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C’est une phase de test qui pourrait avoir un sérieux retentissement à l’échelle nationale. Hier matin, la Ville de Cannes a présenté une solution technique innovante en termes d’écologie pour ses serres municipales, situées dans la basse vallée de la Siagne: l’installation de panneaux photovoltaïques afin de renforcer leur autonomie énergétique. Le principe? Il repose sur deux piliers.
D’abord, la pose de panneaux photovoltaïques souples et légers sur un bâtiment qui, d’ordinaire, n’aurait certainement pas supporté des panneaux traditionnels. "Cette solution pourrait être développée sur n’importe quel bâtiment, indique le conducteur des opérations des énergies renouvelables de la Ville. Le gros intérêt repose sur le poids: des bâtiments qui n’ont pas la capacité portante d’accueillir une surcharge en module photovoltaïque traditionnel pourraient quand même être équipés de panneaux photovoltaïques puisque ces derniers peuvent être facilement collés sur des toitures existantes."
Une économie de 8.000€/an
Ensuite, le fait de développer une solution en autoconsommation qui va permettre de réaliser de sacrées économies. "Nous allons compenser une partie des consommations électriques du site, à la fois du bâtiment, des espaces verts et des serres, donc nous allons couvrir 35% des besoins en consommation d’électricité du site, reprend Valentin Vogel. La totalité de la production photovoltaïque produite localement est injectée sur le réseau local, ce qui va nous permettre de compenser la consommation électrique du site et de générer une économie d’un tiers de facture." Concrètement, pour la serre en question, la "numéro 6", l’économie annuelle estimée est de 8.000 euros par an.
L’autre avantage de cette installation? Un partage d’énergie entre différents sites producteurs et sites consommateurs, via le réseau public de distribution d’électricité. Tout cela rendu possible grâce à l’ensoleillement exceptionnel de Cannes.
"Un double objectif"
"Les serres municipales sont situées dans un lieu exposé au soleil, confirme le maire David Lisnard. Les panneaux photovoltaïques ne créent pas de trouble esthétique et ne nécessitent pas de travaux d’infrastructure qui auraient été plus longs, plus chers et plus disgracieux. En outre, la production a un double objectif: écologique d’une part, grâce à la production d’énergie renouvelable et décarbonée, et économique d’autre part puisque lorsqu’on est en surplus de production par rapport à la serre, on peut répartir l’excédent de production sur d’autres sites municipaux. C’est une approche globale pour progresser en autonomie énergétique et produire du décarboné."
Pour ce projet, 204m² de panneaux photovoltaïques ont été installés sur cette serre numéro 6, pour une puissance électrique maximale de 22 kWc. Le montant total de l’opération s’élève à 179.569 euros, subventionné à hauteur de 66% du montant (118.878 euros) par le Département.
D’autres projets, comme celui-ci, pourraient voir le jour dans les mois qui viennent, au parking du cimetière Abadie 2, ou encore entre l’espace Ranguin et Saint-Exupéry, et la salle des Arlucs et le gymnase des Mûriers.
Quelles conséquences de ces panneaux sur la faune et la flore?
En préambule, rappelons que selon l’IPBES (plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services éco-systémiques), sur les 8 millions d’espèces animales et végétales recensées, environ 1 million est menacé d’extinction au cours des prochaines décennies. La première cause, c’est la perte d’habitat des espèces. C’est le cas pour les parcs solaires qui imposent le déboisement à l’endroit du parc mais aussi entre 50 et 100m autour afin d’éviter les incendies, mais aussi sur des km de raccordements sous terrains.
La hausse de la température serait aussi néfaste?
Les panneaux provoquent un réchauffement local du secteur. En été, leur surface peut atteindre 85°. Ce qui crée des dômes de chaleur. Leur aspect passe pour de l’eau pour certains insectes qui s’y posent et grillent. Les apiculteurs fuient d’ailleurs ces centrales solaires. Mais paradoxalement, l’impact le plus néfaste est en hiver. Exemple, le crapaud qui entre en hibernation à proximité, trompé par la hausse des températures, va sortir pour se reproduire en plein hiver. Et mourra de froid. Des études ont démontré la baisse majeure de la population de chauve-souris en présence de ces panneaux. Toute la chaîne alimentaire peut se trouver perturbée. La biodiversité est en danger.
Quelles espèces impactées sur le site du projet de parc solaire à Séranon?
Début septembre, un écologue indépendant a mis au jour trois espèces protégées à forts enjeux de conservation qui n’avaient pas figuré à l’étude d’impact: le campagnol amphibie, et deux oiseaux, le verdier d’Europe et le chardonneret élégant. Début octobre, une autre étude indépendante a conclu que le risque pour le muscardin (rongeur) et la Crossope de Miller (musaraigne aquatique) était caractérisé.
Il y a des risques que l’on ignore encore?
Des études débutent ou sont en cours et on déploie à marche forcée sans respecter le principe de précaution. Tant que l’on ne connaîtra pas les risques exacts que l’on fait prendre à la biodiversité, il ne faudrait pas faire ces aménagements. Le Conseil d’État a rappelé en décembre 2021 la nécessité d’analyser les risques sur les espèces protégées.
Depuis un an, l’OFB travaille avec des bureaux d’études pour connaître l’impact de ces installations sur les oiseaux. On pourrait s’en moquer. Mais la biodiversité, c’est nous aussi. Et cela nous impacte déjà.
Projet de parc Solaire à Levens
https://www.nicematin.com/environnement/-les-panneaux-sur-les-toitures-pas-dans-la-nature-a-levens-bras-de-fer-autour-du-projet-de-parc-solaire-au-mont-arpasse-953382
Projet de parc Solaire Séranon/Valderoure
https://www.nicematin.com/environnement/-j-aimerais-vraiment-empecher-le-massacre-elle-se-bat-contre-les-projets-de-parcs-photovoltaiques-en-cours-dans-le-haut-pays-grassois-953393
Proposition de projet de parc solaire aux Monts d'Azur - refusé par ce défenseur de la biodiversité qui s’insurge contre les parcs solaires en pleine nature
https://www.nicematin.com/environnement/-ils-m-ont-propose-un-projet-sur-80-hectares-j-ai-refuse-ce-defenseur-de-la-biodiversite-s-insurge-contre-les-parcs-solaires-en-pleine-nature-953385
C’était "il y a trois, quatre ans". Et aujourd’hui encore, cette initiative met Patrice Longour en colère. Le fondateur de la réserve biologique des Monts d’Azur, à Andon, raconte comment on lui a proposé d’accueillir un parc photovoltaïque de 80 hectares sur ses terrains, au col de Bleine. "On m’a indiqué que j’avais tout intérêt à accepter. J’ai refusé."
Arracher des arbres pour planter des panneaux solaires? Inconcevable pour ce farouche défenseur de la biodiversité, qui fait cohabiter dans sa réserve bisons, cerfs et chevaux de Przewalski. "Je ne comprends pas comment au XXIe siècle, on peut se permettre de sacrifier des territoires qui sont l’avenir, en particulier des territoires sauvages. Ce n’est pas ça, l’écologie!"
Patrice Longour le précise: il n’a rien contre le photovoltaïque. Au contraire. "C’est une partie de la solution. Mais cela doit d’abord être fait dans les parties urbanisées. Ensuite, on pourra éventuellement penser à les mettre à la campagne. Pour l’instant, c’est juste une aberration. Commencez par panneauter les villes!"
L’entreprise a développé une technologie qui lui a valu, dès en 2016, de recevoir le prix Innov nautique aux États-Unis. Un panneau solaire souple, ultrafin, qui peut se "coudre" sur des voiles de bateau et ainsi user de l’énergie du soleil pour fabriquer de l’électricité. Mais quelle idée?
Peut-être faut-il préciser qu’Alain Janet, fondateur et président de Solar Cloth System, est fou de navigation et que sa première entreprise, toujours en activité et d’ailleurs implantée dans les mêmes locaux à Mandelieu-la-Napoule, est de créer des voiles de haute performance. En 2014, il découvre le solaire souple et décide de l’adapter au textile. Bingo! La technologie est reconnue par le CNES, reçoit entre autres prestigieuses distinctions, le Prix de l’industrie nautique aux États-Unis en 2016.
Meilleur rapport poids-puissance
"De là, nous nous sommes diversifiés et j’ai créé une entité propre pour développer le solaire souple et sans utilisation du verre. Alain Janet est intarissable sur le produit et ses multiples usages. Contrairement aux panneaux photovoltaïques classiques qui utilisent du verre et sont donc sujets aux microfissures – altérant leur productivité, notre technologie est celle du CIGS (cuivre, indium, gallium, sélénium). Avec cette particularité d’avoir le meilleur rapport poids-puissance tout en étant ultra-bas carbone, sans oublier le côté souple, enroulable, incassable et insensible aux vibrations." Le boss lève trois millions d’euros en deux ans pour finaliser la technologie et lancer la production.
En 2020, le bateau de Jean Le Cam, s’élance pour le Vendée Globe équipé d’une voile tissée au solaire Solar Cloth. Une reconnaissance pour cette technologie qui croise deux industries avec succès : le textile technique et le photovoltaïque couche mince. La même année, Alain Janet reçoit Prix I-Nov des mains du Premier ministre français. Il faut dire qu’avec une épaisseur d’environ 0,5 mm, l’ensemble des cellules montées en "entuilage", c’est-à-dire comme des tuiles sur un toit, permet un rendement de 18 %, le pourcentage d’énergie du soleil que le panneau réussit à transformer en électricité. "Avec un panneau classique – en silicium et donc avec du verre –, le rendement sera un peu meilleur (autour de 20-22 %), convient Alain Janet, cependant nos panneaux sont, eux, 8 à 10 fois plus légers et présentent une empreinte carbone trois à quatre fois meilleure."
Dans l’atelier, Laurence, Nismah et Claudie assemblent les cellules. Chaque colonne, nommée « string », est collée à la suivante en entuilage avec une colle saine. Chaque panneau comprend entre 48 et 60 diodes (les diodes garantissent la transformation maximum d’énergie solaire en électricité en isolant les parties ombragées moins productives par exemple ou couvertes de feuilles), contre 1 à 3 contenues dans un panneau classique rigide au silicium. Les panneaux, tous sur-mesure, ainsi parés de leurs cellules solaires, sont ensuite conduits au laminoir. Une presse qui monte en température et enlève l’air présent. Une opération qui dure plusieurs heures. Le panneau est ensuite vérifié visuellement et électriquement. Les rouleaux d’environ 90 cm x 3,40 mètres au maximum peuvent enfin être livrés aux clients. "Le transport est également plus simple, moins énergivore et moins encombrant que celui des panneaux rigides classiques."
Panneaux-tuiles aux couleurs de votre toit
La technologie qui a nécessité quatre années de recherche et développement a cependant un coût. À l’unité, un panneau Solar Cloth System est plus onéreux (tarif non communiqué car sur-mesure) que ce qui se vend habituellement, pour une durée de vie équivalente. "Soit une vingtaine d’années. Ceci dit, notre produit sera encore efficace à 80 %."
Port de Monaco, Yacht Club Mandelieu, Aéroport de Nice Côte d’Azur, serres municipales de Cannes, tentes militaires, camions de Renault-Volvo Trucks, sont équipés du savoir-faire de la Mandolocienne et en ce moment, l’atelier chauffe pour livrer l’équipement d’une ombrière de 1.200 m² au village des athlètes lors de Jeux de Paris 2024. À venir, fort d’une collaboration avec l’institut allemand Fraunhofer, spécialisé en sciences appliquées, la tuile photovoltaïque. "Aux couleurs des toitures mais sans utiliser ni pigment ni couleur pour conserver tout le rendement du panneau." Improbable? "Cela vient de la nature et du papillon Morpho, que l’on voit bleu mais qui ne dispose d’aucun pigment." Solar Cloth System a atteint en 2023 son premier million d’euros de chiffre d’affaires et table sur 5 à 6 millions d'euros d’ici deux ans en doublant le nombre d’effectifs pour avoir jusqu’à vingt collaborateurs. Brillante ascension, tout en souplesse.