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Je rejoins Jeff : L’avenir appartient à ceux qui savent correctement demander quelque chose à une « IA ».
Avant on [les geeks / amis-qui-s’y-connaît-en-ordis] étaient les rois car on savait mieux poser les questions à Google que le quidam moyen. Je constate la même chose avec Dall-E ou ChatGPT : avec les phrases banales, il ne comprend rien. Mais en variant les tournures et avec les bons mots clés, cela change tout.
Le truc amusant toutefois, c’est si on veut un truc hyper-spécifique, il faut une commande hyper-spécifique aussi. Or, une commande suffisamment spécifique pour être comprise et interprétée exactement comme on le souhaite, bah ça s’appelle du code !
Cf ce Commit-Strip qui avait tout compris depuis 10 ans : https://www.commitstrip.com/fr/2016/08/25/a-very-comprehensive-and-precise-spec/?setLocale=1
Au final, je vois ça comme une étape d’abstraction supplémentaire après le binaire → assembleur → langage de haut niveau → commande IA.
Au lieu de faire de l’ASM, on fait du code, qu’on compile ensuite en ASM, et que le CPU interprète ensuite en binaire Désormais, on ne fait plus du code, mais on fait des commandes pour IA qui vont eux faire notre code (puis compilation, ASM, binaire).
… mais ça demandera toujours d’être hyper-spécifique si on veut du code spécifique.
Il y a probablement que chose à gagner : je pense qu’on hurlerait si on avait à tout coder en ASM au lieu de faire du JS, C++ ou PHP, donc je pense que ça sera plus simple pour tout le monde dans une génération ou deux à taper des commandes pour IA.
Mais faut pas se leurrer non plus : on (les programeurs) ne seront pas remplacé pour autant.
Quelques raisons :
– La logique qu’on utilise dans le code (ou dans une requêtre google efficace par rapport à une requêtre pourrie) est quelque chose de transposable à des commandes pour IA. Si l’on apprend les maths à l’école, c’est pas pour utiliser les cosinus() sous les jours, mais pour nous former à manipuler des problèmes et utiliser des outils abstraits dans nos têtes. De même, le fait d’avoir appris du code nous a donné la méthode nécessaire pour comprendre le fonctionnement d’une IA et savoir l’utiliser au mieux.
Y a 50 ans, le langage de programmation royal était le Cobol, le Pascal, etc. Aujourd’hui, plus personne ne fait ça, sauf quelques rares individus. Aujourd’hui, ces personnes là sont payés à pris d’or car ces langages sont rares, antiques, mais constituent toujours le fondement de tout un tas de systèmes informations cruciaux. Dans 50 ans, ça sera le PHP, le C ou le Python. Quand j’étais petit, on nous disait que l’avenir appartiendra aux informaticiens, et que les métiers comme plombiers ou électriciens seront de la merde. Aujourd’hui, les plombiers, électriciens, charpentiers, plâtriers, et même mécaniciens… n’ont jamais été autant demandés, autant débordés et aussi bien payés. Certains métiers ne disparaissent pas. Tant mieux. Pour les codeurs, ça sera pareil : les IA ne sortent pas de n’importe où. Il faut les coder.
– Tout comme le binaire seul a donné une poignée d’architectures matérielles, et un énorme paquet de langages, on aura également un gros paquet d’IA. Les maîtriser toutes sera impossible. Il y aura des spécialistes ChatGPT, des spécialistes Dall⋅E, etc. Une personne ne pourra pas tout faire, en tout cas pas de façon experte à chaque fois. Oui, on parle de dév full-stack, mais ça ne vaudra jamais toute une équipe avec des gens spécialisés. Donc non, l’IA ne va pas mettre tout le monde à la retraite : il faudra toujours autant de monde pour toujours autant d’applications.
Et enfin, c’est pas parce qu’on code en langage de prog de haut niveau que tout peut se faire avec ça. Certaines applications de pointe sont toujours faites en ASM, en communiquant directement avec la machine (micro-systèmes embarquée dans des périphériques spécifiques, ou encore les systèmes qui demandent une réactivité très importante avec une latence très faible, impossible à tenir avec un langage compilé qui ne sera jamais autant optimisé).
De même, un code produit par une IA pourra fonctionner convenablement, mais ça ne sera jamais aussi propre, rapide et optimisé que du code écrit à la main. Suffit de voir ce que les WYSIWYG ont donné comme code dans une page web, comparé à du HTML écrit à la main. Ce sont deux mondes différents.
Donc oui, l’IA pourra aider un max de gens à se dépatouiller avec leurs problèmes (en supposant qu’ils n’aient pas tellement la flemme qu’ils vont demander ça à d’autres), mais il faudra toujours une forme d’intelligence humaine et une logique que tout le monde n’a pas pour interagir avec l’IA. De plus, il y aura plusieurs IA et — à moins de leur spécifier (je suppose) — les IA ne feront pas de code aussi propre qu’un programmeur.
Oui, ça suppose que l’intelligence humaine reste supérieure à l’intelligence machine. Actuellement, en 2024, c’est très très TRÈS largement le cas. Les « IA » actuelles sont réellement débiles. Elles font de jolies choses, mais il n’y a aucune intelligence dérrière. Ni aucune créativité, d’ailleurs.
Et puis, qui mieux qu’un humain peut comprendre le problème qu’un humain peut avoir ? Sûrement pas une machine. La machine pourra aider, voir proposer un truc. Mais ça ne sera jamais la meilleure solution.
Le hasard fait que Bertrand Cochard, agrégé et docteur en philosophie et enseignant la philosophie esthétique à l’école municipale d’arts plastiques de Nice (Villa Thiole), vient de publier un ouvrage, "Vide à la demande", qui traite de notre rapport chronophage aux séries télés en plein festival de Canneseries. Alors que le jeune doctorant est en rencontre à la librairie Masséna de Nice, ce mardi, pour son ouvrage, il nous semblait important de dialoguer avec lui autour des séries mais surtout de la manière dont leur surconsommation durant notre "temps libre" dit quelque chose de notre époque.
Comment est née l’idée de ce livre?
J’avais écrit un ouvrage sur Guy Debord (‘‘Guy Debord et la philosophie’’) et je préparais un autre livre destiné à faire connaître ses thèses sur le temps libre à un plus grand public. C’est lors d’un dîner avec un directeur de collection des éditions L’Échappée, Patrick Marcolini, que l’on m’a proposé d’écrire spécifiquement sur les séries. Durant la nuit, j’ai écrit l’introduction, qui n’a pas beaucoup bougé depuis, et on s’est lancé.
À qui s’adresse ce livre?
À ceux qui s’intéressent aux séries mais également à ceux qui essaient de comprendre comment les séries sont devenues une activité chronophage dans une époque où plus personne n’a le temps de rien. Je ne suis pas là pour faire culpabiliser ceux qui aiment les séries mais plutôt pour engager une réflexion sur le temps libre, en montrant qu’il s’agit d’un enjeu éminemment politique.
Qu’est-ce que le temps libre?
C’est d’abord le temps hors travail, et celui dont on dispose quand nous ne sommes pas astreints par les tâches nécessaires du quotidien. Le temps libre peut être pensé comme un ‘‘budget temps’’ dont on peut disposer à sa guise. Or, le propre d’une série, c’est bien de consommer du temps, de faire passer le temps. Et je crois que cela signale une forme de vide que l’on cherche à combler. C’est un phénomène analogue à celui des smartphones, que l’on utilise systématiquement dans les transports en commun, dans une file d’attente.
Les séries serviraient-elles uniquement à combler un vide? Une activité passive en quelque sorte?
Elles nous portent dans le temps car elles nous permettent d’oublier, parfois, nos soucis du quotidien; elles nous délivrent aussi de cette lourde tâche d’avoir à penser à nous-même. Je pense ici à la théorie développée par Alain Ehrenberg dans ‘‘La fatigue d’être soi’’. Dépression et société. Au fond, notre temps libre l’est faussement car il y a une forme de passivité quand on regarde une série, il n’y a pas besoin de trouver une motivation inouïe pour lancer un épisode. Quand on a beaucoup d’énergie et envie de se dépenser, on ne lance pas un épisode. Dans nos sociétés modernes, il est structurellement difficile de s’ennuyer car les tentations, notamment numériques, sont partout. Et ce d’autant plus que l’on considère le temps libre comme un temps que le travail libère, comme un temps produit par le travail. Ce temps durement acquis, chacun veut le mettre à profit, il faut le rentabiliser. Regarder une série donne cette sensation.
Pourquoi juge-t-on différemment un consommateur de séries et un lecteur?
Par le rapport à l’écran. C’est scientifiquement prouvé que la surexposition aux écrans a des incidences sur le sommeil, l’attention, la sédentarité. On ne sollicite pas les mêmes zones du cerveau quand on lit et quand on regarde un écran.
Qu’est-ce que la consommation des séries raconte de notre époque?
En 2019, 60% des Français disaient suivre une série au moins une fois par semaine, 30% tous les jours. Des chiffres qui montrent que les séries sont devenues le passe-temps préféré des Français. Il y a un vrai attachement au récit, à la narration, tout doit raconter une histoire, c’est sans doute lié à notre époque où il y a une forme de paralysie historique: l’histoire semble se répéter, les guerres, l’enlisement. On se rattache à des récits, à la forme du récit, dans une époque historique caractérisée par l’inertie et la crise permanente. Le confinement a été un marqueur fort de la consommation des séries, cela a amplifié la popularité des séries auprès des gens. On consomme des séries à chaque moment de notre vie, quand on fait la cuisine, quand on s’endort, quand on prend les transports…
Comment éviter cette surconsommation?
C’est une question plus large qui concerne le temps de travail, le temps d’écran, le fait de privilégier des activités avec une forme d’accomplissement. On dit parfois que les séries nous donneraient à penser mais elles ne sont souvent que l’illustration de théories déjà existantes. Une série n’est pas autosuffisante: elle peut donner lieu à une prise de conscience, soit, mais c’est le passage à l’action historique qui est sujet à caution. Les séries disent ce qu’est notre société actuelle, avec une forme d’individualisation, car nous les consommons souvent seuls, à domicile, il y a une forme de repli sur soi, c’est une activité solitaire même si on en parle beaucoup avec nos proches mais on se regroupe très rarement pour regarder un épisode.
"Vide à la demande - Critique des séries".
Éditions L’Échappée. 176 pages. 17 euros.
découvert par article https://www.nicematin.com/environnement/pollution-de-la-mer-francoise-loques-sentinelle-chevronnee-de-la-mediterranee-menacee-913700 sur Françoise Loquès
Pendant six ans, jusqu’en 2022, Félicien Faury a échangé avec des dizaines d’électeurs du Rassemblement national du Sud-Est de la France. Ce sociologue a décidé de se pencher sur le sud de la région Provence-Alpes- Côte d’Azur, bastion de l’extrême droite du pays. Pour comprendre les motivations et les mécanismes de la normalisation du vote du parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella. Il en a tiré un livre: "Des électeurs ordinaires, enquête sur la normalisation de l’extrême droite" (édition du Seuil). Interview.
Pourquoi avoir choisi le Sud-Est?
C’est un territoire qui a donné ses meilleurs scores au RN à ses débuts, et le vote y est très important. C’est là que les premières municipalités ont été conquises, et la région Paca est celle qui a élu le plus de députés RN en 2022. Par contre, on en parle moins dans les discours publics, on se focalise plus sur le RN du Nord, de la classe ouvrière, des victimes de la désindustrialisation. Je voulais donner à voir une autre image, une autre réalité.
Quelle est la spécificité de ce territoire?
Dans ce vote RN, on trouve davantage de classes populaires établies, stabilisées, et de petites classes moyennes. Ce sont des catégories sociales très importantes pour le RN, surtout maintenant. Ce sont des gens qui ne se sentent pas en danger sur le marché du travail, la rhétorique de l’étranger voleur de travail n’est pas opérante. L’immigré menaçant, ici, c’est l’immigré qui ne travaille pas, au chômage. Il bénéficie des aides sociales qu’il va voler aux "vrais Français". Il y a une aversion envers les immigrés, mais aussi envers l’État et sa redistribution.
Peut-on parler de territoire en déclin?
On n’est pas du tout sur des territoires en déclin en Paca. C’est une économie résidentielle et touristique très développée. Le souci n’est pas l’emploi, mais le logement, l’inégalité territoriale. Ces électeurs ont l’impression d’être pris en tenaille, entre des quartiers appauvris, avec beaucoup de classes précaires issues de l’immigration, et les "coins sympas" très convoités et inabordables. Cet immobilisme résidentiel contraint est une donnée très importante dans le vote RN.
Pourquoi d’autres lectures, comme la critique de ce qui provoque ces inégalités, échappe à ces électeurs?
Ça ne leur échappe pas. Ce qui est en jeu, c’est l’imaginaire des possibles politiques. Beaucoup vont critiquer les riches, les inégalités sociales. Mais il y a un fatalisme: "Qu’est-ce que tu veux y faire"? Ce qui contraste avec la pression de l’immigration qui, pour eux, pourrait et devrait être évitable. Le vote RN n’est pas purement identitaire: il y a des logiques sociales, fiscales.
Vous parlez de "concurrence des pauvretés"…
Ce qui domine dans les discours, c’est l’impression que l’économie est une sorte de stocks finis et que plus les minorités ethno-raciales auront de ressources, moins on en aura, "nous", les "Français", comme beaucoup se qualifient sur mon terrain. Notamment pour l’accès aux logements sociaux. "Eux, ils en ont, pas nous".
Ces visions sont-elles fondées?
Ce qui m’intéressait, c’est d’avoir leur vision du monde. On peut remarquer que cette logique du "immigré = chômeur" passe par l’invisibilisation de tout un ensemble de métiers vitaux effectués par la main-d’œuvre étrangère ou immigrée, en particulier en Paca. Les récoltes saisonnières, le service à la personne, le BTP… Énormément d’immigrés ou d’étrangers travaillent dans ces secteurs, or cela est très peu évoqué. Il y a peut-être un travail à faire dans les discours publics.
Par contre, cette association entre immigrés et pauvreté, les électeurs ne l’inventent pas complètement. Dans les quartiers les plus défavorisés, on constate une surreprésentation des immigrés. Ce qui est intéressant, c’est l’interprétation donnée. On se dit que l’immigré est fainéant, qu’il y a une mauvaise volonté. Or, les sciences sociales insistent sur les causes structurelles: les immigrés ou étrangers ont moins de ressources, de réseau, pour accéder au travail, ou sont victimes de discrimination du fait de leur couleur de peau ou d’autres critères.
Sachant que ce qui est vu comme un "immigré" peut être une personne française depuis plusieurs générations…
Tout à fait. Sur mon terrain, les personnes qu’on appelle "immigrés" ou "étrangers" sont en fait la plupart du temps des personnes françaises, mais qu’on identifie comme "issues de l’immigration" du fait de leur accent, de leur couleur de peau ou de certaines pratiques religieuses visibles par exemple.
Vous parlez beaucoup du fait qu’on a tendance à oublier le racisme des électeurs RN. Quelle est l’importance du racisme?
Ce n’est pas forcément agréable à dire, mais oui, le racisme reste central dans le vote RN. Mais il me semble que c’est de moins en moins signalé au sein des commentaires médiatiques. Selon une étude du CEVIPOF, en 2022, 92% des électeurs RN estimaient que "la plupart des immigrés ne partagent pas les valeurs de notre pays". Quand vous faites des entretiens avec ces électeurs, c’est un élément incontournable. Bien sûr, la thématique du déclassement, de l’incertitude économique, est très importante. Mais si vous enlevez le rejet des immigrés, vous ne pouvez pas comprendre pourquoi ces électeurs ne votent pas pour la gauche par exemple.
Vous évoquez chez les électeurs RN des déçus de la droite traditionnelle. Comment jugez-vous la position d’Éric Ciotti, de prôner l’alliance LR/RN?
C’est un discours logique, face à l’électorat local auquel il est confronté. Depuis longtemps, il y a une porosité, une continuité entre la droite et l’extrême droite. Mais pour Éric Ciotti, cela relève quand même d’une aventure individuelle. Le cordon sanitaire du parti est resté solide. Chez les électeurs, c’est plus compliqué. Certains électeurs de droite ne veulent certes pas voter pour l’extrême droite. Mais pour d’autres, le vote RN est aussi de plus en plus un vote utile. C’est une vraie transformation historique. On se dit que le RN peut arriver au pouvoir, et qu’il faut donc voter pour lui pour éviter que la gauche l’emporte.
Autrefois, on avait honte de voter RN. Quels sont les signes de la dédiabolisation du RN?
J’ai voulu m’intéresser à la normalisation du RN dans les interactions du quotidien, les conversations ordinaires. Quand on vit dans des territoires où de plus en plus de personnes votent RN, ça légitime son propre vote pour ce parti. Il y a aussi une normalisation des thématiques de l’extrême droite: on se retrouve dans des situations où les discours anti-immigrés, par exemple, sont très peu contestés. Tout le monde ne vote pas RN, mais c’est devenu la parole légitime.
Le RN reste-t-il un parti d’extrême droite?
Le RN (alors FN) a été créé en 1972 par Ordre nouveau, un groupuscule d’extrême droite, très radical, dans le but d’offrir une vitrine légitime à ces idées d’extrême droite. Dès le départ, sa raison d’être, c’est la normalisation publique et médiatique de ses idées. Évidemment, depuis, il y a eu des transformations très importantes. Mais ce qui n’a pas changé, c’est cette colonne vertébrale qu’est la préférence nationale, qui est une mesure anticonstitutionnelle, et qui s’accompagne d’un discours négatif sur les immigrés. Ce socle n’a pas bougé. C’est ce qui permet de le classer à l’extrême droite.
Cette préférence nationale se nourrit d’une priorité qui serait jusqu’à présent donnée aux étrangers par les pouvoirs publics. Existe-t-elle?
Cette préférence nationale est reçue par les électeurs comme une préférence racialisée, la distinction entre les "vrais Français" et les autres, les minorités ethnoraciales. On évoque parfois l’idée d’une "préférence étrangère", avec un État davantage favorable aux minorités. Il faut rappeler que c’est tout simplement faux: on sait qu’il n’existe aucun traitement de faveur des services publics vis-à-vis des immigrés et des étrangers, c’est même très souvent l’inverse. Les minorités sont victimes de discriminations importantes, et il y a aussi par exemple un non-recours très important des familles immigrées aux aides auxquelles elles ont droit.
Ça avait déjà fait jaser en janvier pour le « #dryJanuary », jusqu’aux ministères de la santé-mais-pas-trop, voilà que ça revient à cause d’un truc à la télé d’où il ressortirait selon la rédaction que ne pas boire c’est être chiant. [...]
Pour rendre nos villes plus agréables à vivre pour les piétons, vous ne manquez pas d’idées. Nous vous avons demandé quels points noirs vous suggérez de traiter en priorité. Vous avez été plusieurs centaines à prendre part, de Menton à Toulon, au sondage publié en ligne. Voici les principales mesures que vous préconisez.
Des trottoirs en meilleur état...
Vous êtes plus d’un tiers à suggérer que vos villes portent une attention accrue à la qualité de ces espaces publics. Vous demandez « une réfection d’urgence, ils nous mettent en grand danger de chute ». « Le revêtement des trottoirs carrelés est dangereusement glissant lorsqu’il pleut ! » De Nice à Toulon, vous soulignez les risques que représentent les trous, bosses. « Trop de trottoirs sont en dévers trop importants ou irréguliers à la suite de travaux, donc sont peu agréables à la marche, et il est difficile d’y pousser un fauteuil roulant. »
Aussi suggérez-vous de les rendre plus "plats", "il y a trop de déclivité entre le bord côté chaussée et le côté habitation."
La question de la propreté est aussi soulevée: "il faut verbaliser les propriétaires de chiens qui ne ramassent pas les excréments de leur animal", estime ce Cannois.
... plus larges et réservés aux piétons
"Ils doivent respecter partout 1,40 m de largeur sans obstacle". Pour libérer l’espace pour la marche vous appelez aussi de vos vœux une "verbalisation des voitures qui stationnent sur les trottoirs et passages protégés", mais aussi des "cyclistes et trottinettes qui empruntent les trottoirs réservés aux piétons". "Encore ce matin, j’ai failli être percuté par une trottinette qui descendait à contresens la rue que je traversais", témoigne ce lecteur. Et vous demandez qu’ils soient "désencombrés". En "empêchant les entraves (comme les containers poubelles) sur les trottoirs étroits". Vous estimez qu’il faut "réduire les terrasses des restaurateurs" et que les haies des particuliers soient "taillées." "Parfois l’amorce du passage piéton est cachée par des haies ou des végétaux trop hauts : le piéton sort ainsi brusquement sur la chaussée", pointe ainsi Gérard, de Menton.
Des trajets plus jolis, directs et ombragés
Des trajets plus jolis, directs et ombragés. "Le piéton ne devrait pas faire de détours pour être en sécurité. Il devrait avoir droit au chemin le plus direct." Et que les traversées et la signalisation soient améliorées. "Indiquer les temps de parcours comparés (auto/à pied)" proposez-vous encore. Sans oublier d’aménager des cheminements piétons en dehors de l’hyper centre, comme le propose Antonio, pour "mettre le piéton à l’abri de la circulation".
Vous pointez aussi l’importance des arbres en ville.
"Il faut intégrer plus d’espaces verts et de zones arborées pour rendre le milieu urbain plus agréable (baisse de la température l’été) afin d’inciter à marcher", mais aussi veiller à jalonner les rues de "lieux de pause" en "mettant des bancs", et sans oublier "les toilettes publiques." En nombre insuffisant.
Réduire et apaiser le trafic routier
"Ralentir la vitesse des véhicules", "dissuader les voitures d’entrer en ville car pour un piéton marcher au milieu des embouteillages est un cauchemar" sont autant de pistes qui reviennent dans vos propositions. Pour réduire le bruit et la pollution.
Impliquer les citoyens
"Les habitants, les commerçants et les artisans devraient être associés dans le processus de décision en organisant des consultations citoyennes pour recueillir leurs suggestions et préoccupations" propose cet habitant de Fréjus. Tandis que ce Grassois lui fait écho: "Il faudrait que des usagers fassent majoritairement partie des décideurs."
Piétonniser les abords d’écoles
"Ce serait bien d’habituer les enfants à se déplacer à pied, tout d’abord pour aller à l’école." Une lectrice Dracénoise estime ainsi que faire arriver "tous les élèves à pied 50 m minimum avant l’entrée de l’établissement, c’est revisiter totalement le déplacement quotidien des élèves (...) cela donnerait une nouvelle manière de vivre "l’urbain"."
"Prenez les cœurs historiques de villes qui sont devenus entièrement piétonniers, les gens sont plus calmes. Pour résoudre les difficultés des mauvais marcheurs, une petite navette peut ponctuellement intervenir." Elle invite les décideurs à s’inspirer "d’Aix-en-Provence, Vérone en Italie, Bayonne dans les Pynérées-Atlantiques, la vieille ville de Carcassonne…"
Le rapport pointe un paradoxe: l’agriculture est à la fois victime et coupable du réchauffement climatique...
Toutes les activités contribuent, à des degrés divers, au changement climatique et tous les individus et organisations vont devoir en subir les effets. L’agriculture est responsable de 18% des émissions de la France, et l’alimentation de 22% de son empreinte carbone.
"La problématique du revenu agricole est centrale"
Et les agriculteurs sont en première ligne: car le changement climatique cause sécheresses, baisses de rendement, stress thermique sur les animaux, pertes de récoltes, sans parler des zoonoses.
Les consommateurs, eux aussi, vont subir les effets de ces impacts sur le prix de l’alimentation qui va nécessairement augmenter.
Le secteur est le 2e plus émetteur en France. Cette donnée n’est pourtant pas au centre du débat. Une erreur?
Les difficultés du monde agricole sont de très grande ampleur et cela ne date pas d’aujourd’hui. Pour une grande partie, il est difficile de vivre de son activité et beaucoup d’exploitations agricoles sont dans une situation économique fragile. La problématique du revenu agricole est centrale. Mais penser qu’il suffit d’abandonner les politiques environnementales pour régler les difficultés est illusoire.
Les agriculteurs ont besoin de politiques de lutte contre le changement climatique et d’adaptation pour faire face aux risques qui pèsent sur eux. Celles-ci doivent les accompagner, les aider dans les transformations profondes des systèmes alimentaires.
Quels sont les verrous qui bloquent la transition vers un modèle plus vertueux et surtout plus résilient?
Quand on évoque la transition agricole, on renvoie dos à dos exploitants et consommateurs. Comme si la transition ne se faisait pas à cause de leur résistance au changement. C’est simpliste et faux. Les systèmes alimentaires sont des organisations complexes, avec des interdépendances entre les décisions aux différentes étapes de la filière.
Outre les agriculteurs et les consommateurs, ils engagent conseil agricole, banques, coopératives, transformateurs, distributeurs, restaurateurs et bien d’autres acteurs. Pour changer les choix des agriculteurs comme ceux des consommateurs, il faut que tous ces acteurs intermédiaires s’impliquent et intègrent les enjeux environnementaux.
Comment donner l’envie et la possibilité aux agriculteurs de se transformer?
Le monde agricole a tout à fait compris les enjeux de cette transition, il est faux de dire que les agriculteurs n’ont pas conscience de la question climatique. L’enjeu est vraiment l’accompagnement pour faire cette transition et le partage de son coût entre les différents opérateurs, de l’amont à l’aval.
Diminuer l’impact des transports dans le secteur agricole, c’est aussi réduire la part de nos importations et exportations. Donc les accords de libre-échange?
Le rapport met en avant la problématique cruciale des importations. Dans l’empreinte de l’alimentation, 46 % des émissions sont importées et ces importations sont pour plus de la moitié le fait de produits qui sont vendus directement par les industriels, les restaurateurs et la distribution.
Les systèmes alimentaires sont globalisés et il faut penser la question des émissions importées, ou de la déforestation importée, à tous les niveaux, y compris lors des discussions et négociations commerciales.
Le Haut conseil dit que ces changements incluent une "prise de risque". Est-ce à l’État, à l’Europe de les prendre quand les agriculteurs sont souvent précaires, épuisés?
Bien sûr. Les pouvoirs publics ont un rôle central à jouer, ainsi que les acteurs de l’aval, comme la transformation, la distribution et la restauration, mais aussi les banques et les assurances.
"Les discours qui polarisent sont au service de l'inaction"
En outre, le secteur agricole est très hétérogène, avec certains agriculteurs qui sont en plus grande difficulté que d’autres. Une transition juste doit tenir compte des situations de plus ou moins grande vulnérabilité économique et climatique, aux inégalités d’effort à consentir.
Le remembrement, entamé en 1968, a détricoté toutes les petites exploitations pour basculer vers une agriculture mécanisée, intensive, vers la monoculture. L’État doit-il dire qu’on a fait fausse route?
La modernisation agricole qui a été mise en œuvre dans l’après-guerre a jeté les bases d’un système qui montre aujourd’hui ses limites. Mais dans le même temps, cette expérience nous montre que des politiques volontaristes et qui accompagnent le secteur peuvent le transformer profondément.
Comment réconcilier défenseurs du climat et agriculteurs, débat très instrumentalisé notamment par l’extrême droite?
Encore une fois, penser que le monde agricole ne se soucie pas du climat ou que les défenseurs du climat n’ont pas conscience de leurs difficultés est faux. Ces discours qui polarisent sont au service de l’inaction, qui fait perdre du temps et accroît les menaces sur les plus vulnérables, agriculteurs comme consommateurs. Le statu quo n’est une option pour personne.
Les mesures-clés du rapport du Haut conseil pour le climat sur l'agriculture et l'alimentation
Pour lever les verrous qui freinent la transition:
- Revaloriser les revenus des agriculteurs et des éleveurs.
- Réorienter les soutiens vers des pratiques adaptées au changement climatique.
- Enrichir les offres de formations initiale et continue permettant d’acquérir les compétences nécessaires.
- Renforcer l’implication des filières (stockage, transports, distribution, restauration...) et des collectivités territoriales pour soutenir les changements de pratique.
- Renforcer la recherche et l’innovation en appui de la transition climatique.
Les pratiques à privilégier "une fois les verrous levés":
- Sélectionner des espèces de plantes résistantes aux aléas, diversifier les cultures, enrichir les sols en matière organique pour qu’ils stockent mieux l’eau, sélectionner génétiquement des troupeaux moins émetteurs en gaz à effet de serre.
- Relocaliser et optimiser la chaîne logistique de l’alimentation, électrifier le fret routier, encourager la consommation de produits bas carbone en magasins.
Pour consulter le rapport en intégralité, rendez-vous sur le site du Haut conseil
On en parle beaucoup, des expérimentations fleurissent, mais quel est le paysage? Dans la crise agricole actuelle, et alors que s’est ouvert le Salon de l’agriculture, l’agrivoltaïsme cherche à prendre son essor.
La perspective de compléter une activité agricole avec une structure produisant de l’électricité n’a rien d’évident. Le couple production électrique-travail de la terre a déjà connu des déboires.
À l’heure où l’agrivoltaïsme est en train de se structurer, regard dans le rétroviseur sur les premiers projets, ceux des pionniers.
Michel Bonnin en est. En 2008, il a eu envie non seulement d’essayer, mais "d’inciter, de montrer l’exemple". Opérationnelle en 2010, sa serre fut l’une des premières en France, croit-il. Sur une colline de Saint-Laurent-du-Var, face à la mer, la propriété familiale a toujours été nourricière - agrumes, oliviers, maraîchage.
"Au départ, j’avais l’idée d’une serre vraiment tropicale, se souvient Michel Bonnin. Mais ne pouvant pas utiliser l’électricité que je produisais, alors j’ai préféré une serre plus passive. Rafraîchie l’été, à 37 °C, et hors gel l’hiver." L’installation assez "rustique" a tenu la distance, "à part un onduleur qui lâche de temps en temps" et qu’on doit remplacer.
Cultures abandonnées
Financée par un emprunt, remboursée par le rachat de l’électricité, la serre est dotée de 450 m² de panneaux solaires. Ce sont "des capteurs ajourés, qui produisent moins d’électricité, mais permettent une bonne luminosité". Un calcul gagnant.
De hauts papayers croissent et fructifient, tandis que Michel Bonnin et sa fille, qui reprend l’exploitation familiale, font des expérimentations. Citronnelle, aloe vera, curcuma. Peut-être letchis et goyaves: "Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est l’avenir."
Et l’avenir agricole passe-t-il par le photovoltaïque ? "On a aussi des expériences qui ne sont pas bonnes. S’il y a un potentiel de l’agrivoltaïsme, il existe aussi des dangers", répond Sandrine Candelier, référente agriculture à la direction régionale de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
La Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur a été choisie, parmi cinq en France, pour tester une méthodologie. "L’ambition est d’arriver à y voir plus clair, d’enlever les freins, avoir du retour d’expérience." Le résultat est attendu pour la fin de l’année 2024.
De façon surprenante, il existe peu de statistiques sur les installations existantes. "La définition légale de l’agrivoltaïsme a été publiée en mai 2023. On attend le décret et l’arrêté, qui vont permettre d’identifier précisément ce qu’est l’agrivoltaïque", précise Céline Mehl, coordinatrice du pôle photovoltaïque à l’Ademe.
La première vague d’installations remonte aux années 2010 et 2011, quand il y a eu un tarif d’achat avantageux pour les modules intégrés en toiture. Tellement avantageux que l’opportunité a créé "une bulle spéculative. Beaucoup de serres se sont développées, notamment en Paca." Et pas que pour de bonnes raisons.
En 2019, l’État a identifié, dans notre région, "le problème de serres déclarées photovoltaïques, alors qu’elles ne présentent in fine aucune activité agricole" (1). En 2022, l’Ademe constate encore que "les effets de l’ombrage [des installations] ne semblent pas suffisamment connus". Dans le maraîchage ou l’horticulture, ces effets négatifs ont entraîné baisses de rendement et retards de croissance.
Trop de panneaux ou des panneaux trop occultant ont des conséquences directes sur les cultures. Bilan : des cultures abandonnées, sous des serres devenues exclusivement photovoltaïques.
Une nuance encore : certaines installations ont permis à l’agriculteur "de trouver un équilibre économique". Et de survivre.
Y a-t-il une vie après la neige pour les stations de montagne ? La Cour des comptes pointe, dans un rapport publié mardi, une vue à court terme et un manque d'anticipation. Les investissements liés au "tout ski" continuent et ne tiennent pas assez compte du réchauffement climatique.
Face au changement climatique, le "modèle économique du ski français s'essouffle" et "les politiques d'adaptation restent en deçà des enjeux", estime la Cour de Comptes dans un rapport rendu public mardi, à quelques jours des vacances d'hiver.
Toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à l'horizon de 2050"
"À compter des années 2000, la diminution de l'activité ski et l'inadaptation croissante du patrimoine immobilier des stations ont commencé à fragiliser l'équilibre financier des remontées mécaniques et l'économie locale qui en découle pour partie", écrit la Cour des Comptes. "Un phénomène accentué par le changement climatique (...) avec une hausse des températures en accélération", selon la Cour.
"Les projections climatiques font état d'une accentuation à moyen terme" du phénomène, prévient-elle, "toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à l'horizon de 2050" et seules "quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance".
Une vue à court terme sur l'usage de la neige et de l'eau
Or, déplore la Cour des Comptes, "les politiques d'adaptation menées par les acteurs de la montagne reposent essentiellement sur la production de neige" qui a "un effet à court terme" car "son coût est important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures".
Sans oublier "l'impact de la production de neige sur les ressources en eau" qui paraît "sous-estimé dans de nombreux territoires", souligne le rapport qui estime qu'"il serait nécessaire que les autorisations de prélèvement d'eau destinées à la production de neige tiennent davantage compte des prospectives climatiques".
"Une réorientation fondamentale de la dépense publique"
Quant aux actions de diversifications d'activités, elles "sont rarement adossées à un véritable projet", juge la Cour des Comptes. "Réalisées au fil de l'eau, elles tendent souvent à reproduire le modèle du ski, fondé sur des investissements importants et une forte fréquentation sans plan d'affaires permettant d'établir leur pertinence économique" et "les initiatives des collectivités territoriales, sont peu coordonnées entre elles".
Le rapport épingle aussi "la planification écologique de l'Etat, peu opérationnelle pour le secteur touristique en Montagne", qui "ne permet pas d'impulser une réelle dynamique de changement" et estime qu'il en est de même pour les régions.
"Une réorientation fondamentale de la dépense publique en fonction de la réalité climatique et économique de chaque territoire doit être envisagée", estime-t-elle. La Cour des Comptes propose aussi de mettre en place une gouvernance des stations de montagne ne relevant plus du seul échelon communal. Enfin, elle suggère de mettre en place un fonds d'adaptation au changement climatique destiné à financer des actions de diversification et de déconstruction des installations.
"Un rapport dogmatique" selon France Montagnes
C’est "un rapport dogmatique sans prise en compte des éléments des professionnels de la montagne", a dénoncé ce mardi sur franceinfo le président de l'association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) et maire de La Plagne (Savoie) Jean-Luc Boch. Il déplore également qu'"aucun de ces documents" produits par l'ANMSM ne soit "ressorti dans ce rapport".
Dans ce document de 147 pages réalisé après un audit de quarante-deux stations de tous les massifs, la Cour examine entre autres l'impact de la neige artificielle. Présentée par les stations de ski comme pouvant constituer une solution face au changement climatique, la Cour dénonce une vision de "court terme". Pour Jean-Luc Boch "il n'y a pas d'impact, sinon de retarder le cycle de l'eau, ce qui est essentiel à la vie sur des territoires". "Avec la neige de culture, on peut irriguer beaucoup plus longtemps les territoires", assure le président de l'ANMSM, pour qui les canons à neige ne sont "absolument pas un problème".
Si la Cour s'alarme de l'obsession du "tout ski", les rapporteurs épinglent également le développement d'activités hors ski (VTT, tyrolienne, ou encore cure thermale), souvent déficitaires et pensées "sans stratégie". Un avis que "ne partage pas du tout" l'élu de La Plagne. "La destination montagne, c'est d'abord notre clientèle qui la plébiscite". "Si on propose tout ce qu'on veut, si la clientèle n'est pas au rendez-vous, il n'y a pas d'aspect économique", tranche Jean-Luc Boch. "Il faut travailler avec des professionnels qui connaissent la chose, sinon on n'est pas crédible", insiste-t-il.
Rapport détaillé de la Cour des comptes "Les stations de montagne face au changement climatique" (PDF)
Synthèse du rapport (14 pages)
Sur couleur-science, mon blog science : dans les commentaires, on me dit que Bard (l’IA générative de Google) dit quelque chose de contraire à ce que je mets dans mon article. À moi donc de prendre le temps de dire que Bard dit de la merde.
faire pareil : on a à faire à un texte créé par un programme qui ne sait absolument pas ce qu’il fait, qui ne fait que mélanger des mots et les ressortir avec des calculs probabilistes. Mais c’est précisément pour cela que le texte final est tout sauf juste.
Et encore… Je ne parle pas des Deep-Fake : ces contenus (textes, photos, vidéos…) volontairement fausses pour faire dire n’importe quoi à n’importe qui avec une crédibilité telle que même les médias les plus sérieux sont enclins à tomber dans le panneau (et là aussi, les médias sérieux doivent passer du temps à débunker ça plutôt que faire leur vrai travail…).
Image d’en-tête produite par Bing AI (ou je sais)
L'abonnement Freebox Ultra comprend Canal+ en live, chaîne qui ne doit pas être confondue avec myCANAL. Quelle est la différence ?
Comme vous le savez certainement, Free a tenu une conférence de presse le mardi 30 janvier 2024 pour le lancement de la Freebox Ultra.
Pendant cette keynote, Xavier Niel a présenté les nombreux services de streaming inclus dans la nouvelle Freebox. Il y a notamment Netflix, Disney+, Prime Video, mais aussi la chaîne Canal+ en live.
Grâce à ce partenariat avec le groupe Canal, Free est devenu le premier opérateur à intégrer de base la chaîne premium de Canal+.
La chaîne « Canal+ en live » est une diffusion linéaire des programmes retransmis toute la journée sur le canal 4 de la Freebox. Avec la Freebox Ultra, les abonnés auront ainsi l’occasion de regarder « en clair » des films, des séries et du sport dont les contenus sont diffusés via un abonnement supplémentaire sur les autres Freebox.
Canal+ en live ne doit pas être confondue avec myCANAL qui est le service de contenus à la demande du groupe Canal. Frédéric Goyon, responsable audiovisuel de Free, a indiqué sur X (ex-Twitter) qu’il était possible d’upgrader vers une offre supérieure.
La neuvième génération de Freebox, dénommée Freebox Ultra, a été dévoilée au reste du monde ce mardi… et contre toute attente, elle s’éloigne de l’habituelle séparation en deux boîtiers, Server et Player, que l’opérateur avait lui-même popularisé dès 2006, avec sa Freebox HD. Un choix logique, et même nécessaire, mais qui mérite une petite analyse.
Depuis son annonce, le mardi 30 janvier lors d’une conférence en direct depuis le siège social de Free, la Freebox Ultra fait déjà l’objet de nombreux commentaires en ligne. Certains regrettent son orientation premium, dans la droite lignée de la Freebox Delta, avec un tarif à la hausse. D’autres apprécient au contraire l’intégration des dernières technologies comme le Wi-Fi 7 et de nombreux abonnements (Netflix, Disney+, Amazon Prime…), y voyant un moyen de réaliser de substantielles économies.
Mais plus encore que l’habituel tribunal du web, c’est l’absence d’un nouveau boîtier Player qui suscite débats et incompréhensions. Derrière la dénomination « Freebox Ultra » se cache une offre, se cache un boîtier Server… mais pas de nouveau Player. Et à Freenews, on se pose la question : l’heure de fin du mythique duo Server/Player a-t-elle sonné ?
La Freebox HD, diviser pour mieux régner
Pour répondre à cette question, regardons un peu en arrière. Nous sommes au milieu des années 2000. L’offre Freebox connaît un grand succès, et elle le doit notamment à la présence (incongrue, pour l’époque) d’une prise péritel, permettant de la brancher à une télévision et de bénéficier d’un service de TV sur IP sans aucun surcoût. Ajoutez à cela un port RJ11 permettant de brancher votre téléphone et de profiter des appels téléphoniques gratuits en France, et vous obtenez la recette du « triple play » : Internet, téléphone, télévision.
Cette petite révolution est rendue possible grâce au dégroupage, une innovation réglementaire et technologique qui permet aux opérateurs tels que Free de louer les lignes téléphoniques tout en contournant les services de l’opérateur historique, France Télécom.
Mais à mesure que la télévision sur IP gagne en popularité, ce qui faisait la force de Free devient une faiblesse : un boîtier unique, contenant « tout », n’est pas forcément adapté aux foyers modernes. La prise téléphonique murale n’est pas toujours à proximité du poste de télévision. Pour tenter de rapprocher la box de la télé familiale, l’utilisation de rallonges téléphoniques est déconseillée ; en effet, celles-ci dégradent grandement la qualité du signal ADSL. Autre solution, l’utilisation d’une rallonge péritel complique l’utilisation de la télécommande, puisque la Freebox se situe parfois bien loin du poste de TV… Bref, Free l’a compris, il est temps de s’éloigner du modèle tout-en-un.
En 2006, la Freebox de cinquième génération, ou Freebox HD, est lancée. Et si le boîtier s’occupant de la partie réseau et de la téléphonie conserve sa forme caractéristique de « coquille saint-Jacques », très proche des Freebox v3/v4, il est désormais dépouillé de ses fonctions audio et vidéo, déportées sur un nouveau boîtier TV séparé. Pour permettre la communication entre les deux, Free opte pour un système Wi-Fi, qui affuble les deux boîtiers d’un jeu d’antennes bien visible et caractéristique.
Au fil des années, Free conservera cette séparation en deux boîtiers distincts comme base pour toutes ses box, ne faisant que faire évoluer une formule qui marche (remplaçant le Wi-Fi par du CPL), accolant les termes « Server » et « Player » pour mieux opérer la distinction entre la partie réseau et la partie TV… Mais le temps passe et Free le sait, la situation doit évoluer à nouveau.
Apple, Google, Samsung, LG… et Free là-dedans ?
Xavier Niel en étant conscient dès 2010, lorsqu’il annonçait la fin du « concept de box » (dans les Cahiers de l’Arcep #2)) : Free doit réinventer son modèle pour ne pas se voir ringardisé par les Apple TV, Android TV et autres télévisions connectées qui commençaient alors à fleurir. De fait, les écosystèmes d’Apple et Google sont aujourd’hui tellement puissants que certains utilisateurs souhaitent y retrouver l’intégralité de leurs apps. Il convient de proposer une solution qui convienne à tout le monde.
Permettre un fonctionnement du Player de plus en plus indépendant du Server devient nécessaire au fil des générations, au fur et à mesure de la complexification des offres et des migrations, mais aussi pour permettre aux foyers de recevoir la TV sur plusieurs postes en même temps. C’est l’arrivée de l’option Dual TV qui a permis de se procurer un Player Mini 4K et de le connecter à un Server Révolution, par exemple.
Cela fait des années que Free prépare cette transition. Depuis le lancement de la Freebox Mini 4K, en 2015, Free s’efforce de proposer un boîtier Player disponible sous Android TV, sans pour autant abandonner son écosystème « maison ». Les deux systèmes évoluent alors chacun de leur côté, sur deux générations de box distinctes.
La création d’OQEE by Free est un élément-clé de cette transformation : une app pour accéder aux services TV de Free, en direct ou en replay, quel que soit votre appareil (Freebox, Chromecast, Apple TV, TV connectée, ordinateur, smartphone…). L’opérateur s’efforce de proposer un service TV de plus en plus agnostique, disponible quelque soit l’équipement préféré de l’utilisateur. Pas très loin du « vendeur de tuyaux » que décrivait Xavier Niel en 2010…
Enfin, véritable témoignage de la réflexion de Free à ce sujet, on peut aussi penser à la tentative, de courte durée, de proposer à nouveau une box « tout-en-un ». La Freebox One, lancée discrètement en 2018 aux côtés de la Freebox Delta, n’aura pas fait date dans son catalogue d’offres. Dont acte.
Faut-il attendre un nouveau Freebox Player ?
Aujourd’hui, avec la Freebox Ultra, Free fait un pas de plus vers un « agnosticisme » total de la partie TV de sa gamme. Ainsi, le boîtier Player proposé par défaut avec la Freebox Ultra est un Freebox Player Pop (rebaptisé « Player TV Free 4K » pour l’occasion). Mais la Freebox Ultra fonctionne tout aussi bien avec un Player Delta Devialet, pour les abonnés en migration. Ou avec un Apple TV, si vous le préférez. Peu importe.
Pour autant, il y a de nombreuses raison de penser que Free n’en a pas tout à fait fini avec ses Player faits maison. Déjà, parce que certains utilisateurs, notamment les moins technophiles, sont toujours demandeurs d’un boîtier clé-en-main, fourni par l’opérateur. Une sorte de solution « par défaut », ne nécessitant pas de connaissances techniques approfondies, ni de télévision Samsung dernier modèle. Il est donc important pour Free, comme pour tout opérateur, de continuer à proposer un boîtier TV de qualité avec chacune de ses offres.
Ensuite, on voit mal Free se limiter à l’écosystème Android TV. Même si le système de Google est désormais bien maîtrisé sur le Player de la Freebox Pop, il ne satisfait pas l’intégralité des Freenautes. Et, à l’heure actuelle, sur la gamme d’offres Freebox disponible pour les nouveaux abonnés, il n’est plus possible d’opter pour un boîtier TV avec un OS conçu par Free (exception faite de la vénérable, mais plus que vieillissante, Freebox Révolution).
Il y a donc une vraie carte à jouer sur un potentiel futur Player muni d’un système d’exploitation stable, fluide, 100% conçu par les ingénieurs de Free. Comme nous y ont habitués les Freebox v3/v4, HD, Révolution, et Delta auparavant. Free a toute latitude pour y travailler.
La nouvelle offre Freebox Ultra, présentée par Xavier Niel lors d’une conférence de presse, vous a-t-elle convaincu ? Cela tombe bien, puisque Free vient de donner le signal de départ aux abonnements ainsi qu’aux migrations. Ultra-complète, la Freebox Ultra a de quoi séduire. Et si vous faites partie des personnes convaincues par son pack de
son pack de contenus audiovisuels inclus ou par sa technologie impressionnante, il est désormais possible de vous abonner ! Si vous changez d’opérateur pour Free, rien de plus simple. L’offre est mise en évidence sur free.fr, et il vous suffira de quelques clics pour enclencher la procédure d’abonnement.
Rappelons qu’il vous en coûtera 49,99 €/mois la première année, puis 59,99 €/mois. L’offre Freebox Ultra Essentiel, dépouillée de ses services multimédia, est également disponible lors de la souscription (pour 39,99 €/mois la première année, puis 49,99 €/mois).
Des frais de migration de 49 € pour les abonnés existants
Si vous êtes déjà abonné Freebox et que vous souhaitez remplacer votre boîtier Server par la Freebox Ultra, c’est également possible : direction l’espace abonné sur free.fr, section « Mon abonnement », « Migrer vers le forfait Freebox Ultra ».
Vous pourrez opter pour l’abonnement Freebox Ultra ou Freebox Ultra Essentiel au choix. Dans les deux cas, prévoyez de débourser des frais de migration fixes de 49 €, conformes à ce que Free a pratiqué ces dernières années.
Free ne communique pas de délai de migration précis, mais les nouveaux abonnés seront servis en priorité ; en fonction du succès de l’offre et de la capacité de l’opérateur à répondre à la demande, les Freenautes en migration devront très probablement faire preuve de patience. Souvenons-nous que lors des dernières migrations Freebox Pop, ces délais ont pu se compter en mois.
Commentaire du même avis que moi
WOUALY on 31 JANVIER 2024 8 H 21 MIN
Pas de smart TV chez moi
Pas de player avec cette Ultra
10€ de plus
Pas d’avantage après 20 ans chez Free
Ma Révolution a encore de beaux jours devant elle…
https://www.nicematin.com/immobilier/louer-ou-acheter-qu-est-ce-qui-est-le-plus-rentable--893725
Cette société de conseil en immobilier d’origine suisse a passé en revue les deux options qui s’offrent aux Français: louer ou acquérir leur logement. En comparant les coûts relatifs des deux. Loyer et charges imputables d’un côté. Frais de notaire, assurance, taxe foncière...
Pour réaliser son comparatif, la société suisse s’est basée sur l’acquisition d’un appartement "type" de 65m2. En se référant aux statistiques de l’Insee, elle a estimé à 329.600 le prix moyen d’un tel bien dans la capitale azuréenne. Avec un apport de 30%, la charge de la dette que devront contracter les acheteurs s’élèvera à 5.743 euros par an pendant 20 ans. Pour un crédit à 4,6%. "Alors qu’il y a encore deux ou trois ans, les taux d’intérêt n’étaient que de 1,1%", rappelle Corinne Dubois.
Leur augmentation a changé la donne. Les intérêts pèsent en effet pour plus d’un quart sur le coût annuel d’une acquisition. Il s’établit à 20.716 euros. Alors que pour louer un logement du même type dans la capitale azuréenne, un foyer déboursera 17.183 euros. Soit un différentiel de 3.533 euros en faveur de la location.
Sauf que la valeur d’un bien immobilier évolue avec le temps. Une plus value peut donc, in fine, compenser le surcoût relatif d’une acquisition. Wüest Partner a donc calculé la plus value nécessaire pour que l’achat soit finalement plus rentable que la location: 22%, soit une évolution annuelle du prix du mètre carré d’environ 1% par an pendant 20 ans. Ce qui est largement le cas sur la Côte d’Azur. Mais qui peut garantir aujourd’hui que les prix vont continuer à grimper?
Sur la table, des chaussures s’alignent. Dans quelques minutes, chemises, robes et pantalons vont s’y étaler. Chaque vêtement sera scruté sous ce grand critère: est-il propre à être porté?
"Force est de constater qu’à ce premier tri, nous avons de plus en plus de vêtements souillés", regrette Marianne Cotillard, directrice d’ABI 06, chantier d’insertion spécialisé dans l’activité de collecte, tri et réemploi des textiles dans les Alpes-Maritimes.
Dans l’atelier de 1.000m² situé à Contes, les dons récoltés dans les 207 bornes du département sont traités. Un processus permettant de sélectionner les vêtements et accessoires de qualité qui seront mis en vente dans les cinq boutiques (rue Mimont à Cannes, Spitaliéri, Gorbella, Auguste-Gal et St-Augustin à Nice) de la structure.
"Moins de vêtements d’enfants qu’avant"
Le reste? "L’écrémage, comme nous l’appelons, part dans le circuit de recycleurs. Ce qui est impropre va à la déchetterie." Une logistique qui, depuis plusieurs mois, se retrouve impactée par une nouvelle réalité, insidieuse, mais présente: l’impact des plateformes de vente de prêt-à-porter de seconde main entre particuliers.
Parmi les 23 millions de Français inscrits sur la plateforme Vinted, on trouve Lucie V. Plusieurs fois par semaine, l’esthéticienne se rend à son relais-colis.
"Avant de chercher mon fils à l’école ou à ma pause déjeuner, je m’en occupe", indique cette Niçoise, qui garde boîtes à chaussures et cartons pour y vider son armoire et celle de son petit.
"C’est surtout sur les vêtements d’enfants qu’on perçoit cette tendance, on en a beaucoup moins qu’avant", relève Marianne Cotillard, au milieu d’une partie des 1.100 tonnes qui transitent chaque année chez ABI 06.
"Si tu ne le portes plus, vends-le": le fameux slogan du géant de la fripe en ligne semble avoir été suivi à la lettre.
Leader sur Vinted
Créé en 2008 à Vilnius (Lituanie), ce site de vente de seconde main entre particuliers axé sur le prêt-à-porter connaît un véritable essor depuis sept ans.
Avec une croissance de plus de 60% en un an (245 millions d’euros de chiffre d’affaires), l’entreprise s’est clairement imposée comme numéro un du secteur en France. La clé de ce succès? Un service 100% gratuit pour les vendeurs.
Ce sont les clients qui paient la note: en achetant (après parfois moult négociations) un article, ils assument une commission de 5% du prix du produit et 70 centimes à ajouter. Pour une chemise blanche Zara proposée à 8 euros, il faudra donc s’acquitter de 9,10 euros.
"En ce contexte d’inflation, on ne peut pas jeter la pierre aux gens", reconnaît Christiane Roussel, présidente d’Emmaüs 06, qui constate aussi la disparition des marques dans les sacs qui lui parviennent: "Et encore, nous bénéficions d’un contexte local favorable sur la Côte d’Azur. Dans d’autres antennes Emmaüs de France, cette perte est terrible."
"La moyenne gamme a disparu"
Malgré cette baisse qualitative, le volume des dons demeure stable chez les différentes associations caritatives du département. "C’est juste qu’aujourd’hui, il y a le pire et le meilleur.
On reçoit aussi bien des vêtements propres et pliés que des choses qui ne peuvent qu’être jetées", souligne François Chantrait, porte-parole des Restos du Cœur 06, qui doit composer avec ce grand écart.
"Nous n’avons plus de moyenne gamme", annonce Jean Stellitano, secrétaire général du Secours Populaire des Alpes-Maritimes qui explique l’effet de surprise: "On ne s’est pas rendu compte immédiatement de ce manque parce que nous avons reçu une vague de dons post-Covid. Mais depuis un an, c’est flagrant."
Exit Zara, Celio, Promod et compagnie. Des étiquettes que l’on retrouve à foison sur Vinted. Parce que du choix, il y en a. Le vide-dressing en ligne donne aussi bien dans la fast fashion (Shein, Topshop, Primark…) que dans le haut de gamme (Dior, Balenciaga, Prada) - quand certaines plateformes, comme Vestiaire Collective, se spécialisent dans le luxe. Bref: le public visé est large, et c’est pour cela que ça cartonne.
Mais si ça fait les affaires de la licorne (expression pour désigner une start-up valorisée à plus d’un milliard de dollars) et des utilisateurs, le circuit de la générosité trinque.
"On recycle plus"
"Plus de 25% de nos recettes sont assurées par la vente de vêtements. On recycle davantage, ce n’est pas bon pour l’équilibre de nos budgets", alerte le représentant du Secours Populaire 06, qui rappelle que les équipes distribuent également gratuitement des habits aux sans-abri.
"C’est un réel problème pour les personnes qui n’ont d’autre choix que de s’habiller chez nous", déplore Marianne Cotillard d’ABI 06, qui doit penser aux conséquences de ces nouvelles habitudes sur le long terme: "Chez nous, ce sont des emplois d’insertion. Certes nous sommes une structure à but non lucratif, mais nous avons des frais fixes et 60% de notre budget à dégager nous-mêmes. Pour que notre modèle perdure, il faut explorer de nouvelles pistes pour ne pas rester dépendants des règles du marché."
Rester "vigilant"
Basé à Saint-André-de-la-Roche et Mouans-Sartoux, Emmaüs 06 reste "vigilant" face à ce phénomène déjà connu: "On a déjà vu certains produits quasiment s’évanouir. Comme la technologie, l’informatique ou encore les petits meubles en bon état bien pratiques."
Là aussi, le contrecoup des sites en ligne, mais aussi de nouvelles filières de reconditionnement ou de recyclage interne. Sans citer une célèbre marque de vêtements, Marianne Cotillard, d’ABI 06, indique: "On peut ramener en magasin ce qu’on y a acheté il y a plusieurs années. C’est une manne qui ne passera jamais par nous."
pourquoi, en matière d’urgence climatique, les gens s'arrangent avec la réalité et ne font rien pour changer. En voilà une question pertinente…
Nous l’avons soumise à François Gemenne. Politologue et président du conseil scientifique de la Fondation pour la nature et l’Homme (FNH), ce spécialiste de la géopolitique de l’environnement est aussi co-auteur pour les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Et voici ce qu’il en dit:
Face au danger planétaire que représente le réchauffement climatique, le scientifique rappelle qu’on distingue généralement trois grandes catégories d'acteurs: "l’Etat, les entreprises et les citoyens".
"L’enjeu, c’est que tous agissent ensemble, et que l’action des uns renforce celle des autres. Mais trop souvent, ces acteurs ont une fâcheuse tendance à se rejeter mutuellement les responsabilités, ce qui nous amène à l’inaction", pointe-t-il.
Cette inertie porte même un nom: le triangle de l’inaction. Un concept théorisé par Pierre Peyretou,
professeur affilié à l’École supérieure de commerce de Paris. Au trois sommets de celui-ci, on retrouve ces trois grandes familles d’acteurs... qui se renvoient la balle.
Des freins à lever… dans nos propres cerveaux
Mais l'inaction trouve aussi sa source dans le fonctionnement même de notre cerveau. D’abord, cela fait appelle à ce que les sciences cognitives nomment "le trou intention-action".
"Il s’agit du temps qui s’écoule entre le moment où je déclare mon intention de faire quelque chose et celui où je passe à l’action. C’est typiquement la procrastination. Avec le climat, on a plutôt un canyon intention-action. On déclare depuis des décennies que c’est un défi hyper important, on est à la Cop 75 000, on dit à chaque fois que c’est là que ça s’arrête... Et puis les actions ne sont pas à la hauteur de nos intentions", expliquait Albert Moukheiber, docteur en neurosciences, dans Climat, tous biaisés, une conférence donnée pour la radio France culture.
Dans le documentaire Climat, mon cerveau fait l’autruche, Peggy Chekroun, professeure en psychologie sociale des comportements à l’université Paris Nanterre, montre aussi très bien comment un biais cognitif baptisé "l’effet spectateur" inhibe notre capacité à agir en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Ses expériences ont prouvé que plus on est nombreux à être impliqués dans un problème, moins on est certain que c’est à nous d’agir pour le régler. C’est valable à l’échelle des individus, mais aussi des entreprises ou encore des États, qui conditionnent souvent leur action à celle des autres. Par peur de perdre en compétitivité, par exemple.
Un potentiel d'actions à l'échelle individuelle "de 20 à 25%"
Or, comme l’étaye le climatologue Jean Jouzel dans une interview à Nice-Matin, tous les échelons doivent bel et bien être mobilisés pour que la société opère un changement massif capable de répondre à l'urgence climatique.
"L'accélération viendra par la concomitance de gens qui essaient d’inventer une société véritablement soutenable, du monde de l’entreprise, de gens qui engagent des rapports de force de façon beaucoup plus importante et tordent le bras des responsables politiques et des multinationales…", égraine quant à lui le réalisateur et militant de l’environnement Cyril Dion.
"Chaque action, chaque tonne de gaz à effet de serre, chaque dixième de degré, vont faire une énorme différence", François Gemenne
Et l'action individuelle, si elle ne représente pas la plus grande des marges de manœuvre, n'est pas insignifiante. "Il y a un potentiel d'action à l'échelle individuelle de l'ordre de 20 à 25% de l'action totale possible, avec des contraintes en fonction des revenus qui sont importantes. Plus on a de revenus élevés, plus on peut agir", éclaire la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, interrogée par Le Monde.
"Le changement climatique n’est pas un problème binaire, mais un problème graduel. Cela veut dire que ce n’est pas blanc ou noir: chaque action, chaque tonne de gaz à effet de serre, chaque dixième de degré, vont faire une énorme différence", conclut le politologue François Gemenne.
Le lien entre gaz à effet de serre et réchauffement climatique, c’est lui. Il y a plus de 35 ans, avec le glaciologue Claude Lorius, le paléoclimatologue Jean Jouzel révolutionnait la science du climat.
Depuis, l’ex-vice-président du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) n’a cessé d’alerter. Avant d’embarquer avec la délégation française pour la Cop 28, le pionnier livre son analyse, plutôt pessimiste, et incite à l’action, à tous les échelons.
Quel intérêt d’aller à cette Cop au pays du pétrole?
Le choix du pays hôte est un mécanisme transparent fixé par les Nations unies: il doit y avoir une rotation chaque année. Celui du président de la COP, en revanche, a été fait par les Émirats arabes unis qui ont opté pour le ministre de l’énergie, impliqué dans le pétrole…
Cela peut paraître regrettable, et je respecte ceux qui font le choix du boycott, mais je pense qu’il est illusoire de discuter de la fin du pétrole, du gaz, du charbon sans les producteurs fossiles.
Quel engagement faudrait-il obtenir pour ne pas hypothéquer nos futurs?
Il faudrait parler d’une date de fin du fossile, dire explicitement que la neutralité carbone ne peut se faire sans. Mais c’est un rêve... Au mieux, la fin du charbon sera évoquée à Dubaï. J’attends peu de cette COP.
Pourquoi êtes-vous pessimiste?
Collectivement, on est accroché aux combustibles fossiles. Ils représentent 80% de la production d’énergie mondiale, c’est un vrai problème. Pour arriver à la neutralité carbone en 2050, même en 2070, il faut un changement profond de nos sociétés et une vision à long terme.
__Or, il y a une sorte d’égoïsme collectif. Quand les scientifiques disent que les émissions produites d’ici à 2030 décideront du climat en 2050, il y a la tentation, notamment dans certaines entreprises, de se dire: ce n’est pas mon problème.
On n’a pas non plus de leader politique capable de donner du poids au long terme. Mais n’accusons pas que les gouvernements. La lutte contre le réchauffement se joue aussi dans les territoires, les villes, dans nos modes de vie...__
Quels sont les pièges dans lesquels cette Cop doit éviter de tomber?
Les pays pétroliers ne vont mettre en avant que des solutions technologiques, comme le piégeage du carbone. Là encore, c’est illusoire.
On émet 60 milliards de tonnes d’équivalent CO2. Au mieux, cette option en capterait 1 milliard. Alors qu’avec un développement ambitieux des énergies renouvelables, on en éviterait 10 milliards.
"La géo-ingénierie solaire est une épée de Damoclès"
Quant à la géo-ingénierie solaire, qui consiste à mettre des aérosols dans la haute atmosphère pour en bloquer les rayons, c’est une épée de Damoclès.
Si en 2050 on est obligé d’arrêter, les jeunes d’aujourd’hui prendront alors de plein fouet la hausse des températures. Par ailleurs, cette méthode ne répond pas à l’acidification des océans, à l’élévation du niveau de la mer…
En plus de 20 ans de participation à la Cop, voyez-vous un peu de positif?
Il y a 20 ans, les négociateurs avaient davantage de doutes, d’interrogations sur le réchauffement, ses impacts potentiels sur le futur... C’est nettement moins le cas aujourd’hui. Le diagnostic du Giec est clair, ils sont au courant.
Vous parliez de l’importance de l’échelon local. En Côte d’Azur, quelles mesures vous semblent essentielles?
Le tourisme doit être repensé: allonger la saison, encourager les gens à venir en train... Cela veut dire investir dans le ferroviaire.
"Il ne faut pas rêver, on n’aura pas une aviation décarbonée d’ici 2050"
L’encouragement débridé à l’utilisation de l’avion pose question. Soyons clairs: je suis pour la taxation du kérosène. Car il ne faut pas rêver, on n’aura pas une aviation décarbonée d’ici 2050.
L’énergie solaire doit aussi être plus agressive ici. Beaucoup de retard a été pris alors qu’il y a un potentiel énorme!
En France, quels exemples d’actions efficaces à engager rapidement?
Je regrette que des mesures simples proposées par la Convention citoyenne pour le climat n’aient pas été suivies.
"Nos émissions sont aussi très liées à notre utilisation de plus en plus forte de SUV"
Limiter la vitesse à 110 km/h sur autoroute a un vrai impact (et diminue aussi la consommation de carburants). Nos émissions sont également très liées à notre utilisation de plus en plus forte de SUV.
*Pour aller plus loin: Jean Jouzel - Climat: l’inlassable pionnier - Entretiens, éd. Ouest France.
Directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), Nathalie Gontard étudie le plastique depuis plus de 30 ans. D’abord fascinée par "son côté fantastique", cette experte mondiale de la matière s’est vite alarmée de sa folle prolifération, remplaçant des emballages traditionnels plus vertueux. Autrice de l’enquête Plastique, le grand emballement (éd. Stock), la scientifique en décrypte les dangers et met en garde sur le mythe du sacro-saint recyclage.
Existe-t-il de "bons" plastiques?
Tous présentent des dangers importants, pour nous et pour les générations futures. On parle souvent "du" plastique. En réalité, il en existe des milliers de sortes, de polymères, d’additifs, d’usages... Nous avons accumulé 8 milliards de tonnes de plastiques sur Terre pour 9 milliards de tonnes produites. C’est colossal! En poids, il y a sur notre planète 150 fois plus de plastique que d’humains. Produire du plastique, c’est produire du danger sur plusieurs siècles.
Les plastiques ne polluent-il que quand ils deviennent déchets?
C’est une idée reçue. Le plastique pollue dès qu’il est produit. Lorsqu'on traque les micro plastiques présents dans les glaces de l'Arctique, on se rend compte qu’ils viennent des constructions de bâtiments. Ceux qu’on retrouve dans les eaux douces proviennent majoritairement des vêtements qui lâchent des micro-plastiques au lavage. Dans l’air, ce sont les pneus et leur usure sur la route. Oui, les déchets plastiques jetés dans la nature sont un problème mais il ne faut pas se focaliser uniquement là-dessus.
Quels sont les plastiques qui se recyclent?
Actuellement, à l’échelle de l’Union européenne, il n’y a que les bouteilles en PET qui bénéficient d’une filière de recyclage. Ceux-ci sont collectés, broyés, décontaminés dans de gros réacteurs. Mais pour en refaire des bouteilles, on les mélange tout de même à nouveau avec des polymères natifs car l'étape de décontamination dégrade la matière.
"En lui donnant cette nouvelle vie, le plastique va continuer à se dégrader inexorablement"
Les industriels jouent sur le côté cycle éternel de la bouteille et de son recyclage. En réalité, il leur faut 2 à 3 bouteilles pour en refaire une. Ces bouteilles en PET représentent moins de 1% de tous les plastiques qu’on utilise.
Que deviennent tous les autres plastiques?
Pour tout le reste, il ne s’agit pas de recyclage mais de "décyclage". C’est-à-dire qu’on va chercher de nouveaux débouchés pour cette matière plastique dégradée qui ne pourra pas ravoir le même usage. En le transformant, par exemple, en chaises et salons de jardin, en polymères recyclés pour des polaires... Oui, on lui donne une nouvelle utilité au lieu de le jeter, ça rassure. Mais cela ne contribue pas à réduire la pollution plastique.
En lui donnant cette nouvelle vie, le plastique va continuer à se dégrader inexorablement et de façon rapide en micro et nano particules. En plus de ça, on crée de nouvelles filières industrielles… qui vont avoir besoin de déchets pour fonctionner. Donc cela crée une dépendance aux déchets plastiques, qui pérennise la pollution plutôt que de la réduire.
Est-ce que l’extension des consignes de tri va dans le bon sens?
Cela brouille les pistes en donnant l’impression que tous les plastiques sont recyclés. Mieux vaut énoncer une solution simple : se passer des plastiques inutiles. On peut y arriver! Les gourdes sont rentrées dans les mœurs et personne ne regrette les sacs plastiques à la caisse des supermarchés. Mais pour cela, il faut des messages clairs des pouvoirs publics.
"Nous devons nous poser collectivement la question de notre addiction à la matière plastique"
On ne peut pas en vouloir aux industriels de communiquer sur leur produit. On ne scie pas la branche sur laquelle on est assis. C’est au gouvernement de légiférer, de faire pression et d’aider les industriels à prendre le virage. Par exemple: standardiser les pots en verre pour les yaourts, mettre en place une consigne… Il faut aussi permettre aux consommateurs d’y voir plus clair. Avec, notamment, un étiquetage de tous les biens et services contenant du plastique.
Vous dites qu’il faut aussi revoir nos mentalités…
Nous devons nous poser collectivement la question de notre addiction à la matière plastique et se pencher d’urgence sur l’usage qu’on en fait. Car le plastique ne sert plus notre bien-être : on en respire, on en mange, on en boit... Notre société a investi massivement là-dedans, même dans des secteurs où on n'en avait pas besoin.
"Peut-être faut-il créer des cures de désintoxication à la surconsommation?"
Il est presque impossible de sortir, de s'habiller sans avoir affaire au plastique. Or, on pourrait faire autrement. Il faut aussi se questionner plus largement sur notre façon de consommer. On est tous conditionnés pour accumuler le maximum de biens matériels. Et si le vrai luxe, aujourd’hui, c’était le temps, d'autres formes de bonheur? Peut-être faut-il créer des cures de désintoxication à la surconsommation?
Son action pendant la sécheresse
"Pendant les mois écoulés, je me suis rendu disponible pour expliquer, vulgariser les enjeux climatiques associés à la sécheresse." Et ces sollicitations se sont multipliées.
La preuve, pour ce scientifique, que la perception de la société bouge: "Le phénomène s’est imposé comme un sujet plus transverse, qui touche à la ressource en eau disponible mais aussi à la biodiversité, à la lutte contre les incendies.."
"En 2022, quand la sécheresse a concerné tout le pays, j’ai perçu un léger déclic"
"Avant, c’était un phénomène météorologique qui arrivait de temps en temps, on ne se posait pas la question du lien avec les activités humaines et le changement climatique. Maintenant, c’est différent", observe-t-il.
Ce que cette sécheresse record lui a appris
Fouiller des notions d’hydrologie, documenter le lien entre manque d’eau et hausse des températures au fil des années… Les mois écoulés ont fait évoluer les connaissances de Gaétan Heymes.
"C'était intéressant! En tant que météorologue, on se préoccupe surtout de l'eau qui tombe et de celle qui va tomber. Moins d’enjeux transversaux, sociétaux liés au changement climatique", commente-t-il.
Sollicité comme d’autres de ses collègues pour participer à des comités sécheresse mis en place par les pouvoirs publics, il est désormais durablement en veille sur ce sujet.
A quoi être attentif à l’avenir
"Au plus fort de la sécheresse, en 2022, j’avais fait remarquer à des collègues que ce n'était pas une bonne idée d’écrire 'poursuite du beau temps' dans nos bulletins météo alors que tous les acteurs de terrain guettaient la moindre goutte d’eau."
"Écrire 'temps sec et ensoleillé', c’est un réflexe de prévisionniste"
Gaétan Heymes plaide pour gommer ces "raccourcis de langage".
Sa préconisation: "transformer le bulletin météo en quelque chose qui ne sert pas uniquement à savoir comment s’habiller demain. Faire le lien dès que c’est pertinent entre un événement météo et le changement climatique.
France 2 s’y est mis. Sur le site public de Météo France, une attention très importante est désormais portée aux mots employés, ça évolue."