2006 liens privés
Tee-shirt trempé du labeur, visière à casquette sur visage bruni, Loïc Plaud marque une petite pause à l’ombre, tandis que son père Philippe se charge des nouveaux clients. Complices comme des mulots de campagne, ces deux-là. Mais le papa de La ferme de papa, l’exploitation agricole qui vient d’ouvrir le long du chemin de la Levade à La Roquette, c’est bien lui. Un ancien chef de 32 ans, qui a soudain troqué le couteau pour la bêche. Et qui a décidé de prendre la clé des champs, afin d’être plus présent pour ses enfants.
Je suis resté en cuisine durant onze ans, à bourlinguer aux Caraïbes, à Courchevel, à Lyon, à Cannes, au Cannet, confirme ce natif de Grasse. Et puis il y a eu la Covid, et j’ai ressenti le besoin de changer de cycle, pour aller voir un peu ce qui se passe côté culture."
Côté nature aussi, puisque cet amoureux de la terre pouvait parfois se sentir un peu à l’étroit entre les quatre murs d’une cuisine plutôt qu’au grand air. "Quand tu vis ici, comment ne pas l’aimer?"
100% bio et amour
C’est sur un terrain de la famille Mul, en location, que Loïc a planté les premières graines de sa reconversion. Sur plus d’un hectare déboisé, poussent diverses variétés de tomates, de courgettes, d’aubergines, de salades, des haricots verts, des herbes aromatiques, des melons. Et même des fleurs, sur le fumier de cheval et le crottin de mouton!
"Les fleurs permettent de conserver ces insectes auxiliaires, tels les coccinelles, qui m’aident à éliminer les nuisibles", justifie celui qui ne s’est pas lancé dans ce projet… la fleur au râteau, mais a perfectionné son savoir en permaculture avec un CAP au lycée horticole d’Antibes, puis un Brevet pro d’exploitant agricole, avec deux ans d’apprentissage à la ferme Brès de Vallauris.
Je suis passionné de biodiversité et je pratique le maraîchage sur un sol vivant, qui préserve la faune terrestre, revendique ce militant convaincu du zéro pesticide, mais du « 100% amour".
Lui qui, jadis aux fourneaux, aimait transformer le produit par sa technique gastronomique, la met désormais au service d’une agriculture la plus naturelle possible. "L’idée est de créer des barrières végétales entre chaque famille de plantation, et d’éviter la monoculture".
Paniers à composer
Bien sûr, de temps en temps, quelques chenilles viennent "noircir le cul des tomates" ou des pies voleuses grappillent la variété cerise, "mais, dans l’ensemble, je parviens à maîtriser la production, avec des fruits et légumes qui retrouvent le goût d’antan".
Les clients, déjà nombreux à s’arrêter, ne s’y trompent pas, qui repartent les bras chargés de paniers, à 15 ou 20 euros.
L’entreprise, qui a d’abord éclos comme de l’herbe un peu folle, se structure au fur et à mesure.
"Je viens de recevoir ma balance, pour faire les choses plus cadrées", sourit Loïc.
Sur le site Internet, on peut désormais composer et commander son panier, avant de venir le chercher ou de se le faire livrer les mardis et vendredis. Et le mercredi matin, ce sera bientôt jour de marché, avec un étal de la Ferme, mais aussi des produits locaux (miel, viandes, confitures), "parce que je suis un épicurien", souligne celui qui envisage aussi de faire table d’hôtes et régaler ses convives avec ses propres produits un jour.
En attendant, ce sont les beaux dessins de ses deux filles chéries qui ornent la tente de vente, avant l’arrivée d’un petit frère, attendu en novembre prochain.
Histoire de souligner qu’au-delà du bio, la ferme de papa cultive aussi l’esprit de famille…
Savoir +
La Ferme de Papa, 610 chemin de la Levade à La Roquette-sur-Siagne. Vente-Livraison: Philippe PLaud, 07.82.24.79.36; Loïc Plaud: 07.49.91.16.63.; Instagram: la_ferme_de_papa
Djenane avait 6 mois quand sa maman l’a emmenée pour la première fois à Nice en vacances. Elles viennent chaque année depuis. Installées sous leur parasol sur la plage de Carras, mère et fille ont remarqué, comme beaucoup, que la température de la mer a augmenté.
"Avant, on prenait le temps d’entrer dans l’eau. Maintenant, on peut y aller d’un coup. Elle est beaucoup plus chaude par rapport aux années précédentes", constate Djenane.
Selon les données récoltées ce lundi 5 août par la bouée située à l’entrée de la rade à Villefranche-sur-Mer, la température de l’eau s’est élevée à 29,1°C. Habituellement, on atteint 27,5°C au pic de l’été. "C’est quand même inquiétant ces températures. Cela doit avoir un impact sur les poissons", s’inquiète Djenane.
La jeune fille de 19 ans a bien raison de se faire du souci. La mer Méditerranée vit actuellement une canicule marine ou vague de chaleur marine. Ce même phénomène s’était produit en 2022. "On avait enregistré 29,2°C à Villefranche. C’était exceptionnel en intensité mais aussi en durée puisque cela avait persisté 133 jours ", détaille Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche (CNRS-Sorbonne université) au Laboratoire d’océanographie de Villefranche.
3 ou 4 degrés au-dessus des normales
En 2023, des variations assez importantes ont été enregistrées avec des pics très chauds suivis de pics très froids. "Ce n’est pas forcément bon non plus. Les écosystèmes préfèrent des variations assez douces", commente Thibault Guinaldo, chercheur en océanographie au Centre national de recherche météorologique (Météo France – CNRS).
Depuis le 15 juillet, nous sommes à 3-4 degrés au-dessus des normales de saison avec une canicule marine qui est classée comme "forte" (2e catégorie sur 4) depuis le 25 juillet.
Ce qui se passe actuellement n’est "pas une surprise" et "avait été anticipé dans un rapport du GIEC paru en 2019", explique Jean-Pierre Gattuso. Malheureusement, la répétition de ces canicules, qui étaient inhabituelles jusqu’ici, pourrait devenir la norme. De nombreux scientifiques pensent que la Méditerranée va "se tropicaliser".
Des espèces décimées
Ces vagues de chaleur marine entraînent des migrations d’espèces. Elles viennent soit de l’Atlantique tropicale par le Détroit de Gibraltar, soit via le Canal de Suez.
On estime à plus de 1.000 le nombre d’espèces passées de la Mer Rouge à la Méditerranée. "Auparavant, elles ne pouvaient pas survivre mais l’augmentation progressive des températures leur permet de s’installer", détaille Jean-Pierre Gattuso.
La pêche et le tourisme menacés?
Toutes les espèces ne posent pas de problème évidemment mais elles entrent parfois en compétition avec des espèces natives et les forcent à se déplacer. Le poisson-lapin, par exemple. Le risque, c’est que les espèces déplacées disparaissent si elles n’arrivent pas à se rendre vers le Nord.
Les canicules marines, appelées aussi "incendies sous-marins", affectent également les animaux comme les gorgones. En 2022, 10% d’entre elles ont été décimées (voir encadré ci-dessous). Ces changements pourraient à long terme affecter les activités de la pêche, mais aussi le tourisme. "Si les sites de plongée par exemple sont dégradés, il y aura de moins en moins de monde pour venir les voir", estime Jean-Pierre Gattuso.
De plus en plus d’épisodes méditerranéens?
Et sur terre? Quelles conséquences? Le "carburant" des orages étant la température de la surface de la mer, on peut se demander si on doit s’attendre à de plus en plus d’épisodes méditerranéens. "Ces épisodes trouvent leur développement dans les conditions atmosphériques. La température de la mer, si elle reste élevée, apportera du 'carburant' à ces événements qui seront alors plus intenses", estime Thibault Guinaldo.
En contemplant la mer, Samia et Djenane se disent surtout qu’elles seraient très tristes si cette région qu’elles aiment tant changeait. Et de conclure: "On a l’obligation de faire quelque chose". Pour cela, il n’y a qu’un seul moyen: diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.
"Des méduses au mois de décembre, je n’ai jamais vu ça de ma vie"
Pendant la canicule marine de 2022, 80% des colonies de gorgones situées jusqu’à 20mètres de profondeur ont été impactées. 10% ont été décimées. "Si cette situation se répète en 2024, leur nombre va forcément diminuer", anticipe Jean-Pierre Gattuso, qui précise qu’il faut 15 ou 20 ans à cet animal marin pour se reconstituer.
Les oursins ont aussi été particulièrement affectés. Pour le moment, il n’y a heureusement pas encore eu de descriptions d’espèces qui se soient éteintes.
Un parallèle avec les feux de forêt
Durant l’épisode de 2022, la couche à 30mètres de profondeur a été exposée pour la première fois à des températures de 25°C.
"Les eaux profondes deviennent tellement chaudes qu’on en arrive à voir des méduses en décembre. Je n’ai jamais vu ça de toute ma vie et en plus, il est probable que ça se reproduise cette année", déplore Roland Séférian, chercheur au Centre national de recherche météorologique.
Pour les spécialistes, il faudrait regarder ces "incendies sous-marins" avec autant d’inquiétude que pour les feux de forêt.
Quel est le problème? Une myriade de bateaux se concentrent l'été le long des côtes des Alpes-Maritimes et du Var. Or plus d'¼ des plaisanciers jettent leur ancre dans les herbiers de posidonie, plante protégée. Ces mouillages dévastent ces forêts sous-marines, véritable poumon de la Méditerranée.
Une application pour mouiller dans le sable
Pour préserver la posidonie, Andromède Océanologie a créé en 2013 l'application Donia, en partenariat avec l'Agence de l'eau.
L'objectif de cette application gratuite: aider les plaisanciers à ancrer dans le sable et donc en dehors des herbiers (posidonie, cymodocée, zostère) et des récifs coralligènes.
"Toute la façade méditerranéenne française est cartographiée, une partie en Italie et en Espagne avec les Baléares. On met à jour les zones impactées", explique Jo-Ann Schies, chargé de mission pour Andromède Océanologie.
Sur son smartphone, elle affiche les cartes où apparaissent en vert les herbiers, puis elle zoome pour montrer les dégâts causés par les ancres. Des traits beiges zèbrent les zones d'herbiers, et des secteurs entiers en beiges indiquent la "matte morte". "La matte c'est l'ensemble des rhizomes (tiges) de la posidonie. Elle séquestre le carbone, qui est ainsi piégé pendant des dizaines, centaines, milliers d'années. Or quand on détruit les herbiers, on libère ce C02", explique Jo-Ann Schies.
Comment ça marche?
Il suffit de télécharger l'application gratuitement sur les stores Android https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.donia.app&hl=fr ou Apple https://apps.apple.com/fr/app/donia/id751225905. Puis d'afficher les cartes et de choisir le secteur où l'on prévoit de mouiller.
"On zoome pour aller chercher la tâche de sable où jeter son ancre."
L'application est disponible en français, anglais, italien et espagnol.
Spots de plongée, météo… sont aussi proposés sur l'application. "Il y a toute une partie communautaire, de partage d'informations", note Jo-Ann Schies.
Quels résultats?
Plus de 10 ans après sa mise en service, Donia compte aujourd'hui plus de 65.000 utilisateurs. "On a pu comparer les zones d'ancrage de ceux qui utilisent l'application et de ceux qui ne l'ont pas. Et on observe un meilleur comportement chez les personnes qui se servent de Donia."
De plus, les informations collectées permettent de mieux comprendre comment protéger ces zones. "Elles ont aidé à de nouvelles réglementations comme celle de 2019: les yachts de plus de 24 mètres n'ont plus le droit d'ancrer trop près de la Côte", souligne Jo-Ann Schies.
Donia morring a été mis en place afin de permettre aux yachts de 24 à 70 mètres, via l'application, de réserver une bouée d'amarrage, dans des zones où ils ont l'interdiction d'ancrer.
"Ceux qui l'utilisent paient ce service. La bouée est assez innovante: l'ancrage au fond, fait une espèce d'araignée en acier avec 8 bras qui va en profondeur, ce qui évite une pression sur le sédiment, et résiste à une traction d'un yacht de 70 m."
Dix bouées ont ainsi été installées à Beaulieu, Villefranche-sur-mer et Golfe Juan
A 61 ans, Françoise Loquès est une docteure en biologie marine passionnée. Et passionnante. Formée sur les bancs de l’Université de Nice dans les années 1980, elle n’a depuis cessé de mettre sa réflexion et sa méthodologie au service de la Méditerranée. Impact des micro-plastiques, des rejets médicamenteux, du surtourisme, de la culture aquacole… Inlassablement, la scientifique interroge, dissèque, étaye les menaces qui guettent nos rivages.
Palmes au pied prête à plonger, moulinet en main ou lames de scalpel au bout des doigts sur une paillasse de labo… D’apparence discrète, cette femme brillante, souvent surnommée "le couteau suisse", a aussi su s’imposer avec force dans le monde très masculin de la science. Nous l’avons rencontrée à Nice Ouest, dans la maison du quartier de Carras où elle vit… et a vu le jour. Dans cet îlot de quiétude, jadis entouré de champs, aujourd’hui cerné d'immeubles, elle cultive son jardin - bio - et ses travaux pour un futur moins destructeur du vivant.
Le déclic
A Carras, Françoise Loques grandit avec la mer comme terrain de jeu. Les soirées sur la plage à jouer en famille, les baignades… ont façonné l’enfance de cette Niçoise. Mais c’est un souvenir plus traumatique qui constitue sans doute la première pierre de son engagement au service de la Méditerranée.
"J’étais petite, je nageais là, en face, à Carras quand j’ai été prise dans une grosse vague, sans plus savoir comment en sortir. Depuis, le côté tempétueux de la mer me fait peur, sa force… Trouvant cet élément un peu dangereux, aller expliquer ce qui s’y passe m’a sans doute semblé important", analyse-t-elle à posteriori.
Éprise de nature, la voilà plus tard embarquée dans un cursus de physiologie végétale à bachoter les hormones contenues dans les plantes, le processus qui amène les feuilles à rejoindre le sol à l’automne, les fruits à s’y écraser quand ils sont trop mûrs. C’est là, dans un couloir de l’université de Nice, qu’elle croise, au milieu des années 80, la route du professeur Alexandre Meinesz. "Une thèse sur la posidonie, ça vous intéresse?", lui lance le biologiste marin, réputé comme l’un des meilleurs spécialistes azuréens de la Méditerranée. Le début de son odyssée sous-marine…
"Lors d'une plongée mémorable en Corse, elle a bossé jusqu'au bout de ses forces. Elle avait déjà une grande endurance", Alexandre Meinesz, professeur en biologie marine qui l'a côtoyée étudiante
"Je l’ai lancé sur l'étude des petites plantes à fleurs marines, se souvient volontiers le professeur, aujourd’hui émérite. La posidonie était la plus connue. Françoise Loquès a découvert, au fil de ses recherches dans notre labo, que d’autres ne germaient que quand la salinité de l’eau était faible, dans les zones d’arrivée d’eau douce", retrace-t-il. 40 ans après, il se souvient encore de cette étudiante très opiniâtre. Et d’une plongée "mémorable" en Corse, pour replanter de la posidonie, ce poumon de la mer qui séquestre le carbone en plus d’abriter une riche biodiversité.
"C’était la fin de l’automne, la mer était mauvaise, l'eau froide. Elle a bossé jusqu'au bout de ses forces, on l’a récupérée complètement affaiblie mais elle a tenu jusqu’au bout. Elle avait déjà une grande endurance", salue-t-il.
L’action
Dans le monde masculin des labos de recherche, Françoise Loquès se fraie son chemin. "Je suis un peu féministe et c’était un milieu très macho! J’ai eu des réflexions pas très agréables à mes débuts. Je me rappelle de porter mon matériel et de m’entendre dire: 'retourne à tes cuisines'. Ce genre de remarques qui vous donnent encore un peu plus de pêche."
Pas revancharde pour autant, la Niçoise garde pour fil conducteur de sa carrière sa curiosité insatiable. Son but: être utile, toujours, à la compréhension de cette mer qui la fascine, pour mieux la protéger. Experte en cheffe au sein du Conseil scientifique des îles de Lérins, qu’elle rejoint dans les années 1990, elle mène des études d’impact en amont, pendant et en aval d’aménagements côtiers, veille, évalue, conseille aussi la ville de Cannes sur le réensablement des plages, la mise en place de l’éco-musée sous-marin…
"Dans les eaux polluées, on retrouve notamment la présence de nos détergeants"
Vite, un dénominateur commun à ses travaux se dessine: l’impact de l’homme sur l’environnement. A travers, notamment, les rejets en mer des stations d’épuration. "Au sein du conseil scientifique, on a, par exemple, étudié les effets des embruns sur la végétation. Dans les eaux polluées, on retrouve notamment la présence de nos détergents, qui ont la capacité de dégrader les graisses. Au contact de la cuticule des feuilles des plantes, qui est une couche de lipides, ils vont l'abîmer, qui plus est avec l’effet combiné du sel. Aux îles de Lérins, sur 4 points d’analyses sur le rivage, la végétation était comme brûlée", détaille-t-elle.
Niçoise, Françoise Loquès habite à Carras, dans la maison de famille qui l'a vue naître. Photo Franck Fernandes.
"J'ai trouvé jusqu'à une quarantaine de microfilaments de plastique par moule, un problème de sécurité sanitaire"
C’est aussi elle qui met au jour la présence de microplastiques dans les sédiments et les organismes vivants de nos côtes. Pour cela, la voilà plongeant par 12 m de fond pour y déposer des cages de moules, destinées à nourrir ses analyses. "Mes rats de laboratoire", sourit-elle. Ainsi, elle révèle une contamination notable aux microfilaments en polyester, issus des vêtements synthétiques lavés en machine… "En 2021, j’ai trouvé jusqu’à une quarantaine de microfilaments par moule, un problème de sécurité sanitaire", met-elle en garde.
En parallèle, l’insatiable sentinelle, pêche au lamparo des poissons pour explorer une autre piste : la présence éventuelle de médicaments dans la mer et ses habitants. Une fois encore, seul un travail scientifique rigoureux le dira.
De 2018 à 2022, la scientifique bataille pour décrocher des financements indispensables à l’analyse des quelques 200 prélèvements qu’elle fait dans l’espace de dilution des rejets des stations d’épuration de Vallauris Golfe-Juan et de Cannes: eau, sédiments, foies et muscles de poissons, moules.
Verdict: des poissons de nos rivages contiennent bien… des anti-inflammatoires. La lanceuse d’alerte va alors plus loin et rédige un guide gratuit pour sensibiliser le grand public, le diffuse, le défend dans des conférences, des colloques de médecin pour inciter à des prescriptions plus responsables.
Et maintenant?
Vaillante, Françoise Loquès sait aller au bout de ses engagements. Et en reconnaître les difficultés. "Pour mes travaux sur les médicaments, je me suis heurtée au refus de financement de collectivités locales. Soutenir des études contres productives pour l’image de marque du territoire n'intéresse souvent pas…", pose-t-elle. Qu’importe, elle continue.
Depuis 2023, la scientifique a quitté le Conseil scientifique des îles de Lérins, monté Mission bleue, son cabinet de conseil en environnement. Avec pour unique objectif d’éclairer la société, les comportements.
"Je suis affolée par les crèmes solaires, un vrai poison. Quand vous voyez le film lipidique à la surface de l’eau les fins de journées d’été à la plage, évidemment que ça inhibe la photosynthèse!", lance-t-elle. Les fartage des skis la questionnent aussi. "Quand la neige fond, l’eau va dans les nappes phréatiques. Quels effets ont ces matières-là sur la nature?"
Autant de problématiques à explorer méthodiquement. A condition de trouver des financements. "Politiquement pour l’instant, je sens qu’il faut taire certains sujets. Mais la politique de l'autruche n’a pas de sens car elle oblige à traiter les problèmes dans l’urgence plutôt que de les anticiper", prévient-elle.
Passionnée de nature, elle randonne ou cultive son jardin - sans pesticides - quand elle n'est pas sur le terrain. Photo Franck Fernandes.
Mère de deux grands enfants, à qui elle expliquait, petits, "les atomes, les protons" à grand renfort de dessins tracés sur la plage, Françoise Loquès trouve satisfaction dans cette idée: "c’est pour la jeunesse que je fais tout ça."
Alors quand elle n’est pas en train de mener ses expériences, la voilà animant des conférences*, vulgarisant inlassablement. Le reste du temps? Vous la croiserez peut-être sur les sentiers de randonnée de l’arrière-pays ou sillonnant la côte à vélo. Avec toujours un œil sur la mer.
*Ce mardi 9 avril 2024, à 9 heures, conférence "La Méditerranée, ses richesses et ses menaces", par Françoise Loquès, espace Laure Ecard, quartier Saint-Roch à Nice. Plus d’infos ici. https://unia.fr/emploi-du-temps/
Retenir l’eau à l’heure des sécheresses à répétition, capturer du CO2, stocker des nutriments essentiels à la croissance des plantes, résister aux épisodes extrêmes provoqués par le changement climatique… Autant de missions cruciales que peuvent assurer les sols. S’ils sont en bonne santé.
Dans le Var, à La Londe-les-Maures, les viticulteurs chevronnés du domaine de Figuière, bio depuis 1979 (un an avant qu’une loi d’orientation agricole ne reconnaisse ce modèle sans produits chimiques), l’ont compris depuis longtemps. Au sein de ce domaine familial, il n’y a pas que l’une des prestigieuses cuvées de rosé AOC Côte de Provence, baptisée "Pionnière" qui peut se prévaloir du qualificatif.
"Mon père disait toujours que, agronomiquement, ces sols ne valent pas un coup de cidre", François Combard, directeur d’exploitation du domaine de Figuière
Directeur d’exploitation, François Combard a fait de ces terres, reprises avec ses sœurs à la mort de leur père en 2015, le terrain de multiples expérimentations, partageant toutes le même but: rendre les sols plus résilients et fertiles.
"Mon père disait toujours que, agronomiquement, ces sols ne valent pas un coup de cidre. Le massif des Maures, ce sont des terres de schiste, on y trouve la plus grande forêt de chênes lièges de France [métropolitaine], des arbres qui ne poussent que sur des sols acides, sans calcium ni argile de qualité, détaille le vigneron. Les terres de la région sont pauvres. Avec le chef de culture, on essaye de mettre en place des techniques pour les enrichir."
Une ferme pour reproduire… des lombrics
"Le graal pour des sols en bonne santé, c’est d’y voir des vers de terre." C’est sur ce constat qu’il y a 7 ans, François Combard s’est lancé dans un drôle d’élevage… de lombrics. Dans des caisses de 6 m par 6 m, remplies de terre et de matière organique, lui et ses équipes ont ainsi rapidement vu apparaître des vers en surface. "On les a nourris pendant 1 an, puis mis sur une parcelle et on s'est dit: on va voir ce qu’on va voir", retrace François Combard.
Pour consolider ces recherches empiriques, le vigneron s’adjoint les services d’Yvan Capowiez, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) d’Avignon, au sein d’une équipe en pointe sur l’étude des précieux asticots.
"Les vers de terre sont des architectes des sols. Sans eux, et d’autres petits organismes microscopiques, ils ne seraient pas fertiles", nous expliquait récemment Céline Pelosi, chercheuse au sein de cette équipe. Ces derniers jouent, en effet, un rôle crucial de mini-laboureurs, digèrent la matière organique puis en restituent les nutriments dans la terre, aident aussi à retenir l’eau via le réseau de galeries qu’ils creusent.
"Quand la température dépasse les 28°C, les vers de terre descendent dans les profondeurs et ne bougent plus", François Combard, domaine de Figuière
Quels résultats? Sur les conseils des chercheurs, le domaine varois a mesuré l’efficacité de l’apport de lombrics sur la vigne en réalisant de nombreux "tests bêche" sur une parcelle d’1m². Il s’agit de prélever de petits cubes de terre et de compter un à un les vers à l’intérieur. "Cela n’a pas vraiment été probant. En fait, on s’est rendu compte que, dans des sols pauvres, qui plus est exposés à la chaleur, les vers de terre ne pouvaient pas survivre. Quand la température au sol dépasse les 28°C, les lombrics descendent dans les profondeurs et ne bougent plus", détaille François Combard, qui avait déversé 100 kilos d'asticots dans une parcelle test il y a 7 ans. Mais pas question pour lui d’en rester là…
Du seigle pour aérer les sols et en limiter l’érosion
"On s’est intéressé à ce qui correspondait le mieux aux vers de terre et on s’est aperçu que l’enherbement jouait un grand rôle", poursuit le viticulteur. A Figuière, les vaillants explorateurs du vivant misent ainsi depuis 5 ans sur un "enherbement maîtrisé": semer des espèces végétales précises entre les pieds de vignes, plutôt que de laisser les herbes pousser au petit bonheur la chance.
"On a opté pour du seigle, une céréale qui va se lignifier, c’est-à-dire se transformer en paille en se décomposant et apporter ainsi une texture au sol, ajoute François Combard. Son système racinaire a aussi de la puissance, il se développe sur 50 cm de profondeur et permet à l’eau de s'infiltrer."
Une fois de plus, les équipes de Figuière plantent et prennent le temps d’observer la nature faire son œuvre.
"Chez nous, les parcelles non irriguées ont une résistance plus importante à la sécheresse", François Combard, domaine de Figuière
Quels résultats? Les vers de terre, ambassadeurs des sols vivants, ont, là encore, donné le tempo. "On s’est aperçu qu’on en trouvait beaucoup là où on avait planté le seigle, on s’en sert désormais sur les plants les plus faiblards, pour les booster", explique François Combard. Sa recette: "Laisser pousser jusqu’à ce que l’épi fleurisse. Puis, comme c’est une plante annuelle, elle meurt et, en mai, on forme un couvert de paille pour le sol en pliant ses brins. Il crée de l’ombre et une zone humide où l’évaporation se condense, permettant à de nombreux insectes et microorganismes de se développer", détaille le vigneron avec une précision d’ingénieur agronome.
Autre atout collatéral: les racines profondes de la céréale ont considérablement aéré les terres du domaine. "En cas de grosses pluies, elles résistent nettement mieux à l’érosion, car l'eau ne ruisselle pas mais s’infiltre. De plus, la matière organique retient 6 fois son volume d’eau, donc les parcelles non irriguées chez nous ont une résistance plus importante à la sécheresse", ajoute-t-il.
"Se contenter de déverser des vers n’est en effet pas suffisant. Ce qu’il faut, c’est en effet améliorer le gîte et le couvert pour qu’ils puissent vivre durablement dans les sols et y jouer leur rôle", confirme Lucas Petit dit Grézériat, doctorant au sein de l’équipe avignonnaise de l’Inrae, sur le point de boucler une thèse de 5 ans sur l’apport des lombrics sur les sols viticoles.
Des légumineuses comme engrais azoté 100% naturel
Sur ce domaine précurseur en agriculture biologique, l’enjeu, c’est aussi d’enrichir des sols naturellement pauvres… sans utiliser de produits phytosanitaires. Pour cela, les Combard ne sont pas à court d’idées. Entre les rangées de vignes, un nouveau test a ainsi été mené: "semer de la vesce, une légumineuse qui va fixer l’azote de l’atmosphère puis la libérer dans les sols et faire office d’engrais naturel", explique le vigneron. Depuis, 28% de la surface du domaine en est recouverte.
"L’Homme doit encore découvrir les grands fonds marins, mais dans les sols aussi, on en n'est qu'aux balbutiements!", François Combard, domaine de Figuière
Quels résultats? Pour le savoir, pas de place au hasard. Les Varois ont opté pour un test MERCI, une méthode méticuleuse développée en 2010 par la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine pour mesurer dans les champs l’apport en éléments minéraux de ces "cultures intermédiaires".
A Figuière, "on a coupé la vesce sur un m² et puis pesé et analysé la récolte. Résultat: la vesce permet d’avoir 14 unités d’azote par hectare, plus de la moitié des besoins de la vigne. C’est top!", se réjouit François Combard. Après 5 ans d’enherbement maîtrisé, le PH des sols, naturellement acides, du domaine est aussi en train de remonter. Et les Combard, dont de nombreux crus sont primés, ne comptent pas se reposer sur leurs lauriers.
"On testera de nouvelles techniques, c’est certain", glisse François, à la curiosité piquée par la mycorhization, l’utilisation de champignons microscopiques pour permettre aux racines de la vigne de s’ancrer plus profondément encore dans la terre. "L’Homme doit encore découvrir les grands fonds marins, mais dans les sols aussi, on en n'est qu'aux balbutiements!"
Des chèvres, des ânes, des poules. Mais aussi des stands de sensibilisation à l’importance des abeilles ou encore de prise de conscience du recyclage des déchets, en passant par des créations végétales et originales…
La journée "Cannes Champêtre", organisée, hier, dans la basse vallée de la Siagne a rencontré un succès légitime. De nombreuses familles ont en effet fait le déplacement et ont pu être sensibilisées aux différents enjeux environnementaux.
L’occasion parfaite de faire prendre d’ores et déjà conscience aux plus jeunes de la valeur et de l’importance de la nature. " Ce que nous souhaitons, c’est éveiller les enfants à tout ce qui les touchera plus tard, confirme Violette Pessi, de l’association Graines de Fermiers. Découvrir l’environnement leur permettra de l’aimer et de le protéger, c’est un enjeu non négligeable ".
Une éducation ludique
Et pour ce faire, les professionnels et bénévoles possèdent plusieurs cordes à leur arc. "Nous réalisons une éducation à l’environnement par des jeux, confie Coralie, du stand tenu par Cannes Pays de Lérins. En faisant en sorte que les enfants soient sensibilisés tôt aux enjeux environnementaux, ils seront dans l’affect et dans l’émotion, et pourront même inciter leurs parents à l’être aussi."
Tri des déchets, responsabilité en termes de gaspillage, connaissance des animaux et de la nature… C’est d’ailleurs dès l’école que l’enfant acquiert les gestes et les connaissances justes.
"De nombreuses écoles à Cannes réalisent d’ailleurs le tri des déchets, avec les déchets alimentaires, recyclables, etc., reprend l’animatrice. Les enfants comprennent que c’est important et leurs gestes deviennent une habitude."
Montrer l’exemple
Quid des parents? "La base de l’éducation à l’environnement est de le faire soi-même et de montrer l’exemple, insiste Cathy Cuby qui, depuis 25 ans, initie petits et grands aux enjeux naturels, réalisant des créations basées sur le recyclage d’éléments végétaux et de matières naturelles. Lorsque l’enfant grandit dans un environnement qu’il connaît, la suite est tout de suite plus facile."
Si, au fil du temps, de nombreux liens avec la nature ont été rompus, la tendance s’inverse enfin avec une prise de conscience politique et sociétale.
"Par exemple, nous ne marchons plus pieds nus, c’est un fait, reprend l’artiste. Mais il ne faut pas oublier que notre vraie nature est de vivre en symbiose avec la nature. Si l’on explique aux enfants l’importance des arbres, des petits insectes et de tout ce qui se trouve autour de nous, nous aurons fait un grand pas. Et, il faut le dire, les enfants s’émerveillent lorsqu’on leur explique tout cela! Nous devons éduquer les plus jeunes et les sensibiliser à la nature."
Ce dimanche, la mission de sensibilisation a été réalisée avec brio.
Des plantes qui entretiennent de bonnes relations de voisinage... pour mieux résister aux maladies.
Des chercheurs d’INRAE, de l’Institut Agro Montpellier, du Cirad, du CNRS et de la Yunnan Agricultural University (Chine) ont découvert une forme d’immunité sociale chez les plantes.
En effet, les plantes entretiendraient un dialogue entre elles et avec leurs voisines de la même espèce pour se transmettre des informations sur leur environnement.
Des résultats qui intéressent particulièrement le monde agricole pour ce qu'ils ouvriraient la voie à de nouvelles perspectives dans l'amélioration de la résistance des plantes aux maladies et la réduction de l’usage des pesticides.
Car réduire l’usage des pesticides est l'enjeu majeur de l’agriculture d'aujourd'hui.
Les chercheurs avaient observé qu'un mélange de variétés était un des outils permettant que cette collaboration entre les plantes soit optimum. Certains mélanges ont mêmes déjà été repérés parce qu'ils réduisent les épidémies en limitant le passage des maladies d’une plante à l’autre.
Des tests concluants
L'INRAE indique que pour comprendre les effets de ces interactions entre variétés, les chercheurs ont étudié, en conditions contrôlées, plus de 200 paires qui associaient 2 variétés de riz ou 2 variétés de blé. Ils ont infecté manuellement chacune de ces paires par des champignons pathogènes s’attaquant aux feuilles et ont ensuite analysé la sensibilité des plantes à la maladie selon qu’elles poussaient avec une plante identique ou une voisine d’une variété différente.
Les résultats ont montré que dans 10 % des paires étudiées, le voisinage d’une plante affecte sa sensibilité à la maladie. Les scientifiques ont ainsi constaté que certaines associations réduisent de près de 90 % la sensibilité à la maladie de la plante infectée.
Cela signifie que la sensibilité aux maladies des deux céréales majeures que sont le riz et le blé n’est pas seulement conditionnée par des gènes de résistances que possède chaque variété, mais également d’un dialogue que chaque plante établit avec ses voisines.
Autrement dit, on assiste chez ces 2 céréales à une forme de coopération à l’échelle d’une population. Il pourrait s’agir d’une forme de régulation de l’« immunité collective » comme il en existe chez les animaux.
Dans certains cas cette coopération entre plantes réduit autant les niveaux de sensibilité à la maladie que les gènes de la plante elle-même.
Il existe donc un très fort potentiel d’amélioration de la résistance au-delà de l’amélioration variétale
Nom anglais : Common StarlingNom scientifique : Sturnus vulgarisFamille : Sturnidae
Dans les hautes Pyrénées, juin 2024 Il me semble que c'était cet oiseau qui faisait un chant très particulier
Gazouillis - bisou - gazouillis
Il y a du neuf, sur le front de la posidonie. Et les nouvelles sont bonnes. "Je ne pensais pas que je verrai ça un jour. Après des années de perte, les herbiers sont en meilleure santé."
En tant qu’expert mer, Pierre Boissery a toujours soutenu que les actions de protection permettent de changer la donne.
Cette embellie exauce les efforts, conforte la démarche scientifique et valide l’efficacité de la réglementation. Celle-ci repose sur les poursuites judiciaires, qui peuvent être engagées en cas d’infraction caractérisée.
Ce vendredi, le tribunal de Marseille va se prononcer sur une destruction de posidonie au large du Var et des Alpes-Maritimes. Le skipper du bateau a déjà été condamné, il reste à connaître le montant du préjudice écologique.
Spécialiste des eaux côtières en Méditerranée, au sein de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, Pierre Boissery le martèle: on a raison de persévérer.
Comment se portent les herbiers de posidonie?
On a une cartographie précise des herbiers de posidonie, qu’on met à jour tous les trois ans. Les derniers chiffres n’ont pas encore été publiés. C’est un scoop: on a presque 300 hectares d’herbiers, exactement 287 hectares, qui ont repris dans des endroits où on pensait que l’herbier était mort.
Des herbiers qui ont grandi?
Non, ce sont des endroits où l’herbier avait disparu, où la matte morte était couverte par du sable. On se retrouve avec une forme particulière de pousse d’herbiers, qu’on ne connaissait pas. Ce sont des îlots ronds, qui grandissent. Il y en a partout en Région Sud, aussi en Occitanie. Chaque fois qu’on a mis à jour des cartes, on a trouvé de nouvelles observations. Je suis complètement surpris, c’est une forme de repousse qui n’avait jamais été décrite.
Comment cela s’explique-t-il?
C’est le résultat d’un travail engagé il y a 40 ans. D’abord, on corrèle ces repousses à l’amélioration de la qualité de l’eau. Historiquement, la première cause de destruction des herbiers était la pollution. Cette cause-là a disparu avec la mise en place de l’assainissement dans les stations d’épuration. La deuxième cause était la destruction du littoral. En 1986, la loi littoral a permis d’agir.
Pourquoi la plaisance est-elle devenue un tel problème?
Il y a une dizaine d’années, on a vu la montée en puissance du yachting et de bateaux de plus de 20m. On s’est rendu compte à quel point les mouillages détruisent l’herbier. La préfecture maritime a tenu à la bonne application de la réglementation, malgré les avis négatifs. On régule une activité, comme on l’a fait pour la pollution. D’abord lutter contre les gros foyers, ensuite les moyens, puis les petits, si c’est nécessaire.
Donc, la réglementation est efficace?
En deux étés, on a freiné de manière très significative les mouillages dans les herbiers [pour les bateaux au-dessus de 24m, parfois 20m]. Je ne connais pas d’autre action écologique aussi efficace. Il reste les 5 à 10% de gens qui ne respectent pas la loi. En matière d’écologie, on a besoin de bonnes lois et puis d’appliquer ces lois. Si un privé détruit un capital commun, c’est le bon sens qu’il participe à le réparer. La loi de protection de la nature [de 2016] évoque le principe de "destructeur-réparateur".
Comment s’estime la "valeur" d’un herbier?
Stockage de carbone, protection des plages, croissance des poissons… On arrive à peu près à une évaluation de 600.000 euros par hectare. Autre mode de calcul, basé sur ce que coûte un plongeur sous l’eau qui ramasse des feuilles de posidonie et les repique. En France, il va falloir travailler encore sur la notion de préjudice écologique. Déjà, condamner celui qui a détruit l’herbier, par principe, je trouve ça très bien. Mais je précise que quel que soit l’argent qu’on met, on ne trouvera pas l’équivalent à un herbier détruit.
La répression est nécessaire?
Quand on réfléchit un peu, ça fait 40 ans qu’on fait des notes, de la sensibilisation, des plaquettes… On a continué à perdre de l’herbier. Là, autour d’une réglementation qui se renforce et qui est appliquée, on annule 90% des atteintes, en deux étés. Cela nous interpelle beaucoup sur ce qui est efficace
Qui sont-ils? Nicolas Thomas, Niçois de 28 ans, et Martin Belz, 26 ans, originaire de Puget-Rostang dans le haut-pays niçois, sont designers en innovation durable. Ils se sont rencontrés sur les bancs de la Besign school of design à Cagnes-sur-mer et ont créé "Mauvaise herbe studio" qui va commer
Ensemble pour des espaces verts encore plus verts 🌱 : Mougins ville pilote !
"Regardez, ils sont ici!" Depuis la terrasse de sa maison, en balcon sur la route de la tête de chien à La Turbie, il désigne avec fierté 4 majestueux pins.
Là où ne poussaient que des herbes folles sur un sol calcaire, Roger Cotton, 85 ans, a enfoui des pignons. C'était il y a 32 ans.
Le temps s'est écoulé et ils ont poussé. Aujourd'hui hauts de plus d'une quinzaine de mètres, ils bordent la route à hauteur de l'entrée du parking de la piscine.
Comme le héros de Jean Giono du livre "L'homme qui plantait des arbres", Roger Cotton a créé sur ces terres arides, une oasis de verdure.
"J'ai toujours aimé les arbres. Or ici, à La Turbie, quand nous nous sommes installés avec ma femme, c'était un désert."
Roger Cotton
Alors ce passionné qui a l'habitude de se promener en ramassant des pignons, décide d'en planter le long de la route, puis de laisser faire la nature.
"L'arbre du milieu a une histoire particulière, c'est un pin d'Autriche que j'ai acheté à la même époque dans une grande surface. Je l'ai mis en terre, à l'état d'arbuste."
Il aurait souhaité aller plus loin, mais...
Veiller sur les arbres
"A la plantation, une employée municipale m'a rapidement interdit de continuer parce que je n'avais pas d'autorisation. C'est pour ça que la route n'est pas complètement bordée de pins car elle m'a arrêtée net."
Le retraité nourrit aujourd'hui quelques regrets. "Si j'avais continué, ce serait ombragé."
Mais pour avoir le droit de végétaliser des espaces publics, les citoyens doivent au préalable faire une demande auprès de la mairie et obtenir une autorisation.
Les arbres sont essentiels dans la ville
Au fil des années, Roger Cotton regarde, avec bonheur, pousser lentement ces pins et veille sur eux. "J'ai été très vigilant, notamment quand il y a eu des travaux." Il redoute qu'un engin de chantier, par une mauvaise manœuvre, ne vienne endommager le tronc ou les racines.
"Quand j'ai vu des cocons blancs, ceux des chenilles processionnaires, j'ai alerté la mairie et l'Office national des forêts." Des pièges ont ainsi été posés autour des troncs.
"Les arbres sont essentiels dans la ville," estime Roger Cotton. Il aimerait qu'ils fassent l'objet d'un plus grand intérêt.
"On parle beaucoup d'écologie, mais concrètement on fait quoi…" Aux paroles, cet ancien tailleur de pierre préfère l'action.
Agir à son échelle
"Quand j'étais enfant, à Cap d'Ail, le ciel était baigné d'hirondelles, aujourd'hui il n'y en a plus. Notre première arrière-petite fille va naître bientôt. Quel monde allons-nous lui laisser?"
Pour les générations futures, il veut, à son échelle, contribuer à rendre sa ville plus "verte".
Si ces derniers temps son pas s'est fait moins sûr, et ses balades plus courtes, il poursuit son œuvre.
"J'ai toujours des pignons dans les poches de mon pantalon, sourit-il avec malice. Et puis, c'est tout simple. Il suffit de faire un petit trou dans la terre et tac."
A demi-mot, on comprend qu'ici et là, il continue d'en planter discrètement, ainsi que d'autres essences.
Une mini-pépinière dans son jardin
D'ailleurs, dans son jardin, il cultive une mini-pépinière où poussent avocatier, cerisiers, chênes verts…
Il nous conduit à l'arrière de sa maison pour nous montrer son éden végétal. "En me promenant, j'ai ramassé des glands de chênes verts et regardez ! C'est merveilleux de voir ce que ça donne".
Il a mis l'un des arbustes en pleine terre dans son jardin, et destine l'autre, en pot, aux espaces naturels autour de chez lui.
Des cèdres et des cerisiers
Il ne perd pas une occasion de suggérer de nouvelles plantations. Comme les magnifiques cèdres du Liban, mis en terre il y a plusieurs années par les enfants de l'école, le long de la route de la Tête de chien. "J'avais incité la directrice à mener cette action." Et, récemment, c'est l'association Api Turbie, avec le concours de la commune, qui a planté trois cerisiers pour que les abeilles puissent butiner. "D'autres plantations sont prévues cette année," se réjouit le retraité.
Alors qu'il nous raccompagne, des promeneurs, en route vers le panorama imprenable sur Monaco, marquent une pause sous l'un de ses pins maritimes.
"En plein été, heureusement qu'il y a cette ombre, vous les verriez s'arrêter là pour profiter d'un peu de fraîcheur."
Comment penser l'entretien de son espace vert en respectant la biodiversité... et sa propre santé? Quelles pistes suivre pour jardiner au naturel?
Alice Piacibello, chargée de mission pour le site Jardiner autrement, lancé il y a 13 ans par la Société nationale d’horticulture de France, livre quatre conseils.
#1 Bien choisir ce qu’on plante
Exposition, ombre générée par des arbres, type de terre... Plutôt que d’acheter au coup de cœur, "la devise, c’est la bonne plante au bon endroit."
"Une variété inadaptée à son jardin ne se développera pas bien et sera plus sujette aux maladies."
Conseil: livrer ces caractéristiques au pépiniériste ou au vendeur en jardinerie pour faire les bons choix.
#2 Changer sa vision du jardin
Oublié le jardin au carré. "Il faut le voir comme un ensemble où favoriser les interactions. Par exemple: laisser l’herbe pousser en maîtrisant sa croissance plutôt que de tondre."
Cap aussi sur "de la végétation en strates, avec différentes hauteurs de plantes, certaines pouvant faire de l’ombre aux autres. Il faut également améliorer la vie du sol. Plutôt qu’une terre nue en plein soleil, la couvrir avec un paillage ou en semant un mélange de graines attirant insectes et pollinisateurs, plutôt que du gazon qui ne résistera pas à la chaleur. Plus l’écosystème est riche, plus le jardin s’autorégule."
#3 Favoriser la biodiversité
Objectif: lutter contre les nuisibles grâce aux services rendus par la faune. "La coccinelle ou les larves de syrphe (mouche rayée jaune et noire au vol stationnaire) et de chrysope (insecte vert aux yeux dorés) aiment les pucerons; les chauves-souris sont friandes de papillons de nuit dévoreurs de végétaux, comme les oiseaux dont on peut favoriser la présence avec des nichoirs, à installer hors de portée des chats."
#4 Traiter en dernier lieu et au naturel
Les ravageurs sont trop présents? "Depuis 2019, une loi interdit aux particuliers l’usage des produits phytosanitaires. D’autres, utilisés en Agriculture biologique et estampillés Emploi autorisé dans les jardins (EAJ), sont disponibles. À utiliser en dernier recours car ils peuvent avoir un impact sur la biodiversité."
L’outil Sauve ta plante du site Jardiner autrement aide à choisir le bon traitement. Et si vous confiez l’entretien de votre jardin à un professionnel, rien n’empêche de lui faire les mêmes demandes. En acceptant le temps qu’implique un jardinage plus vertueux pour l’environnement... et notre santé.
*Plus d’infos sur le site Jardiner autrement.
Cartographie des enjeux nidification des oiseaux et des phoques en Bretagne
découvert par Article Nice Matin https://www.nicematin.com/environnement/avec-c-monspotfr-on-fait-du-sport-en-respectant-la-nature-926108?t=1717923967
L’espèce a été formellement identifiée par le Conservatoire botanique. "L’étang de Fontmerle subit la prolifération d’une fougère aquatique envahissante l’Azolla filiculoides", précise Julie Moziyan chef du service de presse au Département. Cette fougère est une espèce indigène native d’Amérique du Nord et du Sud qui a été introduite en Europe et en Asie du sud-est.
Cette plante aquatique héberge une cyanobactérie symbiote fixatrice d’azote et se reproduit très rapidement par division. "L’Azolla filiculoides a été observée pour la première fois en 1880 dans les Deux-Sèvres, ajoute Madeleine Freudenreich, chargée de mission conservation espèces végétales exotiques envahissantes au Conservatoire botanique méditerranéen. Le statut de ce taxon a été évalué comme "modérée" pour la région PACA et "émergente" dans la partie méditerranéenne. L’espèce est déjà connue dans la région, même si elle se retrouve principalement au bord du Rhône et dans les Bouches-du-Rhône."
Un tapis flottant
Le Département, en lien avec le Conservatoire botanique méditerranéen, analyse le procédé de lutte le plus approprié en lien avec les enjeux du site. Selon l’INVMED, la plateforme d’information et d’échanges sur les espèces végétales exotiques envahissantes (EVEE) des Alpes-Méditerranée, l’Azolla fausse-fougère forme des peuplements denses qui appauvrissent la faune et la flore aquatiques. "Les tapis flottants à la surface de l’eau réduisent l’intensité lumineuse, ce qui empêche la photosynthèse des plantes submergées et les impacte directement, précise l’INVMED. Cette espèce, en forte densité, pourrait entraîner aussi un blocage des échanges gazeux et provoquer des mortalités des poissons et d’autres espèces animales."
Pas d’inquiétude néanmoins pour la faune de l’étang de Fontmerle ou pour la floraison des lotus cet été. "La floraison n’est pas vraisemblablement pas compromise mais peut-être retardée", explique Julie Moziyan.
"Les plantes peuvent être recouvertes mais sur les lotus ce n’est pas problématique, ils ne vont pas être étouffés cette année par les fougères, rassure Madeleine Freudenreich. Les poissons ne sont pas plus en danger que ça. Sur plusieurs années, cela peut avoir un impact s’il y a une forte prolifération. Le principal risque est que les oiseaux peuvent garder des petits fragments de fougères sur les pattes et les disperser. C’est surtout ça l’enjeu, éviter la dispersion ultérieure sur d’autres sites."
Le Département va mettre en place des mesures pour limiter cette colonisation. "Le procédé de lutte demandera vraisemblablement l’usage d’un bateau adapté avec un aspirateur utilisé habituellement pour les lentilles d’eau. Nous sommes à la recherche d’un prestataire disposant du bateau et de l’outil peu répandus dans notre région."
"La technique consiste à nettoyer la surface du plan d’eau en aspirant même les petits fragments d’Azolla, ajoute Madeleine Freudenreich. Cette action a très peu d’impacts sur le milieu."
Des méthodes d’éradication biologiques telles que l’introduction du coléoptère Stenopelmus rufinasus ont aussi été expérimentées avec des résultats satisfaisants aux États-Unis ou en Europe.
Il y a le navigateur, ex-accro à "une drogue dure", la vitesse et la compétition. Il y a l’océanographe qui perçoit la vie "par les liens qu’elle tisse". Et l’activiste du climat qui "ose les brèches de désobéissance".
Un trio comme un compagnonnage qui interpelle le mythe du progrès - "en quoi vider la mer serait un progrès?". Et se désespère des décisions politiques à rebours de la connaissance - "On ne peut pas dire qu’on ne sait pas. Nous avons la liberté d’écrabouiller le monde. Ou de tout faire pour vivre en harmonie avec lui. Nous sommes la seule espèce à pouvoir faire ça."
Surnommé Bilou, le navigateur est Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du rhum. Un quasi-repenti de l’esprit de compétition, acharnée des courses au large.
Le spécialiste de la société subtile des cachalots, c’est l’océanographe François Serano. Ses mots donnent vie "au monde sauvage, qui est libre et n’a pas besoin de l’Homme".
Enfin, la militante en bataille contre l’exploitation des minerais dans le fond de la mer, c’est Camille Étienne.
Les trois se sont retrouvés à Toulon cette semaine, après avoir partagé quelques jours et nuits de navigation, dans le cadre d’une mission scientifique en Méditerranée, juste devant nos côtes. Leurs trois voix racontent une histoire commune. "Moi, je viens de la montagne, du fin fond de la Savoie, débute Camille Étienne. Je suis passionnée par les glaciers, mais pas à l’aise dans l’eau." L’océan était "un impensé", un lieu "vide, noir et silencieux".
Il y a trois ans, pour éviter de prendre l’avion, elle navigue à voile, jusqu’en Islande. Une révélation. "Comme si, à 23 ans, je découvrais la moitié de l’humanité. Un monde entier."Et voilà le premier point de leur argumentaire. "On ne peut pas protéger ce qu’on ne connaît pas, ce qu’on n’aime pas."
Alors connaître, oui mais par quel bout ? François Sarano a sa réponse. Avec sa femme Véronique Sarano, le plongeur, océanographe et fondateur de l’association Longitude 181, a passé des décennies à amasser des connaissances sur la vie marine - et il continue de le faire. Mais devant le public, son obsession est de parler de liens. "La biodiversité, ce qui définit le vivant, ce sont les liens que chacun tisse. On parle de toile du vivant." Il file la métaphore. "Un écosystème est comme un gilet. Si une seule maille est ouverte, le tout s’effiloche". Ce lien, chacun peut l’expérimenter "dans la rencontre authentique" avec d’autres animaux.
Et c’est le deuxième argument. "Tant qu’on considérera les autres vivants comme à notre service, comme une ressource, on ne changera pas".
L’endroit où le climat change le plus
Justement sur le fil, l’exploitation minière des fonds marins en arctique, « l’endroit au monde où le changement climatique est le plus rapide », insiste Camille Étienne. "Nous avons réussi à gagner du temps avec le gouvernement norvégien, pour faire en sorte qu’ils autorisent seulement l’exploration minière." Et non l’exploitation.
Pas une victoire totale, mais déjà un enseignement sur les vertus de la mobilisation collective.
"Ne doutez jamais, jamais, des actions menées, même une petite action, même si ça a l’air insignifiant. Pour la Norvège, un demi-million de personnes ont signé une pétition pour refuser l’exploitation minière." La liste des noms a été remise symboliquement dans les mains des membres du gouvernement. "Et cela nous a échappé, ça a basculé." Dans le bon sens.
Même l’homme qui a navigué grâce au souffle du vent a fini par faire le bilan de son activité, la course au large, et à en tirer les leçons. "Finalement, c’est facile de changer d’aventure, plaide le navigateur Roland Jourdain. J’ai fini par me guérir de la drogue dure que j’avale depuis 40 ans, celle d’essayer d’aller toujours plus vite."
Après une collision contre une baleine, il a été "dur de réaliser qu’on fait beaucoup de dégâts pour sa passion". Ce "choc" l’a changé et amené à "réfléchir autrement", troisième piste ouverte.
Sa nouvelle aventure s’appelle We Explore, un catamaran en partie construit en fibre de lin, devenu outil au service de la recherche et de la pédagogie.
"Il est possible de retrouver une Méditerranée riche, exubérante, foisonnante, ajoute son coéquipier et ami François Sarano. Une mer qui sera notre meilleur allié pour le climat, pour l’avenir". Si nous changeons nos méthodes.
La course illimitée aux ressources est impossible dans un monde qui n’est pas infini. L’arrivée sur la côte atlantique d’un navire géant de pêche industrielle en est un exemple sévère. "De tous les dérèglements, la pêche est le plus terrible. Le chalutage équivaut à une forêt qu’on détruit… pour ramasser une pâquerette."
À cause du dérèglement climatique et du manque de prédateurs, le poisson-lion devrait arriver sur la Côte d'Azur d'ici cinq ans, d'après les spécialistes. Vorace et nocif, il mangerait alors de nombreux poissons et pourrait déstabiliser l'équilibre de la mer Méditerranée.
Dans quel état se trouve la mer Méditerranée ? Un débat public a eu lieu ce mercredi 13 mars au Cum, le Centre universitaire méditerranéen de Nice, en présence de scientifiques, experts, mais aussi élus de la Ville. Disparition des espèces, réchauffement, déchets plastiques : de nombreux sujets ont été abordés par les intervenants présents lors de cette journée. En mer Méditerranée, on compte 14.500 espèces différentes mais "aucune n'a totalement disparu" assure Alexandre Meinesz.
L'écologue, biologiste marin et professeur émérite à l'université de Nice, ajoute même que 1.000 espèces supplémentaires ont été recensées, même s'il concède que certaines sont en grand danger d'extinction. Pour autant, les scientifiques redoutent l'arrivée d'un type de poisson : le poisson-lion.
Déjà présent dans les Caraïbes
D'après les scientifiques, ce poisson invasif et nocif devrait arriver chez sur la Côte d'Azur d'ici cinq ans. Appelé aussi "rascasse volante", il vient de mer Rouge. "On l'a aperçu en Italie, près de New-York, dans l'océan Atlantique, donc cela montre qu'il peut aussi évoluer dans les mers plus froides", remarque Alexandre Meinesz qui précise que "c'est un prédateur vorace qui va manger beaucoup de poissons".
Cette espèce est très urticante, il ne faut pas la prendre dans la main. Le poisson-lion n'a aucun prédateur en Méditerranée à part l'homme. "Cette nouvelle espèce trouve un terrain très agréable pour elle en Méditerranée, car, d'habitude, en mer Rouge, elle a d'autres prédateurs", note Nathalie Himli, responsable de la section économie environnementale au centre scientifique de Monaco.
Et manque de chance pour le poisson-lion, il a bon goût. "Il faut qu'on apprenne à le pêcher et à le cuisiner, car sa chair est fine. Pour le consommateur, il faudrait développer un goût particulier pour ce poisson, mais il est vraiment très bon", explique-t-elle.
Depuis son implantation au cours du XIXe siècle sur les collines de la Croix-des-Gardes, le mimosa s’est bien adapté, sans doute un peu trop. "Le mimosa a besoin d’un sol siliceux (sableux)", explique Pierre-André Cottrant, garde forestier à la Croix-des-Gardes, C’est exactement le genre de sol que l’on retrouve ici, à Cannes, avec un climat qui, ici, est propice à son développement".
Mais si le mimosa s’est si bien acclimaté sur nos côtes, ce n’est pas uniquement grâce au soleil ou au sol qu’il juge à son goût. Il est en réalité de nature très invasif. "C’est sur la liste rouge des pestes végétales, c’est une espèce qui peut pousser de deux mètres en un an", indique le garde forestier, Elle va très souvent prendre le dessus sur les autres plantes et condamner la flore préexistante".
Plusieurs facteurs expliquent sa faculté de développement. "C’est une plante qui va se reproduire de différentes manières. D’abord, elle se reproduit de manière végétative. La plante va produire des rejets; des petits plants de mimosas vont se développer tout autour du mimosa principal." Il se reproduit aussi de manière sexuée, en produisant des graines. Ces deux modes de reproduction favorisent un développement très rapide du mimosa dans un contexte favorable comme celui présent à Cannes. "Une fois qu’il est installé quelque part, il est très difficile de s’en débarrasser".
Le mimosa, c’est Cannes et Cannes, c’est le mimosa. En aucun cas la municipalité n’a pour objectif de rompre son histoire avec les petites boules jaunes. "Le berceau du mimosa, c’est la Croix-des-Gardes" appuie la Mairie de Cannes. C’est dans cette optique que beaucoup d’initiatives ont été mises en place pour réduire son expansion, tout en favorisant le développement de la flore locale.
"On a planté beaucoup de pins anti-mimosa à la Croix-des-Gardes pour ralentir le développement des mimosas. C’est une manière de le concurrencer. C’est une étape transitoire pour retrouver une flore diversifiée. Ceci s’ajoute également à un débroussaillage autour des pins pour libérer de l’espace."
Dans les faits, depuis une quarantaine d’années, des centaines de pins ont été plantées à différents endroits du massif. Leur développement a ensuite permis de plus facilement débroussailler les rejets de mimosas contribuant à la renaissance - par endroits - du maquis. En effet, la végétation de la Croix-des-Gardes en est en grande partie constituée. Le maquis cannois se compose notamment d’arbousiers ou de chênes-lièges qui revivent sous la pinède.
ADOPTE UN FLAMANT
Regarde-les, ne sont-ils pas mignons ? Ils n’attendent plus que toi…
Tu peux choisir l’une de nos mascottes, un flamant qui te ressemble, ou même un flamant qui a ton âge. Tu peux aussi en offrir à tes proches ! Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Tu recevras ensuite régulièrement des nouvelles de ces majestueux oiseaux tout en ayant contribué à une bonne cause…
En parrainant un flamant rose, c’est l’espèce entière que tu aides mais aussi ces milieux humides qu’ils affectionnent tant !
Découvert par chronique https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/esprit-d-initiative/esprit-d-initiative-du-mercredi-31-janvier-2024-8007944
et
article Nice Matin https://www.nicematin.com/environnement/comment-le-flamant-rose-est-devenu-l-ambassadeur-des-zones-humides-900741
L‘institut de référence pour les zones humides organise une journée de visite guidée, jeu de piste, ateliers et conférence. Bottes et jumelles conseillées. Entrée libre, de 8h30à 17h.
La Tour du Valat est située à 30km au sud d’Arles, en Camargue. Infos: https://tourduvalat.org
Le 03/02/2024 Parrainage de Dora, 2003, 6100km observée 173 fois (50€/an)
https://monflamant.com/adopte-nos-familles/dora/
Espèce emblématique de la Méditerranée, la posidonie protège le littoral de l’érosion en freinant la houle de fond et absorbe le dioxyde de carbone contribuant ainsi à ralentir les effets du réchauffement climatique. Seulement voilà, en plus d’être victimes de la pollution, les herbiers sont trop souvent arrachés par les ancres des bateaux.
La solution? Des mouillages écologiques. Ainsi sont nées les ZMEL (zones de mouillage et d’équipements légers) qui délimitent et aménagent, sur le domaine public maritime naturel, des aires d’accueil pour les bateaux, sur points de fixation ou sur ancres, dans les secteurs fréquentés par les plaisanciers dont les fonds abritent des espèces protégées.
À Villefranche, la posidonie reprend
Parmi les sites équipés des Alpes-Maritimes: la rade de Villefranche-sur-Mer.
"Protéger les posidonies, c’est fondamental, explique Nicolas Frouté, responsable ZMEL à la mairie. 52 bouées ont été installées pour l’été 2022. Certaines sont louées à l’année, d’autres à titre temporaire d’avril à octobre. Depuis, on a vu clairement la posidonie reprendre dans la rade qui est aujourd’hui très propre. La ZMEL est une belle alternative pour gérer l’affluence et la démocratisation de la plaisance. Elle offre un espace de liberté et sécurisé. C’est une jolie promesse de développement."
Dans les Alpes-Maritimes, quatre ZMEL sont opérationnelles: à Villefranche-sur-Mer donc, mais aussi au cap d’Antibes, à Cannes (embouchure du Béal) et à l’île Sainte-Marguerite (Lérins). Et trois projets sont lancés: un nouveau sur les îles de Lérins, à Théoule-sur-Mer et au Port du Crouton à Antibes.