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"J’ai envie que la montagne reste belle": depuis Cannes, elle s’engage pour nos sommets - Nice-Matin
Véronique Abadie est encadrante fédérale bénévole en montagne pour le Club alpin français et, à ce titre, responsable de la commission Milieu montagnard, ouverte jeudi 3 octobre dernier pour ce qui est de l’antenne cannoise du club. Une commission dont le but est de "garantir que les pratiques en montagne soient compatibles avec la préservation de la nature et qu’elles se déroulent dans le cadre de respect et de protection des écosystèmes montagnards". Ce jeudi, elle a organisé "une soirée patous", en partenariat avec l’association France nature environnement, "sur les bons comportements à adopter lors des rencontres avec des troupeaux de moutons gardés par des chiens de protection pour une cohabitation apaisée en montagne".
C’est quoi, cette commission?
Quand la fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM) s’est fondée en 1874, l’idée était de mettre l’accent sur la connaissance du milieu montagneux et le souci d’en faciliter l’accès. Ne s’agissant pas que d’un aspect sportif, l’état avait à cœur que l’on partage nos connaissances, sachant qu’il nous subventionnait. Le milieu montagnard étant au cœur de nos pratiques, une commission a donc été créée en 1976. Plus concrètement, il s’agissait de créer un socle commun entre les adhérents, les clubs, les comités territoriaux et la FFCAM.
Pourquoi ça n’existait pas avant à Cannes?
Je l’ai récemment proposé en comité directeur, ça a été accepté et on m’a demandé de chapeauter le projet. Ça n’existait pas car tout cela, c’est du bénévolat. Et pour que la synergie prenne, il faut des bonnes volontés. Je me suis saisie du sujet parce que la commission est dédiée à la protection, la sensibilisation et la gestion durable des environnements montagnards. Je me suis réinvestie il y a quelques années dans l’association. J’ai envie que la montagne reste belle. J’essaie humblement d’apporter ma contribution.
Quels sont vos objectifs?
Sensibiliser, car il faut que les gens prennent conscience de l’urgence climatique et de la protection nécessaire de la biodiversité. Il faut pour cela former et sensibiliser les adhérents pour leur permettre d’agir. Le but est aussi de garantir une bonne stratégie d’accès à l’espace de nos pratiques sportives, d’accompagner, soutenir et partager toutes les initiatives qui permettront aux adhérents des clubs montagnards de continuer leur pratique sportive tout en protégeant le milieu dans lequel ils évoluent. C’est en ce sens que le label Cimes sera à partir de l’année prochaine décerné aux clubs et comités qui sont investis dans ce sens. La FFCAM va aussi créer un brevet afin de former les encadrants à ces missions.
Vous êtes toute seule pour piloter cette commission?
Pour le moment, oui, mais je suis preneuse de toutes les bonnes volontés qui souhaiteraient me rejoindre et m’accompagner, sachant qu’il faut être adhérent. C’est un engagement de continuer à partir en montagne tout en étant le moins impactant possible. Donc comment limiter notre impact sur le climat? Je pense qu’on peut protéger ce que l’on aime et nous émerveiller dans le même temps. Si nous faisons tous quelque chose, on peut avoir une influence.
C’est quoi, cette "soirée" sur les patous, qui était organisée ce jeudi?
C’était l’opportunité, avec l’association France nature environnement, de sensibiliser sur les bons gestes à adopter quand on rencontre des patous, ces fameux chiens de troupeaux de moutons qui occasionnent parfois des morsures et des attaques sur des promeneurs car certains ne savent pas comment agir. Or, ces chiens sont très importants pour limiter la prédation du loup.
hoplies bleues. Il s’agit d’un petit scarabée (1cm de long) qui arbore des couleurs irisées d’un bleu intense incroyable avec des nuances selon l’angle avec d’observation. Le spectacle des mâles perchés bien en vue au sommet des plantes laisse un souvenir inoubliable et l’envie de les revoir l’année suivante ! Mais quelle n’a pas été ma surprise encore plus grande quand j’ai voulu préparer une chronique pour présenter ce petit bijou de la nature : des dizaines de publications scientifiques consacrées à sa coloration ! J’ai du me battre avec le jargon technique propre à la physique optique mais que de découvertes inattendues que je vais essayer de vous faire partager.
Nom anglais : Common StarlingNom scientifique : Sturnus vulgarisFamille : Sturnidae
Dans les hautes Pyrénées, juin 2024 Il me semble que c'était cet oiseau qui faisait un chant très particulier
Gazouillis - bisou - gazouillis
Y a-t-il une vie après la neige pour les stations de montagne ? La Cour des comptes pointe, dans un rapport publié mardi, une vue à court terme et un manque d'anticipation. Les investissements liés au "tout ski" continuent et ne tiennent pas assez compte du réchauffement climatique.
Face au changement climatique, le "modèle économique du ski français s'essouffle" et "les politiques d'adaptation restent en deçà des enjeux", estime la Cour de Comptes dans un rapport rendu public mardi, à quelques jours des vacances d'hiver.
Toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à l'horizon de 2050"
"À compter des années 2000, la diminution de l'activité ski et l'inadaptation croissante du patrimoine immobilier des stations ont commencé à fragiliser l'équilibre financier des remontées mécaniques et l'économie locale qui en découle pour partie", écrit la Cour des Comptes. "Un phénomène accentué par le changement climatique (...) avec une hausse des températures en accélération", selon la Cour.
"Les projections climatiques font état d'une accentuation à moyen terme" du phénomène, prévient-elle, "toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à l'horizon de 2050" et seules "quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance".
Une vue à court terme sur l'usage de la neige et de l'eau
Or, déplore la Cour des Comptes, "les politiques d'adaptation menées par les acteurs de la montagne reposent essentiellement sur la production de neige" qui a "un effet à court terme" car "son coût est important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures".
Sans oublier "l'impact de la production de neige sur les ressources en eau" qui paraît "sous-estimé dans de nombreux territoires", souligne le rapport qui estime qu'"il serait nécessaire que les autorisations de prélèvement d'eau destinées à la production de neige tiennent davantage compte des prospectives climatiques".
"Une réorientation fondamentale de la dépense publique"
Quant aux actions de diversifications d'activités, elles "sont rarement adossées à un véritable projet", juge la Cour des Comptes. "Réalisées au fil de l'eau, elles tendent souvent à reproduire le modèle du ski, fondé sur des investissements importants et une forte fréquentation sans plan d'affaires permettant d'établir leur pertinence économique" et "les initiatives des collectivités territoriales, sont peu coordonnées entre elles".
Le rapport épingle aussi "la planification écologique de l'Etat, peu opérationnelle pour le secteur touristique en Montagne", qui "ne permet pas d'impulser une réelle dynamique de changement" et estime qu'il en est de même pour les régions.
"Une réorientation fondamentale de la dépense publique en fonction de la réalité climatique et économique de chaque territoire doit être envisagée", estime-t-elle. La Cour des Comptes propose aussi de mettre en place une gouvernance des stations de montagne ne relevant plus du seul échelon communal. Enfin, elle suggère de mettre en place un fonds d'adaptation au changement climatique destiné à financer des actions de diversification et de déconstruction des installations.
"Un rapport dogmatique" selon France Montagnes
C’est "un rapport dogmatique sans prise en compte des éléments des professionnels de la montagne", a dénoncé ce mardi sur franceinfo le président de l'association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) et maire de La Plagne (Savoie) Jean-Luc Boch. Il déplore également qu'"aucun de ces documents" produits par l'ANMSM ne soit "ressorti dans ce rapport".
Dans ce document de 147 pages réalisé après un audit de quarante-deux stations de tous les massifs, la Cour examine entre autres l'impact de la neige artificielle. Présentée par les stations de ski comme pouvant constituer une solution face au changement climatique, la Cour dénonce une vision de "court terme". Pour Jean-Luc Boch "il n'y a pas d'impact, sinon de retarder le cycle de l'eau, ce qui est essentiel à la vie sur des territoires". "Avec la neige de culture, on peut irriguer beaucoup plus longtemps les territoires", assure le président de l'ANMSM, pour qui les canons à neige ne sont "absolument pas un problème".
Si la Cour s'alarme de l'obsession du "tout ski", les rapporteurs épinglent également le développement d'activités hors ski (VTT, tyrolienne, ou encore cure thermale), souvent déficitaires et pensées "sans stratégie". Un avis que "ne partage pas du tout" l'élu de La Plagne. "La destination montagne, c'est d'abord notre clientèle qui la plébiscite". "Si on propose tout ce qu'on veut, si la clientèle n'est pas au rendez-vous, il n'y a pas d'aspect économique", tranche Jean-Luc Boch. "Il faut travailler avec des professionnels qui connaissent la chose, sinon on n'est pas crédible", insiste-t-il.
Rapport détaillé de la Cour des comptes "Les stations de montagne face au changement climatique" (PDF)
Synthèse du rapport (14 pages)
découvert par https://www.nicematin.com/environnement/comment-ce-site-veut-faire-cohabiter-randonneurs-troupeaux-et-chiens-de-berger-897758
Des colliers GPS pour "les brebis meneuses"
Comment ça marche? "Concrètement, dans chaque troupeau, deux brebis meneuses sont équipées de collier GPS. Utilisant un réseau bas débit, ceux-ci ont une durée de charge de plus de 4 mois qui ne nécessite aucune manipulation du berger", détaille Maurice Laugier. La collectivité qu’il préside s’est vue financer la quasi intégralité des 30 000€ de développement de cet outil par l’Etat, dans le cadre du Plan de relance contre la fracture numérique.
Plus de 3000 visiteurs uniques
Sur la carte interactive, les troupeaux se dessinent en petits cercles. Il suffit de cliquer dessus pour obtenir les informations en temps réel. "Col d’Allos - Nombre de brebis: 1511. Chiens de protection: 2 Montagne des Pyrénées, Perle et Tiis. etc." Suivent des conseils pour contourner l’endroit ou éviter la bagarre avec son propre animal de compagnie.
Bientôt dans les vallées azuréennes?
Alors qu’un déploiement en anglais est en cours, Pastorando pique la curiosité d’autres territoires ruraux. Des échanges se sont notamment noués avec la présidente de la Fédération nationale des communes pastorales, maire de Lieuche, dans les Alpes-Maritimes. "Dans des zones très très rurales et peu peuplées, il faut être créatifs et innovants!", conclut Maurice Laugier.
Consciente des difficultés rencontrées par l’élevage en zones de présence des grands prédateurs, l’association FERUS a mis en place il y a 20 ans un programme de soutien appelé PastoraLoup.
https://m.facebook.com/groups/562892347142434/
Découvert par vidéo youtube la salamandre sur le film "vivre avec les loups"
La rencontre a été immortalisée à 13h18 précisément, ce samedi 25 novembre. Comment Fabien Girardi pourrait l’oublier? Dix ans que Fabien Girardi fait de la photo dans le Mercantour et qu’il essaie de prendre un cliché du loup. Dix ans avant d’atteindre "le Graal de la photographie animalière dans l
Le lieu précis reste secret, pour éviter les actes malveillants. Mais la petite famille pique-nique sur un plateau dégagé. "Trois bouquetins sont arrivés vers nous, ça nous a surpris. Puis on a marché et passé une petite colline. Le loup était là, à dix mètres. Il a eu peur et il est parti. Mais comme c’était dégagé, on a eu le temps de l’observer. Il a traversé tout le plateau."
"Jamais je n’aurais pensé le voir dans ces conditions, poursuit-il. Et mes enfants étaient vraiment ébahis. Surtout après m’avoir vu partir de nuit pour prendre des photos de loup, et revenir bredouille." Comme quoi, c’est la nature qui décide.
"80 à 90% du temps, les loups se baladent seuls"
Coïncidence, un autre photographe a pris un cliché quelques jours plus tôt, dans le même secteur. Quatre loups côte à côte.
Ces loups appartiennent très probablement à la meute de la haute Tinée, très bien identifiée, et l’une des plus anciennement implantée en France.
"80 à 90% du temps, les loups se baladent à moins de trois, explique Roger Mathieu, co-référent loup de France nature environnement. Une meute est en moyenne constituée de six individus. on peut la voir au complet vers octobre ou novembre, quand les jeunes sont capables de trotter six heures. Ils apprennent à chasser et à connaître les limites de leur territoire."
Les loups ont un territoire moyen de 100 à 150km². Probablement moins dans le Mercantour, où le prédateur est très implanté.
Capable de parcourir de très grandes distances, les loups quadrillent leur territoire pour chasser, se déplacer ou par curiosité. Et se laissent (rarement) prendre à des rencontres avec les hommes, qu’ils flairent et préfèrent éviter.
Les nouveaux bassins de baignade biologiques de Roquebillière ont rouvert, ce mardi 15 août, l'occasion de piquer une tête avec vue sur les montagnes de la Vésubie.
Alors même que la neige est tombée en abondance ces derniers jours, quittons les stations maralpines pour prendre encore plus de hauteur… Du côte d'un des sommets les plus hauts, La Cime du Diable ou la « Cima Dòu Diau » en Nissart.
« Un soum que si trova soubre la valada de la Roia : la Cima dòu Diau » la cime du diable, une montange de grès qui termine la chaîne du mont Clapier, de la vallée des merveilles. Pas si loin du littoral à vol d'oiseau… Rien avoir avec le temps qu'il vous faudra pour retrouver la Cime du Diable, d'ailleurs, on peut même l'apercevoir du littoral.
L'origine de son nom serait liée à la météo et l'environnement de cette cime du Diable. Les orages y sont d'une violence inouïe et les impacts de foudre très nombreux, « à l'época, lu ancian eron touplen impressiounat ». À une époque, l'on s'est même demandé si le diable n'y était pas pour quelque chose. L'environnement de la Haute Vallée de la Roya n'en n'est pas moins inquiétante.
« Lou laus de l'infern », le lac de l'enfer, « lou pas dòu trem » le passage du trem... Les noms donnés aux lieux de la Vallée des Merveilles ne sont pas franchement rassurants et ça du sens. Dans l'expression « Vallée des Merveilles », c'est le sens italien du mot « merveille » qui prime, à savoir le lieu impressionnant par son étrangeté et qui a effectivement donné des toponymes à faire froid dans le dos…
Les oiseaux ont été aperçus à proximité de leur nid, sur une falaise, en train de couver et de protéger les oeufs à tour de rôle.
Une biodiversité exceptionnelle à protéger
Le parc du Mercantour, c’est plus de 8.000 espèces différentes. On y retrouve pas moins de 40% de toute la flore française, ainsi que la faune emblématique de la montagne: chamois, marmottes, bouquetins, loups… Le parc a aussi une grande variété d’insectes et de papillons. Autre exemple, le saxifrage à fleurs nombreuses, la fleur emblématique du parc, qui ne pousse que dans ces versants.
Au point que la région a été qualifiée de « hotspot », ou point chaud, de la biodiversité. Si les espèces y sont aussi nombreuses, elles sont également particulièrement menacées par l’action de l’homme et vulnérables face au changement climatique. D’où la création du parc national pour les protéger.
Un impact inégal selon les zones
Les conditions climatiques de ces montagnes sont déjà naturellement difficiles, souvent extrêmes, surtout l’hiver et l’été. Mais cette année, la sécheresse a fait des ravages, fragilisant les espèces. "Le manque d’eau l’été est une conséquence directe du manque de neige en hiver", explique Pierre Alengrin, qui s’occupe des pistes d’Isola 2000. Les cours d’eau et le niveau des lacs sont extrêmement bas pour la saison. Un lac a même disparu. "Ça fait 60 ans qu’on n’a pas vu ça, c’est exceptionnel", témoigne Emmanuel Gastaud, chargé de mission au parc national du Mercantour.
Le territoire du Mercantour reste inégalement impacté par la sécheresse, car les averses sont très localisées. Dans la vallée des Merveilles, en altitude, le constat est un peu moins alarmiste. Selon Yann Bonneville, gardien du refuge des Merveilles, la situation s’est améliorée depuis le début de l’été. "On était très inquiets début juin. Mais on a eu de beaux orages cet été en altitude, ce qui nous a sauvé la saison". Les lacs et cours d’eau de la vallée ont pu se remplir, même si les nappes phréatiques restent tout de même basses.
Grenouilles et crapauds en danger de mort
Premiers touchés par cette sécheresse : les crapauds et les grenouilles. "La vraie problématique se pose sur les animaux qui vivent dans les lacs, car leurs espaces de vie sont de fait réduits", explique Emmanuel Gastaud. Privés de nourriture et de lieux pour se reproduire, les batraciens accusent une mortalité assez élevée cette année.
La "grande" faune, comme les chamois, s’adapte. Il reste encore de l’eau pour que les animaux puissent s’abreuver, mais ils doivent parcourir des distances plus grandes. Cela engendre une situation de stress, qui peut être problématique si elle perdure dans le temps.
Côté flore, tout a poussé avec plusieurs semaines d’avance cette année. Les fleurs ne vont pas au bout de leur cycle, car elles ne reçoivent pas suffisamment d’eau, ce qui entrave la reproduction des espèces. Les insectes pollinisateurs souffrent aussi beaucoup du manque d’eau, certains meurent. Les oiseaux ont donc moins à manger. C’est toute la chaîne qui est perturbée.
Eviter le cumul de stress pour les animaux
Que faire alors, pour soulager la biodiversité en cette période de sécheresse exceptionnelle? Pour le parc du Mercantour, il faut à tout prix éviter d’ajouter un stress supplémentaire aux animaux. Et donc inciter les visiteurs à déranger le moins possible la faune.
En saison touristique, la fréquentation des lieux empire le stress. Le parc note un nouveau type de visiteurs qui "n’ont pas forcément les bons codes pour les espaces naturels". Les animaux approchés fuient, et dépensent donc de l’énergie, alors que la sécheresse engendre déjà beaucoup de perte d’énergie pour eux.
"Il faut bien comprendre que ces animaux évoluent dans des conditions extrêmes, même s’ils sont habitués", insiste Emmanuel Gastaud. Alors, on reste sur les sentiers et on ne court pas derrière les chamois pour prendre le cliché parfait. Et on essaie de ne pas faire trop de bruit pour ne pas déranger les animaux qui, ne l’oublions pas, sont chez eux.
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Repenser la gestion de l’eau en montagne
Dorian Guinard insiste: pour protéger la faune et la flore, une bonne gestion de l’eau est capitale. Alors, dans le Mercantour, le parc incite les visiteurs aux gestes simples d’économie. Dans les refuges en particulier, la ressource est précieuse.
Avec la sécheresse, l’approvisionnement en eau y est limité, alors que les refuges en ont besoin pour les repas et les sanitaires. Ainsi, le refuge de la Valmasque a décidé de couper ses douches. Ce n’est pas le seul. Le refuge des Merveilles avait aussi décidé de les couper début juin, mais l’eau étant approvisionnée par un lac, il a pu les remettre en service depuis.
Pour Emmanuel Gastaud, chargé de mission au parc, les visiteurs doivent prendre conscience de cette problématique de l’eau. "L’eau est un bien commun", insiste-il. Face à cette situation exceptionnelle, au lieu d’aller prendre une douche, on opte donc pour une petite toilette ou on saute dans un lac. À Isola 2000, beaucoup d’endroits ne sont plus irrigués et les fontaines ont été coupées ; de même, la micro-centrale, qui produit de l’électricité, ne tourne pas à plein régime. Mais la question de la gestion de l’eau est bien plus large que celle des petits gestes du quotidien.
"Ce n’est pas avec des points d’eau, des petites constructions, qu’on va arriver à combler les carences hydriques", explique Dorian Guinard. Selon lui, c’est tout le modèle économique de la montagne qu’il faut repenser. La neige artificielle, qui nécessite une forte consommation d’eau et engendre la création de retenues collinaires, est particulièrement visée par les associations environnementales.
Or les canons à neige sont de plus en plus prisés par les stations, qui cherchent à pallier le manque de neige en hiver. Une conséquence de la hausse des températures et d’une faible pluviométrie, surtout en basse et moyenne altitude. À Isola 2000, 60 à 70% du domaine skiable est ainsi équipé de canons à neige.
Dans le Haut-Pays, les habitants de Saint-Martin-Vésubie récupèrent l’eau de la rivière pour arroser leur jardin grâce à la centaine de canaux qui irriguent la Vallée. Un système séculaire qui permet de préserver les ressources en eau potable, éviter les pertes tout en sensibilisant les habitants à l’heure où la sécheresse menace.
"Ecoutez, rien que le bruit est vital."
Le visage de Joël Savier se fend d’un large sourire alors que Eric Gili hisse la martelière, la petite vanne de métal qui empêche l’eau de s’engouffrer dans le canal.
L’eau s’échappe dans un flot puissant et se met à ruisseler rapidement le long du canal.
Les deux hommes, Saint-Martinois, font partie de l’ASA (association syndicale autorisée) du canal de Nantelle, chargée de l’entretien et de l’exploitation du réseau de canaux éponyme qui parcourt toute la vallée de la Vésubie.
En tout, 80 hectares de parcelles irriguées par tout un maillage de canaux qui jouent à cache-cache avec la ville et la végétation, repérables le long de la route principale, au détour d’un jardin, ou encore au creux des bois.
Un système ingénieux qui remonte au XIIIe siècle et dont, presque 700 ans plus tard, à l’heure des alertes sécheresse à répétition, l’utilité ne se dément pas.
L’ASA du canal de Nantelle couvre "2,5 kilomètres de canaux secondaires dont profitent les 140 adhérents, tous propriétaires de terrains desservis", souligne Eric Gili.
Mais ce n’est qu’une partie des 71 canaux qui irriguent la Vallée. “Ce n’est pas pour rien qu’on surnomme la Vésubie, la petite Suisse“, sourit Eric Gili en embrassant le vallon verdoyant du regard.
Cette eau, non potable et non traitée, permet aux habitants d’arroser régulièrement leurs parcelles sans puiser dans les réserves d’eau potable de la ville.
L’eau est déviée de la Vésubie. Au milieu de la caillasse, triste vestige de la tempête Alex, qui borde le cours d’eau, un tuyau noir a été installé, pour récupérer le flot de la rivière.
"La tempête a détruit une bonne partie des installations et le premier été qui a suivi la catastrophe, les canaux n’ont pas fonctionné", soupire Eric Gili.
Aujourd'hui, les adhérents peuvent irriguer leur terrain une fois par semaine, à des horaires déterminés par l’association. "C’est ce que l’on appelle le droit d’eau, explique Eric Gili. Pour un hectare, par exemple, j’ai 2 heures d’eau le vendredi." Chaque adhérent ouvre les vannes à l'heure voulue.
En contrepartie, les adhérents s’acquittent d’une cotisation annuelle de 40 euros. Ceux qui le souhaitent peuvent aussi dédier une demi-journée de corvée d’entretien par an ou alors s’acquitter d’une taxe de 20 euros.
"Pour ma part, utiliser l’eau du canal représente une économie de 60 euros par an", calcule Joël Savier.
Eric Gili va plus loin : "Pour une saison d’arrosage, j’utilise environ 240m3. Si je devais arroser mon jardin avec de l’eau potable, cela me reviendrait à 456 euros par an."
Une économie de taille quand on pense aux 40 euros de cotisation annuelle versée à l’ASA.
Mais l’économie ne se fait pas qu’au niveau du porte-monnaie. "En utilisant une eau non-traitée, nous ne pesons pas sur les réserves d’eau potable de la ville, ni sur les infrastructures nécessaires à son traitement", poursuit Joël Savier.
Un gain d’autant plus précieux quand on sait que la population de Saint-Martin-Vésubie, où de nombreux habitants du littoral possèdent une résidence secondaire, est multipliée par huit en période estivale.
L’arrière-pays est particulièrement vulnérable face au risque de sécheresse.
Interviewé dans le teaser du dossier, Philippe Gourbesville, hydrologue à l’université de Nice expliquait : "Sur le littoral, les villes sont connectées entre elles, elles peuvent transvaser leurs ressources. C’est plus difficile pour les communes du haut et moyen pays car les montagnes qui les séparent rendent plus difficile la liaison entre elles."
A défaut d’une mise en commun entre les villes, c’est à l’échelle des habitants que la réflexion sur le partage de la ressource en eau s’est imposée.
Ce sont les compteurs d’eau imposés par l’Union européenne qui ont fait l’effet d’une décharge électrique.
"Quand ils ont été installés, les gens ont commencé à se rendre compte de ce qu’ils consommaient et de ce que ça leur coûtait, constate Eric Gili. Cela a redonné de la valeur au canal."
Entre les prélèvements d’EDF et le changement climatique qui affecte la ressource en eau, la question de la préservation s’est imposée aux habitants de la Vésubie.
"Comment la gérer au mieux?", poursuit Joël Savier.
Le grand avantage des canaux, c’est qu’ils permettent une irrigation des plantes par immersion", explique Eric Gili qui cultive également un potager aux pieds des montagnes.
Il poursuit : "Cela évite une évaporation et c’est mieux pour les plantes qu’un arrosage classique au goutte-à-goutte ou par en haut qui risque d’entraîner des brûlures sur les feuilles."
Pour économiser l’eau, Eric Gili n’a pas hésité à repenser ses plantations. "J’ai éloigné les oignons moins gourmands en eau de la rigole où passe l’eau et remonté les pommes de terre."
Le canal des arrosants a également une vertu invisible. Celle de rassembler les habitants de la Vallée autour de la gestion de l’eau.
"Sans elle, la Vésubie ne serait pas ce qu’elle est avec son paysage vert qui nous est si cher", explique Eric Gili. S’occuper des canaux n’a rien d’anodin.
"Tout cela encourage à repenser le territoire, les plantations, à prendre en compte la nature des sols", explique Eric Gili en regardant l’eau couler dans le sillon tracé entre les légumes et s’infiltrer sous le feuillage vert des pommes de terre ou des courges de Fontan.
Un peu plus loin, des framboisiers brûlés par le soleil rappellent la sécheresse post-Alex, quand les infrastructures, détruites par la tempête, n'étaient plus en mesure de diffuser l'eau.
Joël Savier renchérit : "[Avec le canal], on perpétue les traditions et la convivialité entre les habitants de la zone, nos voisins proches et plus éloignés. L'eau nous rassemble aussi."
Ce portail permet à ceux qui le souhaitent de saisir leurs observations naturalistes à travers des programmes spécifiques. Chaque nouvelle observation sera immédiatement visible sur l'outil cartographique et enrichira les données du parc national du Mercantour
Découvert par article nice matin https://abonnes.nicematin.com/article/face-a-la-disparition-du-herisson-le-parc-du-mercantour-lance-une-enquete-participative-pour-le-recenser-761510
Ouvrages d'art centenaires, les murs de pierre sèche structurent les restanques de nos vallées. Alain Régis, murailler de profession à La Bollène- Vésubie, reproduit depuis 1999 les gestes des anciens. Après le passage de la tempête Alex qui a fortement endommagé ce patrimoine architectural, de nombreux murs se sont effondrés laissant se déverser des mètres cubes de terre.
À pied d’œuvre, notamment à Belvédère, Alain évalue les édifices accessibles et les actions à engager. Il a transmis sa passion à son fils qui le seconde dans ces ouvrages. Pourtant il s’inquiète de la pérennité de ce métier dans les Alpes-Maritimes.
Autodidacte, il a appris son métier de l’observation des murs. Il est devenu bâtisseur en pierre sèche (l’autre nom du murailler), au fil des ans, en analysant la structure, l’épaisseur, l’inclinaison. "Il ne faut pas que le geste disparaisse, ce métier, c’est un respect pour nos anciens", confie Alain.
Essentiels à la biodiversité
Constructions en pierres sans mortiers ni liants, ces murets si représentatifs du paysage provençal ont acquis leurs lettres de noblesse. Ils assurent la stabilisation des sols et évitent le ravinement par l’eau de pluie. Leur structure drainante évitant le ruissellement. "On dit que le mur pleure", image le murailler.
Le mur de pierre héberge un petit monde qui vit en toute sérénité. Dans ses multiples interstices, dans ses cavités offertes aux rayons du soleil cohabitent lézards, toutes sortes d’insectes, gastéropodes, petits mammifères. Une vie animale mais aussi végétale en fait des lieux de biodiversité. Le Spéléomante de Strinati, espèce endémique ressemblant à une petite salamandre, aime trouver refuge dans les recoins calcaires de ces murets.
Un Tetris géant pour assembler les pierres
Alain monte ses murs avec les pierres de ceux qui se sont effondrés. Comme un Tetris géant il assemble, intercale, empile à la force des bras sans aucun outil. Il adapte le mur à la forme des pierres. Conçu pour résister des centaines d’années, son épaisseur fait sa force. En 2018, l’art, la technique et le savoir-faire de la construction en pierre sèche sont reconnus au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Dans le département seulement une dizaine de muraillers (dont trois formés par Alain lui-même) œuvrent sur les murets et calades du littoral et de l’arrière-pays. Pour éviter que ce savoir périclite, Alain Régis anime des ateliers pierre sèche. Comme un devoir de transmission et de partage.
Blog de randonnée par Thierry Sambussy