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Après un été avec une chaleur étouffante, des tempêtes et inondations en septembre et un soleil éclatant en novembre, à quoi va ressembler la météo sur la Côte d'Azur dans les prochaines années?
Le réchauffement climatique est de plus en plus perceptible par le grand public avec des vagues de chaleur très intenses et des précipitations parfois dévastatrices.
Et la Côte d’Azur est le parfait exemple de ce phénomène depuis quelques années. Météo-France a dévoilé les folles prévisions sur les températures estimées à Nice, Toulon et sur la Côte d'Azur en général pour l'année 2100. Voici ce que dit le rapport du site Climat Diag.
Les températures vont encore grimper pendant l'été
Si l'été 2024 a été particulièrement chaud, vous n'êtes pas au bout de vos peines, il faudra compter 5 degrés de plus en moyenne en saison estivale sur le bassin méditerranéen.
En plein été à Nice, au plus haut de la saison, la valeur moyenne devrait frôler les 27°C en 2100, contre une valeur référence de 22°C.
Du côté du Var, des villes comme Toulon gagneront quant à elle 3 degrés en moyenne sur l'année (toute saison confondue) et plus de 5 degrés l'été en passant d'une valeur de référence de 22,5 degrés à 27,3 degrés en plein été.
Les autres saisons ne seront pas épargnées avec une hausse significative de la température: +3°C l’hiver, +4°C l’automne. Les jours de "chaleur" devraient être de plus en plus nombreux au cours de l'année 2100.
Augmentation du nombre de "nuits tropicales"
Le nombre annuel de nuits tropicales devrait s’élever à 105 au plus haut, 91 au plus bas. À titre de comparaison, Nice a dépassé les 55 nuits tropicales consécutives en 2024.
Pour rappel, l’année 2022 avait été également compliquée une fois la nuit tombée avec la barre des 100 nuits tropicales franchie en quelques mois.
Plus de précipitations et une montée des eaux sur le littoral
Si la chaleur est de rigueur, les précipitations s’annoncent également beaucoup plus violentes dans les années à venir. Avec un cumul de pluie de 336mm au plus haut en automne, contre 311 en valeur de référence, ces données inquiètent surtout dans les régions les plus touchées des Alpes-Maritimes et du Var qui ont déjà subi de gros dégâts.
De son côté, Météo-France tire la sonnette d'alarme sur la montée des eaux et tout particulièrement du niveau de la mer Méditerranée. En effet, selon les estimations une progression de 79 centimètres au plus haut contre une valeur de référence fixée à… zéro est attendue dans les dizaines d'années à venir. Elle devrait avancer d’au moins 46 cm, selon la valeur la plus basse calculée.
À Nice, les galets sur la promenade des Anglais servent justement de digue pour protéger la ville contre la montée des eaux.
De manière plus globale, Météo-France prévient: "L’urgence climatique est là. Pour agir, il est indispensable de connaître avec précision les évolutions climatiques auxquelles il faut s’adapter".
Qu’est-ce que l’effet de serre et comment l’accumulation de CO2 ou de méthane dans l’atmosphère réchauffe le climat? Quels sont les impacts de ce bouleversement dans nos vies? Par où attaquer ce problème mondial qui menace l’humanité toute entière? Autant de questions aussi cruciales qu’anxiogènes que charrie le changement climatique. Pour les aborder, et si on riait? Dans les Alpes-Maritimes, c’est le parti pris qu’a choisi Yoann Le Blevennec, ingénieur de formation spécialisé dans la transition énergétique.
Passionné de stand-up sur son temps libre, ce Breton, installé sur la Côte d’Azur pour accompagner des collectivités dans la gestion du risque et l’accompagnement au changement, a tout plaqué il y a quelques mois pour lancer Green stand up. "Quand je fais du stand-up, je parle beaucoup d’écologie. C’est cool, mais on retient surtout la blague. Et je me suis dit: tiens, ça peut être plus intéressant si on arrive à retenir le fond grâce à la blague."
"Plus 5°C en 2100, c'est plus de sécheresse, de canicule et de touristes en sandales-chaussettes", Yoann Le Blevennec, Green Stand-up
Dans ses conférences gesticulées, il mixe apport de connaissances scientifiques sourcées et pointues, quiz et bonnes grosses blagues pour capter son auditoire, pas toujours au fait du sujet. Ce jeudi de septembre, à la Mission locale et d’insertion de Menton, c’est devant une douzaine de jeunes éloignés de l’emploi qu’il entre en scène.
A grand renfort de données du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat], du Haut conseil pour le climat, de l’Agence pour la transition écologique (Ademe) et bien d’autres, il éclaire sans dramatiser: "En 2100, c’est possible qu’il fasse 5°C de plus. Et ça va donner pas mal de problèmes : de sécheresse, de canicule et de touristes en sandales-chaussettes."
Une réponse à la montée de l’éco-anxiété
A Paris, depuis 2022, le Greenwashing comedy club a déjà mis cette recette sur le devant la scène. Événements culturels, conférences sur le climat, formations, entreprises... Ce collectif d’humoristes utilise la blague pour avoir de l’impact. "On va faire un p’tit jeu, ça s’appelle Green ou pas green. Alors, si je vous dis: faire pipi sous la douche?", lance Rafaella Scheer, cofondatrice du collectif, au public du festival Impro en Seine. "Greeeeeeeeen!", rétorque du tac-au-tac l’assemblée. "Et faire pipi sous la douche dans le jet de Bernard Arnault [milliardaire français, patron de LVMH]?". Fou rire général.
Ces artistes y croient: l’humour peut faire changer les choses. "Face au réchauffement climatique, on peut soit devenir parano, soit se dire qu’on peut faire bouger les lignes à notre niveau. Ce qu’il nous reste c’est le rire, alors profitons-en!", confie à l'Ademe Yoanna Sallese, journaliste et membre du Greenwashing comedy club. Elle voit même en cette approche un remède à l’éco-anxiété. Un mal qui toucherait quelque 2,5 millions de Françaises et de Français au point qu’ils auraient besoin de consulter, selon une étude de l’Observatoire des vécus du collapse (Obveco).
Un sujet de société "que plus personne ne peut ignorer"
Au sein de l’Agence pour la transition écologique, l’entité de l’Etat qui participe à la mise en œuvre des politiques publiques environnementales, l’humour est désormais clairement pris en compte dans la communication.
En partenariat avec le média L’Info durable, l’Ademe s’associe à des vidéos rigolotes baptisées Matchs écolos, animées par l’influenceuse Be.Greener. Celle-ci y compare l’impact carbone de nos gestes du quotidien: "Thé ou café?" "Liseuse électronique ou livre papier?" "Bouilloire ou micro-ondes?" Objectif: donner des ordres de grandeur sur l’impact de nos actions et permettre aux consommateurs de faire des choix plus éclairés pour réduire leur empreinte carbone.
"Utiliser l'humour sur ces sujets fait davantage passer l'information qu'en faisant la morale", Florence Clément, responsable de l'information pour l'Ademe
"On essaie d’être plus léger et de ne pas donner l’impression que tout est un sacerdoce. Souvent, l'écologie a été présentée comme une contrainte, on a fait entrer dans l'esprit des gens qu’adopter un autre mode de vie, c’était forcément y perdre. Or, en étant plus sobre, on peut aussi y gagner", souligne Florence Clément, responsable de l’information au sein de l’Ademe.
Pour elle, l’arrivée fracassante de l’humour pour causer enjeux climatiques est aussi un signal: "Cela montre que c’est devenu un sujet de société comme un autre et plus une niche dont ne s’occuperait que les personnes très engagées."
Et Florence Clément de conclure: "Avec les fortes canicules, les incendies, les inondations, les conséquences du changement climatique ont explosé aux yeux. Utiliser l’humour sur ces sujets permet davantage de faire passer les informations au plus grand nombre qu’en faisant la morale ou suivant une conférence scientifique très protocolaire."
Alors, pour éviter l’effondrement: rions!
Les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets du réchauffement climatique. En juin 2024, c’est la mise en garde que formulait le Haut conseil pour le climat (HCC), organisme indépendant chargé d'évaluer la politique climatique de la France.
En cause, la difficulté de leur organisme à réguler leur température. "En raison de vagues de chaleur pouvant courir du printemps à l’automne, c’est plus spécifiquement leur présence à l’école qui pose question", notait Corinne Le Quéré, climatologue, alors présidente du HCC.
Alors que les enfants français passent près de 850 heures par an sur les bancs de l’école, celles-ci ne sont, dans leur grande majorité, pas adaptées à la nouvelle donne climatique. C’est ce que synthétise un rapport parlementaire, publié en décembre 2023 par la mission d’information sur l’adaptation de l’école aux enjeux climatiques. Ainsi, 86% des établissements scolaires de l’Hexagone réclament une rénovation, 10% présentent "un état de vétusté important". Un enjeu de sobriété énergétique autant que de santé publique. Mais aussi de qualité d’apprentissage.
"Selon les travaux du chercheur Pawel Wargocki conduits en 2019 cités par le ministère [de l’Education nationale], les performances scolaires des élèves diminuent lorsque la température des salles de classe devient trop élevée, qu’il s’agisse d’opérations de calcul ou de tests basés sur le langage", indique le rapport parlementaire. Il y a donc urgence à revoir la copie.
OK, mais comment s’y prendre? On a demandé à des experts de nous livrer leur feuille de route adaptée à nos territoires, hotspot du réchauffement.
#1 Revoir l’isolation thermique des écoles
Le constat. D’ici à 2050, la fréquence des vagues de chaleur devrait doubler, selon Météo France. En 2019, l’une d’entre elles avait d’ailleurs contraint le gouvernement à décaler de quelques jours la date du brevet des collèges, pour garantir la sécurité des élèves.
Comment s’adapter
Alors que de nombreuses écoles sont des passoirs thermiques, "les rénover est tout à fait possible", souligne Caroline Bianco-Gazay, consultante éco-habitat pour l’association Ecobatissons, qui réunit plus de 50 professionnels de la construction vertueuses dans les Alpes-Maritimes, le Var et les Bouches-du-Rhône.
Elle préconise une isolation par l’extérieur, permettant de limiter les ponts thermiques qui favorisent les arrivées d’air. Parmi les matériaux les plus pertinents, exit le béton. "Il est étanche, c’est comme porter une combi de plongée en plein soleil", image Michel Regis, architecte bioclimatique à Nice. "Les bottes de paille, un déchet agricole aux multiples avantages", abonde Caroline Bianco-Gazay. Disponible localement, donc peu polluant, le matériau présente un déphasage important. Concrètement, la chaleur met plus d’une dizaine d’heures pour le traverser, et pénètre ainsi dans le bâtiment en fin de journée
"Pour garder la fraîcheur à l’intérieur, il s’agit aussi de jouer sur l’inertie en utilisant des matériaux lourds, de la pierre ou encore de la terre, qu’on peut obtenir localement, et qui, mélangée à de la chaux peut également faire office d’enduit de finition à l’intérieur du bâtiment", poursuit Caroline Bianco-Gazay.
#2 Se protéger des rayons du soleil
#3 Mieux ventiler et chauffer les écoles
#4 Des établissements autonomes en énergies renouvelables
#5 Remettre la nature au centre des cours de récré
#6 Mieux gérer l’eau, les déchets , les horaires…
Djenane avait 6 mois quand sa maman l’a emmenée pour la première fois à Nice en vacances. Elles viennent chaque année depuis. Installées sous leur parasol sur la plage de Carras, mère et fille ont remarqué, comme beaucoup, que la température de la mer a augmenté.
"Avant, on prenait le temps d’entrer dans l’eau. Maintenant, on peut y aller d’un coup. Elle est beaucoup plus chaude par rapport aux années précédentes", constate Djenane.
Selon les données récoltées ce lundi 5 août par la bouée située à l’entrée de la rade à Villefranche-sur-Mer, la température de l’eau s’est élevée à 29,1°C. Habituellement, on atteint 27,5°C au pic de l’été. "C’est quand même inquiétant ces températures. Cela doit avoir un impact sur les poissons", s’inquiète Djenane.
La jeune fille de 19 ans a bien raison de se faire du souci. La mer Méditerranée vit actuellement une canicule marine ou vague de chaleur marine. Ce même phénomène s’était produit en 2022. "On avait enregistré 29,2°C à Villefranche. C’était exceptionnel en intensité mais aussi en durée puisque cela avait persisté 133 jours ", détaille Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche (CNRS-Sorbonne université) au Laboratoire d’océanographie de Villefranche.
3 ou 4 degrés au-dessus des normales
En 2023, des variations assez importantes ont été enregistrées avec des pics très chauds suivis de pics très froids. "Ce n’est pas forcément bon non plus. Les écosystèmes préfèrent des variations assez douces", commente Thibault Guinaldo, chercheur en océanographie au Centre national de recherche météorologique (Météo France – CNRS).
Depuis le 15 juillet, nous sommes à 3-4 degrés au-dessus des normales de saison avec une canicule marine qui est classée comme "forte" (2e catégorie sur 4) depuis le 25 juillet.
Ce qui se passe actuellement n’est "pas une surprise" et "avait été anticipé dans un rapport du GIEC paru en 2019", explique Jean-Pierre Gattuso. Malheureusement, la répétition de ces canicules, qui étaient inhabituelles jusqu’ici, pourrait devenir la norme. De nombreux scientifiques pensent que la Méditerranée va "se tropicaliser".
Des espèces décimées
Ces vagues de chaleur marine entraînent des migrations d’espèces. Elles viennent soit de l’Atlantique tropicale par le Détroit de Gibraltar, soit via le Canal de Suez.
On estime à plus de 1.000 le nombre d’espèces passées de la Mer Rouge à la Méditerranée. "Auparavant, elles ne pouvaient pas survivre mais l’augmentation progressive des températures leur permet de s’installer", détaille Jean-Pierre Gattuso.
La pêche et le tourisme menacés?
Toutes les espèces ne posent pas de problème évidemment mais elles entrent parfois en compétition avec des espèces natives et les forcent à se déplacer. Le poisson-lapin, par exemple. Le risque, c’est que les espèces déplacées disparaissent si elles n’arrivent pas à se rendre vers le Nord.
Les canicules marines, appelées aussi "incendies sous-marins", affectent également les animaux comme les gorgones. En 2022, 10% d’entre elles ont été décimées (voir encadré ci-dessous). Ces changements pourraient à long terme affecter les activités de la pêche, mais aussi le tourisme. "Si les sites de plongée par exemple sont dégradés, il y aura de moins en moins de monde pour venir les voir", estime Jean-Pierre Gattuso.
De plus en plus d’épisodes méditerranéens?
Et sur terre? Quelles conséquences? Le "carburant" des orages étant la température de la surface de la mer, on peut se demander si on doit s’attendre à de plus en plus d’épisodes méditerranéens. "Ces épisodes trouvent leur développement dans les conditions atmosphériques. La température de la mer, si elle reste élevée, apportera du 'carburant' à ces événements qui seront alors plus intenses", estime Thibault Guinaldo.
En contemplant la mer, Samia et Djenane se disent surtout qu’elles seraient très tristes si cette région qu’elles aiment tant changeait. Et de conclure: "On a l’obligation de faire quelque chose". Pour cela, il n’y a qu’un seul moyen: diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.
"Des méduses au mois de décembre, je n’ai jamais vu ça de ma vie"
Pendant la canicule marine de 2022, 80% des colonies de gorgones situées jusqu’à 20mètres de profondeur ont été impactées. 10% ont été décimées. "Si cette situation se répète en 2024, leur nombre va forcément diminuer", anticipe Jean-Pierre Gattuso, qui précise qu’il faut 15 ou 20 ans à cet animal marin pour se reconstituer.
Les oursins ont aussi été particulièrement affectés. Pour le moment, il n’y a heureusement pas encore eu de descriptions d’espèces qui se soient éteintes.
Un parallèle avec les feux de forêt
Durant l’épisode de 2022, la couche à 30mètres de profondeur a été exposée pour la première fois à des températures de 25°C.
"Les eaux profondes deviennent tellement chaudes qu’on en arrive à voir des méduses en décembre. Je n’ai jamais vu ça de toute ma vie et en plus, il est probable que ça se reproduise cette année", déplore Roland Séférian, chercheur au Centre national de recherche météorologique.
Pour les spécialistes, il faudrait regarder ces "incendies sous-marins" avec autant d’inquiétude que pour les feux de forêt.
#1 Remplacer le bitume et l’asphalte
Faire gagner du terrain à la végétation est évidemment primordial. A condition de le faire correctement. Aux pelouses tondues, qui auront tendance à jaunir aux premières chaleurs, préférer "des sols prairies, fauchés rarement, vivants et permettant donc à l’eau de s’infiltrer, car ils sont plus à même de rafraîchir", indique la spécialiste du Cerema.
*A l'ombre des arbres - Planter la ville pour demain, C. Mollie (ed. Delachaux et Niestlé)
#2 Eviter le tout élagage des arbres
Avec leur ombre portée, leur photosynthèse à même de capter le rayonnement solaire et l’évapotranspiration de leur feuillage, les arbres sont les alliés du rafraîchissement des villes. Mais attention à choisir les bonnes espèces (contrairement aux palmiers, pauvres en ombre et sujets aux nuisibles) et à les entretenir correctement.
"Cela ne sert à rien d’en planter si on passe son temps à les élaguer", juge Caroline Mollie, qui en appelle à revenir au "bon sens jardinier".
"A Grenoble, la ville a reformé les couronnes des arbres, jusqu’alors drastiquement élaguées. Si vous regardez les cartes postales anciennes de Nice, sur les avenues Jean-Médecin, Borriglione ou Malausséna, on voit de grands platanes qui débordent au-dessus du tramway. Aujourd’hui, le principe de précaution prime. Or, il s’agit d’avoir recours à des arboristes spécialisés, qui vérifieront tous les 3 à 5 ans s’il y a des branches mortes, et d’avoir une vigilance en cas de tempête", préconise-t-elle.
Une approche qui vise aussi les espaces privés. "Environ 70% de la surface des villes le sont. Or il y a encore en France, contrairement au Royaume-Uni par exemple, cette notion de couper ses végétaux à la limite de propriété. C’est une fausse bonne idée", souligne Caroline Mollie.
#3 Des pergolas végétalisées quand le sous-sol est inexploitable
Réseaux d’eau, de transports, parkings, tunnels… Planter de grands feuillus en ville n’est pas toujours possible dans des sols contraints. Car ceux-ci ont besoin d'une certaine épaisseur de terre pour laisser leurs racines s'épanouir.
"Dans ces cas-là, l’ombre peut être créée grâce à des pergolas végétalisées. Au pied, on peut y planter en terre (et non pas en pot!), des roses, du jasmin, des passiflores. Il existe énormément de plantes grimpantes en Méditerranée", conseille Caroline Mollie.
#4 Créer de l’ombre avec des volets et des voilages amovibles
Des axes larges jalonnés d’immeubles hauts, voilà qui est plutôt commun dans les centres villes. Ces avenues et boulevards imposants ont même un nom: "les rues canyons".
"Dans ces rues, on a un effet de réverbération des rayons du soleil entre les bâtiments qui font que la chaleur va se stocker de manière très importante", explique Loéna Trouvé du Cerema.
Pour autant, impossible de tout raser pour reconstruire différemment. "Ce serait ni réaliste ni souhaitable d’un point de vue des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, on peut travailler sur des systèmes d’ombrage, avec des volets horizontaux pour détourner les rayons du soleil ou des voiles, qui peuvent être retirées en hiver, comme c’est le cas à Cordoue, en Espagne, à Avignon, Montpellier ou encore Marseille", préconise la cheffe de projet aménagement et transition écologique au sein du Cerema.
#5 Sur les places historiques, miser sur des arbres hauts
Dans les centres historiques, des solutions sont à envisager pour concilier respect du patrimoine et rafraîchissement. "Si on se réfère aux villes italiennes, les plus belles places et espaces qu’on admire sont sans arbre", constate l’architecte-paysagiste niçoise Caroline Mollie.
En revanche, "y privilégier des arbres hauts permettrait de voir l’ensemble architectural sous cette voûte végétale", souligne cette spécialiste de l’arbre en ville. A condition, toujours, d’avoir suffisamment de terre disponible dans le sol pour permettre leur épanouissement.
#6 Renvoyer les rayons du soleil, au cas par cas
L’albédo, c’est le pouvoir réfléchissant des matériaux, c’est-à-dire leur capacité à renvoyer le rayonnement du soleil vers le ciel pour éviter que la chaleur ne s’accumule dans les rues. "On en entend beaucoup parler dans la lutte contre la surchauffe en ville, c’est une solution intéressante mais pas magique, à utiliser après une analyse point par point", préconise Loéna Trouvé du Cerema.
On parle là de revêtements ou de peintures claires. "Mais des routes blanches vont avoir tendance, par exemple, à aveugler les conducteurs. A noter aussi que ces peintures se salissent vite. Une enrobée sombre, qui vieillit bien, va s'éclaircir et donc devenir plus fraîche au fil du temps. Une peinture blanche qui se salit aura, en fait, un albédo équivalent", précise-t-elle.
Passer à des teintes plus claires peut avoir, en revanche, du sens pour les toitures. "A Paris, un dialogue est en train de s’engager autour du zinc, un matériau remarquable mais qui génère beaucoup de surchauffe", détaille la cheffe de projet au Cerema.
#7 Orienter et stocker l’eau de pluie
C’est un enjeu clé de la cité rafraîchie de demain. "Il y a en ville des enjeux de gestion des eaux pluviales et de ruissellement", pointe Loéna Trouvé. D’autant que le changement climatique accentue inexorablement les sécheresses, comme on l’a constaté en Paca en 2022 et 2023.
Pour cela, la métropole lyonnaise expérimente des arbres de pluie, en adaptant la voirie de telle sorte que l’eau ruisselle vers les racines des arbres.
"Des collectivités travaillent aussi autour de fosses de Stockholm. Celles-ci sont aménageables malgré des sols contraints. Il s’agit d’espaces de stockage, contenant de gros galets qui permettent de stocker l’eau pour que l’arbre puisse s’en nourrir."
Des aménagements qui nécessitent "de prendre en compte, là encore, les réseaux souterrains pour ne pas inonder un parking ou un réseau de métro", souligne la spécialiste du Cerema.
Y a-t-il une vie après la neige pour les stations de montagne ? La Cour des comptes pointe, dans un rapport publié mardi, une vue à court terme et un manque d'anticipation. Les investissements liés au "tout ski" continuent et ne tiennent pas assez compte du réchauffement climatique.
Face au changement climatique, le "modèle économique du ski français s'essouffle" et "les politiques d'adaptation restent en deçà des enjeux", estime la Cour de Comptes dans un rapport rendu public mardi, à quelques jours des vacances d'hiver.
Toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à l'horizon de 2050"
"À compter des années 2000, la diminution de l'activité ski et l'inadaptation croissante du patrimoine immobilier des stations ont commencé à fragiliser l'équilibre financier des remontées mécaniques et l'économie locale qui en découle pour partie", écrit la Cour des Comptes. "Un phénomène accentué par le changement climatique (...) avec une hausse des températures en accélération", selon la Cour.
"Les projections climatiques font état d'une accentuation à moyen terme" du phénomène, prévient-elle, "toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à l'horizon de 2050" et seules "quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance".
Une vue à court terme sur l'usage de la neige et de l'eau
Or, déplore la Cour des Comptes, "les politiques d'adaptation menées par les acteurs de la montagne reposent essentiellement sur la production de neige" qui a "un effet à court terme" car "son coût est important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures".
Sans oublier "l'impact de la production de neige sur les ressources en eau" qui paraît "sous-estimé dans de nombreux territoires", souligne le rapport qui estime qu'"il serait nécessaire que les autorisations de prélèvement d'eau destinées à la production de neige tiennent davantage compte des prospectives climatiques".
"Une réorientation fondamentale de la dépense publique"
Quant aux actions de diversifications d'activités, elles "sont rarement adossées à un véritable projet", juge la Cour des Comptes. "Réalisées au fil de l'eau, elles tendent souvent à reproduire le modèle du ski, fondé sur des investissements importants et une forte fréquentation sans plan d'affaires permettant d'établir leur pertinence économique" et "les initiatives des collectivités territoriales, sont peu coordonnées entre elles".
Le rapport épingle aussi "la planification écologique de l'Etat, peu opérationnelle pour le secteur touristique en Montagne", qui "ne permet pas d'impulser une réelle dynamique de changement" et estime qu'il en est de même pour les régions.
"Une réorientation fondamentale de la dépense publique en fonction de la réalité climatique et économique de chaque territoire doit être envisagée", estime-t-elle. La Cour des Comptes propose aussi de mettre en place une gouvernance des stations de montagne ne relevant plus du seul échelon communal. Enfin, elle suggère de mettre en place un fonds d'adaptation au changement climatique destiné à financer des actions de diversification et de déconstruction des installations.
"Un rapport dogmatique" selon France Montagnes
C’est "un rapport dogmatique sans prise en compte des éléments des professionnels de la montagne", a dénoncé ce mardi sur franceinfo le président de l'association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) et maire de La Plagne (Savoie) Jean-Luc Boch. Il déplore également qu'"aucun de ces documents" produits par l'ANMSM ne soit "ressorti dans ce rapport".
Dans ce document de 147 pages réalisé après un audit de quarante-deux stations de tous les massifs, la Cour examine entre autres l'impact de la neige artificielle. Présentée par les stations de ski comme pouvant constituer une solution face au changement climatique, la Cour dénonce une vision de "court terme". Pour Jean-Luc Boch "il n'y a pas d'impact, sinon de retarder le cycle de l'eau, ce qui est essentiel à la vie sur des territoires". "Avec la neige de culture, on peut irriguer beaucoup plus longtemps les territoires", assure le président de l'ANMSM, pour qui les canons à neige ne sont "absolument pas un problème".
Si la Cour s'alarme de l'obsession du "tout ski", les rapporteurs épinglent également le développement d'activités hors ski (VTT, tyrolienne, ou encore cure thermale), souvent déficitaires et pensées "sans stratégie". Un avis que "ne partage pas du tout" l'élu de La Plagne. "La destination montagne, c'est d'abord notre clientèle qui la plébiscite". "Si on propose tout ce qu'on veut, si la clientèle n'est pas au rendez-vous, il n'y a pas d'aspect économique", tranche Jean-Luc Boch. "Il faut travailler avec des professionnels qui connaissent la chose, sinon on n'est pas crédible", insiste-t-il.
Rapport détaillé de la Cour des comptes "Les stations de montagne face au changement climatique" (PDF)
Synthèse du rapport (14 pages)
pourquoi, en matière d’urgence climatique, les gens s'arrangent avec la réalité et ne font rien pour changer. En voilà une question pertinente…
Nous l’avons soumise à François Gemenne. Politologue et président du conseil scientifique de la Fondation pour la nature et l’Homme (FNH), ce spécialiste de la géopolitique de l’environnement est aussi co-auteur pour les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Et voici ce qu’il en dit:
Face au danger planétaire que représente le réchauffement climatique, le scientifique rappelle qu’on distingue généralement trois grandes catégories d'acteurs: "l’Etat, les entreprises et les citoyens".
"L’enjeu, c’est que tous agissent ensemble, et que l’action des uns renforce celle des autres. Mais trop souvent, ces acteurs ont une fâcheuse tendance à se rejeter mutuellement les responsabilités, ce qui nous amène à l’inaction", pointe-t-il.
Cette inertie porte même un nom: le triangle de l’inaction. Un concept théorisé par Pierre Peyretou,
professeur affilié à l’École supérieure de commerce de Paris. Au trois sommets de celui-ci, on retrouve ces trois grandes familles d’acteurs... qui se renvoient la balle.
Des freins à lever… dans nos propres cerveaux
Mais l'inaction trouve aussi sa source dans le fonctionnement même de notre cerveau. D’abord, cela fait appelle à ce que les sciences cognitives nomment "le trou intention-action".
"Il s’agit du temps qui s’écoule entre le moment où je déclare mon intention de faire quelque chose et celui où je passe à l’action. C’est typiquement la procrastination. Avec le climat, on a plutôt un canyon intention-action. On déclare depuis des décennies que c’est un défi hyper important, on est à la Cop 75 000, on dit à chaque fois que c’est là que ça s’arrête... Et puis les actions ne sont pas à la hauteur de nos intentions", expliquait Albert Moukheiber, docteur en neurosciences, dans Climat, tous biaisés, une conférence donnée pour la radio France culture.
Dans le documentaire Climat, mon cerveau fait l’autruche, Peggy Chekroun, professeure en psychologie sociale des comportements à l’université Paris Nanterre, montre aussi très bien comment un biais cognitif baptisé "l’effet spectateur" inhibe notre capacité à agir en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Ses expériences ont prouvé que plus on est nombreux à être impliqués dans un problème, moins on est certain que c’est à nous d’agir pour le régler. C’est valable à l’échelle des individus, mais aussi des entreprises ou encore des États, qui conditionnent souvent leur action à celle des autres. Par peur de perdre en compétitivité, par exemple.
Un potentiel d'actions à l'échelle individuelle "de 20 à 25%"
Or, comme l’étaye le climatologue Jean Jouzel dans une interview à Nice-Matin, tous les échelons doivent bel et bien être mobilisés pour que la société opère un changement massif capable de répondre à l'urgence climatique.
"L'accélération viendra par la concomitance de gens qui essaient d’inventer une société véritablement soutenable, du monde de l’entreprise, de gens qui engagent des rapports de force de façon beaucoup plus importante et tordent le bras des responsables politiques et des multinationales…", égraine quant à lui le réalisateur et militant de l’environnement Cyril Dion.
"Chaque action, chaque tonne de gaz à effet de serre, chaque dixième de degré, vont faire une énorme différence", François Gemenne
Et l'action individuelle, si elle ne représente pas la plus grande des marges de manœuvre, n'est pas insignifiante. "Il y a un potentiel d'action à l'échelle individuelle de l'ordre de 20 à 25% de l'action totale possible, avec des contraintes en fonction des revenus qui sont importantes. Plus on a de revenus élevés, plus on peut agir", éclaire la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, interrogée par Le Monde.
"Le changement climatique n’est pas un problème binaire, mais un problème graduel. Cela veut dire que ce n’est pas blanc ou noir: chaque action, chaque tonne de gaz à effet de serre, chaque dixième de degré, vont faire une énorme différence", conclut le politologue François Gemenne.
Le lien entre gaz à effet de serre et réchauffement climatique, c’est lui. Il y a plus de 35 ans, avec le glaciologue Claude Lorius, le paléoclimatologue Jean Jouzel révolutionnait la science du climat.
Depuis, l’ex-vice-président du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) n’a cessé d’alerter. Avant d’embarquer avec la délégation française pour la Cop 28, le pionnier livre son analyse, plutôt pessimiste, et incite à l’action, à tous les échelons.
Quel intérêt d’aller à cette Cop au pays du pétrole?
Le choix du pays hôte est un mécanisme transparent fixé par les Nations unies: il doit y avoir une rotation chaque année. Celui du président de la COP, en revanche, a été fait par les Émirats arabes unis qui ont opté pour le ministre de l’énergie, impliqué dans le pétrole…
Cela peut paraître regrettable, et je respecte ceux qui font le choix du boycott, mais je pense qu’il est illusoire de discuter de la fin du pétrole, du gaz, du charbon sans les producteurs fossiles.
Quel engagement faudrait-il obtenir pour ne pas hypothéquer nos futurs?
Il faudrait parler d’une date de fin du fossile, dire explicitement que la neutralité carbone ne peut se faire sans. Mais c’est un rêve... Au mieux, la fin du charbon sera évoquée à Dubaï. J’attends peu de cette COP.
Pourquoi êtes-vous pessimiste?
Collectivement, on est accroché aux combustibles fossiles. Ils représentent 80% de la production d’énergie mondiale, c’est un vrai problème. Pour arriver à la neutralité carbone en 2050, même en 2070, il faut un changement profond de nos sociétés et une vision à long terme.
__Or, il y a une sorte d’égoïsme collectif. Quand les scientifiques disent que les émissions produites d’ici à 2030 décideront du climat en 2050, il y a la tentation, notamment dans certaines entreprises, de se dire: ce n’est pas mon problème.
On n’a pas non plus de leader politique capable de donner du poids au long terme. Mais n’accusons pas que les gouvernements. La lutte contre le réchauffement se joue aussi dans les territoires, les villes, dans nos modes de vie...__
Quels sont les pièges dans lesquels cette Cop doit éviter de tomber?
Les pays pétroliers ne vont mettre en avant que des solutions technologiques, comme le piégeage du carbone. Là encore, c’est illusoire.
On émet 60 milliards de tonnes d’équivalent CO2. Au mieux, cette option en capterait 1 milliard. Alors qu’avec un développement ambitieux des énergies renouvelables, on en éviterait 10 milliards.
"La géo-ingénierie solaire est une épée de Damoclès"
Quant à la géo-ingénierie solaire, qui consiste à mettre des aérosols dans la haute atmosphère pour en bloquer les rayons, c’est une épée de Damoclès.
Si en 2050 on est obligé d’arrêter, les jeunes d’aujourd’hui prendront alors de plein fouet la hausse des températures. Par ailleurs, cette méthode ne répond pas à l’acidification des océans, à l’élévation du niveau de la mer…
En plus de 20 ans de participation à la Cop, voyez-vous un peu de positif?
Il y a 20 ans, les négociateurs avaient davantage de doutes, d’interrogations sur le réchauffement, ses impacts potentiels sur le futur... C’est nettement moins le cas aujourd’hui. Le diagnostic du Giec est clair, ils sont au courant.
Vous parliez de l’importance de l’échelon local. En Côte d’Azur, quelles mesures vous semblent essentielles?
Le tourisme doit être repensé: allonger la saison, encourager les gens à venir en train... Cela veut dire investir dans le ferroviaire.
"Il ne faut pas rêver, on n’aura pas une aviation décarbonée d’ici 2050"
L’encouragement débridé à l’utilisation de l’avion pose question. Soyons clairs: je suis pour la taxation du kérosène. Car il ne faut pas rêver, on n’aura pas une aviation décarbonée d’ici 2050.
L’énergie solaire doit aussi être plus agressive ici. Beaucoup de retard a été pris alors qu’il y a un potentiel énorme!
En France, quels exemples d’actions efficaces à engager rapidement?
Je regrette que des mesures simples proposées par la Convention citoyenne pour le climat n’aient pas été suivies.
"Nos émissions sont aussi très liées à notre utilisation de plus en plus forte de SUV"
Limiter la vitesse à 110 km/h sur autoroute a un vrai impact (et diminue aussi la consommation de carburants). Nos émissions sont également très liées à notre utilisation de plus en plus forte de SUV.
*Pour aller plus loin: Jean Jouzel - Climat: l’inlassable pionnier - Entretiens, éd. Ouest France.
Avec le changement climatique, est-ce que la Méditerranée va devenir chaude toute l'année?
A l’occasion de la 28e Conférence des parties sur le climat des Nations unies (Cop 28), qui se tient jusqu’au 12 décembre à Dubaï, la rédaction répond tous les jours aux interrogations de lecteurs. Vous vous demandez si la Méditerranée va devenir chaude toute l’année.
Pour vous répondre, nous avons sollicité Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche (CNRS-Sorbonne université) au Laboratoire d'océanographie de Villefranche, co-auteur pour le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et membre du Grec-Sud, équivalent du Giec en Paca.
"Cela ne va pas être les Tropiques en hiver. Mais oui, la mer se réchauffe", Jean-Pierre Gattuso, océanographe
"Toutes les mers et océans se réchauffent. À l'échelle mondiale, par exemple, la température de surface était en septembre 1.2°C au-dessus de la moyenne (calculée entre 1850 et 1900). Et la Méditerranée ne fait pas exception", pose d’abord le spécialiste.
Mer quasi fermée, elle se réchauffe même beaucoup plus que l'océan mondial. Il faut ainsi une centaine d’années pour que ses eaux s'échangent avec celle de l'Atlantique, via le goulot d'étranglement que représente le détroit de Gibraltar.
En l'espace de 15 ans, sa température a augmenté d'1°C.
Mais cette hausse reste hétérogène selon les saisons.
"De décembre à fin février, elle est moins marquée. Car les eaux de surface se mélangent avec celles des profondeurs, qui se réchauffent nettement moins vite. Pendant cette période, la Méditerranée est en général de 13°C sur nos côtes. A l’avenir, elle pourrait évoluer vers quelques dixièmes de plus, mais cela ne va pas être les Tropiques en hiver", nuance Jean-Pierre Gattuso.
Des canicules marines estivales délétères
Nettement plus problématique, la hausse de la température de l’eau est très marquée sur nos rivages en été.
"La Méditerranée a même été touchée par des canicules marines deux étés de suite, en 2022 et 2023", note Jean-Pierre Gattuso. Un phénomène qui survient quand la température de la mer est supérieure à 90% des températures les plus chaudes historiquement enregistrées, et ce durant au moins cinq jours.
"Par exemple, à l’entrée de la rade de Villefranche-sur-Mer, la température de surface a atteint 29,2°C en juillet 2022. C’est un record absolu depuis les années 1950 et plus de 1°C au-dessus du précédent record", s’inquiète l'océanographe azuréen.
"Il semble que nous avions sous-estimé la vitesse des changements", Jean-Pierre Gattuso, océanographe
Si cette hausse de l’intensité et de la fréquence des vagues de chaleurs marines n’est pas une surprise, car "prévue dans le rapport du Giec que nous avons publié en 2019", "il semble que nous avions sous-estimé la vitesse des changements", reconnaît le scientifique.
Selon le MedECC, groupe d’experts du climat en Méditerranée, "un réchauffement des eaux de surface de 1 à 4°C est attendu d’ici à 2100, selon le scénario de lutte contre le changement climatique".
Et celle-ci est très loin d’être sans conséquence. "Il entraîne l’apparition d’espèces invasives en provenance de la mer Rouge et de l’océan Atlantique tropical. On estime que plus de 1000 espèces tropicales ont ainsi traversé le canal de Suez pour s’installer en Méditerranée", étaye Jean-Pierre Gattuso.
Parmi elles: poissons-lions, poissons-lapins mais aussi des parasites qui menacent directement la biodiversité marine.
Les travaux de multiples collègues montrent que des mortalités massives de coraux, éponges et gorgones interviennent après chaque vague de chaleur marine sur nos côtes", ajoute le scientifique, co-auteur pour le Giec.
En août 2023, deux scientifiques azuréens du CNRS détaillaient ainsi les conséquences mortifères sur la biodiversité marine.
Préoccupant, le phénomène porte même un nom: "la tropicalisation" de la Méditerranée.
Son action pendant la sécheresse
"Pendant les mois écoulés, je me suis rendu disponible pour expliquer, vulgariser les enjeux climatiques associés à la sécheresse." Et ces sollicitations se sont multipliées.
La preuve, pour ce scientifique, que la perception de la société bouge: "Le phénomène s’est imposé comme un sujet plus transverse, qui touche à la ressource en eau disponible mais aussi à la biodiversité, à la lutte contre les incendies.."
"En 2022, quand la sécheresse a concerné tout le pays, j’ai perçu un léger déclic"
"Avant, c’était un phénomène météorologique qui arrivait de temps en temps, on ne se posait pas la question du lien avec les activités humaines et le changement climatique. Maintenant, c’est différent", observe-t-il.
Ce que cette sécheresse record lui a appris
Fouiller des notions d’hydrologie, documenter le lien entre manque d’eau et hausse des températures au fil des années… Les mois écoulés ont fait évoluer les connaissances de Gaétan Heymes.
"C'était intéressant! En tant que météorologue, on se préoccupe surtout de l'eau qui tombe et de celle qui va tomber. Moins d’enjeux transversaux, sociétaux liés au changement climatique", commente-t-il.
Sollicité comme d’autres de ses collègues pour participer à des comités sécheresse mis en place par les pouvoirs publics, il est désormais durablement en veille sur ce sujet.
A quoi être attentif à l’avenir
"Au plus fort de la sécheresse, en 2022, j’avais fait remarquer à des collègues que ce n'était pas une bonne idée d’écrire 'poursuite du beau temps' dans nos bulletins météo alors que tous les acteurs de terrain guettaient la moindre goutte d’eau."
"Écrire 'temps sec et ensoleillé', c’est un réflexe de prévisionniste"
Gaétan Heymes plaide pour gommer ces "raccourcis de langage".
Sa préconisation: "transformer le bulletin météo en quelque chose qui ne sert pas uniquement à savoir comment s’habiller demain. Faire le lien dès que c’est pertinent entre un événement météo et le changement climatique.
France 2 s’y est mis. Sur le site public de Météo France, une attention très importante est désormais portée aux mots employés, ça évolue."
Le Sud de la France est-il vraiment plus exposé au réchauffement climatique?
A l’occasion de la 28e Conférence des parties sur le climat des Nations unies (Cop 28), qui se tient jusqu’au 12 décembre à Dubaï, la rédaction répond quotidiennement aux interrogations de ses lecteurs sur le sujet. Vous vous demandez si le Sud de la France est plus exposé au réchauffement climatique. Bonne question!
Pour vous éclairer sur ce point crucial, qui a des répercussions directes sur notre vie quotidienne, nous avons sollicité le climatologue Joël Guiot. Co-auteur de l’un des rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et membre du Grec-Sud, le Giec local de Paca, ce scientifique scrute l’impact du changement climatique sur les écosystèmes terrestres méditerranéens.
"Contrairement au nord de la France, c’est l’été, et en particulier ses températures maximales, qui se réchauffent ici", Joël Guiot, climatologue
"Globalement, le sud de la France ne se réchauffe pas plus vite que le nord. C’est la mer elle-même qui se réchauffe beaucoup plus vite que les océans", pose-t-il d’entrée.Mais il est nécessaire d’aller plus loin pour comprendre.
"La différence entre le sud et le nord: c’est le régime saisonnier. Alors que l’hiver se réchauffe plus vite dans le nord, c’est l’été, et en particulier ses températures maximales, qui grimpent davantage ici."
Des étés de plus en plus extrêmes
Dans les Alpes-Maritimes, le Var comme dans tout le bassin méditerranéen, cela ne vous aura pas échappé, "la saison estivale devient de plus en plus chaude, ce qui donne lieu à des canicules de plus en plus fréquentes et intenses. C’est particulièrement fort dans les villes où le béton et le bitume augmentent la température par rapport aux campagnes environnantes, comme à Nice ou encore à Marseille", étaye Joël Guiot.
Forêts, récoltes… Des impacts locaux en cascade
Conséquence de ce réchauffement estival très important: "de plus en plus de problèmes d’eau dû aux sécheresses, mais aussi des inondations en automne".
"A cela s’ajoute l’élévation du niveau de la mer qui salinise les nappes phréatiques et augmente le risque d'ennoiement des zones littorales de basse altitude (Camargue, région Niçoise, presqu’île de Giens,…)", abonde le climatologue.
"Le Sud de la France est particulièrement vulnérable au changement climatique", Joël Guiot, climatologue
L'inventaire des impacts ne s'arrête malheureusement pas là. "Des phénomènes de dépérissement des forêts, particulièrement en basse et moyenne montagne sont constatés, avec des risques d’incendie plus importants ; même si pour l’heure, l’efficacité de la prévention et de la lutte contre les feux permet de contenir ce risque." Ou encore une diminution et un dérèglement des rendements agricoles, comme ce fut particulièrement le cas lors de l’été 2022 avec des récoltes de tomates anticipées; ou dans les vignobles varois, sujets à des vendanges précoces et plus aléatoires.
"Le sud de la France, et plus encore le sud de la Méditerranée, par le fait qu’il cumule plusieurs risques sont particulièrement vulnérables au changement climatique", conclut Joël Guiot.
Sait-on de quelle hauteur la Méditerranée va s’élever dans le futur?
A l’occasion de la 28e Conférence des parties sur le climat des Nations unies (Cop 28), qui se tient jusqu’au 12 décembre à Dubaï, la rédaction répond quotidiennement aux interrogations de ses lecteurs sur le sujet. Vous vous demandez quelle pourrait être l’ampleur de l’élévation du niveau de la Méditerranée dans le futur.
Mer fermée, la Méditerranée a tendance à "s’élever moins vite que l’Atlantique, elle a sa propre dynamique, qui ne peut pas être identique à celle des autres océans", nous indiquait récemment Jonathan Chenal, en charge de la stratégie sur le changement climatique à l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN). À Marseille, les relevés récents indiquent une hausse de 3 millimètres par an.
"L’élévation du niveau de la mer est l’un des effets irréversibles du changement climatique", Philippe Rossello, géographe azuréen
Pour vous répondre sur ce qui pourrait se passer dans le futur, Philippe Rossello, géographe, expert en prospective (étude des scénarios du futur) et coordinateur du Grec-Sud, équivalent du Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) en Paca, s’est plongé dans les données scientifiques locales. Et elles sont relativement précises à ce sujet.
"D’ici 2050, le niveau de la mer Méditerranée augmentera d’environ 25 cm quel que soit le scénario socio-économique du Giec. C’est l’un des effets irréversibles du changement climatique (au moins pour ces prochains siècles)", abonde le scientifique.
Mais pour aider les territoires côtiers à planifier leur nécessaire adaptation, les nombreux spécialistes du Grec-Sud travaillent à des scénarios à encore plus long terme:
"Il faut d’ores et déjà anticiper une élévation plus conséquente : d’ici 2100, elle sera de l’ordre de 40 cm en cas de scénario optimiste et d’un mètre, voire plus, en cas de scénario pessimiste", détaille Philippe Rossello.
"En 2150, même en cas de scénario optimiste, il faut compter sur au moins 55 cm d’élévation", ajoute-t-il encore.
D’ici à 2050, "les petites plages de sable (de faible largeur) délimitées par une falaise, des constructions ou des aménagements disparaîtront". Celles entre Villeneuve-Loubet et le Fort carré d’Antibes, par exemple, enclavées contre la route, sont particulièrement vulnérables.
En 2021, l’ONG Climate central a réalisé une carte qui permet de déterminer quelles zones côtières de la Côte d’Azur pourraient se retrouver sous le niveau de l'eau en 2050. https://www.nicematin.com/environnement/ces-lieux-de-la-cote-dazur-qui-pourraient-se-retrouver-sous-leau-en-2050-a-cause-du-changement-climatique-710247
"Le phénomène prendra de l’ampleur dans la seconde partie du siècle, menaçant les plus grandes plages, et de manière plus générale, le littoral", analyse le géographe.
En plus de contribuer à l’érosion des plages et au recul du trait de côte, "cette élévation a aussi pour effet de saliniser les nappes phréatiques", abonde le climatologue Joël Guiot, spécialiste des écosystèmes méditerranéens. Avec, à la clé, un impact négatif sur la ressource en eau potable.
Les raisons de l’élévation, une équation complexe…
"Les processus et mécanismes physiques en jeu sont complexes", indique Philippe Rossello.
Au sein du Grec-Sud, l’association d’experts régionaux sur l’évolution du climat regroupant de nombreux scientifiques locaux (climatologues, économistes, sociologues, experts en biologie marine, agriculture, forêts, littoraux…), une étude fouillée sur la mer et le littoral décortique notamment les causes de cette élévation.
"La hausse du niveau des mers du globe est principalement due à l’effet de dilatation des océans, résultant de l’augmentation de la température de l’eau qui est observée depuis des décennies en Méditerranée", peut-on y lire.
"Avec la fontes incertaines des calottes du Groenland et de l’Antarctique, une élévation de plusieurs mètres d’ici la fin du XXIe siècle n’est pas exclue"
Si le thermomètre monte en surface, les progrès en matière d’instruments de mesure permettent de constater que le phénomène est aussi à l'œuvre dans les eaux profondes.
Si cette "dilatation thermique" contribuerait à elle seule à une hausse du niveau de la mer Méditerranée comprise entre 45 et 60 cm à la fin du XXIe siècle, le phénomène se combine à d’autres causes d’élévation du niveau global des océans.
"En premier lieu, la fonte des calottes glaciaires, qui ferait monter le niveau de la mer Méditerranée d’environ 80 cm", précise le rapport du Grec-Sud.
Mais ce dernier point comprend une part très importante d’incertitude, et ce n’est pas une bonne nouvelle…
"La contribution de l’augmentation de la fonte des calottes du Groenland et de l’Antarctique reste très incertaine: une augmentation du niveau de la mer de l’ordre de plusieurs mètres n’est pas exclue", mentionnent également ces travaux.
Ou pas. Du moment que les nobles peuvent se gaver, c’est tout ce qui compte : (source)
Et voici la réaction de Geoffrey Dornes, que je partage : Je baisse, j’éteins, je décale. Et je lève le pied. https://jaffiche.fr/je-baisse-jeteins-je-decale-et-je-leve-le-pied-1933
Car tant que les « gestes pour la planète » seront imposés aux gueux pendant que les nobles se gavent, on peut considérer que l’écologie est une cause perdue.
Je suis sérieux : une cause perdue. Ça ne sert à rien.
Pendant qu’on baisse le chauffage ou qu’on pisse sous la douche, y a un projet pour faire des JO 2026 d’hiver en plein désert et la coupe du monde 2030 en Europe, Afrique et Amérique du Sud à la fois.
Bilan carbone des avions ? Mais osef !
Bilan carbone des clims géantes dans le sable ? Balek !
Le fric d’abord bordel : le but c’est que les gens soient devant leur télé et pas dans la rue, comme ça ils voient les publicités des sponsors et consomment. C’est ça qui finance ces événements, et ces événements sont à leur tour rentables pour les sponsors.
Avec ces gestes, on n’arrivera à rien. Non, être neutre en carbone dans un siècle ne résoudra rien non plus. Il faut avoir un bilan négatif pour rattraper nos conneries. Et pas dans cent ans, non, on aurait dû l’être y a 30 ans environ.
À titre d’exemple, pendant que je dis ça, on est à +12 °C au-dessus des températures de normales, en déficit de 50 % de pluviométrie sur la saison, et on bat non seulement tous les records sur ces deux métriques, mais on bat aussi le record du nombre de records battus ! Est-ce qu’on mesure l’ampleur de ce qui passe là ? Nah.
À ce rythme il ne restera bientôt plus assez d’arbres sur Terre pour imprimer le Livre des Records Édition Spéciale Climat tellement il sera gros !
Rouler à 110 au lieu de 130 ? Je le fais, et vous devriez aussi. Mais pas pour la planète. Faites-le votre porte-feuille (on y gagne pas mal en vrai, sans perdre réellement en temps).
Et si on vous demande : mentez.
Mentez aux autres, personne n’ira vérifier.
Mais ne vous mentez pas à vous-même : vous savez très bien que même si 60 millions de personnes éteignaient leurs lumières ou roulaient moins vite, ça ne compenserait que dalle à côté des événements émetteurs à mort mais qu’on continue parce que l’économie en a besoin pour ruiner le climat.
Non, pour la planète, il faudrait brûler un noble.
Mais je crois c’est interdit.
Too bad.
Du coup c’est comme je dis : une cause perdue
Le changement climatique nuit gravement à la santé : anxiété, troubles du sommeil et baisse de la vigilance, problèmes cardiovasculaires, etc.. La bonne nouv...
Un expert du vent dans les Alpes-Maritimes était notre invité ce jeudi matin. Il répond à cette question : y-a-t-il plus de vent qu'avant ?
Et il constate une évolution des vents mais pas partout. "On estime une journée de vent à 15 nœuds c'est à dire 30 km/h explique le spécialiste avant de détailler un découpage par zone :
- De Nice à Cannes on a 70 jours de vent par an depuis dix ans et c'est stable
-De Cannes à Fréjus on observe une augmentation du vent depuis 2015, environ 15% en plus - De Saint-Raphaël jusqu'à Hyères, une augmentation plus sensible de l'ordre de 20%
2023 sera certainement l'année la plus chaude de l'histoire selon l'institut européen Copernicus. Alors France Bleu Azur développe ce sujet avec le président de l'association Stand Up For The Planet.
Nous sommes des acteurs économiques du secteur textile qui nous sommes rassemblés en une coalition pour faire un lobbying vertueux dont le but est de lutter contre le réchauffement climatique.
Dêcouvert par Basilic Podcast #167 wedressfair https://youtu.be/dyGkAc85A9w
La canicule marine est-elle particulièrement sévère cette année?
Steeve Comeau: Oui, depuis deux ans. En 2022, dans la région niçoise, nous avons eu plus de cent jours au-dessus des normes de saison. 2023 est un peu moins sévère. Mais l’été est loin d’être fini.
A-t-on atteint des records de température?
Nuria Teixido: Oui, avec 28,8° le 21 juillet dans la baie de Villefranche. En 2022, nous avions eu le record absolu avec 29,2°. La pluie et le vent de ces derniers jours ont permis de faire tomber un peu la température.
Les deux années sont-elles comparables?
S. C.: Elles sont toutes les deux très chaudes. Historiquement, août est le mois le plus chaud. Mais depuis deux ans, il fait aussi très chaud en juillet.
Quelle est la définition de canicule marine? N. T.: On parle de canicule marine ou vague de chaleur marine. Ce phénomène survient quand la température de la mer, durant au moins cinq jours, est supérieure à 90% des températures les plus chaudes historiquement enregistrées.
Quelles conséquences pour les espèces? S. C.: Tous les organismes marins sont affectés. On observe une mortalité massive due au réchauffement climatique chez les coraux, les gorgones, les oursins, les mollusques, les éponges notamment. Leurs tissus se nécrosent. N. T.: C’est une mort silencieuse. L’effet touche toute la biodiversité.
Les organismes ne s’adaptent-ils pas? S. C.: Les espèces en profondeur sont moins touchées. Mais ce n’est pas le cas pour les espèces qui vivent attachées au substrat, comme les coraux rouges en eau peu profonde et qui se nécrosent avec les vagues de chaleur. N. T.: On observe des branches de coraux mortes; pour preuve: elles ont perdu leur couleur rouge.
Comment se dessine l’avenir? N. T.: On va sûrement perdre des espèces locales en faveur d’espèces tropicales. Ce qui va entraîner une perte importante de biodiversité.
La nature ne va-t-elle pas trouver un nouvel équilibre? S. C.: Les écosystèmes matures favorisent la biodiversité. D’ici quelques décennies, on risque d’avoir quelques espèces qui vont dominer l’écosystème. Mais c’est difficile à prévoir car un tel phénomène, c’est du jamais vu.
Une mer en pleine mutation
Résultante du changement climatique, la faune et la flore marines changent. Et c’est tout un nouvel écosystème qui se met en place.
"Certaines espèces qui entrent en Méditerranée sont une opportunité pour les pêcheurs", explique Pierre Gilles, chargé de projets Politique de l’Océan à l’Institut océanographique de Monaco.
"Le crabe bleu (photo) est arrivé il y a longtemps. Aujourd’hui, il prolifère autour de Gènes et du Languedoc. On n’en a pas encore vu dans les Alpes-Maritimes, le Var ou Monaco. Mais ce n’est qu’une question de semaines ou de mois je pense. Les pêcheurs s’aperçoivent qu’il est très bon et qu’il vaut cher."
Idem pour le Portunus segnis. Originaire de l’océan indo-pacifique, ce crabe vit maintenant en Méditerranée. "Depuis 2015, il prolifère dans la lagune de Tunisie. Les pêcheurs ont compris que ce crabe était très apprécié des Nord-Américains et des Asiatiques. Des filières de pêche sont organisées et 11 000 tonnes sont exportées. Mais ces deux espèces peuvent être une menace pour l’écosystème."
En plus du réchauffement de la mer qui invite de nouvelles espèces à prospérer en Méditerranée s’ajoute la surexploitation des ressources. "Dans son dernier rapport, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) souligne que 62 % des stocks de poissons pêchés en Méditerranée sont en état de surexploitation contre 37 % au niveau mondial."
Et d’autres menaces sont là : la densité urbaine sur les côtes, les pollutions plastiques, chimiques, lumineuses et sonores.
Des solutions
En plus de la décarbonation, Pierre Gilles explique qu’il faut "intensifier l’effort dans des aires marines véritablement protégées". Avec la "Stratégie nationale de biodiversité" présentée le 21 juillet 2023 par la première ministre Élisabeth Borne et le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu, la volonté est de créer 400 nouvelles aires protégées d’ici à 2027, soit 5 % de la mer métropolitaine. Par ailleurs, il a été annoncé la protection souhaitée de 100 % des herbiers de Posidonie. "C’est une très bonne chose", se réjouit Pierre Gilles, qui insiste aussi pour que les bonnes intentions se concrétisent.
Cette crainte a été relayée le 15 novembre sur Twitter par Mac Lesggy, le présentateur de l'émission "E=M6". Il évoque une "bulle d'air froid arctique beaucoup plus importante que l'année dernière, laissant présager, après une année anormalement chaude sur l'hémisphère nord, un hiver rigoureux" en s'appuyant sur ce post publié par un ingénieur en chimie.
Doit-on donc s'attendre à un "méga hiver"? Interrogé par nos confrères de France Info, le climatologue Christophe Cassou confirme bien la présence d'un vortex polaire, "une masse d'air froid ceinturée par des vents très puissants" qui se constitue actuellement au niveau du pôle Nord.
En revanche, le spécialiste explique que ce phénomène n'a rien d'"anormal" et qu'il ne peut pas en soi être considéré comme le signe précurseur d'un hiver rigoureux. Si l'air se refroidit au-dessus de l'Arctique, "c'est tout simplement parce qu'en hiver, il n'y a pas de soleil aux latitudes polaires".
À l'inverse, il précise qu'un vortex polaire favoriserait plutôt "des températures plutôt chaudes en Europe".
Quelles prévisions pour cet hiver, donc?
Météo France a publié un bulletin sur les grandes tendances pour les trois mois à venir.
"Le scénario le plus probable pour le trimestre novembre - décembre 2022 - janvier 2023 est la prédominance de conditions anticycloniques, avec un temps calme et sec, sur le continent européen. Les perturbations auront tendance à être rejetées plus au nord de l’Europe ou au sud-ouest de la Méditerranée", peut-on lire ici.
Météo-France rappelle que ce bulletin de prévoit pas le détail jour par jour ou même semaine par semaine. Ce sont uniquement des "tendances attendues en moyenne sur le trimestre".
Une biodiversité exceptionnelle à protéger
Le parc du Mercantour, c’est plus de 8.000 espèces différentes. On y retrouve pas moins de 40% de toute la flore française, ainsi que la faune emblématique de la montagne: chamois, marmottes, bouquetins, loups… Le parc a aussi une grande variété d’insectes et de papillons. Autre exemple, le saxifrage à fleurs nombreuses, la fleur emblématique du parc, qui ne pousse que dans ces versants.
Au point que la région a été qualifiée de « hotspot », ou point chaud, de la biodiversité. Si les espèces y sont aussi nombreuses, elles sont également particulièrement menacées par l’action de l’homme et vulnérables face au changement climatique. D’où la création du parc national pour les protéger.
Un impact inégal selon les zones
Les conditions climatiques de ces montagnes sont déjà naturellement difficiles, souvent extrêmes, surtout l’hiver et l’été. Mais cette année, la sécheresse a fait des ravages, fragilisant les espèces. "Le manque d’eau l’été est une conséquence directe du manque de neige en hiver", explique Pierre Alengrin, qui s’occupe des pistes d’Isola 2000. Les cours d’eau et le niveau des lacs sont extrêmement bas pour la saison. Un lac a même disparu. "Ça fait 60 ans qu’on n’a pas vu ça, c’est exceptionnel", témoigne Emmanuel Gastaud, chargé de mission au parc national du Mercantour.
Le territoire du Mercantour reste inégalement impacté par la sécheresse, car les averses sont très localisées. Dans la vallée des Merveilles, en altitude, le constat est un peu moins alarmiste. Selon Yann Bonneville, gardien du refuge des Merveilles, la situation s’est améliorée depuis le début de l’été. "On était très inquiets début juin. Mais on a eu de beaux orages cet été en altitude, ce qui nous a sauvé la saison". Les lacs et cours d’eau de la vallée ont pu se remplir, même si les nappes phréatiques restent tout de même basses.
Grenouilles et crapauds en danger de mort
Premiers touchés par cette sécheresse : les crapauds et les grenouilles. "La vraie problématique se pose sur les animaux qui vivent dans les lacs, car leurs espaces de vie sont de fait réduits", explique Emmanuel Gastaud. Privés de nourriture et de lieux pour se reproduire, les batraciens accusent une mortalité assez élevée cette année.
La "grande" faune, comme les chamois, s’adapte. Il reste encore de l’eau pour que les animaux puissent s’abreuver, mais ils doivent parcourir des distances plus grandes. Cela engendre une situation de stress, qui peut être problématique si elle perdure dans le temps.
Côté flore, tout a poussé avec plusieurs semaines d’avance cette année. Les fleurs ne vont pas au bout de leur cycle, car elles ne reçoivent pas suffisamment d’eau, ce qui entrave la reproduction des espèces. Les insectes pollinisateurs souffrent aussi beaucoup du manque d’eau, certains meurent. Les oiseaux ont donc moins à manger. C’est toute la chaîne qui est perturbée.
Eviter le cumul de stress pour les animaux
Que faire alors, pour soulager la biodiversité en cette période de sécheresse exceptionnelle? Pour le parc du Mercantour, il faut à tout prix éviter d’ajouter un stress supplémentaire aux animaux. Et donc inciter les visiteurs à déranger le moins possible la faune.
En saison touristique, la fréquentation des lieux empire le stress. Le parc note un nouveau type de visiteurs qui "n’ont pas forcément les bons codes pour les espaces naturels". Les animaux approchés fuient, et dépensent donc de l’énergie, alors que la sécheresse engendre déjà beaucoup de perte d’énergie pour eux.
"Il faut bien comprendre que ces animaux évoluent dans des conditions extrêmes, même s’ils sont habitués", insiste Emmanuel Gastaud. Alors, on reste sur les sentiers et on ne court pas derrière les chamois pour prendre le cliché parfait. Et on essaie de ne pas faire trop de bruit pour ne pas déranger les animaux qui, ne l’oublions pas, sont chez eux.
[...]
Repenser la gestion de l’eau en montagne
Dorian Guinard insiste: pour protéger la faune et la flore, une bonne gestion de l’eau est capitale. Alors, dans le Mercantour, le parc incite les visiteurs aux gestes simples d’économie. Dans les refuges en particulier, la ressource est précieuse.
Avec la sécheresse, l’approvisionnement en eau y est limité, alors que les refuges en ont besoin pour les repas et les sanitaires. Ainsi, le refuge de la Valmasque a décidé de couper ses douches. Ce n’est pas le seul. Le refuge des Merveilles avait aussi décidé de les couper début juin, mais l’eau étant approvisionnée par un lac, il a pu les remettre en service depuis.
Pour Emmanuel Gastaud, chargé de mission au parc, les visiteurs doivent prendre conscience de cette problématique de l’eau. "L’eau est un bien commun", insiste-il. Face à cette situation exceptionnelle, au lieu d’aller prendre une douche, on opte donc pour une petite toilette ou on saute dans un lac. À Isola 2000, beaucoup d’endroits ne sont plus irrigués et les fontaines ont été coupées ; de même, la micro-centrale, qui produit de l’électricité, ne tourne pas à plein régime. Mais la question de la gestion de l’eau est bien plus large que celle des petits gestes du quotidien.
"Ce n’est pas avec des points d’eau, des petites constructions, qu’on va arriver à combler les carences hydriques", explique Dorian Guinard. Selon lui, c’est tout le modèle économique de la montagne qu’il faut repenser. La neige artificielle, qui nécessite une forte consommation d’eau et engendre la création de retenues collinaires, est particulièrement visée par les associations environnementales.
Or les canons à neige sont de plus en plus prisés par les stations, qui cherchent à pallier le manque de neige en hiver. Une conséquence de la hausse des températures et d’une faible pluviométrie, surtout en basse et moyenne altitude. À Isola 2000, 60 à 70% du domaine skiable est ainsi équipé de canons à neige.