coronavirus-avec-son-ordinateur-personnel_3859373.html
Statut: non testé à ce jour.